« L’effacement » ou « The Vanishing » de Karim Moussaoui crie l’aliénation jusqu’au bout. La 2e fiction du jeune réalisateur algérien est retenue pour les Journées cinématographiques de Carthage dans sa 35e édition. Récit d’une perte de soi.
Le jeune homme, interprété par Sammy Lechea, est criant de détresse. Il exprime des maux, les siens, et voit les failles de sa famille, d’un pays, d’une culture apparaître. Réda se laisse abîmer dans des machinations au quotidien qui prennent le dessus et le happent. Ses émotions s’accentuent, sa colère gronde, ses amours se dissipent et se dispersent, et son existence prend, de jour en jour, des tournures inattendues. Sa relation avec son frère ainé Fayçal prend fin, et celle avec son père se disloque jusqu’à la perte brutale de cette figure paternelle écrasante. Dans «L’effacement», le récit se vide assez rapidement de ses personnages. Ils apparaissent et se perdent, laissant le personnage central seul face à sa solitude.
Même en rencontrant l’amour, auprès de Malika, gérante d’un restaurant, il ne peut la garder, elle-même aux prises à des désarrois et à une histoire d’amour inachevée. Réda sombre dans l’incompréhension et dans la déception la plus totale, à force de subir une succession d’événements autour de lui. Un sentiment inassouvi plane, en dépit des privilèges qu’il possède et de sa place dans la société. Issu d’un milieu riche, Réda se laisse pourtant briser. L’histoire tient : truffée de suspense jusqu’au bout, le spectateur ne peut rester indifférent au sort qui sera finalement réservé à l’effacement de Réda. Le film est adapté d’un roman de Samir Toumi par Moussaoui et Maud Ameline. Sa première mondiale a eu lieu au festival de Marrakech.