«Coiffeuse » de Marwen Errouine : La scène et ses femmes de l’ombre

5 / 5 / 2022REVIEWS & CRITIQUES«Coiffeuse » de Marwen Errouine : La scène et ses femmes de l’ombre

Parfois, en étant au bon endroit et souvent aux bons moments, des femmes se connectent au théâtre tout en s’attelant à leur travail initial : mettre de l’ordre dans les loges. Dans «Coiffeuse», Marwen Errouine leur rend un hommage chorégraphié.


La scène est la reconstitution d’une loge contenant une « coiffeuse » avec un miroir. En temps normal, dans la vraie vie, une pléiade de comédiens y défile au fil des spectacles : ils se coiffent, se maquillent, enfilent ensuite des vêtements accrochés dans des cintres et se reposent éventuellement sur un canapé : discussions à n’en plus finir, blagues, rires, et sautes d’humeur habitent l’envers des créations théâtrales constamment. Dans « Coiffeuse », le public découvre les coulisses d’un spectacle scénique et dans lequel des préparatifs titanesques se déroulent.


Ce qui est moins visible, pour le public, est que la loge, (dotée d’une « coiffeuse »), est aussi un lieu de vie fréquenté également par des aides-ménagères. En vrai, ces dernières tissent des liens, se familiarisent avec l’endroit, avec l’équipe composée d’artistes, de techniciens, de tout un staff et s’imprègnent par leur travail autour des arts vivants.


Dans « Coiffeuse», trois de ces femmes (interprétées par Malek Zouaidi, Intissar bel Haj Khelifa et Nadia Saiji) débarquent dans une loge désordonnée : avec des vêtements et objets par terre, peu éclairée…pensant y faire leurs tâches respectives, elles commenceront discrètement à s’imprégner par le travail des artistes, leurs accessoires et de leurs espaces de vie, à savoir une scène et ses coulisses. Le spectacle racontera la transition lente mais certaine d’une situation quotidienne asservissante à la scène, lieu d’art et de vies.


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« Coiffeuse » d’une cinquantaine de minutes, et dont la dramaturgie est signée Myriam Soufy, est soutenu par une musique de Khalil Soufy : elle est rythmique et fait écho aux mouvements dansants exprimés par ces trois artistes. Un langage difficilement déchiffrable au fur et à mesure mais qui au final, s’ouvre sur un dénouement qui permet au public de faire la connaissance de ces trois vraies aides-ménagères, interrogées sur leur rapport au théâtre au quotidien. Elles travaillent durant des heures dans des salles de spectacles vivants et s’assurent que les équipes s’y sentent bien. Le quotidien de ces femmes se chevauche avec celui des artistes et des artisans du théâtre : elles finissent par voir les spectacles, assistent aux répétitions et aux préparatifs, tissent des liens avec les artistes et finalement, à s’interroger. Peuvent-elles un jour faire du théâtre ? Sont-elles admiratrices de cet art ? Quel impact a le théâtre sur leur quotidien ? Réponses, interrogations et impressions personnelles sont exprimées en guise de clôture mais restent peu perceptibles ou saississable durant tout le spectacle.


Initialement, l’idée de « Coiffeuse » était de mettre sur scène de vraies aides-ménagères et de les diriger avant de finalement léguer le travail à des interprètes. Une représentation a eu lieu à la Cité de la culture pendant le mois de Ramadan.

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