Ces tentatives d’arnaque sur Internet : Dans l’ère de la délinquance en ligne

2 / 20 / 2022REPORTAGESCes tentatives d’arnaque sur Internet : Dans l’ère de la délinquance en ligne

Avec l’émergence des réseaux sociaux et leur omniprésence dans le quotidien de plus des trois quarts de la population mondiale, les relations humaines ont subi des transformations, souvent positives, liées à la proximité, à la diffusion rapide de l’information, à la prise de contact instantanée. En revanche, les dérapages relationnels et les pièges, en grande partie liés à l’arnaque, ne manquent pas : à un clic près, l’internaute lambda n’est jamais à l’abri d’un danger aux proportions considérables.


Facebook et la Tunisie sont étroitement liés, voire indissociables depuis le déclenchement de la révolution de 2011. C’est dire qu’en Tunisie, tout se fait non pas en ligne, mais sur cet espace bleu qui n’a cessé d’évoluer depuis plus de 13 ans.


Ce réseau social devient la source à consulter spontanément, générateur de toute information aussi importante soit-elle : personnelle, professionnelle ou liée à l’actualité économique, politique, sportif ou autres. De nombreux ministères n’ont pas de sites internet, mais des pages Facebook. Toute information qui touche à la collectivité ou à l’individu défile sur le Feed de Facebook en premier lieu… et non pas ailleurs.


La prépondérance de cette machine virtuelle et son enracinement dans le quotidien de la masse nourrissent un terrain propice aux pièges à risques d’ordre financier, et impactent terriblement la psyché de la masse. Souvent, des dérapages en ligne pourront porter atteinte à l’intégrité physique d’un utilisateur. L’un des dangers les plus fréquents reste lié aux arnaqueurs en ligne, demandeurs d’aumône, ou suceurs de sommes d’argent pharamineuses : ces derniers parviennent à manipuler à coup sûr de nombreux utilisateurs (tout âge confondu), quitte à les soumettre à des chantages souvent insoutenables.


Pendant des périodes, la prolifération de liens douteux reçus via Messenger signale l’existence d’un spam, qui, à première vue, paraît comme une offre promotionnelle liée à une grande surface, qui ressemble à la publicité d’un jeu, d’une promotion d’achat, ou de souhaits de bon Aïd ou d’un clément Ramadan.


Souvent, les internautes «Facebookeurs» s’empressent de cliquer, curieux de découvrir ce que c’est, mais se retrouvent empêtrés sur des pages aux liens indésirables, et renvoyés vers des fenêtres, qui ne demandent qu’à ce que les utilisateurs finissent par insérer des mots de passe ou des numéros de cartes de crédit ou de téléphones.


Un piège qui soutire les données personnelles de nombreux utilisateurs, surtout les plus naïfs d’entre eux/elles et les entraîne dans des manipulations nuisibles.


En 2018, Ahmed L*, la trentaine, n’a plus eu accès à son profil Facebook, ni à son Messenger et encore moins à son mail. Un pirate s’était approprié son espace virtuel, en s’accaparant ses échanges personnels, voire intimes, et s’était mis à contacter ses proches, en leur dévoilant des détails très intimes de sa vie privée.


Une manière extrêmement vicieuse de la part du pirate qui poussait Ahmed* à lui remettre une somme d’argent considérable pour lui rendre l’accès à son compte. Face à la réticence de la victime, le pirate a commencé à étaler des données intimes sur les profils des amis de la victime. Face à la violence de l’intimidation, «Ahmed» n’a pu s’en sortir qu’en transférant cette somme voulue au pirate. La victime a reconnu sa totale négligence des paramètres de sécurité liés à son téléphone et à mentionner cette facilité d’accès à sa sphère intime.


L’expérience a eu des séquelles psychologiques graves sur la victime et son entourage. Le renforcement de la sécurité en ligne reste primordial afin d’éviter ces écarts. Facebook étant devenu au fil des années encore plus sécurisé, mais ces arnaqueurs/aumôniers ont plusieurs cordes à leur arc…


Anne Marie*, septuagénaire française, vivant en Tunisie depuis plus de 20 ans, n’a cessé de recevoir un mail de la part «d’un proche», à l’adresse dérobée. Ce mail, très bien rédigé, exprime la détresse de ce «proche», qui l’informe qu’il souffre d’une grave «maladie potentiellement cancérigène, et qu’il aurait besoin d’une certaine somme en euros, pour pouvoir se faire soigner».


Les échanges, depuis cette réception du faux «mail», ont afflué entre les deux correspondants. Ils sont si bien rédigés qu’ils finissent par toucher directement «l’affect» du récepteur et le poussent à agir, comme c’est le cas d’Anne-Marie. Fort heureusement, l’internaute âgée a eu le réflexe de téléphoner à cette personne et a tenu à correspondre avec lui, ailleurs que derrière l’écran d’un PC. Un contact qui s’empresse de lui dire que ce n’était pas lui derrière ces échanges et qu’il n’arrivait pas à accéder à sa boîte mail depuis très longtemps. Maladie cancérigène ou auto-immune, accident de la route grave, opérations chirurgicales : les raisons liées à la santé sont, en effet, celles qui sont le plus véhiculées afin d’atteindre différentes victimes.


Qui d’entre nous n’a pas reçu de SMS, rédigés en arabe qui évoqueraient «un trésor», dissimulé dans un verger isolé, depuis l’époque même où le smartphone n’existait pas ? Beaucoup ! Cette technique, vieille comme le monde, qui n’est plus dans l’air du temps, est parvenue tout de même à titiller la curiosité de nombreux récepteurs naïfs qui finissent par appeler le numéro, à l’origine de ce SMS.


Ce type de manigances ou de magouilles est intrinsèque à l’évolution technologique ou de communication. Elle touche à l’affect de l’individu, frappe souvent son intimité, procède à une manipulation émotive souvent bien maîtrisée, surgit dans une période économiquement fragile, et s’empare de profils souvent dans le besoin.


Ces pirates restent des assoiffés d’argent et sont souvent rongés par un sentiment de perversion. Des pervers qui prennent contact avec des utilisateurs mineurs ou souvent séniors : deux tranches d’âge accessibles et facilement manipulables, connues pour leur manque de vigilance en ligne.


Reste à en savoir plus sur le plan de lutte contre les infractions ou les crimes en ligne, mené par l’Instance nationale de protection des données personnelles (Inpdp).


Les noms propres mentionnés dans cet article ont été changés*.

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