A « Gabes Cinéma Fen », les festivaliers vivaient au gré des films récents. Entre appréciations et déceptions, les réactions ont foisonné. Tout juste avant la clôture des festivités, « Poisonous Roses » de Fawzi Salah laisse un gout d’inachevé.
L'inachevé "Poisonous Roses"
Le film tourne autour de Saqr, un jeune homme issu des bidonvilles où il a vécu et travaillé toute sa vie. Il rêve de s’évader de ces tanneries, mais il est tiraillé par un conflit intérieur entre l’amour qu’il ressent pour sa sœur, qui vit avec lui, et Reem, qui pourra l’aider à sortir de ce milieu.
Chacun des trois personnages principaux raconte l’histoire de son point de vue, et à chaque fois, les détails, les motivations, le contexte ainsi que les événements changent. L’immersion est totale dans un quartier extrêmement pauvre de l’Egypte mais la fiction en 1h10 prendra peu à peu l’eau : l’histoire n’a finalement pas aboutie, les relations entre les personnages était ambiguë, les répliques se faisaient rares et les non-dits pour une fois n’étaient pas discernables à cause d’une construction peu solide des relations qui liaient les personnages. Le film traite d’une relation incestueuse entre frère et sœur : la forte admiration de la sœur pour son frère, figure masculine pour elle, de possibles amants … Mais Le film ne peut être uniquement réduit à cette relation. Le réalisateur Fawzi Salah, présent lors du débat en post projection a exprimé son souhait de ré esquisser l’espace et ces bidonvilles. Un travail qu’il aurait pu mouvoir en documentaire. Sa fiction, elle, est restée à la surface.
« Une affaire de famille » de Hirakozu Kore-Ada : détonnant de poésie
A « Gabes Cinéma Fen », les festivaliers vivaient au gré des films récents. Entre appréciations et déceptions, les réactions ont foisonné. Retour sur « Une affaire de familles » de Hirokazu Kore-ada, palme d’or à Cannes, projeté à la salle de l’Agora Gabès.
La palme d’or 2018 au festival de Cannes continue à faire des vagues et d’être projetée y compris dans des festivals locaux à travers le monde. « Une affaire de famille » relate le drame accélérée d’une famille nippone.
Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement de secrets terribles. Le film pose avec subtilités la question des liens familiaux, entre résignation, consentement et acceptation forcée. Dans le monde, ce long métrage continu de conquérir son public et ceux dans toutes les sociétés qu’il a sillonné, mais à ce demander comment il a été accueilli au sein de sa société nippone mère. Beauté des plans, maitrise plus que parfaite de la mise en scène, acteurs prodigieux : ils endossent les rôles d’une famille qui transgresse les tabous, qui est marginale, qui va à l’encontre des convictions de la masse, massacre les règles et les codes sociaux, et fait surtout éclater la sacralisation des liens familiaux dans le japon d’aujourd’hui.