Nancy Huston, autrice célèbre dans le monde s’est joint à « Multiple-s », le spectacle de Salia Sanou, aux côtés de Babx et Germaine Acogny. Elle revient dans le cadre de cet échange sur le message universel et humain prôné par ce spectacle programmé par l’Institut Français de Tunisie à la cité de la Culture.
Vous êtes auteure de renommé internationale pourtant votre univers a fusionné avec celui de Germaine Acogny, Babx et Salia Sanou dans le spectacle « Multiple-s ». Racontez-nous la genèse de cette collaboration ?
Il y’a 7 ans environ, Salia m’avait demandé si j’accepterais qu’un de mes textes-hommage à Samuel Beckett figure dans un spectacle qu’il avait préparé et qui s’appelle « Désir d’Horizon ». C’est un spectacle qu’il avait développé avec les réfugiés maliens dans le nord ouest du Burkina Faso. C’est un spectacle qui a beaucoup tourné. Un de mes textes écrit à cette époque là, avait une résonnance avec les thèmes de l’exil, de la migration forcée, de la perte d’identité et de la violence. On s’est donc entendu Salia et moi. 3 ans plus tard, il m’a proposé de danser avec lui sur scène. J’ai accepté directement. Ensuite, j’ai découvert ses projets y compris ce triple duo. Dans chaque duo dans « Multiple-s », on est dans la transmission d’un savoir. Babx s’est chargé de la musique. Germaine Acogny de la chorégraphie. Il y’a eu un échange riche entre nous et fascinant et qui a mis en exergue nos identités multiples d’où le titre, sans grand discours politique, et un contenu léger avec une touche d’humour. « Multiple-s » est dénué de discours politique véhément. Il est profond. Nos relations se sont approfondies. On est très heureux de conquérir la scène à nouveau après le confinement.
Si on devait résumer le message prôné dans « Multiple(s) », que nous diriez-vous ?
L’idée générale étant qu’on n’est pas rien. Il n’y’a pas d’être humain générique : on appartient à une culture forcément mais tout n’est pas décidé : On peut modifier échanger écouter apprendre se déplacer s’enrichir. Il y’a un dialogue de sourd qui se fait vers la fin entre l’homme blanc et l’autre. Où le dialogue n’est pas audible. La planète devient folle : deux visions qui s’entrechoquent : la sagesse de l’être humain vivant entre la nature, les plantes, et l’autre qui va vers le progrès, l’évolution. Le tout avec un fond musical particulièrement attrayant.
Quel est ce lien qui unit votre spectacle à la Tunisie ?
La Tunisie, je ne connais pas assez. Mais en même temps, j’y étais plusieurs fois et j’ai circulé dans ses rues, ses marchés, ses musées. Les différents évènements qui ont contribué à la Tunisie d’aujourd’hui s’y sont mélangés au fil du temps avec des facteurs qui ont fait de la Tunisie un pays aux multiples cultures, identités, facettes. La rencontre avec les étudiants en lettres de la faculté de la Manouba était enrichissante et édifiante.