Le triptyque chorégraphique « Multiple-s » du Burkinabé Salia Sanou avec l’autrice Nancy Huston, Babx et Germaine Acogny et un hymne scénique à la paix et aux identités humaines et culturelles. Programmé le 2 avril 2021, à la cité de la Culture, le spectacle est une invitation à l’ouverture au partage entre nations et cultures. Germaine Acogny, une des artistes principales dans le spectacle nous en parle.
Que pouvez-vous nous dire sur « Multiple-s » et sur ce travail chorégraphique programmé en Tunisie et réalisé avec Salia Sanou, Babx et Nancy Huston ?
J’étais très heureuse quand Salia Sanou m’a demandé de faire partie de ce triptyque qu’il avait l’intention de réaliser. Ça m’a ramené quelques années en arrière, en 90, quand je m’étais rendue au Burkina Faso pour faire découvrir la danse contemporaine à des jeunes gens. Sur place, le directeur de l’institut français de l’époque m’avait montré une vidéo de Salia et Seydou que j’ai trouvé extraordinaire. Je me suis dis, nous y sommes, je peux mourir maintenant ! (rire) C’était éblouissant. Et le flambeau était repris ! Après je les ai revu sur scène, je les ai encouragé à se laisser influencer ailleurs sous d’autres cieux. Je leur ai dit que c’était bien de le faire mais qu’il faut toujours revenir chez soi pour ramener ce que vous avez appris. Il faut être dans la transmission et développer chez soi pour que les traditions ne disparaissent pas : pour qu’elles évoluent, ou sinon, elles meurent. Salia et Seydou se sont séparés ensuite, prenant chacun un chemin. Salia m’avait demandé si je pouvais faire partie de « Multiple-s » et j’ai trouvé ça intéressant parce que ce dialogue entre les générations est nécessaire. Qu’avant, je conseillais à mes enfants livres, films, musiques et qu’eux-mêmes me demandaient si j’avais lu ou vu tel livre ou tel film. A travers Salia, j’ai rencontré Nancy Huston et Babx. Une belle rencontre d’échange et de multiples identités.
« Multiple-s » est composé de trois « face à face ». Pouvez-vous nous en donner un avant-goût ?
Ça commence par moi. Ensuite, par eux et ça tourne autour de la transmission apportée par Salia. Mais c’est toujours des deux cotés. C’est réciproque. On apporte, et on reçoit : Donner et recevoir. Avec Nancy Huston, c’est aussi la découverte de l’écriture, de multiples identités, de l’exil, l’imaginaire, les regards croisés des différentes cultures, tout en ne mâchant pas ses mots sur la religion, les autres cultures ou races. Et le compositeur Babx, qui nous émeut par sa poésie et son jeu fin est touchant. Salia est une lumière entre nous trois qui a transcendé nos multiples identités. Je pense qu’il n’y’a pas d’être de race pure : on a plusieurs identités corporelles. Si chacun prenait compte de ces multiples identités qui se rassemblent et se complètent, ça serait un pas. Nous serons une grande famille humaine avec une paix durable. Des conflits, y’en aura toujours mais avec des solutions. « Multiple-s » est le cheminement de Salia, sa vie, son talent musical, chorégraphique. Je ne tenais pas à m’enfermer dans une musique, mais Babx a réalisé une musique envoutante.
Si vous deviez commenter ce lien qui unit ou unirait la Tunisie à ce spectacle, que diriez- vous ?
La Tunisie est une mosaïque de Multiples identités. J’ai visité le musée du Bardo : il y avait du christianisme, du paganisme, du romain. Tellement d’identités. Le spectacle ne peut que s’adapter à la Tunisie.