La scène artistique et culturelle tunisienne et africaine vient de s’enrichir d’un premier numéro de «No’o cultures», un nouveau magazine, spécialisé en critique d’art, une discipline indispensable peu visible et pratiquée. Nidhal Chemengui, rédactrice en chef, nous en dit plus sur ce programme.
Nidhal Chemengui, vous êtes attachée de presse internationale, chargée de communication, journaliste. Comment vous êtes-vous retrouvée embarquée dans cette aventure ?
Je connais Eustache Agboton, journaliste spécialiste en culture et développement et responsable éditorial, depuis quelques mois : c’est lui l’initiateur de tout le programme. On évoque plus un programme qu’un magazine. Il y a la formation, le concours, le magazine : c’est un tout. Il a besoin d’être avec des personnes pour gérer les axes. J’ai accepté directement, parce que, de par mon observation personnelle et mon expérience professionnelle, la critique d’art ouverte, en plus sur tout le continent africain, manque cruellement de visibilité dans tous les médias : tunisiens, maghrébins, africains. Donc, pourquoi ne pas proposer quelque chose sur laquelle on peut travailler, en comptant sur notre réseau national et international. On croise nos réseaux et on s’entraide mutuellement, Eustache et moi, pour un résultat encore plus consistant et riche.
Se doter d’un magazine spécialisé en critique d’art à l’échelle africaine est toujours une richesse pour le secteur artistique et culturel. Pouvez-vous nous donner un aperçu général de «No’o cultures» et de son contenu ?
Le magazine est axé spécialement sur la critique d’art et les personnes qui la pratiquent sont essentiellement issues de tout le continent africain. Les critiques d’art qu’on verra et qu’on connaîtra très probablement via «No’o cultures» travailleront sur des œuvres africaines uniquement. Mis à part la critique, on peut trouver des portraits, des tribunes, des avis, des entretiens… Chaque numéro sera en grande partie consacré à une dynamique culturelle propre à au moins cinq régions du continent. Des journalistes africains ont libre cours d’alimenter le magazine par des articles à eux. Les directeurs de festivals africains et les festivals qui se déroulent sur le continent seront mis en valeur et constamment valorisés. «No’o cultures» met en exergue l’africanité à travers l’art : il est fait par des Africains pour les Africains. Le public-cible se compose de toutes celles et ceux qui s’intéressent à la vie culturelle et artistique propre au continent africain, passionnées par toutes les disciplines : théâtre, chorégraphie, cinéma, art moderne, classique…
Pour l’instant, est-il décliné uniquement sur le digital ou paraîtra-t-il en version papier ?
Au départ, quand on l’a conçu, c’était un magazine sur tirage papier. Fortement impacté par la crise du Covid-19, on a finalement décidé de le lancer en ligne pour l’instant, en téléchargement gratuit. Notre objectif et de le rendre à la portée des lecteurs et le plus accessible possible, malgré les circonstances. Sans oublier les lecteurs qui ont déjà commandé leur numéro, désireux d’avoir une version papier. Il est à noter que «No’o cultures» paraîtra tous les 4 mois. Pour son site en ligne, il est, donc, alimenté tous les 4 mois en articles et en matière. Il est ouvert aussi aux libres-plumes: Meriem Guellouz, directrice du festival «Carthage Dance» a, d’ailleurs, publié une tribune en guise d’ouverture pour le premier numéro.
Comment voyez-vous «No’o cultures» contribuer au secteur artistique et culturel à l’échelle locale ?
L’échelle locale pour moi n’est pas que la Tunisie : il y a le Maghreb et l’Afrique. Comme terme, c’est très relatif, mais je dirai que cela alimentera davantage le réseautage, permettra de se reconnecter à notre africanité et notre continent et ça c’est beaucoup plus important, parce que personnellement, je crois en une collaboration Sud/Sud. Je veux qu’on essaie de couper un peu le cordon avec le Nord… surtout que l’Afrique regorge de talents exceptionnels et d’une richesse culturelle exceptionnelle. C’est plus qu’intéressant pour tout le monde !
CREDIT PHOTO : ROUA BIDA