Récemment et dans le cadre du Gabès Cinéma Fen, qui se poursuit en ligne, s’il y a une section qui a fasciné les spectateurs, pour la plupart jeunes, c’est bien la section VR Corner / Hackaton, destinée à la réalité virtuelle. Futuriste et intrigante, cette discipline s’impose d’édition en édition et attire la foule. Les étudiants de l’Institut supérieur des arts et métiers de Gabès (Isam Gabès) y ont participé. Cette année, 4 films ont été réalisés par 4 équipes et un prix a été dédié à la meilleure réalisation. Mohamed Arbi Soualhia, commissaire à la tête du VR Corner, nous parle de cet art avant-gardiste et de son évolution en dehors du festival.
Comment êtes-vous entré en contact avec l’équipe de « Gabès Cinéma Fen » ?
J’ai travaillé dans quelques projets à l’étranger, notamment sur des prototypes à Berlin et à Munich. Je travaillais dans le festival « Vision du réel » en Suisse. Je ne sais comment exactement l’équipe de « Gabès Cinéma Fen » a entendu parler de moi. Je suis de nature discrète. Ghofrane Haraghi (coordinatrice) et Fatma Cherif (directrice du festival) m’avaient contacté et m’ont proposé de démocratiser ce nouveau médium que la plupart des Tunisiens ignorent et qui n’est autre que la Réalité Virtuelle. Il ne s’agit pas de nouvelles techniques hautement modernes seulement, c’est une nouvelle forme d’art.
Pour le contenu de cette section, avez- vous eu carte blanche et entière liberté de gestion ou avez-vous reçu des recommandations de la part de l’équipe du festival ?
J’ai proposé des films. On se réunissait et on communiquait souvent jusqu’à l’établissement d’une sélection de films : une longue et une courte liste. A quel point la sélection des films en VR est-elle accessible ? En tant que public, nous n’en savons pas beaucoup sur les canaux de diffusion, leurs choix, leurs contenus, leurs genèse ? L’univers du VR reste encore inaccessible de nos jours. C’est juste. C’est, en effet, un peu compliqué pour l’instant, parce que les casques et les outputs ne sont pas à la portée de tout le monde. La section VR n’est pas programmée dans de nombreux festivals dans le monde. La distribution pose toujours problème, le monotising, aussi. Mais d’ici à cinq ans, à mon avis, ça se réglera. Le covid a ralenti son élan. Je reste enthousiaste quant à l’avenir du VR. C’est une question de temps. On n’en est qu’au début…
En Tunisie, on reçoit presque tout en retard en matière de nouvelles technologies. A Gabès, plus précisément, les notions liées aux arts restent basiques, classiques. L’art nouveau ou ses notions ordinaires restent peu accessibles, d’où l’émergence de cette résistance artistique. Pour vous, quand on fusionne toutes ces disciplines ensemble, peu importe leur différence, est-ce que cela attirera toujours le public ?
Le programme du « Gabès Cinéma Fen » fusionne cinéma, images et haute technologies. Un contenu qui ne fera qu’attirer les festivaliers et le public, des plus jeunes aux plus âgés, toutes tranches d’âges confondues. Il faut leur montrer ces formes d’art et les aider à raconter leurs histoires, les initier. Dans le cadre de cette expérience, ils étaient passionnés, proches des personnages en VR. L’expérience est inédite, riche en qualité technique. Le festival garantit l’aspect technique. D’autres films sont interactifs : leur contenu est riche. Le spectateur/participant peut même aider les protagonistes, enlever les casques, proposer des solutions, intervenir. Et l’édition connaît de nouveaux membres et de nouveaux talents jeunes, qui promettent réellement et qui apportent de la fraîcheur et une dynamique nouvelle.
Peut-on en savoir plus sur le hackathon ?
Cette compétition est composée de quatre groupes, formés l’année dernière dans des ateliers, dans lesquels ils apprennent tout : le prototype de création, au scénario VR. Ils n’ont pu tout faire à cause du covid. Des scénarios ont émergé, des figurants ont été aussi dénichés pour le tournage, des moyens du bord qui ont permis à des jeunes de conclure des projets de fin d’études de qualité en 48h. J’ai été fier d’y participer et on compte maintenir et cette section et cette compétition.
Quel est le point commun qui rassemble tous les films sélectionnés et quel est votre définition du VR ?
On voulait diversifier les genres : fictions, documentaires, courts, longs métrages, et diversifier les sujets proposés, comme l’écologie, l’identité, les origines ethniques. Des thèmes universels. On a aussi touché à l’art, comme celui de Héla Lamine, et de l’expérimentation puisée dans des sons, de la musique. Le VR peut nous téléporter dans des univers fantastiques, parallèles, qui sortent de l’ordinaire. Il téléporte mentalement dans des ailleurs et des contrés nouvelles. Le plus long des films en VR que j’ai découvert est de 45 min. Ceux proposés ici sont courts. Le VR fait rêver, voyager et des médias internationaux en usent déjà comme « The Guardian », « Arte » etc, afin de faire voyager leur audience.