Le désert, chez beaucoup, provoque le vertige. Une étendue infinie de sable fin où l’aridité, le silence et la solitude sont les maîtres-mots. Une immersion en plein cœur du Sahara tunisien prouve le contraire. Embarquement avec l’équipe du PAMT(*) dans les dunes de Douz.
Douz, au sud de la Tunisie (située à 488 kilomètres de la capitale), a longtemps été surnommée «la porte du désert». Nous la franchissons à bord d’un 4×4 piloté par Omar Sanhouri, chauffeur chevronné qui totalise plus de 20 ans d’expérience. Une fois la porte du désert franchie à travers une oasis, la verdure des palmiers commence à se dissiper, ne laissant paraître qu’arbustes secs et dunes à perte de vue. L’évasion prend peu à peu l’allure d’une plongée sablonneuse dans l’inconnu. Plus on s’enfonce dans les dunes, plus on perd de la vitesse, plus la fréquence radio peine à se faire entendre ; les réseaux téléphoniques rendent l’âme et le souvenir des villes s’engloutit dans les sables.
Dans les virées sahariennes, on perd la notion de distance, spécialement les guides, habitués pourtant à parcourir de longs trajets : une dizaine ou une vingtaine de kilomètres, c’est comme une quarantaine, voire une cinquantaine. Rouler des heures et des heures, c’est ce qu’ils ont toujours accompli, sans la moindre contrainte due à l’insécurité ou encore aux intempéries.
La première escale se fait au gré du hasard : le véhicule doit s’arrêter net pour laisser passer un troupeau de dromadaires sauvages. Ces bêtes robustes vaquaient à leurs occupations les plus élémentaires, ils broutent, et subviennent à leurs besoins. La quarantaine de bêtes semble gênée par cette présence inhabituelle : la nôtre. Le troupeau est gardé par un homme qui, seul semble capable de les dompter : Faouzi, la trentaine, vêtu d’un dengueri défraîchi, une clope à la main. Originaire de la région, forcément, Faouzi semble connaître cette infinité de sables comme sa poche ; il s’y oriente à pied avec la plus grande facilité, toujours entouré de ses chameaux. Ce jeune Bédouin ne vit que pour eux et ne rentre chez lui à Douz qu’en s’assurant qu’ils se sont bien nourris. Son quotidien dans les dunes se résume à cette activité, d’une grande simplicité, mais vitale pour lui : les entretenir est son gagne-pain. Originaire de Nouiria, une localité de Douz, il affirme parcourir plus d’une quarantaine de kilomètres chaque jour en tâchant de rentrer chez lui peu avant le coucher du soleil.
Faouzi n’est pas le seul à partager cette vie aride : reptiles et oiseaux laissent leurs empreintes partout où ils passent. Plus loin, les traces d’une activité humaine occasionnelle commencent à apparaître à l’horizon.
Les vestiges d’une ville
Il est 14 heures. L’échappée commence à s’éterniser et le guide nous suggère, sur un ton sec mais toujours souriant, de rentrer à Douz. Un retour difficile qui devait se faire par un autre chemin, plus dur à emprunter que celui du matin : le véhicule s’est enfoncé à trois reprises dans le sable. Pour le dégager, l’équipe du PAMT doit pousser, suer, souffler et se surpasser physiquement. Le guide, lui, a gardé son calme : une panne comme celle-ci est monnaie courante.
Au loin, une oasis commence à apparaître comme un mirage : nous nous apprêtons à la traverser pour quitter ce quotidien saharien finalement pas si calme qu’on peut le penser. «Le Sahara regorge de trésors, et vous n’en avez eu qu’un bref aperçu…». conclut Omar.
Nous rentrons dans le havre de Douz. La ville vit au rythme de son festival international qui vient stout juste de commencer.
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(*) Le Programme d’appui aux médias en Tunisie organise du 19 au 23 décembre une formation-production impliquant 15 jeunes journalistes dans la couverture rédactionnelle du festival du Sahara de Douz et de sa région. Leurs productions sont publiées dans leurs médias, sur le site du PAMT (www.mediaup.tn) et du CAPJC (www.capjc.tn)