C’est à Mahdia et à El Jem que «TounesWijhetouna» choisit de se poser pour son premier marathon «Eductour». Au programme ? Mise en valeur du patrimoine local, déambulation dans les ruelles de la Médina mahdoise, visites d’artisans locaux et découverte d’initiatives touristiques : autant de points de chute, accumulés en 24h, dans le centre du gouvernorat et dans sa ville phare avoisinante. Deux jours également marqués par l’organisation des Journées romaines d’El Jem dans l’enceinte de l’amphithéâtre.
Faire les routes de Tunis prend tout son sens, encore plus via un «Eductour», qui est le tout premier organisé par le programme «TounesWijhetouna», qui combine différents volets : le culturel, le touristique et l’économique. Sa mission est de soutenir le tourisme durable, de préserver le patrimoine culturel et l’économie. «L’Eductour» permet de découvrir l’impact de «TounesWijhetouna» localement, en présentant les bénéficiaires et les initiatives. Le marathon commence de Tunis, direction Mahdia jusqu’à l’arrivée à l’amphithéâtre d’El Jem pour l’évènement «Thysdrus», appelé aussi couramment les journées romaines. Un clin d’œil à l’histoire millénaire du pays, célébrée à travers un spectacle historique qui se présente comme étant de cape et d’épée, mais qui, finalement, se laisse regarder comme un spectacle populaire en entrée libre, à la portée des habitants de la région et surtout des enfants.
En marge de «Thysdrus», Mahdia…
Mahdia, presqu’île fatimide qu’on ne présente plus, à la richesse historique considérable, est truffée, de nos jours, d’initiatives nouvelles à caractère touristique, qui visent à promouvoir le tourisme local et international. Le patrimoine culinaire, historique/artisanal et économique est soutenu dans la région et nos hôtes nous le font bien savoir. Le premier arrêt ? Chez DMO-Mahdia (Destination Management Organisation ou OGD : organisme de gestion de la destination). Il fonctionne grâce à un nouveau modèle de gouvernance du tourisme, qui vise à rassembler des acteurs touristiques privés et publics pour renforcer la gestion d’une destination, la rendre encore plus attractive, et ce, en mettant en relief son intérêt, sa richesse. Il existe aussi une DMO à Jebel Dahar et une autre à Djerba. La route se poursuit, direction la conviviale Mahdia et ses joyaux cachés. Tags sur les murs, plantations, édifices, cafés connus, commerçants et artisanats, bains maures ou lieux historiques comme la «Skifa El Kahla» rythment sa vie urbaine au quotidien. Située à quelques mètres de la mer et du fameux port de pêche de la ville côtière, elle ne manque pas de charme. Des acteurs originaires de Mahdia investissent dans de nouveaux projets afin d’affiner l’aspect attractif de la ville, hiver et été. Les maisons d’hôtes et les différentes formes de tourisme alternatif existent déjà. «Dar Evelyne», joyau familial historique, au centre de la Médina, accueille, dans son patio, clients fidèles et touristes de passage dans un cadre authentique, sans artifices. Ce lieu est bénéficiaire du programme «Tourisme durable» dans le cadre de «Mekletna», qui développe l’offre culinaire dans plusieurs régions.
Petite escale, avant de repartir à «Borj Erras» pour le musée archéologique et patrimonial de la ville, riche de ses collections puniques, romaines, byzantines et islamiques et des traditions anciennes de Mahdia. Le musée se situe au bout de la «Skifa El Kahla», artère principale commerçante de la Médina, mais aussi une de ses entrées et sorties.
C’est dans une caverne d’Ali Baba nommée «Skila» que les artisans de tissus créent à la file, quotidiennement. Nichés chacune et chacun dans un coin, dans l’enceinte de cet atelier incontournable, ces mêmes artisans usent de cet appareil traditionnel, manié avec les pieds et à la main, pour créer des pièces uniques, faites en soie, comme les écharpes de qualité, les cache-cols, très prisés par les Tunisiens et les touristes en visite. Cette adresse phare de création, qui fait office de Showroom également, a été restaurée au fil des décennies. Leur savoir-faire consiste à entretenir cet art du tissage, extrait à partir de fibres naturelles, d’une manière durable et équitable. Un art ancestral qui est en phase avec l’univers de la mode actuelle. Valorisation réussie du travail fait main de la soie. Quatre arrêts de cet «Eductour», avant l’ultime à El Jem, qui vit au rythme des journées romaines de «Thysdrus».
A El Jem, place aux spectacles, aux ateliers et aux découvertes…
L’après-midi s’annonce festive dans l’enceinte et autour de l’amphithéâtre grâce au maintien des Journées romaines de «Thysdrus» qui, cette année, réservent aux spectateurs une parade historique de plus de 120 participants lambda, tunisiens et étrangers habillés avec des costumes, capes et épées et des habits romains avec faux arcs et armes anciennes. En groupe, ils avancent, avec un fond musical des plus audibles et s’emparent du lieu historique mettant en scène une bataille de gladiateurs, sous les yeux d’un «roi», une heure durant. Une performance accompagnée d’une voix narratrice et face à un public majoritairement composé de jeunes de la région et d’enfants passionnés par ce spectacle.
Ce même spectacle a été présenté deux fois, à la demande du public d’El Jem. Ridha Hfaidh, fondateur et directeur des Journées romaines d’El Jem-7e édition, commente l’évènement organisé par une association locale «We Love el Jem» : «Ce spectacle a pour thématique les Jeux olympiques romains qui font écho aux vrais Jeux olympiques attendus à Paris en 2024. Ces journées ont vu défiler toute une légion de soldats romains, dans les jardins de l’amphithéâtre et qui ont vu s’installer aussi des ateliers pluridisciplinaires destinés aux enfants et aux jeunes, avec vente de produits artisanaux locaux comme la halfa, la poterie, la mosaïque, le tissu, l’argile, etc.».
Un musée de micro-mosaïque appelé «Dar El Jem», situé à quelques pas de l’amphithéâtre, est riche de reconstitutions de tableaux artistiques mondialement célèbres. Des œuvres réalisées pour la plupart par des artisanes de la région. Un travail qui éblouit les visiteurs de ce lieu, créé par le même fondateur. Le programme «TounesWijhetouna» (Tunisie, notre destination) appuie la diversification du tourisme, le développement de l’artisanat et la valorisation du patrimoine en Tunisie. Ce programme de 51 millions d’euros, cofinancé par l’Union européenne sur une durée de 6 ans (2019-2025), contribue au développement économique durable et inclusif de la Tunisie en créant des synergies entre les secteurs du tourisme, de l’artisanat, des produits du terroir et du patrimoine culturel. La destination du prochain «Eductour» n’est pas communiquée.