La saison 2024 des Journées de la francophonie en Tunisie se prolonge avec «Le Festival du film francophone», événement qui se tient à Tunis du 3 au 15 juin et à Sousse du 5 au 19 juin. Le rendez-vous des amateurs du 7e art francophone à ne pas manquer puisque la quantité, la qualité et la gratuité des films sont à la portée.
Au total, une vingtaine de films (courts et longs métrages, films d’animation et documentaires) proposés par l’OIF et 15 autres ambassades membres du GAF: l’Argentine, l’Autriche, la Bulgarie, le Cameroun, le Canada, l’Egypte, la France, le Gabon, la Grèce, le Maroc, la Roumanie, la Serbie, la Suisse, Wallonie-Bruxelles et la Tunisie seront projetés.
Ces films, qui permettront d’assouvir sa soif du 7e art, traitent de thèmes universels comme l’amour, l’amitié, l’engagement pour un avenir meilleur, mais abordent également un certain nombre de sujets d’actualités, tels que la situation des femmes ou encore le dérèglement climatique. Un événement qui fera résonner les voix et accents pluriels sur des sujets qui réunissent la communauté francophone dans son ensemble au-delà des frontières.
Rendez-vous incontournable des Journées de la Francophonie en Tunisie, le Festival du film francophone vise à offrir aux publics francophones et francophiles une riche programmation.
L’inauguration du festival a eu lieu dans la soirée du 4 juin 2024 à l’auditorium de l’IFT en présence d’invités cinéphiles curieux de découvrir le film d’ouverture signé Kaouther Ben Henia « L’homme qui a vendu sa peau ». Haoua Acyl, représentante de l’OIF pour l’Afrique du Nord, a souligné l’importance du maintien de cette manifestation en valorisant la diffusion de la francophonie et en soulignant les accomplissements de l’Organisation internationale de la francophonie.
Célébrer la création culturelle francophone, sa diversité et l’ambition de soutenir sa diffusion auprès d’un large public sont autant d’enjeux cruciaux pour l’avenir de la langue française. C’est en ce sens que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a choisi la thématique «Créer, innover et entreprendre en français» pour le prochain «Sommet de la Francophonie» qui se tiendra à Villers-Cotterêts en octobre 2024.
Le programme détaillé des Journées de la francophonie de 2024 est accessible sur les réseaux sociaux de l’IFT de Tunis, de Sousse et les journées de la francophonie – Tunisie.
La vie estudiantine à l’Islt de la Cité El Khadra de Tunis reste effervescente au fil des générations qui s’y succèdent. Le département de français de l’Institut universitaire décide de mettre en lumière les graines de talents dénichées chez les étudiants en lettres françaises.
Rendez-vous donc à l’amphithéâtre Ibn Mandhour de l’Islt à partir de 10h00 jusqu’à 13h00 pour découvrir les différentes performances et ateliers organisés par le corps d’enseignants universitaires et leurs étudiants passionnés. Programme distribué aux invités sur place, petits cadeaux attribués aux participants et intermèdes musicaux ont rythmé cette matinée grise du 26 avril 2024. La journée est organisée grâce au soutien de l’Institut Français de Tunisie.
L’inauguration commence par les mots de bienvenue de Mme Houda Ben Hamadi, directrice de l’Islt, et Mme Neila Khojet El Khil, universitaire et coordinatrice du projet «Journée des talents». Lors d’un atelier de presse, la présentation détaillée de cet évènement s’est déroulée pour le public présent, majoritairement étudiants, suivie d’un «Cercle de poésie», créé par les étudiants de la 2e année communication, coordonné par Mme Leila Kharrat. L’atelier poésie a vu défiler Hend Aroui et son «Analogie universelle», la performance de Slam en polyphonie titrée «Nos rêves d’avenir pour le monde de demain», mais le moment fort de cette parenthèse poétique reste cette chanson chantée en chœur par les étudiants sur la scène de l’Institut, celle de Kids United : «On écrit sur les murs». Un hymne à l’espoir et aux lendemains prometteurs. Coordonné par Mme Nesrine Boukadi, l’atelier «Action citoyenne» permet au public de découvrir un «court-métrage sur le vivre-ensemble et la femme tunisienne : réalisation et défis». L’atelier-débat initie les étudiants aux débats, et aux discussions autour de sujets épineux comme les conflits intergénérationnels, la différence sous toutes ses formes, la discrimination basée sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, le genre. L’échange d’une quinzaine de minutes s’est déroulé en présence d’étudiantes et de Mme Fathia Ben Yedder. Au fil des intermèdes musicaux annoncés entre chaque atelier, la partie consacrée au théâtre et modérée par Mme Amina Chenik, universitaire, et ses étudiants de 3e année médiation culturelle et communication, commence en grande pompe.
Une partie qui se consacre aux Fables de La Fontaine, présentés en dialecte tunisien/derja et en sabir et accompagnée d’un hommage rendu au savoir de Kaddour Ben Nitram, figure peu connue des chercheurs, humoriste et chansonnier tunisien qui a vécu dans la décennie des années 20-30, et qui est aussi auteur de saynètes, de sketchs, de fables et de contes en sabir, émanant d’un Tunis de l’époque pré-indépendance.Toute une saynète humoristique consacrée à Kaddour Ben Nitram a été mise en scène par les étudiants de l’Institut. La scène de théâtre présentée relate une scène de la vie quotidienne se déroulant au marché central d’un Tunis cosmopolite de l’année 1930. Une clôture haute en humour de cette journée maintenue par les jeunes talents et par Mohamed Said, musicien et étudiant en mastère, qui s’est emparé de la scène de l’amphi pour nous présenter son air musical.
L’Alliance française de Tunis, en partenariat avec le Montreux Comedy Festival, lance la deuxième édition du Festival de l’humour francophone «Normal Enti?!!» qui aura lieu à Tunis les 16 et 17 mars courant.
Placé sous l’égide de la francophonie et de l’humour, ce festival a pour ambition de rassembler le public autour de temps forts dédiés au divertissement et d’encourager de jeunes stand-uppers tunisiens. Fort du succès de la première édition, le festival, tout aussi «pimenté», revient avec un concours, deux masterclass et deux soirées, selon le communiqué de presse de l’événement.
Le jeudi 16 mars, à 19h30, à la salle le Rio, le festival propose une soirée intitulée «Jeunes talents, objectif Montreux», animée par l’humoriste belge Bruno Coppens. Sept talents auront l’occasion de participer au concours «Jeunes talents-objectif Montreux». Le finaliste pourrait se produire sur la scène du prestigieux Montreux Comedy Festival en Suisse.
Le vendredi 17 mars, à 19h30 au Colisée, une soirée stand-up avec Meniways (Imen Lahmar) (Alliance française de Tunis), Alexandre Kominek (ambassade de Suisse en Tunisie) et Gaëtan Delferière (délégation Wallonie Bruxelles en Tunisie). La soirée sera animée par l’humoriste français Kallagan. En plus des spectacles, le festival «Normal Enti?» se distingue par des rencontres d’échange et de réflexion autour de l’humour francophone. Le Festival de l’humour francophone propose ainsi des masterclass sur le rôle de l’humour et du rire, présentées par Bruno Coppens à l’Université de La Manouba et au Théâtre national.
Les dates clés à retenir sont celles du mardi 14 mars avec la Masterclass de Bruno Coppens à la faculté de La Manouba, le mercredi 15 mars : Masterclass de Bruno Coppens au Théâtre national, le jeudi 16 mars : Soirée «Jeunes talents-objectif Montreux» au Rio avec la participation de 7 artistes, et le vendredi 17 mars : Soirée «Normal Enti?» au Colisée, en présence de trois artistes. Les partenaires de «Normal Enti?» sont «Montreux Comedy Festival», l’ambassade de Suisse en Tunisie et la Délégation «Wallonie Bruxelles» en Tunisie.
Deux nouvelles ont retenti cette semaine sur les réseaux sociaux, ébranlant l’univers des arts et de la culture : la fermeture définitive de la salle de cinéma Amilcar à El Manar, après 8 ans de bons et loyaux services, et l’annulation de Mûsîqât, manifestation musicale tout aussi importante. Deux disparitions regrettables, révélatrices d’une détresse économique.
L’endroit et le rendez-vous musical possèdent leur public. Une notoriété acquise depuis bien après 2011. Le Cinéma Amilcar est opérationnel depuis 2015, sous l’égide du distributeur de films tunisiens «Hakka Distribution». Composé d’un noyau de jeunes passionnés, cinéphiles, engagés, «Hakka» est parvenu à créer une dynamique nouvelle dans le secteur cinématographique à travers la gestion d’au moins deux autres salles en Tunisie, celle de Menzel Bourguiba, et Cinémadart Carthage.
Les salles prônent un cinéma tantôt commercial, tantôt indépendant, très varié. Cinéclubs, rencontres, masterclass, évènements musicaux, ciné-concerts ont fait partie intégrante de leur programmation. Cette salle était la plus prisée du côté d’El Menzah-Manar-Mutuelle-ville, et même du centre-ville de Tunis. La voir disparaître est une perte pour le cinéma, dans une époque où les salles se font rares.
Le communiqué est posté sur les réseaux par l’équipe «Hakka». L’équipe informe que le 12 mars 2023, la salle fermera ses portes. «Annonce importante, après une magnifique aventure qui a commencé depuis octobre 2015, notre collaboration avec la salle Amilcar se termine. Nous fermerons à partir du dimanche 12 mars et rendons la salle à ses propriétaires (…) Nous appelons les autorités compétentes et particulièrement le ministère de la Culture à se pencher sérieusement sur la situation des salles de cinéma. Ce secteur continue d’exister grâce au courage des exploitants et à leur passion, mais l’Etat doit prendre ses responsabilités pour préserver et faire avancer ce secteur, pilier majeur de la vie culturelle en Tunisie. L’aventure Amilcar s’achève là, mais notre dévouement aux auteurs tunisiens et aux cinéphiles se poursuit au Cinémadart Carthage et au Métropole à Menzel Bourguiba». Lit-on dans cette annonce.
L’équipe tente d’attirer l’attention des autorités et du ministère de la Culture, quant à la dégradation des salles de cinéma et de l’importance de les garder. Les exploitants rendent la salle à son propriétaire, après avoir essayé de surmonter les aléas économiques des deux dernières années, causées par la pandémie. La conjoncture globale du pays reste très critique. Cette volonté collective de maintenir et de sauver le lieu s’est dissipée, face à un ministère de la Culture indifférent, peu réactif. L’entretien des machines et du matériel n’est plus faisable. Les multinationales s’imposent également dans le paysage : elles possèdent une autonomie financière et ont davantage de moyens pour garantir leur fonctionnement. La concurrence est rude et les salles tunisiennes indépendantes voient de nos jours leur pérennité sérieusement menacée. Amilcar a consacré sa dernière semaine à un public désireux de (re)découvrir les plus grands films qui ont fait le succès de l’année 2022. Un marathon qui clôt en beauté un lieu dont on se souviendra longtemps.
Une manifestation musicale à l’arrêt
Mûsîqât, évènement prisé et fédérateur de la scène musicale tunisienne, n’aura pas lieu aussi cette année. La nouvelle a déçu les plus mélomanes, public, musiciens et passionnés. D’après le communiqué de presse, repris par l’agence TAP et d’autres médias locaux, nous pouvons lire :
«Le Festival Mûsîqât, événement phare de la scène musicale traditionnelle et néo-traditionnelle, ainsi que de la musique du monde, ne pourra malheureusement pas être organisé cette année encore."
Créé en 2006, en co-production entre Scoop Organisation et le Cmam, le Festival Mûsîqât a été le premier PPP culturel. Après plusieurs années de programmation de qualité, la direction du Cmam a finalement décidé de ne plus allouer de budget, malgré l’obligation contractuelle de cette institution de prendre en charge le budget artistique.
Malgré les efforts des co-organisateurs, le ministère des Affaires culturelles n’a pas réagi aux différentes sollicitations et problèmes persistants dans le secteur, probablement trop occupé ou préoccupé par la bonne douzaine de festivals qu’il gère et finance directement faisant ainsi de l’ombre aux initiatives privées.
Les années 2022 et 2023 auraient dû être les années de reprise de Mûsîqât, mais il faut maintenant se faire une raison : la politique culturelle en Tunisie a d’autres préoccupations et objectifs. Nous sommes profondément attristés de ne pas pouvoir vous proposer une nouvelle édition de Mûsîqât cette année, mais nous tenons à remercier tous les artistes et les partenaires qui ont contribué à faire de cet événement un beau succès au fil des ans. Nous espérons que la situation évoluera favorablement et que le Festival Mûsîqât pourra renaître, probablement différemment, dans le futur pour le plus grand plaisir des amoureux de la musique traditionnelle et néo-traditionnelle ainsi que de la musique du monde».
Deux disparitions provoquées par une politique culturelle très précaire, fragilisée, au plus haut point, une crise économique suffocante, et sans doute par les conséquences de la pandémie. Sont-ce les prémices d’une agonie inévitable ?
Voici venu le moment pour Nizar 13 de lancer sa propre production de disques vinyle titrée «Just More : Fragile Edition». Nizar 13 est artisan et a un penchant pour la musique d’où cet intérêt pour les disques anciens.
L’artiste a tenu à sortir cet album sur des disques vinyles, tout en sachant qu’il n’y a pas d’usine de pressage en Tunisie. Il raconte : «J’ai décidé de prendre les choses en main et de créer mes propres disques faits main. A partir d’un disque original de ’[Just More’’, j’ai pu créer de nombreuses copies à la main en utilisant une technique de moulage. J’ai également fait fabriquer les pochettes en carton et les ai peintes en tissu à l’aide d’acryliques. Le résultat final est le disque vinyle ’’Just More : Fragile Edition’’, qui a été bien accueilli par les collectionneurs et les amateurs de musique, tout récemment».
Une expérience éducative pilote se poursuit depuis 2016, celle des « Mille et un films», programme national pour l’introduction de l’instruction cinématographique dans les écoles tunisiennes, avec à sa tête, son fondateur, le réalisateur Moncef Dhouib. Après trois ans d’itinérance fructueuse de 2016 à 2019 et un arrêt causé par la pandémie, l’expérience redémarre de plus belle. 6.000 écoliers ont été initiés au b.a-ba du 7e art.
En 2023, un nouveau chapitre des «Mille et un films» s’apprête à commencer. Soutenu par le ministère de l’Education actuel, le projet continue d’impacter. Sur 24 gouvernorats, 12 écoles par gouvernorat ont été visitées. Durant trois ans, 6.000 écoliers, pour la plupart issus de régions défavorisées, ont pu participer à ce travail.
Ecoliers /collégiens des écoles primaires et collèges situés dans des régions rurales (voire complètement isolées) reçoivent la visite de formateurs, spécialistes en cinéma. Ces derniers s’adressent au corps enseignant d’une école : ils lui présentent le projet, son objectif, et valorisent une passion et un savoir à entretenir avec les élèves. Des enfants qui restent à l’affût de ce savoir pratique, édifiant et très divertissant et qui s’y engagent passionnément. «Depuis le lancement de ce projet, j’ai toujours pensé qu’il faut travailler avec les écoles, en premier lieu. On a donc pensé cibler les moins de 14 ans, qui sont en train de se chercher, et qui n’ont pas conscience des maux de la société et des difficultés de la vie. A un certain âge, on peut perdre à jamais les jeunes, si on ne les rattrape pas avant et tôt», déclare Moncef Dhouib, réalisateur et chef du projet. Deux partenaires fixes soutiennent les «Mille et un films» : le ministère de l’Education et celui des Affaires culturelles (à travers le Cnci, qui aide à la production et à la formation).
L’essentiel du travail, c’est de le transmettre en formant les formateurs : ces instituteurs qui veilleront à leur tour à maintenir ces ateliers d’initiation cinématographique pour garantir la pérennité de la formation dans l’établissement éducatif désigné et de le programmer sur la durée dans le planning des activités culturelles. Ces enseignants-formateurs doivent être passionnés et porteurs du projet. Toutes et tous ont adopté le projet.
Une initiative ancrée dans son époque
« Ce que nous faisons est nécessaire : nous sommes analphabètes quand il s’agit de lire une image. A travers ce projet, nous consolidons notre savoir, afin de mieux décrypter ce tsunami de l’image, sa fabrique, son impact. D’où cette urgence de commencer tôt à initier à la fabrique de l’image. Nous entretenons l’aspect pédagogique du secteur cinématographique. Le langage cinématographique doit être à la portée de tout le monde, en premier lieu, accessible aux enfants de 8 / 14 ans. Le cinéma est indissociable à l’ère numérique, de nos jours. Il est digital, très présent en ligne, et fait de l’ombre à l’écrit car tout est image, virtuel, reportages, et documentaires de nos jours», précise Moncef Dhouib.
Grâce au ministère de l’Education, l’accès aux établissements éducatifs se fait plus facilement. Le Cnci fournit des formateurs, diplômés pour la plupart des écoles supérieures de cinéma : ils doivent être principalement cadreurs, spécialistes en image et monteurs. Une dizaine d’entre eux/elles est retenue via des appels à candidatures. A part leur savoir, ils/elles doivent posséder un permis de conduire. Ces mêmes formateurs sillonnent, en effet, la Tunisie, via des unités mobiles, en duo, équipés du matériel nécessaire à l’application du projet. Un engagement sans faille de la part de «ces ambassadeurs du 7e art», composés de 5 femmes et 5 hommes (parité oblige).
Ce travail de longue haleine se fait sur plusieurs séances et en fonction des écoles disponibles. Il est composé de trois étapes : la première se fait théoriquement en initiant aux bases du cinéma, via un document élaboré et qui explique en détail les règles élémentaires du cinéma. La 2e est l’écriture du scénario et son illustration, individuellement, mais surtout en groupe. La 3e étape permet aux écoliers-participants de faire du terrain, de sortir, et d’appliquer leur savoir sous l’œil vigilant des formateurs-enseignants et avec l’autorisation des parents d’élèves.
Le projet illustre ce mariage entre culture et Intelligence artificielle : la culture, autrefois orale et écrite, est désormais convertible en numérique, accessible sur des plateformes en ligne, et forte de sa connectivité via les tablettes, le web et les réseaux sociaux. Le projet s’inscrit dans son époque et permet une meilleure lecture de l’Image : une jonction qui lie la culture, l’éducation et la technologie.
«Le projet reste coûteux : des dépenses se font, mais il a fonctionné de cette manière structurelle», cite Moncef Dhouib, enthousiaste. Il tient à rempiler pour une nouvelle tournée des écoles, et à effectuer un redémarrage postCovid. Le projet est toujours à la recherche d’un soutien financier privé. «Mille et un films » est précurseur dans la région Mena et son exportation dans d’autres pays reste imminente. Un legs de cette expérience pour les générations futures et son rayonnement à l’intérieur du pays et au-delà des frontières restent impératifs.
C’est sur trois jours, à la mairie de La Kasbah – Tunis, que la 97e réunion de l’Association internationale des maires francophones (Aimf) s’est tenue du 16 au 18 novembre, en amont du 18e Sommet de la Francophonie. Pas moins de 150 personnes, dont surtout des maires francophones venus de différentes capitales, ont répondu présent.
Kinshasa, Nouakchott, Québec, Cotonou, Paris, Abidjan, Dakar ou Douala… Au moins une dizaine de maires et de représentants de mairies ont répondu à l’invitation de Souad Abderrahim, maire de Tunis et vice-présidente de l’Association. Le but de ces rencontres est de renforcer les coopérations entre différents pays, en incluant et en fusionnant l’engagement des maires et celui de la société civile : Il s’agit d’une mise en valeur du rôle central de ces élus locaux engagés pour « la Francophonie de demain » et de garantir l’impact des initiatives concrètes qu’ils mènent et mèneront en collaboration avec la société civile. Différents échanges autour de la diplomatie des villes, de la parité hommes / femmes, du rôle des diasporas ou dialogues régionaux ont été au cœur des discussions.
Une conférence de presse s’est tenue dans la matinée du 18 novembre 2022 à l’occasion de ces Assises des élus locaux francophones et de la société civile en présence de Souad Abderrahim et d’Anne Hidalgo, maire de Paris, ainsi que Robert Beugré Mambé (Ministre-gouverneur du district d’Abidjan), Bruno Marchand (Maire du Québec), Willy Demeyer (Maire de Liège) et Sami Kanaan (CA de la ville de Genève). Le point de presse est revenu brièvement sur le déroulement de cette 97e réunion. Anne Hidalgo souligne dans son discours les rôles des pouvoirs locaux, la complémentarité, et le soutien indéfectible de l’Association à des divers projets, qui se tiendront dans différentes villes. « Djerba et Tunis ne sont pas loin. Cette réunion se déroule à Tunis, presque simultanément avec le 18e sommet de la Francophonie. La décentralisation reste importante », déclare-t-elle.
L’ouverture, le 16 novembre s’est déroulée en présence de la présidente du Rflm : le Réseau des femmes leaders du Maghreb, le secrétaire général de l’UMA, et un représentant de l’Union européenne en Tunisie. Ce réseau de femmes Leaders important rassemble des entrepreneures venues des pays du Maghreb arabe. La promotion du genre dans le développement local reste de mise. Un protocole de coopération a été signé entre les maires Souad Abderrahim et Bruno Marchand (Maire de Tunis et du Québec), renforçant ainsi trois secteurs : le développement économique et numérique, le développement durable et la lutte contre les changements climatiques, sans oublier le rayonnement culturel et la préservation des espaces patrimoniaux. Réseautage et rencontres édifiantes entre différentes diasporas ont eu lieu, et notamment entre des élus locaux allemands, italiens, tunisiens et français dynamisant ainsi les coopérations. Un webinaire sur « Les conditions techniques, économiques et sociales d’une transformation du domaine bâti dans les villes décarbonées » s’est tenu. Une réflexion qui a rassemblé universitaires et professionnels autour de « L’urbanisme dans de francophonie ».
Une édition spéciale d’ « Interférence », le festival des lumières qui se tient chaque année à la Médina de Tunis a eu lieu sur trois jours à l’occasion de cette réunion de la Aimf 2022. Sur trois jours, à la médina, des installations de lumière ont été projetées sur les divers édifices historiques. Un hommage vibrant a été rendu à des personnalités féminines tunisiennes comme Ons Jabeur, Aziza Othmana ou Roua Tlili à Beb Bhar (Tunis), toujours en collaboration avec la municipalité de la ville de Tunis.
Le nouveau-né des festivals en Tunisie démarrera sur les chapeaux de roues le 13 octobre 2022 et se poursuivra sur 2 jours à la Cité de la culture de Tunis. Intitulé et identité graphique décalés annoncent la couleur de ce Festival de l’humour francophone, qui aura lieu dans sa première édition.
Drôlement titré «Normal Enti ?», au moins quatre humoristes français s’empareront de la scène, face au public. A l’affiche, Mr Nouar, Bruno Coppens, Adel Fugazi et le duo Balla Diop-Willy de Rescap’Art. Maintenue en partenariat avec le «Montreux Comedy Festival», l’Ambassade du Sénégal à Tunis, l’Ambassade de France à Tunis et la Délégation Générale de Wallonie-Bruxelles Tunis, l’édition fête l’humour francophone. L’objectif du festival est de s’ouvrir sur le monde et sur des cultures variées à travers la francophonie et de le faire à travers l’humour sur scène. Un moyen, parmi d’autres, de pousser à la réflexion, d’interroger l’existence de la francophonie, sa pérennité et sa richesse culturelle. Ce rendez-vous de l’Humour francophone programme pour ses conviés une masterclass sur «Le rôle de l’humour et du rire» présentée par Bruno Coppens, et une table ronde autour de «l’humour», organisée en partenariat avec l’Union des Ecrivains Tunisiens.
Dans une conférence de presse, Mohamed Aissaoui, président de l’Alliance française de Tunis, revient sur les rôles majeurs que tient l’AFT dans l’éducation francophone en premier lieu, et ce, à travers ses cours, ses examens et ses certifications agréés, mis à la disposition de tout adhérent pendant l’année et l’accès à la médiathèque. Et en second lieu, l’AFT mise également sur la culture d’où l’organisation de ce festival, entre autres accomplissements à vocation culturelle. Elle a déjà fixé quatre rendez-vous culturels par an : le «Cinémana», organisé récemment à la Cité de la culture, autour du cinéma, un deuxième rendez-vous avec le livre africain, un troisième plus généraliste avec «Les amis du Belvédère» et ce nouveau-né intitulé «Normal Enti ?», consacré à l’humour francophone. «Nous tenons à ce que la langue française s’intègre dans la culture locale et à ce qu’elle se mêle au dialecte tunisien. C’est une manière de la démystifier et de lui permettre de reprendre sa place, sans populisme et sans aucun complexe», cite Mohamed Aissaoui, en commentant l’intitulé du festival «Normal Enti ?», expression purement tunisienne répandue.
Faycel Mezhoudi, directeur de l’AFT, souligne cette volonté de créer la réflexion autour de l’humour à travers ce festival, qui sera désormais annuel. L’AFT est une fusion des cultures francophones valorisées. La masterclass tenue par Bruno Coppens se tiendra à la Faculté des Lettres de La Manouba. Le public aura droit pendant la première soirée, à deux spectacles tenus successivement par Mr Nouar et Bruno Coppens, spécialiste belge de l’humour. La seconde accueillera Adel Fugazi et le duo Balla Diop et Willy. La 2e édition aura lieu en mars 2023, simultanément avec «La Semaine de la Francophonie».
Hammamet est connue pour sa broderie. À l’occasion du mois du Patrimoine, la ville célèbre cet art et ses atours. Une broderie caractérisée par ses artisans et ses artisanes. Un art digne d’un patrimoine, hérité de mère en fille, d’une génération à une autre.
Ainsi, le Centre culturel international de Hammamet, la Maison de la Méditerranée pour la culture et les arts, en collaboration avec l’’Association « les ambassadrices de Hammamet » (Safirat), organise le 18 mai 2022 une journée à partir de 10h00 à Dar Sebastian pour célébrer les tenues et vêtements traditionnels puisés dans le patrimoine hammamettois avec la présentation des étapes de la confection de l’habit, du traçage du dessin, Rchima, à la broderie, Triza et enfin à la couture et Tahrij. Les artisanes auront l’occasion de parler de leur savoir-faire et de leur transmission. La clôture se fera par un défilé mettant en valeur les rituels du mariage traditionnel à Hammamet et les habits portés par la mariée. Les organisateurs de l’évènement étalent, dans l’annonce de l’initiative, les caractéristiques de cet habit.
La précision et le savoir-faire de ces femmes font leur réputation. Les broderies de Hammamet sont célébrées et évoquées dans les manuels de couture et racontent l’histoire de Hammamet, son passé, conservé jusqu’à nos jours. Les mamans veillent à transmettre à leurs filles cet art ancestral.
Une broderie qui reste toujours au goût du jour. La variété des tissus, laine, soie, coton, lin, velours, s’ajoute à la richesse des matériaux : fil d’or, fil d’argent plat, paillettes, cannetille, galons, boutons, broderie, dentelle mécanique ou faite à la main, rubans et rosaces font les ornements de cet habit local. Le traçage des dessins, la broderie et l’ornementation des cols, des bouts des manches et des bordures inférieures des habits, sont exécutés par la « rachama», la «tarraza» et la «harraja». Il suffit de se munir de quelques fils et d’une aiguille, et de faire preuve de créativité.
Hammamet est réputée par l’originalité et la diversité de ses costumes traditionnels, surtout féminins. Des costumes qui sont remarquablement bien conçus comme « Al Keswa Kebira », « La Jebba Matrouza » et qui reste la plus chère. « La Jebba Akri » avec une moitié rouge et l’autre noire est portée par les femmes de Hammamet pendant le deuxième jour du mariage. La mariée porte aussi une toque ronde toute dorée « Taaguiya » sur la tête et un foulard « Fouta Hrir » en soie pour ajuster la tunique au niveau de la taille. Le «kadroune» est un habit en laine à longues manches, porté surtout en hiver. « Al Kamis» et le « Seroual », sont tous deux confectionnés à partir d’un tissu blanc et brodé. La «souriya» ou «kmijja» est une chemise qui s’agrémente de broderies au fil d’or. La «farmela» est un gilet généralement brodé. Le «mérioul fadhila» est un tricot fait en fils de coton ou de soie. Le « Tigar » est porté par la mariée avec la coiffe locale. « Eckmak » est une chaussure brodée main, avec des fils de soie.
Les accessoires sont les compléments indispensables pour rehausser la beauté des costumes féminins à Hammamet. En plus des coiffes, richement décorées de broderie de soie, d’argent, de perles et des chaussures aux broderies adaptées, il y a les bijoux traditionnels qui persistent à travers les temps et les époques (romaine, byzantine, arabe, turque et andalouse) pour ajouter un peu plus d’éclat aux tenues et au charme de celles qui les portent et qui avaient pour noms « Skhabe » «khalkhal», «hjar», «Khajla» «tlila» et «jlaïet».
L’habit traditionnel de la femme hammamétoise est connu par son authenticité. Ces femmes hammamétoises sont les détentrices d’un savoir-faire traditionnel. Elles façonnent même la mémoire collective. Elles conservent, perpétuent et transmettent, aux jeunes générations, un patrimoine culturel et identitaire.
Ainsi, tout effort de sauvegarde de l’artisanat traditionnel doit tendre essentiellement non pas à préserver les objets artisanaux seulement, mais à soutenir les artisanes et les artisans, de les pousser à continuer à produire des réalisations de toutes sortes, de transmettre leurs compétences et leur savoir-faire aux autres et aux nouveaux apprentis.