Le long-métrage de Mohamed Ali Okbi «Un Ballon et des rêves», sorti en 1978, a été digitalisé grâce à la contribution de l’ambassade d’Argentine et du ministère de la Culture, et sortira dans les salles prochainement à l’occasion du Mondial 2022.
Le film a été restauré dans son intégralité, 43 ans après sa présentation au grand public. Il a subi les aléas du temps, mais grâce au laboratoire argentin et suite à sa réhabilitation effectuée récemment, «Un ballon et des rêves» pourra être visionné en qualité optimale. Ce long-métrage, réalisé autour du football et du ballon rond tunisien, est un hommage au footballeur et entraîneur Abdelmajid Chetali. Le film revient sur une partie de l’histoire de l’équipe nationale tunisienne de football, celle qui coïncide avec le Mondial 1978.
Selon le synopsis, et pour révéler au grand jour ce monde du football — phénomène sportif, mais également social —, le film choisit deux itinéraires complémentaires. Le premier itinéraire passe par la victoire des joueurs de l’Equipe Nationale de Tunisie (année 1977-1978) et de son entraîneur Abdelmajid Chetali : en tant que spectateur, on les voit tous ainsi évoluer dans leur existence quotidienne chez eux et sur le terrain, ils nous parlent de leurs problèmes, de leurs angoisses, de leurs rêves et de leurs succès. Leur vie semble être cette quête permanente de la performance corporelle, animée par cette volonté ardente du dépassement de soi.
Le second itinéraire raconte l’histoire de deux adolescents : Khaled et Hichem, qui sont issus de quartiers populaires et passionnés de foot. Ils suivent en fabulant l’existence de leurs joueurs préférés et les idolâtrent.Ces deux voies parallèles nous conduisent en cette année 1977-1978, si féconde en événements sportifs, au spectacle grandiose du match Tunisie-Egypte (match de qualification pour le Mondial 78). Ensuite, place à l’épopée argentine de l’Equipe Nationale avec les principales phases de jeu des rencontres entre équipes en compétitions, notamment ses rencontres avec l’équipe polonaise et celle allemande. Le film retrace la première participation historique de l’équipe nationale au Mondial du foot. Sa sortie prochaine en version numérique moderne sera annoncée dans les plus brefs délais.
Un évènement dédié aux brocanteurs s’est organisé sous les gradins de la salle de sport Raja-Haider à La Marsa : lieu insolite qui fait office, depuis quelques semaines, d’un salon de brocanteurs, venus exposer et vendre toutes sortes de pièces rares, uniques, souvent anciennes, mais aussi modernes.
Dès 8h00, les exposants se ruent sous des gradins, prêts à accueillir une clientèle souvent curieuse, amatrice d’objets rares, collectionneurs, ou de passage dans cette zone de la Ville de La Marsa. Un quartier très fréquenté par les habitants et les visiteurs, puisqu’il donne sur l’autoroute principale. Un endroit stratégique, bien indiqué, qui ne laisse pas indifférent, même sous un soleil de plomb. Dans la journée, les visites restent peu fréquentes, mais en fin d’après-midi, le lieu est plus vivant, frais et animé et reste ouvert jusqu’à 22h00. La municipalité a autorisé le maintien de cet évènement pendant les weekends et durant l’année.
Des objets de décoration, théières, assiettes, bols, services, tasses de thé, de café, de l’argenterie, des miroirs, des chinoiseries, d’anciennes portes, cadres en tout genre, tables, bibelots, mugs, chaises, fauteuils, tapis, poignées de portes longent la longue allée sous les gradins du complexe sportif, à l’ombre. Une aile du lieu qui reste facilement accessible grâce à une indication visible sur la route. Cette enfilade d’arcades, occupées par des brocanteurs, désireux de vendre, paraît comme un marché de brocante, pas différent de ceux qu’on trouve à Paris ou dans des villes européennes. Ce marché/salon réunit des brocanteurs-participants, venus de plusieurs régions, qui vendent des antiquités, certes, mais aussi des nouveaux objets.
Ce salon d’antiquité se tiendra encore à l’année sous la houlette de ces 23 brocanteurs-organisateurs qui ont relevé le défi. «Le salon a été pensé comme un marché aux puces d’antiquités, maintenu dans une ambiance accueillante et festive. Les brocanteurs ont ramené le meilleur à exposer de chez eux à l’occasion. «Au lieu de le faire chez eux, ou dans leurs lieux de vente, autant le faire ici», déclare Mme Lilas Abbès-Turki, brocanteuse. Les visiteurs auront l’embarras du choix entre découvrir, regarder, acheter, avoir plusieurs avis, connaître des anecdotes ou être conseillés. C’est aussi l’occasion de se créer des liens entre passionnés, spécialistes en brocanteries et antiquaires.
Un clin d’œil au patrimoine musical est prôné par l’équipe à la tête de l’espace In’art à Hammamet. À l’occasion de la Journée mondiale de la musique 2022, un spectacle Stambali s’est déroulé sur un toit à la vue panoramique donnant sur le golfe de la ville.
Habitants des environs et adhérents se sont donné rendez-vous dans le local de l’In’art, ancien marabout, situé en pleine médina arabe de Hammamet et qui fait office de base pour cette association culturelle du même nom, active depuis des années dans la région. La troupe Stambali désignée n’est autre que celle de Sidi Ali Lasmar.
Autrefois, la ville a connu des festivités plus imposantes, maintenues dans le but de célébrer comme il se doit la journée mondiale de la musique : l’In’art continue de le faire. Le 21 juin 2022 (hier), à partir de 21h00, une musique Stambali a rythmé le lieu et ses environs. Il s’agit d’une fête mondiale célébrée à l’échelle locale. L’In’art associe ce spectacle gratuit à un rituel et à un rappel aux fondements musicaux. Une exposition photographique d’Augustin le Gall intitulée « La dernière danse : Voyage intime au cœur du rituel Stambali » (Présentée en 2016 et soutenue par l’Institut Français de Tunisie) relate l’histoire et l’essence même de la musique Stambali en Tunisie à travers une série de photographies. Le photographe y a évoqué à travers ses oeuvres l’origine du Stambali/ « Bousaadia » en commençant par la Tunisie. Un projet d’aller aux sources du rituel au Maghreb jusqu’au Niger verra le jour.
C’est aussi, en se référant à cette exposition photographique, que l’initiative musicale a été organisée. Comment penser un patrimoine musical, tel que le Stambali en exploitant l’essence même de cette musique et sa genèse ? L’interrogation tombe dans les oreilles des mélomanes. La troupe Sidi Ali Lasmar est composée de femmes et d’hommes qui ont joué des instruments « « Gnawa ». Leur répertoire possède des influences musicales riches d’ici et d’ailleurs.
Cette visite de la star franco-italo-tunisienne qui a débarqué hier après-midi à Tunis est un évènement majeur. Claudia Cardinale, actrice vedette du cinéma italien, est arrivée en Tunisie à l’occasion de l’inauguration d’une rue en son nom à La Goulette, sa ville natale.
Claudia Cardinale est arrivée hier en fin de journée à l’aéroport Tunis. Carthage, en compagnie de sa fille Claudia Squitieri en provenance de Paris. L’actrice, habituée aux visites en Tunisie, sera présente pour l’inauguration d’une rue en son nom à la Petite Sicile à La Goulette. Elle résidera en banlieue nord de Tunis du 25 au 30 mai et enchaînera visites et rencontres avec ses proches et autres représentants locaux et partenaires de l’association « Piccola Sicilia », organisatrice de cette initiative. Les autorités tunisiennes et italiennes, citant les représentants des ministres tunisiens, membres de l’association «Piccola Sicilia» et représentants de l’ambassade d’Italie, participeront au déroulement du programme élaboré à l’occasion. Le ministère de la Culture (le Théâtre de l’Opéra de Tunis et la Cinémathèque tunisienne), le ministère du Tourisme et de l’artisanat, l’Institut italien de Tunis, l’agence de communication « Panorama » et l’église Saint-Augustin-et-Saint-Fidèle de la Petite Sicile chaperonneront l’évènement jusqu’au bout.
En plus de la portée symbolique de l’hommage rendu à Claudia Cardinale, l’objectif de cet évènement, tel qu’il est annoncé, est de donner une meilleure visibilité à La Goulette, basée sur un message de tolérance et de coexistence entre les cultures et les religions qui cohabitent depuis longtemps à la Petite Sicile. Valoriser La Goulette, ville ouverte aux communautés et riche de son histoire à l’instar de la sortie de la Madonna de Trapani tous les 15 août, à l’origine « procession catholique», est, avant tout, une fête qui implique toutes les communautés de la localité et qui est encore maintenue de nos jours. La municipalité de la Goulette soutient et encourage encore cette fête annuelle : elle veille au bon déroulement de cette visite aussi. Encourager des personnalités natives de Tunisie à venir enrichir l’économie touristique du pays, notamment en faisant connaître le patrimoine de La Goulette en particulier et de la Tunisie en général.
A cette occasion, le cinéaste italien né en Tunisie Marcello Bivona réalisera, en coopération avec l’association« Piccola Sicilia », un film sur l’évènement et sur la localité de La Goulette. Son dernier film en date Siciliens d’Afrique : Tunisie Terre Promise sera projeté au théâtre de l’Opéra à l’occasion de cette visite. Nous y reviendrons !
12 morceaux distingués font le 5e album d’Alune Wade disponibles en ligne, sur Soundtrack. L’artiste nous fait partager son voyage sonore en Afrique à travers «Sultan». Des sonorités propres à l’Afrique de l’Ouest et à l’Afrique du Nord fusionnent et se mélangent à divers instruments.
Les rythmes et les sonorités émergeant de «Sultan» mêlent soufi, chant andalou, afrobeat, Maqams orientaux et jazz. Des itinéraires menés à Dakar, Oran, Tunis, Tambouctou se dessinent musicalement. Des morceaux qui racontent et mêlent le passé et le présent de ces contrées : leurs histoires, et leur actualité brûlante sont chantées. Une mise en valeur de ce patrimoine musical fait inconditionnellement la richesse de cet album. Un album qui n’a rien à envier à un voyage initiatique.
Soutenu par l’Institut Français de Tunisie, ce projet musical a été réalisé en collaboration avec des musiciens, comme Adriano Tenorio DD aux percussions, Cédric Ducheman au piano et claviers, Carlos Sarduy à la trompette, Hugues Mayot au saxophone, Daril Esso à la batterie, etc. d’autres instrumentalistes à la batterie, au guembri, à la flûte, au Oud, rappeurs, chanteurs, batteurs ont participé à cette effusion sonore.
Des noms, comme Paco Sery, Cyril Atef, Lenny White, Josh Dutsh, Ismail Lumanovski, Hein Benmiloud, Mustapha Sahbi, Nasriddine Chebli, Harold Lopez Nussa, Christian Sands, Leo Genovese, Bobby Spark, Daniel Blake, Faris Ishaq font retentir les voix de Nora Mint Seymali, Mounir Troudi, PPS the Writah, Aziz Sahmaoui, Mehdi Nassouli et Djam. Les 12 titres de l’album «Saba’s journey», «Donso», «Sultan», «Nasty sand», «Uthiopic», «Portrait de Maure», «Djolof Blues», «Dalaka», «L’ombre de l’âme», «Lullaby for Sultan», «Célébration» et «Café Oran» chantent des territoires divers et une richesse musicale exceptionnelle.
Alune Wade est bassiste, interprète, producteur, auteur et compositeur sénégalais. 4 albums ont déjà été réalisés «Mbolo» (2006), «Ayo Nene» (2011), «Havana Paris Dakar» réalisé avec le pianiste cubain Harold Lopez-Nussa en 2015 et «African Fast Food» en 2018. «Sultan» a été réalisé en partie à la Villa Salammbô dans le cadre d’une résidence artistique en incluant des musiciens participants tunisiens, Salah Barka pour les costumes et l’artiste photographe Hela Ammar pour les photos. «Sultan» s’inscrit dans la continuité du parcours musical de l’artiste. Alude Wade se produira à l’IFT Tunis et à Sfax en juin.
Ramadan 2022 a rimé avec spoilers bien avant l’heure ! En plus des feuilletons qui font parler avant leur lancement, comme à l’accoutumée, au moins, deux plateformes numériques ont pris d’assaut le web tunisien. Pensées et conçues dans le but de réglementer le paysage audiovisuel tunisien, leur émergence marque la naissance d’un nouveau mode de consommation de productions ramadanesques pour les Tunisiens… malgré les aléas.
Deux plateformes numériques tunisiennes ont été lancées permettant la diffusion en ligne de quatre productions télévisuelles : le controversé «Baraa» de Sami Fehri et «Foundou 2» de Saoussen Jemni, disponibles sur la plateforme payante samifehri.tn. Les 2es saisons de «Ken Ya Makenech» d’Abdelhamid Bouchneq et de «Harga» de Lassâad Oueslati génèrent un nombre de visites considérables gratuitement sur «Watchnow.tv» qui a éclipsé «Artify.tn» Cette plateforme—rappelons-le—a permis, avec succès, la diffusion semi-payante de la première saison de « Harga » en 2021.
Un mode de diffusion nouveau qui a attisé la réaction globalement positive du public. Ce dernier s’est livré à une nouvelle méthode de consommation, en phase avec ce changement numérique et technologique mondial en vigueur dans d’autres pays depuis déjà belle lurette. La Tunisie est parmi les derniers pays à avoir enfin opté pour ce mode de transmission, contournant la diffusion gratuite sur «Youtube». Jusqu’à il y a deux années, presque la totalité de la production audiovisuelle tunisienne se retrouvait gratuitement sur «Youtube.com», générant des clics conséquents sans revenus. L’invention de ces plateformes inédites entre dans une volonté profonde et commune de réguler le paysage.
Sami Fehri a lancé sa plateforme du même nom «Samifehri.tn», qui, à l’heure actuelle, donne accès uniquement à la rediffusion quotidienne de «Foundou 2» de Saoussen Jemni et de «Baraa» de Sami Fehri. L’abonnement est à 8dt le mois. La diffusion est en HD, sans publicités. Les fans de ces productions s’y sont empressés, générant un bug technique, depuis peu réglé. Un bémol causé par une pression due à un nombre accru de visites. Lancée à coups de communication, de publicités et de déclarations pompeuses dans quelques médias, la plateforme restera fonctionnelle après le mois de Ramadan. L’avoir conçue payante n’a pas dissuadé une frange importante du public de s’inscrire, contournant ainsi les diffusions saccadées de publicités à la télévision.
Le service public de la «Watania 1» a opté pour «Watchnow.tv», une plateforme gratuite, totalement accessible sur le web afin de permettre aux deux saisons de «Ken Ya Makenech» de Bouchnak et de «Harga» de Lassâad Oueslati de parvenir au public à coups de clics. Les épisodes deviennent accessibles quotidiennement juste après leur diffusion à la télévision. La plateforme est achalandée de quelques classiques du cinéma tunisien et va être alimentée au fur et à mesure. «El Balas» de Zied Litayem est accessible sur «Youtube» à l’ancienne. La série policière d’Amine Chiboub «13, rue Garibaldi» ne bénéficie pas de rediffusions par choix. Une manière d’inciter le public à répondre présent devant le petit écran chaque soir et de regarder le programme à «l’ancienne».
Challenge fou mais relevé
Ce changement opère à l’heure où la production télévisuelle tunisienne atteint son paroxysme, uniquement pendant le mois saint. Un rythme de diffusion régulier, figé dans le temps, et une production sclérosée par le diktat des annonceurs et de la publicité font main basse sur le petit écran depuis des décennies. Ne voulant pas procéder à un changement permettant le lancement de productions audiovisuelles en dehors du mois saint, l’émergence de ces plateformes de streaming bousculera peut -être tout un système qui ne demande qu’à changer : le public tunisien est féru de productions tout au long de l’année : l’audience sera au rendez-vous. Les plateformes, comme alternative à cette unique production télévisuelle ramadanesque, s’annoncent a priori prometteuses. Reste à garantir sur la durée aux internautes un service performant de « télé en ligne à la demande»…
Le «We DoQ» a réuni 9 réalisateurs/trices jeunes qui, en un temps record et avec des moyens limités, ont réalisé 9 courts-métrages documentaires de 6 à 15 min projetés le temps d’une avant-première au Cinémad’art. Une cause universelle relie ces 9 réalisations distinguées.
L’initiative a été lancée par «Doc House» et «Mawjoudin We Exist». Une collaboration qui fusionne passion pour le film documentaire et combat pour la cause Queer et pour la défense des droits de la communauté LGBTQI++ en Tunisie, d’où ce jeu des lettres dans l’appellation «We DoQ».
L’idée initiale autour de ce projet était d’aider financièrement des jeunes à créer trois courts-métrages documentaires autour de cette thématique, réalisés à très petit budget et avec les moyens du bord en faisant appel à «Mawjoudin We Exist» qui s’est chargée de prendre contact avec des candidats intéressés et aptes à le faire. «Doc House» s’est chargée de l’accompagnement technique des productions des films. Au fur et à mesure, le nombre des candidatures s’est finalement élargi pour atteindre 9 courts-métrages. Le «We DoQ» donne un espace à ces jeunes réalisateurs/trices qui tiennent à mettre en valeur et à nu cette cause à travers ces essais cinématographiques. Ces productions réalisées serviront aussi d’archivage.
Les films documentaires conçus mettent en lumière l’existence souvent précaire des personnes LGBTQI++ tunisiennes, sur fond de questionnements divers, d’interrogations existentielles, de récits de vie réels et dénoncent les failles juridiques liées à l’article 230, les pratiques policières violentes et autres dérives. Les films éclairent sur des notions liées à l’identité sexuelle et à l’identité du genre. Les organisateurs/trices du «We DoQ» visent à intégrer les films dans des circuits de festivals en Tunisie, mais aussi à l’étranger.
Cette «urgence de créer» fait écho dans ces essais ciné dans le but d’archiver, certes, mais le «We DoQ» répond également à une vision artistique et engagée adoptée par «Mawjoudin We Exist» sur le long terme et qui est de l’ordre de «l’Artivisme».
«Doc House» a été lancé en 2018 : il s’agit d’un collectif de cinéastes, d’universitaires, de modérateurs culturels qui travaillent sur les films documentaires dans leur sens le plus large. L’ONG promeut le réseautage, la distribution et la production des films. Elle offre des formations et soutient les réalisateurs professionnels et semi-professionnels possédant un intérêt avéré pour le genre «documentaire». Les principes de «Doc House» sont l’inclusion, l’égalité, la diversité en encourageant des visions multiples et plurielles liées aux différences ethniques, religieuses, sexuelles». Soumaya Bouallegui, directrice exécutive de «Doc House» cite: «Ce format léger a permis la réalisation de ces productions en un temps très court, en offrant carte blanche aux jeunes réalisateurs/trices. Le résultat final était frais, surprenant et satisfaisant».
Les réalisateurs/trices sont de formation artistique, et traitent dans leurs films de non binarité et de trans-identité, entre autres, thématiques annexes. Les participants/tes évoquent des moments clés et des tournants historiques liés à une lutte ponctuée de récits intimistes et de faits réels. Les films sont «Palimpsestes» de Med Osman Kilani, «Manwella» de Sahar El Euchi, «Love and Violence» d’Amel Guellaty, «Chrysalide» d’Anissa Troudi, «Butterfly, with no doubt» de Nejma Zghidi, «Thik Skin» d’Ines Arsi, «Contraste» de Jasser Bechir Oueslati, «Nidhal» de Bassem Ben Brahim et «Non-Binary» de Firas Ben Ali. Ces films seront retenus pour la 3e édition du «Mawjoudin Queer Films festival», attendue pour juillet 2022 à Tunis, en attendant qu’ils soient diffusés dans d’autres festivals à travers le monde.
A l’occasion de la Journée internationale des Femmes, deux des livres phares de Gisèle Halimi, « Avocate Irrespectueuse » (publié chez Plon, 2002) et « Une farouche liberté » coécrit avec Annick Cojean (publié chez Grasset, 2020), ont été traduits pour la première fois en langue arabe.
Cet évènement littéraire d’envergure a été annoncé lors d’une rencontre-débat organisée à l’Institut français de Tunisie, titrée « Pourquoi traduire Gisèle Halimi en langue arabe ? » : afin de rendre hommage à l’une des avocates militantes les plus engagées de son époque. Feu Gisèle Halimi était à l’avant-garde des combats menés au profit de la Femme, notamment celui pour le droit à l’avortement et de l’entière liberté de disposer de son corps. La militante tunisienne s’est longtemps engagée pour l’abolition de la peine de mort, entre autres causes justes.
Walid Soliman et Walid Ahmed Ferchichi, les deux traducteurs des deux livres, ont répondu présents lors de cette rencontre, à côté de l’éditeur Habib Zoghbi et de l’avocate et militante pour les droits des libertés individuelles et les droits des femmes Bochra Bel Haj Hmida. Se sont joints à la discussion via internet, Karima Dirèch, historienne franco-algérienne, Samia Maktouf, avocate franco-tunisienne et présidente de l’Association des avocats franco-tunisiens et Wassyla Tamzali, écrivaine et militante féministe algérienne. Ahlem Lamouchi, présidente du bureau de Tunis de la Fédération internationale des femmes africaines a modéré l’échange. Cet évènement a été soutenu dans le cadre du projet «Livres des 2 rives » et concrétisé en partenariat avec « La Maison du livre ».
Ce rendez-vous, hommage à cette icône des combats pour la dignité de l’être humain, souligne l’importance de la traduction dans une société plurilingue, telle que la Tunisie. Il s’agit d’ailleurs d’une parution première des deux traductions en langue arabe. L’engagement de Gisèle Halimi est politique et universel, y compris pour l’égalité femmes / hommes. Cette dernière, sous protectorat, a défendu les causes de son pays, et s’est engagée pour les nations algériennes et tunisiennes.
Habib Zoghbi, en hommage à cette sommité, déclare que ce projet était un « rêve ». Que les livres de Halimi ne soient pas traduits en langue arabe était, selon lui « inacceptable ». Une traduction qui a vu le jour après la disparition de la militante au parcours inégalé. M.Zoghbi lance un appel au ministère de l’Education tunisien : celui de programmer les ouvrages de Halimi dans l’enseignement.
Samira Maktouf, depuis Paris, s’est exprimée sur cette visionnaire : « Halimi aurait été sur tous les fronts de nos jours, si elle était encore parmi nous. Elle a toujours cru en une Tunisie moderne et en les progrès qu’elle a acquis», rappelant ses combats lors de son intervention. De nombreuses libertés fondamentales défendues par Halimi ont vu le jour une fois pratiquées : elle faisait du terrain et était pédagogue et femme d’action. Etant imprégnée par Halimi, l’Association des avocats franco-tunisiens a créé un prix en hommage à « Gisèle Halimi ».
Bochra Bel Haj Hmida est revenue sur quelques anecdotes qui l’ont liée à Gisèle. « Je l‘ai connue très tôt, enfant même, mais je n’étais pas assez consciente de l’engagement de cette personnalité et à quel point elle allait m’inspirer par la suite. Elle militait farouchement contre la torture et la peine de mort. Je regrette qu’elle n’ait pas exercé en Tunisie ». Ces combats étaient ceux de toutes les générations.
Walid Soliman, traducteur en arabe d’ «Une farouche liberté» regrette que la nouvelle génération ne connaisse pas les combats de Halimi et son parcours inspirant, suivi, pendant des décennies, par des philosophes et écrivains de toutes parts. « Elle a fait gagner aux femmes beaucoup de temps et d’acquis. C’est le livre qui me rend le plus fier de l’avoir traduit. Le jargon que j’avais traduit était spécial et pas facile. Il fallait respecter sa touche, son esprit. Pendant que je traduisais, c’est comme si je l’écoutais ou que je parlais avec elle. J’aurais aimé qu’elle voit ses livres en langue arabe », déclare Soliman.
Walid Ahmed Ferchichi, traducteur d’ « Avocate Irrespectueuse » a déjà traduit Olfa Youssef. « Je rends hommage à la famille Halimi qui fait partie du patrimoine tunisien arabo-juif ». L’homme de lettres enchaîne : « Ce qui m’a fasciné dans le livre, c’est la ténacité de Gisèle à remettre en cause ce noble métier d’avocat et à l’interroger. Dans ce livre, elle fait son « mea-culpa » avec une grandeur d’esprit fascinante. Elle n’a jamais défendu des causes perdues et des perdants. Cette traduction consolide davantage ce travail de mémoire collective ». Issu du Sommet des deux rives, le programme « Livres des deux rives » vise à renforcer le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée par des actions de coopération autour du livre, à soutenir les flux de traductions entre le français et l’arabe, et à accompagner le secteur du livre en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Porté par l’Institut français et doté de 80.000 euros, le programme «Livres des deux rives», se poursuit jusqu’en février 2023. Les deux premiers livres traduits de Gisèle Halimi seront bientôt en vente.
Rachid Ouramdane, artiste chorégraphe français, directeur de la danse au Théâtre de Chaillot depuis avril 2021, a été invité par le ballet de l’Opéra de Tunis, en résidence, dans le cadre d’une session intensive avec les chorégraphes tunisiens du ballet de l’Opéra durant cinq jours. Ce talent a été accompagné par un jeune circassien, Hamza Benlabied.
L’occasion pour le public tunisien, dans un futur proche, de découvrir une création qui verra le jour à Tunis, résultante d’une collaboration et d’un travail communs qui aura lieu sur la durée entre communauté de danseurs, circassiens et chorégraphes des deux rives de la Méditerranée, chaperonnés par Rachid Ouramdane, qui sera dans la transmission d’un savoir-faire, et dans le partage d’expériences. Ce bref, mais intense passage à Tunis, trace les prémices d’une création et d’un enrichissement artistique garanti.
Ce travail artistique est une occasion de voir fusionner de nombreux imaginaires qui existent entre communautés d’artistes venues de toutes parts : Ouramdane est à Tunis et tient à capter l‘actualité, à se familiariser dans l’environnement du travail, et à être observateur.
Il s’est fait accompagner par un jeune acrobate, Hamza Benlabied, porteur et circassien, riche d’un parcours prolifique : il est diplômé de l’Ecole nationale marocaine du cirque Shems’y, de l’école préparatoire de Rosny-sous-Bois, puis du Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne. A son actif, la création « Mobius », de la compagnie XY dont il fait partie et qui a été travaillée avec Rachid Ouramdane. Le jeune artiste enchaîne depuis avec la création suivante —toujours avec ce dernier— titrée « Corps extrême ».
Hamza enchaîne en commentant son expérience : « Dans le cadre de cette immersion, le but est de mélanger les mouvements acrobatiques et de danse : j’interviens là où il faut ajouter un peu de ce que je pratique. C’est intéressant de voir jusqu’où les danseurs participants du Ballet de l’Opéra de Tunis sont à l’aise dans des mouvements au sol, étoffant ainsi un savoir inédit et des pratiques nouvelles pour eux ».
L’idée de faire intervenir ces deux artistes a émergé quand la compagnie XY devait se produire sur scène à Tunis en 2021. Créer un spectacle pour le BOT, signé Ouramdane dans le cadre d’un travail élaboré en commun est très important, selon Malek Sebai, directrice artistique du Ballet de l’Opéra de Tunis.
La compagnie XY, dirigée par Rachid Ouramdane, est une référence au niveau national, dans le monde de l’art aérien et dans l’acrobatique. Une compagnie qui, dans son mode de fonctionnement, invite souvent d’autres artistes d’une autre discipline artistique à dialoguer, créer et inventer à partir du langage acrobatique des spectacles, d’où la création du spectacle « Modius ».
« Depuis que j’ai rencontré ce collectif en 2019, je vois bien qu’il y a une façon d’inventer, de chorégraphier, de faire des mouvements de la scène qui restent hybrides, particuliers, et qui font partie des arts des gestes. Tous les mouvements peuvent avoir une sensibilité, exprimer des choses. Des acrobates et circassiens peuvent exprimer des messages, des émotions, en les créant avec des enfants, des migrants, et tous profils confondus. Il faut une grande dextérité et une maîtrise de ce savoir-faire, car fusionner le langage acrobatique et chorégraphique et parvenir à réunir deux mondes artistiques, ou plusieurs disciplines est délicat ».
Rachid Ouramdane précise aussi qu’une immersion se doit de se faire sur place et que le contact entre artistes et membres d’une même équipe est essentiel. « J’ai besoin de rencontrer les personnes avec qui je vais travailler et être sur place. Une semaine, c’est court pour apprendre à se connaître. Ce principe d’immersion, c’est d’arriver avec des choses existantes, de confronter les artistes à des partitions et de mettre les mains sur des aspects déjà très aboutis. Ce n’est pas qu’exploratoire. On va vers des choses écrites avec rigueur, dansées ou interprétées déjà par des virtuoses et des professionnels. »
Un dialogue générationnel entre artistes s’entretient toujours : entre anciens et nouveaux. La génération récente a un parcours plus large : les anciens ont un rapport traditionnel à une discipline. Le croisement des arts reste enrichissant. Au-delà de la discipline et des figures, il y a une communauté au service de l’autre. Ouramdane cite : « Ce qui me plaît quand je travaille sur de grands groupes, c’est cette capacité à créer ensemble et à transmettre au public. Tout travail est engagé et politique. Beaucoup d’enjeux et de messages sont transmis. Mobiliser un public sur une heure de spectacle et arriver à l’interpeler, c’est important. Agir en collectivité, en duo ou en solo n’est pas antinomique. »
« Ce travail n‘est pas juste une commande de spectacle : c’est créer ensemble, faire comprendre quels sont les enjeux de notre métier, faire réfléchir sur l’humain qui importe pour les danseurs du ballet de l’Opéra. », conclut Malek Sebai. Ce travail est soutenu par l’Institut Français de Tunisie.