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Afif Riahi, fondateur de l’association « Echos Electrik »  : « Nous construisons dans la durabilité… »
ENTRETIENS8 / 18 / 2025

Afif Riahi, fondateur de l’association « Echos Electrik » : « Nous construisons dans la durabilité… »

Lors de son récent passage à la 79e édition du festival d’Avignon, Afif Riahi, fondateur d’« Echos Electrik » et professionnel de la musique et des outils numériques, a participé à une table ronde qui a traité «des mutations dans le monde arabe», celles artistiques et culturelles. Il a assuré un partage d’expérience des plus édifiants et a éclairé un large public. Cet entretien revient sur cette table ronde, avec un focus sur « Echos Electrik » et « No Logo », qui ne cessent d’œuvrer en Tunisie.


Votre participation à la 79e édition du festival d’Avignon, maintenue, cette année, en hommage à la langue arabe, s’est faite dans le cadre d’une discussion édifiante. Parlons–en !


La langue arabe, selon moi, n’était pas assez présente. Il n’y avait pas assez de temps pour une meilleure représentation de la langue arabe et de l’arabité à Avignon. Pas dans le cadre du festival, en tout cas, mais c’est toujours bien qu’il y ait des focus. J ait été invité au festival d’Avignon pour parler de mon association «Echos Electrik». Créée en 2007, elle a pour objectif de démocratiser la culture numérique en Tunisie. J’ai fait ma scolarité dans mon pays d’origine, et je n’ai cessé de travailler sur place. «Echos Electrik» a développé le projet «E – Fest», qui s’est déroulé à la Cathédrale de Carthage en 2007. Un projet qui traitait de la culture numérique mais pas d’un point de vue «Musique – DJing» seulement : il s’agissait d’inclure les outils numériques créatives dans d’autres disciplines artistiques. Plein d’expositions et d’interventions ont eu lieu notamment dans des endroits publics.


Quelles ont été les disciplines ciblées ?


Les principaux axes de l’« E- Fest » ont touché la musique et les arts visuels. Le projet a perduré de 2007 jusqu’en 2017 et a permis de démocratiser les pratiques et de fédérer de nombreux artistes qui se sont questionnés sur ces outils, s’y sont imprégnés et ont vécu l’« E – Fest ». Une manifestation qui, auparavant, a marqué une génération. On a arrêté le festival, par la suite, quand on a senti que la mission était accomplie, celle de rendre le numérique à la portée, et nous nous sommes focalisés sur une décentralisation de nos activités dans les régions, en dehors de Tunis. « No Logo » a donc été créée et s’est développée pendant 5 ans, même pendant la pandémie. C’est une forme d’« E- Fest » mobile, qui s’est déroulé dans 9 villes, et dans d’autres algériennes et marocaines. On était un collectif de 15 personnes, artistes et techniciens, qui passait les trois quarts du mois dans une ville où on y crée des initiatives avec les locaux, en collaborant avec les structures culturelles, éducatives, associations, écoles… Chaque ville connaîtra au fur à mesure son programme, qui prendra la forme « d’une bulle de création ».Une structure imposante qui atteint les 400 m2, de 15 mètres de haut et qui a accueilli de nombreuses personnes. Une bulle a vu le jour dans chaque territoire, avec 400 personnes dedans.


Qu’est-ce que « cette bulle » ?


La bulle est un objet architectural, conçu à base de plastique, avec un design, qu’on construit dans des ateliers avec des participants. La bulle devient un objet gonflable qu’on peut installer dans l’espace public. Cela crée un espace culturel éphémère qui n’existait pas dans un espace public et c’est dans cette bulle qu’on rendait compte de tout ce qu’on a créé et travaillé avec le tissu local de chaque territoire. Un « No Logo » Tataouine a vu le jour, d’où le retour récent de « l’E – Fest » là-bas. Le numérique reste présent mais avec davantage de volonté de développer la culture sur le terrain. De mettre les arts au service d’un territoire et de les développer. On propose des projets qui aident au développement territorial dans les régions éloignées. On utilise toujours nos outils mais pas d’une manière première. On valorise plutôt le numérique et on le diffuse en soutenant ainsi un territoire en y insérant des formes d’expressions artistiques transversales.


Que voulez–vous dire par « transversale » ?


C’est quand les disciplines artistiques peuvent se croiser. La musique, avec l’art numérique, ou le Dj-iing, par exemple. L’idéal c’est de créer un festival qui soit ouvert sur un maximum de disciplines, en les questionnant, sans retenu. Chaque action artistique questionne le territoire et reste au service du public local, pour qu’il puisse y participer. Cette transversalité existe dans l’expression artistique mais aussi @dans cette possibilité d’en faire un« festival ». « L’E – Fest » a fonctionné en billetterie libre. Chacun pouvait payer ce qu’il souhaite. L’argent ramassé a été investi dans la restauration du Ksar où on avait fait « l’E – Fest ». Nous construisons dans la durabilité et nous voudrions laisser une trace des projets culturels conçus.


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Que faut-il retenir de cette table ronde autour du monde arabe ?


Dans ce contexte, il y a à la fois notre approche, qui questionne tout ce qui se crée d’une manière actuelle et ce que nous créons au niveau des territoires, qui a été évoqué dans le cadre de cette rencontre dont le thème est « La mutation du monde arabe ». Un titre que je ne valide pas : le monde arabe est en évolution, il ne mute pas. J’ai tenté d’apporter un regard sur ce qui existe dans notre territoire avec cette jeunesse riche d’envie, de talents et d’idées. Les outils numériques sont partagés d’une manière universelle. Pendant l’intervention j’ai valorisé un territoire qui a beaucoup à apporter, dans un monde connecté et des jeunes conscients des enjeux de l’époque. La table ronde avait comme thématique le prochain programme méditerranéen « Saison méditerranéenne » et un lot d’interrogations : est ce qu’il y a une scène arabe ? Une seule identité ? Comment peut-on les qualifier ?. J’ai valorisé une diversification totale des identités et des scènes. Il ne faut pas nous mettre tous dans le même sac. Nos vécus et nos histoires dans le monde arabe sont tellement différents. Des personnes sont venues instinctivement me parler vers la fin de la discussion et ont exprimé leur joie de m’avoir écouté décloisonner cette pensée « mono-forme » sur le monde arabe. Cela leur a fait du bien d’avoir un témoignage d’expérience et de connaître ce qui se passe dans d’autres territoires. Cela a été favorablement accueilli.


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Que pensez–vous de la scène visuelle et artistique actuelle en Tunisie ?


On a vraiment une nouvelle génération plus attentive et plus actuelle que la nôtre. A l’époque de l’« E- Fest », beaucoup de médiation a eu lieu afin de faire connaître les arts numériques et cet univers des outils, autrefois méconnu. Quand on fait des ateliers sur des outils numériques, de nos jours, beaucoup savent ce que c’est. Cela dit quand même que le domaine des nouvelles technologies et la jeunesse sont ultra à la page. Ce qui manque en revanche, ce sont des espaces où ils peuvent montrer leur travail, leur création et même où se former. Des espaces où ces jeunes peuvent échanger, s’exprimer, créer ensemble.


Afif Riahi, fondateur de l’association « Echos Electrik » : « Nous construisons dans la durabilité… »
« Marwa Manai », metteuse en scène : « Au cœur de la création… Le questionnement »
ENTRETIENS8 / 12 / 2025

« Marwa Manai », metteuse en scène : « Au cœur de la création… Le questionnement »

Dans le cadre d’un festival aussi réputé que celui d’Avignon, la metteuse en scène, Marwa Manai, participe à un projet prestigieux, titré « Transmission impossible », conçu par l’équipe de la 79e édition du festival et par la chorégraphe Mathilde Monnier. Il s’agit d’une « Villa créative », une villa d’incubation, avec restitution de projets, présentés ensuite publiquement. Une sorte de résidence artistique et immersive qui permet de vivre le festival comme un laboratoire d’expérimentation. Marwa Manai, également autrice et comédienne, nous livre son expérience…


L’été 2025 est le vôtre. Vous accumulez les expériences, dont « Transmission impossible », accomplie dans le cadre du festival d’Avignon. Pouvez–vous nous faire un retour sur cette expérience ?


Le projet « Transmission impossible » a été marqué par la participation de 32 artistes, issus du monde entier. Nous sommes issus de différents contextes, feed-back et formations diverses, avec de nombreuses pratiques et plusieurs disciplines : la chorégraphie, le théâtre, le stand up… Le programme était un peu chargé et intense. On a vu des pièces de théâtre et avons été accompagnés par des créateurs de renom. On devait aussi présenter une sortie de résidence : une performance, comme un petit projet réalisé en trois jours. C’était agréable, certes, intense, mais surtout complexe par rapport au contexte politique actuel. La thématique de la langue arabe, en 2025, oui, certes, mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Le choix artistique aussi de certaines pièces programmées, notamment celle de Marlène Monteiro Freitas, artiste « vedette ou complice » de l’édition, et sa pièce « NÔT », qui revisite le chef-d’œuvre des « 1001 nuits ». A quel point c’était un bon choix de l’avoir mis en scène ? A quel point elle fait écho à la région arabe, son histoire, son actualité dure ? Être apolitique dans le monde actuel, est-ce possible ? Qu’est-ce que cela signifie ? J’étais la seule Tunisienne, avec des Maghrébins, et autres… Cette année, il y a eu plus d’inclusion et de nationalités.


La restitution du résultat final s’est-elle faite en présentant un seul et unique projet commun ou sous un autre format ?


Nous avons été 32, divisés sur 4 groupes avec un mentor sur chaque groupe. Chacun essayait d’animer le programme, proposer des idées, rapprocher les artistes, modérait… Chaque groupe a fait son propre projet avec quelques collaborations effectuées, entre deux groupes. J’ai pu présenter ma propre idée et vision. Personnellement, j’ai été très préoccupée par la question des choix politiques du festival. J’ai fini par présenter mon propre travail, ma restitution finale. Une lecture-performance personnelle que j’ai écrite et qui fait un peu la chronique d’Avignon tout en valorisant la simultanéité temporelle : on s’amuse et on fait la fête à Avignon, en même temps qu’un génocide à Gaza est toujours en cours. J’ai questionné des faits, une chronologie, deux temporalités différentes, tout en prenant le temps d’étaler cette réflexion. Beaucoup d’artistes voulaient s’exprimer dans l’urgence, d’autres étaient dans l’aspect technique et logistique. Plusieurs ont fait des présentations de groupes et des performances.


Comment votre lecture-performance a-t-elle été reçue ?


Le texte est parsemé d’extraits de phrases qu’on a beaucoup entendus depuis le génocide à Gaza. Des phrases qui revenaient en espagnol, en français et en plusieurs langues. L’accueil était donc positif. Le texte était en anglais, principalement avec des parties lues en d’autres langues. La lecture s’adressait à un public non francophone, encore plus large et plus intéressé par cette question. Le texte ne caresse pourtant pas dans le sens du poil. L’audience était réceptive. J’ai eu comme mentor Bouchra Ouizguen. « Transmission impossible » est un projet qui se cherche encore et qui reste ambitieux. D’un point de vue pédagogique, certains points restent à revoir et à réfléchir. Pareil pour les méthodologies à adopter. Les mentors devraient encore revoir et réviser le projet.


D’une manière plus générale, comment avez–vous vécu cette édition ?


C’est ma 3e fois à Avignon. Je réalise et souligne à quel point ce festival a les moyens de tout faire, à quel point il peut être luxueux, truffé de privilèges. D’où mes questionnements : à qui il s’adresse ? Les artistes du Sud peuvent-il s’identifier ou se reconnaître dans toute cette effervescence ? A quel point c’est représentatif d’un autre monde, en particulier du Sud ? Comment les organisateurs ont établi la programmation orientée vers l’arabité cette année ? Sur quels critères ont–ils retenu ces spectacles ? Autant de questions dans un milieu qui reste, en grande partie, eurocentré.

« Marwa Manai », metteuse en scène : « Au cœur de la création… Le questionnement »
Hela Saidani, linguiste et traductrice du livre « El árbolfantasmagórico y los sueños sublimes » de Mondher Marzouk : « Polyglotte… c’est choisir l’ouverture, la curiosité et la rencontre »
ENTRETIENS7 / 26 / 2025

Hela Saidani, linguiste et traductrice du livre « El árbolfantasmagórico y los sueños sublimes » de Mondher Marzouk : « Polyglotte… c’est choisir l’ouverture, la curiosité et la rencontre »

Paru chez Sarra édition en 2025, le recueil de nouvelles de Mondher Marzouki est magnifiée par un imaginaire singulier.. Paru initialement en langue arabe, il a été traduit en langue française par la traductrice Leyla daâmi, ensuite, en langue espagnole par Dr Hela Saidani, universitaire linguiste, francophone et hispanophone. La spécialiste en lettres s’est laissé tenter par cette aventure pour créer des ponts entre cultures, de confondre les récits oraux et écrits, et de s’enrichir mutuellement entre cultures.


Hela Saidani, vous signez la traduction en langue espagnole de quatre histoires extraites du recueil de Mondher Marzouki titré en version française «L’arbre fantasmagorique et les rêves sublimes». Vous qui êtes francophone et francisante, comment cette aventure a pu être menée à bout ?

En tant qu’universitaire linguiste, je suis profondément passionnée par les langues et les passerelles culturelles qu’elles permettent de construire. Cette aventure de traduction m’a beaucoup honorée et touchée : celle de traduire 4 nouvelles de « L’arbre fantasmagorique et les rêves sublimes » de Mondher Marzouki, et ce, du français vers l’espagnol. Leyla Daâmi, traductrice en langue française, s’est minutieusement mise à traduire le livre en entier en langue française depuis plus d’un an. Par hasard, les deux versions en espagnol et en français sont parues en même temps. Le livre en arabe est paru dans sa première édition en 2023. J’ai repris le titre en le traduisant mot à mot du français à l’espagnol, tout en me basant sur la version originale en arabe. Cela était plus qu’un exercice linguistique, je dirais plutôt que je m’étais lancée dans une forme de médiation interculturelle.


Ce projet de traduction s’est inscrit dans une triple démarche : Académique, artistique et personnelle. «Académique», car il s’agit de respecter la richesse stylistique de l’auteur, sa profondeur philosophique et ses images poétiques. «Artistique», car il fallait recréer l’univers onirique de ces nouvelles dans une langue à la fois différente et complémentaire. «Personnelle», car en tant que Tunisienne arabe, francisante de formation, francophone, francophile et hispanophone (à travers mes années d’études en Espagne), je me suis retrouvée, consciemment ou non, dans un triple dialogue entre les cultures arabe, francophone et hispanophone.


Pendant la traduction, je ne me suis pas contentée d’une simple transposition linguistique, il a fallu penser en profondeur les équivalences culturelles, les nuances émotionnelles et les rythmes propre à chaque langue. Cette richesse due à des allers-retours entre les langues a rendu l’expérience stimulante et édifiante.


Ce projet est né d’une double volonté, celle de l’auteur qui m’a découverte, et de la mienne. Je l’ai consulté à plusieurs reprises, et discuté longuement autour de ce projet de traduction. J’ai pris en considération une réalité culturelle liée à l’Espagne. Je me suis occupée de la mise en page du recueil. Je suis heureuse d’avoir pu faire rayonner une œuvre tunisienne à l’étranger à travers l’une des langues que je maîtrise le plus « L’espagnol », prolongeant ainsi les récits en dehors des frontières tunisiennes.


Je remercie Germinal Gil, directeur de centre Cervantes, qui m’a beaucoup soutenue et m’a relue afin de mener à bout cette démarche.


Comment s’est passé ce processus de traduction ? Y a-t-il eu un intermédiaire espagnol ou français qui s’est joint à votre travail?

Le processus de traduction s’est déroulé avec beaucoup de rigueur et de passion. Il est important de préciser que je n’ai traduit que vers la langue espagnole. Leyla Daâmi l’a fait en version française. Pendant ce processus, le recours à la version arabe originale et à la française se faisait tout le temps, ce qui m’a permis d’explorer les récits sous différentes perspectives.


Mon plurilinguisme m’a beaucoup aidée. Il m’a permis d’aborder les textes différemment. L’expérience était fascinante. Les langues citées ont toujours cohabité sur la rive méditerranéenne. L’arabe et l’espagnol ont toujours fusionné. C’est une grande richesse que nous partageons, entre deux pays, mutuellement au niveau historique, linguistique, économique.


L’accompagnement de Germinal Gil, le directeur du Cervantes, m’a été d’une grande aide. J’ai pu affiner la qualité de la traduction grâce à lui. Il n’est pas juste intermédiaire, j’évoquerais plus un appui, un soutien, une collaboration et un partage de savoir immense qui s’est fait entre nous. Les deux langues brandissent des valeurs humaines, célèbrent la vie et bouleversent l’humain par leur richesse.


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Un défi de taille et sans doute des difficultés. Le challenge primaire est celui de traduire du texte initial en usant de votre lexique hispanophone, à votre manière, sans écorcher la portée originale du texte. Pouvez-vous nous citer toutes ces épreuves contournées pour parvenir à une traduction aussi maîtrisée, finalement ?

Traduire une œuvre, c’est bien plus qu’un passage d’une langue à une autre. C’est un exercice d’équilibre entre fidélité au texte source, l’arabe et créativité dans la langue cible, l’espagnol. Conserver l’âme du texte original, tout en trouvant une voie authentique en espagnol, qui ne trahisse ni le style de l‘auteur ni la charge émotionnelle des récits, c’est un exploit ! Il a fallu contourner plusieurs épreuves en rapport surtout avec la richesse symbolique de la langue arabe et de sa poésie, pleines d’images fortes et de métaphores culturelles qu’il fallait rendre d’une manière identique dans une langue autre qui n’a ni les mêmes structures ni les mêmes références. L’arabe est une langue casuelle et l’espagnol est une langue de position.


Les spécificités syntaxiques sont à prendre en considération et, l’enjeu culturel aussi, en évitant les traductions trop littérales. Il faut préserver la profondeur philosophique et l’étrangeté poétique. Le travail de révision a été fondamental et amplement mené par Germinal Gil, qui a veillé à perfectionner les textes d’une manière exigeante certes mais qui reste gratifiante.


Le travail a-t – il été effectué avec Mondher Marzouki, l’auteur du texte initial ? Jusqu’à quel degré la traductrice en langue française Leyla Dâami vous a-t-elle aidée ?

Bien sûr que j’ai travaillé en étroite collaboration avec l’auteur, en échangeant avec lui sur certains passages complexes, sur les intentions narratives, ou encore les choix lexicaux les plus fidèles à son univers. Ces éclaircissements m’ont permis de saisir la portée philosophique et symbolique de certains éléments du texte, essentielle pour avoir un résultat final de la traduction juste et respectueuse de la vision de l’auteur.


La version française de Leyla Daâmi m’a servi de point d’appui dans la mesure où elle constitue la première transposition du texte original. Même si nous n’avons pas travaillé ensemble directement, sa traduction m’a offert un éclairage précieux sur certains passages et elle a agi comme un intermédiaire subtil entre l’arabe et l’espagnol. Cela m’a permis de mieux comprendre des nuances, attentions, compréhensions, ou même certaines métaphores. Il y a eu un travail collaboratif et diversifié entre nous trois.


Que signifie «Être aussi polyglotte» pour vous en 2025 ?

Être polyglotte, c’est bien plus un atout ou une compétence, c’est habiter le monde autrement, avoir plusieurs fenêtres ouvertes, sur les cultures, les sensibilités, les imaginaires. C’est pouvoir lire un texte en arabe, penser en français et rêver en espagnol, comme c’est notre cas à travers ce livre.


C’est dialoguer avec l’altérité sans filtres. Dans un monde où les frontières se déplacent et où les identités se croisent, parler plusieurs langues, c’est aussi refuser les simplifications. C’est embrasser la complexité, écouter plus finement et comprendre en profondeur. C’est un engagement à tisser des liens, à créer des ponts entre des univers, à défendre la diversité comme une richesse fondamentale. Être polyglotte, c’est résolument choisir l’ouverture, la curiosité et la rencontre.

Hela Saidani, linguiste et traductrice du livre « El árbolfantasmagórico y los sueños sublimes » de Mondher Marzouk : « Polyglotte… c’est choisir l’ouverture, la curiosité et la rencontre »
Entretien avec Sofiane Ouissi : « Tout est parti d’une injustice… »
ENTRETIENS7 / 19 / 2025

Entretien avec Sofiane Ouissi : « Tout est parti d’une injustice… »

C’est à la Fabric A, dans le cadre du festival d’Avignon qu’a été présentée, trois jours de suite, la création tunisienne, chorégraphique et gestuelle « Laaroussa Quartet » de Salma et Sofiane Ouissi. Le public part à la rencontre des femmes potières de Sejnane, qui cultivent un savoir–faire ancestral, d’une génération à une autre. « Laaroussa Quartet » met en valeur le façonnage de ces poupées d’argile, lève le voile sur leur condition de travail, de vie et revient sur ce geste artisanal. Six interprètes femmes sur scène racontent cette société rêvée. Créée par le duo Salma et Sofiane Ouissi, ce duo lève le voile sur tout le processus de création, en attendant de voir cette création à Tunis dans le cadre de « Dream City » en octobre 2025. Interview.


Par Haithem Haouel, envoyé spécial à au festival d'Avignon


La genèse de « Laaroussa Quartet : Un corps libre qui invente son propre geste» remonte à 2011. Que pouvez–vous nous dire sur ses origines ?


Et même bien avant 2011. J’étais installé à Tunis. Salma Ouissi vivait entre Paris et Lille. Pour mener à bout notre processus de travail, notre but n’est pas de rentrer dans un studio et d’inventer un projet. Il part toujours des urgences sociétales d’individus ou de larges communautés. Au gré d’un hasard, Salma tombe, un jour, sur une poupée de Sejnane, vendue à un prix exorbitant dans une vitrine, en France.


Elle m’appelle, interpellée et elle me propose d’aller à Sejnane, sur le terrain. La valeur de ce savoir-faire était donc amplement mise en valeur en Europe, et a priori, les femmes artisanes pouvaient vivre de leurs créations. On part et une fois sur place et en douce, on exploite le terrain, en ayant comme objectif de créer une communauté formée par ces femmes potières.


Quelle est votre définition de cet esprit communautaire ?


La communauté rêvée n’existe pas encore. Notre approche était spontanée et on n’avait pas de projet pour la scène. On part au village et on toque sur des portes, au hasard. Une cinquantaine d’enfants, de femmes, d’époux et de familles se succèdent. Les rencontres s’accumulent et les interrogations liées à la fabrication de la poterie de Sejnane foisonnent.


Des questionnements, comme ceux liés aux gestes, aux techniques… Une des questions les plus importantes est surtout liée aux besoins de ces femmes-là et toutes nous ont dit unanimement : «On a besoin de temps !». Une réponse qui fait échos en nous, Selma et moi, artistes, qui pensons qu’une création a toujours et essentiellement besoin de temps.


Le fait de créer un espace idyllique pour elles s’est imposé directement. Nous avons tenu à leur créer un lieu qui leur fournit du temps pour donner vie à leur savoir ancestral avec sa valeur «temps». Ce sont des femmes qui vivent loin les unes des autres, ne se côtoient pas parce qu’elles sont chargées en tâches quotidiennes : la terre, les enfants, traire les vaches, livrer le lait, s’occuper d’un foyer entier…

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Que font–elles à dans l’enceinte de cet espace, une fois créé ?


Elles y créent des ustensiles de cuisine, des tortues, des vaches et des poupées… notre axe d’entrer, symbole du mariage de la petite fille et future mariée, l’axe de «Laaroussa». Il est central et reste au cœur de nos recherches dans le cadre de «Dream City». Notre objectif, toujours, est de créer des sociétés rêvées de toutes pièces, dans lesquelles plusieurs individus peuvent cohabiter.


Une société plurielle, diversifiée. Nous avons donc fédéré une centaine de femmes, avec très peu d’hommes restés en repli. Il fallait que ces femmes retrouvent le souffle des femmes performers, artistes visuelles, militantes, résistantes, féministes, elles brandissent leurs étendards et sont solides. Ces femmes célèbrent un geste millénaire.


Pouvez–vous nous en dire plus sur ce geste, qu’on verra beaucoup sur scène dans «Laaroussa Quartet» ?


Selon des collectionneurs, anthropologues, muséologues, des bribes de ce geste existent aussi au Louvre et dans d’autres musées emblématiques et en collections. C’est de l’art naïf qui a une grande valeur. Le projet est retenu par la capitale européenne Marseille–Provence 2013. L’art de Sejnane précisément et pas celui de Nabeul ou de Guellala (Djerba).


Les potières de Sejnane et personne d’autre. Elles ont même pu exporter leur savoir sur le marché international, vendre leurs créations et percevoir des rétributions. Emmanuelle Not, qui est une céramiste connue, a même procédé à des ateliers avec sa technique du Raku et ils ont toutes et tous mixé les techniques. Cette vente de la poupée à un prix exorbitant était une injustice et tout est parti d’une injustice. Le temps, le lieu, la communauté ont été créés pour qu’elles percent. Une des femmes qui préparait une maison pour marier son fils nous a livré l’espace pour travailler avec les femmes.


La question du corps de ces femmes en mouvement n’a pas tardé à surgir…


Nous, ouvriers du corps, artisans du corps, quand on regardait les femmes, elles portaient tout le temps leurs enfants sur le dos tout en maniant la matière. C’est comme si on leur a confisqué leurs corps. Des enfants qui sont tout le temps sur leur dos. Ce sont des femmes de la résistance au quotidien.


Le terrain qui nous dicte toujours l’urgence nous a poussé par la suite à créer une crèche éducative pour les enfants du village, une quarantaine, accompagnée par des artistes visuels tunisiens, des spécialistes de l’éducation, réunit toutes et tous, afin d’occuper la journée des enfants intelligemment, de les pousser à développer leur esprit créatif. Dans l’atelier, on a travaillé sur la répartition des tâches : ramasser de la terre, chercher la nourriture… Toutes ces femmes ne sont pas créatrices.

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D’où l’aspect vidéo très présent dans votre création et qui nous happe dans cet univers sociétal…


La vidéo qui est toujours très présente dans notre travail à Salma et à moi. Le format vidéo est utilisé pour résoudre la question de l’absence de l’artiste. S’il est appelé à disparaître de nos espaces,que faire ? La question de la mobilité, la vidéo qui s’est imposée sous le Covid ensuite…. C’est un format toujours présent pour combler une absence.


Dans le cadre de «Laaroussa Quartet », on a tenu à transmettre au public la force du contexte, sa dureté, sa poésie : on ne peut comprendre l’univers de ces femmes dans une foire. Il faut les découvrir dans leur milieu à Sejnane. La vidéo est une manière d’amener Sejnane au public. Le geste artistique doit être clair pour les gens : bien plus important qu’une création sur scène, c’est la question des sociétés rêvées qui compte.


Comment faire une société aujourd’hui, dans nos différences les plus extrêmes autour d’une question unique et d’un objet commun, qui est ce savoir-faire ancestral, bien plus que la pratique technique. L’accompagnement est un travail important qui a toujours fait partie de nos parcours et de nos vies à Salma et moi. C’est un engagement total jusqu’à ce qu’on s’oublie souvent.


Salma Ouissi qu’on voit beaucoup dans la vidéo. Est-ce un choix ?


Son rôle est essentiel. C’est une femme qui parle aux femmes. Moi, j’étais en périphérie. Il fallait pour cette phase convier 4 femmes interprètes, une chanteuse de Sejnane, la doyenne du village Chadlia, une femme violoniste. Salma est visionnaire et créatrice. Elle est la source même de ce dispositif. Néanmoins, je suis un grand ami des femmes. J’entretiens ce lien sain avec elles grâce à Salma.


Tout un univers, qui est finalement parvenu sur scène dans « Laaroussa Quartet», présenté à la 79e édition du festival d’Avignon, sur la scène de la Fabric A. Comment a été pensée cette conversion ?


A l’issue de ce qui a été cité, et dans le but de ne pas perdre pied, de ne pas montrer ces femmes dans une condition misérable, contrer l’aspect social… on les observait faire leur geste. Il faut rappeler que la question du corps-archive est quelque chose de central dans le monde scientifique de la danse.


Une danse qui contient des notations connues et comme on adore tout inventer, nous créons notre propre notation. On a pensé donc archiver leur geste en les étudiant, et ce, à travers différentes générations : Chadlia, Cherifa et Lamia. Une fois qu’on a récolté, en vidéo, le geste et le matériel, on a fini par prendre le mouvement seconde par seconde. On l’a dissocié, on en a fait une archive et on s’est dit qu’on allait les prendre dans la trame de création d’une poupée.


Donc, à chaque micro geste, on a créé un symbole. Pourquoi un symbole ? Parce qu’on voulait que ces femmes puissent se reconnaître et qu’elles ne se sentent pas exclues de cette lecture de partition. On a créé une vidéo de 11 minutes qui retrace l’origine du geste. Une vidéo abstraite qui a été diffusée et projetée pour ces femmes. Elles étaient bouleversées. Cette vidéo a atterri aussi au Palais de Tokyo, ensuite, à Moscou, en Norvège…, etc. Un geste citoyen qui est allé très loin, sans le préméditer.


Un dernier commentaire sur la musique, le chant et les corps en mouvement ?


On a travaillé sur une musique de chant. Avec deux instruments et une nouvelle notation : Allegro, Adagio, Rondo. D’où l’usage du violon. Chadlia, la chanteuse, présente sur scène, est marcheuse aussi. Elle nous a guidé et a marché avec nous dans le village de Sejnane. On a longtemps pratiqué l’exercice de la marche, munis de casques pour amplifier le terrain et être dans une écoute sensible du corps.


Une marche rude qui a été amplement menée par Chadlia du haut de ses 80 ans. Elle est ouvreuse de frontières. C’est une symphonie de la vie, cette femme. Elle est symbole de la culture amazigh aussi. Son rythme et son mouvement sur scène, ils émanaient d’elle et on l’a laissé faire en créant l’intervalle nécessaire, tout en apportant une autre richesse.


On a laissé ce temps prendre vie comme elle le souhaite ! Elle disparaît et re-dis-parait comme elle le sent. Les interprètes se dénudent à un moment pour mettre en valeur les mouvements du corps en plein travail, dos courbés. Tom Pauwels a assuré la musique du spectacle. Quant aux partitions, on les a gardés sur scène car les interprètes ne peuvent pas les apprendre. «Laaroussa Quartet» est attendue à «Dream City» 2025 pour une série de présentation à la médina.


Les interprètes sont toutes des femmes : citons Sondos Belhassen, Amanda Barrio Charmelo, Marina Delicado, Moya Michael, Chedlia Saidani et Aisha Orazbayeva.


«Dream City » aura lieu en octobre 2025 à Tunis. Peut-on simplement parler d’un festival et l’associer à cette condition ?


C’est une résistance. C’est un combat mené à la longue. Le mot «festival» me pose problème. Derrière la manifestation existent des gens qui maîtrisent leur métier, dans une exigence esthétique, dans une volonté d’ouverture. D’une manière générale,l’humain reste au centre du dispositif et n’existe qu’avec l’autre.


Cet acte de résistance réside dans le fait de convoquer l’autre et comprendre toutes les urgences qui nous animent au quotidien. De ces urgences se créent de nouveaux espaces. Il nous arrive qu’on se sente faibles, et incapables de faire quoi ce soit, sauf faire notre métier d’artistes. Comprendre et mieux comprendre, c’est le propre qu’on puisse faire.


Il faut cerner ce qui nous entoure. La notion de « festival » ou pas ne se pose pas : j’ai davantage envie de parler de l’urgence d’agir et de s’exprimer, et ce, dans un monde en ébullition. La question de la mobilité est au cœur des préoccupations. Faire voyager les gens, c’est faire voyager la pensée.

Entretien avec Sofiane Ouissi : « Tout est parti d’une injustice… »
Aïcha Boubaker cofondatrice de « Hkeyet édition » : « Une culture en phase avec les mutations technologiques »
ENTRETIENS5 / 15 / 2025

Aïcha Boubaker cofondatrice de « Hkeyet édition » : « Une culture en phase avec les mutations technologiques »

De nos jours, fonder une maison d’édition peut s’avérer difficile, pourtant, Aïcha Boubaker, éditrice et communicatrice, a entamé à bras-le-corps le lancement de «Hkeyet édition» depuis 6 mois. Imbibée de récits nouveaux et soucieuse de la pérennité du livre, l’amoureuse des livres et des lettres n’est pas passée inaperçue lors de la 39e édition de la Foire internationale du livre, mais pas que… «Hkeyet édition» est visible sur les réseaux sociaux et puise dans le digital pour attirer lecteurs, mais aussi auteurs… confirmés et surtout émergeants. Focus !


L’équipe de « Hkeyet édition » mise sur des outils numériques innovants et sur le pouvoir du digital pour maximiser sa visibilité. Votre maison d’édition a été lancée en janvier 2025. Qu’avez-vous à nous dire sur ce démarrage ?


C’est voulu, en effet, de miser sur le numérique. La naissance de « Hkeyet » est récente. On ne savait même pas qu’on allait être à temps à la Filt (sourire), et qu’on allait pouvoir annoncer la parution d’ouvrages. Cette maison d’édition est née d’une rencontre entre deux visions : celle de mon père et de la mienne. « Hkeyet édition » est cofondée par mon père imprimeur, Mourad Boubaker, fondateur de « MIP Imprimerie », qui existe depuis plus de 30 ans. Je suis imprégnée par le monde du livre et des lettres depuis toujours. Également communicantrice, j’ai mis mon savoir en œuvre. Mon père et moi avons fusionné nos deux visions pour un projet qui est dans l’air du temps, tout en ayant une ligne éditoriale précise, celle des « Primo-auteurs ».


Pouvez-vous nous en dire plus sur votre ligne éditoriale ?


C’est celle qui vise à créer un terrain favorable aux personnes qui écrivent et qui ne savent pas ou ne trouvent pas où se faire publier. Pour le lancement, je cite l’exemple d’Ines Mghribi, Wassim Ayari, Oussama Kassabi, etc. Nous avons démarré avec 4 primo-auteurs et 13 parutions en tout. Beaucoup n’en sont pas à leur première publication. Je rencontre des gens qui écrivent partout. Ils méritent d’être mis en valeur. Une communication différente s’impose aussi.


Comment doit se faire cette communication ?


On doit miser sur les réseaux sociaux, le pouvoir du digital et les différents canaux des réseaux sociaux qui sont primordiaux. On dit souvent à tort, ici ou dans le monde, que « les jeunes n’aiment pas la culture et sont désintéressés ». C’est faux ! Les jeunes d’aujourd’hui ne se documentent pas de la même manière que les adultes de plus de 60 ans et ne se servent pas des mêmes outils. Même s’informer ou se cultiver se fait différemment d’une génération à une autre. Les podcasts et les youtubeurs n’ont rien à voir avec la télévision et la radio classique. Aucun des deux audimats ne fait ça vainement, ils agissent juste différemment. Pour mettre en valeur nos auteurs, nous allons vers le public, vers les book clubs, nous privilégions les échanges, les discussions, la proximité. On ne se contente pas uniquement des signatures ou des passages médias ! Il faut donner envie et susciter l’intérêt. A travers la magie du Net, je peux accéder à l’univers d’auteurs qui vivent n’importe où dans le monde. Le travail se fait en équipe qui est composée de mon associée Nour Bouaziz, moi-même, mon père, Fatma Chouraki et Walid Ferchichi, fondateur des Editions Arcadia.


Pour la sélection des textes et des écrivains, comment opérez-vous ?


Pour les primo-auteurs, ils se sont présentés en cherchant à se faire éditer. Beaucoup ont été retenus de bouche à oreille. Ça a marché et cela procure un grand sentiment de satisfaction. Une jeune étudiante s’est présentée à nous pendant la Filt et nous a confié vouloir se faire éditer. Elle a trois récits prêts. C’est très gratifiant. On a un comité de sélection et la qualité compte pour nous. Nous faisons des retours aux écrivains et cette interaction édifiante s’avérera fructueuse. C’est sûr.


Qu’avez-vous à dire à celles et ceux qui pensent que les jeunes de nos jours ne lisent plus ?


Ils sont déconnectés de la réalité. Les jeunes lisent, écrivent et produisent de différentes manières. Des créateurs de contenu culturel font fureur. Il faut leur tendre la main et j’ai besoin qu’on coopère toutes et tous ensemble. Nous vivons une ère qui bouillonne de talents. La culture doit être en phase avec les mutations technologiques de l’époque. Le pouvoir immense de la communication incite drastiquement à la lecture et à l’écriture. Il faut utiliser ces outils à bon escient, y compris l’Intelligence artificielle ou les liseuses. Nos livres sont aussi disponibles en version numérique, en ligne, grâce à « Clic 2 Read ».

Aïcha Boubaker cofondatrice de « Hkeyet édition » : « Une culture en phase avec les mutations technologiques »
Wassim Ayari, à propos de « Hob Kira » : « Je tiens à écrire en toute liberté »
ENTRETIENS5 / 12 / 2025

Wassim Ayari, à propos de « Hob Kira » : « Je tiens à écrire en toute liberté »

Il brille par sa couverture attrayante, rouge, criarde d’amour. L’ouvrage « Hob Kira » du jeune écrivain Wassim Ayari a drainé de jeunes curieux, lecteurs et visiteurs à la 39e édition de la Foire Internationale du livre de Tunis lors de sa première séance de dédicace-lancement. Nous ne connaissions pas l’auteur avant cette parution- évènement chez « Hkeyet édition ». Et nous nous sommes posé la question : Qui se cache derrière cette histoire d’amour, tissée en langue arabe ? Entretien avec Wassim Ayari.


«Hob Kira » est un des premiers romans parus aux éditions « Hkeyet ». Que pouvez-vous nous dire sur votre livre sans trop en dévoiler à nos lecteurs ?


Une mise dans l’univers s’impose ! Il s’agit d’une fusion entre réalité et imaginaire. J’ai édifié un monde qui m’est propre en puisant dans la réalité. Elle suit Wajdi, un jeune homme orphelin, qui lutte pour subvenir à ses besoins, en travaillant durement, jusqu’au jour où il apprend que son père est vivant. Il part à sa recherche et dans sa quête, il rencontre « Kira ». Je n’en dis pas plus ! (Sourire).


Peut-on en savoir plus sur le processus d’écriture et sa dynamique ?


C’est le fruit de nombreux essais d’écriture, qui se sont longtemps succédé et qui ont finalement abouti. Depuis le primaire, j’ai toujours aimé écrire et faire paraître un livre. Mon amour pour l’écriture est incommensurable.et pouvoir le faire était un rêve d’enfant. Je faisais des jets dans différents cahiers, en langue arabe. Quand j’ai quitté ma région natale « Makther », ma perception du monde a changé. Elle a grandi. Toujours sur PC, je n’ai cessé d’écrire, jusqu’à mon accident de voiture, qui n’a fait que m’encourager finalement, à terminer le roman. J’ai commencé à 17 ans à l’écrire et à le réécrire. Et depuis cette épreuve, je n’ai cessé d’écrire. En 2021, j’ai terminé « Hob Kira ».


Votre formation était pourtant scientifique au lycée…


Oui, spécialisé dans la « géologie ». Depuis toujours, je tiens à écrire en toute liberté.


Vous avez commencé par la grande porte : le roman long et non pas par des nouvelles. N’est-ce pas risqué ?


Quand je commence à écrire, je ne peux m’arrêter. Je ne sais pas si c’est positif ou négatif. (sourire). Le brouillon a atteint plus de 456 pages. Et pourquoi pas prochainement, je procéderai en tomes. C’est ma première Filt en mode écrivain. L’accueil du public a été exquis. Je suis content même je me considère comme un projet. J’use des réseaux sociaux, spécialement Facebook pour maintenir un lien avec les fans. Entretenir cette idée, c’est s’ouvrir sur le monde.

Wassim Ayari, à propos de « Hob Kira » : « Je tiens à écrire en toute liberté »
Sofiane Jaballah, auteur de « Devenir salafiste en Tunisie – Le comment du pourquoi » : « L’approche est explicative et compréhensive »
ENTRETIENS5 / 2 / 2025

Sofiane Jaballah, auteur de « Devenir salafiste en Tunisie – Le comment du pourquoi » : « L’approche est explicative et compréhensive »

Une étude académique réalisée en langue française a été publiée chez « Sud éditions » par Sofiane Jaballah, sociologue. Comme son titre le révèle, l’ouvrage « Devenir salafiste en Tunisie : le Comment du Pourquoi » revient sur le processus d’une radicalisation ou « d’une conversion » comme l’auteur le cite dans son synopsis. Il effectue un retour aux origines, une plongée temporelle dans le passé, jusqu’à nos jours. Sofiane Jaballah est aussi assistant à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sfax, il milite pour le développement des sciences humaines et sociales en Tunisie, enracinées empiriquement, décolonisées et engagées.


«Le Comment du Pourquoi» interpelle dans votre titre. Annoncez-vous décortiquer le salafisme ?


L’approche est explicative (le Comment ?) et compréhensive (le Pourquoi ?). Je pose les deux questions : le comment c’est la motivation individuelle, c’est le processus. La 2e partie est causale, c’est le phénomène par l’extérieur. L’humain a-t-il le choix de l’être ? Ou subit–il un déterminisme social ?


Quelle est la genèse de cette étude ?


C’est une thèse de doctorat et un article de revue publié dans la revue Ibla, qui ne s’adresse pas à un large public. A un lectorat qui peut être profane mais qui s’intéresse à la question religieuse, le fondamentalisme. L’objectif ambitieux du livre c’est de donner un processus commun de devenir «autre» : je les appelle, les trans comme les autres ou les trans-religieux. Comme les transclasss, transfuges. Le mot transmission, transition, trans-passé. Je suis dans la transposition. J’ai déjà élaboré des réflexions et des études sur plusieurs strates sociales, publiées dans des ouvrages, des articles, comme mon étude sur «Rue d’Espagne» ou la prochaine qui tournera autour des «Barbécha» et une autre sur les gardiens des parkings, le secteur de l’informel en Tunisie, qui émane du précariat et des zones exclues ou isolées.


Est–ce que le contexte international ou ce qu’on a connu auparavant au niveau national vous a poussé à publier cette étude ?


Bien sûr ! Dans le livre je consacre un chapitre à la «Sociologie de la sociologie », qui tente de préciser si j’étudie sur le salafisme ou si j’analyse mon rapport au salafisme. Tenter d’y faire face à travers la recherche ou s’ériger en sauveur… non ! J’ai choisi juste un sujet complexe et j’ai envie de le diffuser le plus possible et de le traduire. J’aimerais mieux faire connaître cette étude à travers des vidéos.

Sofiane Jaballah, auteur de « Devenir salafiste en Tunisie – Le comment du pourquoi » : « L’approche est explicative et compréhensive »
Les 5es Rencontres du théâtre arabe de Hanovre – Youness Atbane, artiste visuel, interprète : « L’exercice de la fiction est parfaitement collectif »
ENTRETIENS4 / 17 / 2025

Les 5es Rencontres du théâtre arabe de Hanovre – Youness Atbane, artiste visuel, interprète : « L’exercice de la fiction est parfaitement collectif »

Dans le cadre de la 5e rencontre du théâtre arabe à Hanovre, la découverte de l’auteur de « L’artiste imperméabilisé » s’est imposée par elle-même. Youness Atbane manie plusieurs disciplines artistiques, dû à son rapport précoce aux objets. Dès son plus jeune âge, il manie la matière, et développe au fil des années son savoir-faire jusqu’à en faire un support solide lui permettant d’interroger l’art contemporain et sa pérennité en 2025. A travers sa création « The waterproofed artist », il bouscule le langage scénique afin d’interroger pertinemment son public. Entretien.


Par Haithem Haouel : Envoyé Spécial à Hanovre (Allemagne)


Vous êtes artiste pluridisciplinaire, interprète. Vos performances en live fusionnent plusieurs arts de la scène dans le but de titiller la réflexion. C’est le cas dans « The waterproofed artist », présentée à l’occasion de la 5e rencontre du théâtre arabe d’Hanovre. C’est l’art contemporain que vous épinglez dans votre création …


J’appartiens à des disciplines multiples : l’art visuel et contemporain. Je me posais toujours la question : comment vais – je combiner les deux ? Ce style de lecture – performance est arrivé comme une solution au problème d’adaptation. Je me suis détaché de la galerie et de la scène classique. Ce que je vis en tant qu’artiste est devenu un sujet intéressant à traiter : le rapport avec les institutions, avec le politique, la géopolitique, les rapports de force : tout cela est devenu un espace intéressant à mettre en lumière pour le public. Ce qui se passe dans le monde de l’art visuel avec le marché de l’art, les tendances, les attentes d’une esthétique, de la narration… Tout m’a incité à conclure que le milieu de l’art comme sujet reste pour moi la meilleure façon de combiner les deux pratiques : les arts visuels et la danse. En même temps, c’est devenu un processus de travail. Quand je suis sur scène, je manipule l’objet. Etant originaire d’une famille de potiers, j’ai hérité de ce savoir. Une pratique qui me permet d’être entouré d’interprètes – objets, devenant de potentielles œuvres d’arts pour un projet d’exposition.


Alors, d’où émane la genèse de « The Waterproofed artist » ?


Elle est née d’une simple situation : ma présence à la Biennale de Venise sur place en 2011. On est dans un milieu où tous les pays s’exposent artistiquement … Je présentais une performance. Je vois les pays qui s’entre – critiquent, qui prônent l’universalisme dans une ville qui coule littéralement, polluée par une couche d’huile, et avec un pavillon palestinien qui a créé beaucoup de tension. C’est comme une géopolitique, en mini – monde, érigée sous mes yeux. Une situation qui m’a marqué, sans vouloir en faire une analyse. J’ai été par la suite confronté à des situations de postcolonialisme compliquées. C’est comme l’ancien exotisme qu’on est en train de combattre : celui qui nous renvoie à l’identité, aux origines, et qui pousse les artistes à créer uniquement dans une vision du sud, la leur. Ma création se passe en 2048, le grand déluge de Venise, avec son pavillon flottant qui se perd tout en montrant cette logique et vision occidentale. Une île palestinienne imaginée deviendra une terre sacrée, en référence à l’arche de Noé et dans le but d’entretenir l’espoir d’une paix, d’une solution. Même si on en est loin …


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Quelle est la portée de votre propos ?


Cette question représente de nos jours l’extension de l’image postcoloniale, le cœur du postcolonialisme dans son rapport critique est lié à cette question. On a arrêté le colonialisme mais le postcolonialisme perdure toujours dans nos rapports avec une académie qui s’est détachée du peuple, qui s’est replié sur elle – même et qui ne s’adresse qu’à l’Occident. Je pense que si ce langage-là avait existé dans nos systèmes éducatifs, il y aurait eu moins de violence. Le discours du large public est tout autre. Les académiciens ont abandonné leurs peuples de suite de leur formation occidentale, et je vois ce rapport à la décolonialité, qui est adressé uniquement aux pouvoirs concernés qui les subventionnent. L’exemple de l’Afro- futurisme m’avait beaucoup inspiré. La conception futuriste offre un espace d’échange, d’espoir. J’utilise l’humour pour m’adresser directement au public. Quand on place une question dans le futur, le public suit plus facilement. Je me place en tant qu’artiste, et je place un chercheur académicien et deux curateurs.


Le métier de curateur a été épinglé dans votre création, comme beaucoup de métiers annexés à l’art …


Ces nouveaux artistes responsables. Les curateurs créent la légitimité, en sont responsables et éclipsent les artistes. Ils combinent l’académique et l’artistique. Artistes, académiciens et curateurs sont pointés du doigt. Dans une autre création, il y a aussi les directeurs de musées.


Dans vos accomplissements, est-ce que l’époque s’est imposée par elle-même ou est- ce dans la continuité de votre cheminement ?


Plutôt dans la continuité. Je fais partie des gens qui détestent entendre dire « Qu’avant, c’était meilleur ». C’est archi – faux. C’était la galère. Le rapport à l’époque, c’est quand avant, on l’a vécu, aujourd’hui, on est inquiets, et le futur est flou. Ce rapport à la nostalgie est placé en 2048, dans ma dernière création, comme un temps de paix après des années de conflits qui peuvent surgir à tout moment. L’exercice de la fiction est parfaitement collectif. Les gens projettent leur propre fiction, sous différentes visions. Cet exercice de disponibilité permet d’émettre des propos différents.


Comment auriez-vous aimé que les gens rebondissent autrement que de se réfugier dans le passé ou la nostalgie ?


C’est justement faire appel à l’imaginaire et pratiquer la fiction. Ils ne peuvent que s’y plaire. Ils adorent puisqu’ils sont imprégnés par le cinéma, la littérature et sont habitués à l’imaginaire. C’est leur imagination qui est entretenue. Je n’apporte pas de réponse, je pose un exercice et c’est au public d’interpréter. C’est mon 5e projet autour de la fiction et c’est très satisfaisant.


D’où est-ce que découle cette métaphore autour de « l’artiste imperméabilisé », titre intrigant de votre création ?


Elle émane des artistes du sud de la Méditerranée qui s’adressent au nord. Le débat se fait dans la Méditerranée et il faudrait être imperméable. Ils peuvent nager dans la Méditerranée et assurer ce débat et pour le garantir il faut être imperméable et ne pas couler ou être atteint. C’est une image métaphorique qui reflète le débat lourd en cours et dénonce le rapport de pouvoir entre les deux pôles. La scène est une thérapie pour moi. Elle nous permet d’avoir du recul et c’est un espace qu’on augmente et qu’on contrôle.


Vous, qui êtes artiste des deux rives, quelle résonnance a votre travail, à Casablanca, votre ville d’origine et en Europe ?


Je me découvre actuellement, tout en ne parvenant pas à trouver de réponse : quand je présente une création au Maroc, je le fais avec le dialecte marocain et quand je suis en Europe, je le fais en anglais ou en français. Quand je finis le spectacle, je reçois ce spectateur lambda, qui me dit que ton texte, « tu l’as fait dans telle ou telle langue parce l’autre côté va le lire de la sorte et vice-versa ? ». Le fait que le public commence à créer une idée sur l’autre, ce n’est plus un rapport de dominé / dominant, c’est ce que pense ou perçoit l’autre qui compte. Je suis surpris et je ne sais comment agir dans les deux côtés. La crise se cristallise et le schisme avec. C’est une matière à creuser pour les académiciens.

Les 5es Rencontres du théâtre arabe de Hanovre – Youness Atbane, artiste visuel, interprète : « L’exercice de la fiction est parfaitement collectif »
5e Rencontre du Théâtre Arabe à Hanovre – Kaouthar Slimani, membre de l’équipe artistique : « Nous valorisons l’art scénique dans une époque bouillonnante »
ENTRETIENS4 / 15 / 2025

5e Rencontre du Théâtre Arabe à Hanovre – Kaouthar Slimani, membre de l’équipe artistique : « Nous valorisons l’art scénique dans une époque bouillonnante »

Criant d’humanité et de vérités, la 5e rencontre du théâtre arabe à Hanovre prend vie grâce à ses invités triés sur le volet, sa sélection d’œuvres arabes, et sa poignée de spécialistes et académiciens qui ne cessent de faire et de défaire l’actualité. Cette rencontre allie engagement, solidarité et dialogue en puisant dans les arts scéniques, élégamment présentés dans le Pavillon culturel de cette cité allemande. Derrière la façade, une armée de l’ombre qui veille sur le bon déroulement du festival. Kaouthar Slimani, responsable artistique et de production, évoque le travail de toute une équipe, résistante face aux affres du temps. Interview.


Par Haithem Haouel, Envoyé spécial à Hanovre


Qu’est-ce qui distingue cette édition des quatre précédentes ?


Le travail en amont qui s’est fait au gré des mouvements, des révolutions, des guerres, des explosions, vécues sur une dizaine d’années déjà, et particulièrement, au fil de ce qui se passe dans le monde arabe de nos jours. Ça bouillonnait depuis des années et la vie des artistes avec qui on avait envie de collaborer, issus des pays arabes, devient précaire. Ils vivent une crise, d’où l’urgence de lancer cette édition et de réaliser le festival, avec ses invités, tout en ajoutant un aspect académique en plus, en présence des Dr Torsten Jost et Khaled Amine. Tout s’est fait sous le prisme d’une conscience collective. Ce qui se passe dans le monde arabe change à une vitesse hallucinante, et empire. Les rencontres émanent d’un sentiment de doute, de crainte, mêlé à celui de la résistance, sujette à des dilemmes et à de l’hésitation. Cette 5e édition fait écho à l’absurdité de l‘époque et à sa gravité. Autant de composantes qui nous ont incités à maintenir ces rencontres, aujourd’hui plus que jamais auparavant.


De qui s’est composée l’équipe ?


Fetah Diouri et Sabine Trötschel sont les fondateurs depuis 2012. Pour la prod, Elke Cybulski et moi–même qui étions à la dernière édition du festival en date de 2022. Pour ma part, je m’occupe du département théâtre au Pavillon d’Hanovre avec Tomy Nugyen, mon collègue. Erik Veenstra et Mich Belkhir gèrent l’aspect technique. Les deux assurent une coordination technique de haut niveau. Sans oublier, Abdalrahman Alqalak, poète palestinien et Matthias Alber, responsable Booking.


Il y a le projet Magma et la 5e rencontre du théâtre arabe d’Hanovre. Est-ce qu’ils sont dissociés ?


«Magma», c’est la thématique choisie. Nous valorisons l’art scénique dans une époque bouillonnante, glissante, de crainte et de peur. Pour des raisons administratives, nous avons dû choisir et garder les deux appellations. L’appellation d’un projet séparé, avec un thème choisi doit être élaboré. Pour «Magma», on a hésité à le retenir de peur que les gens ne saisissent pas le sens du terme, surtout quand on le traduit en arabe. Ce qui se passe dans le monde arabe, on le sent à l’échelle organique, physique. C’est profond, douloureux et changeant. Comme un vrai Magma… Chaque édition est ancrée dans son époque et la raconte. La sélection des productions est faite selon des thèmes. La sélection se fait selon les créations qui résonnent le plus dans l’ère que nous vivons.


L’équipe a-t-elle eu des problèmes liés aux visas ?


En 2022, oui, avec sa thématique «Héritage, perspectives, horizons». Mais cette année, on a eu la chance d’avoir toutes les productions, ayant déjà leurs visas ou qui ont des doubles nationalités. On a établi des relations fortes avec les centres Goethe Institut dans le monde arabe et en Allemagne pour faciliter la circulation des artistes. On a pu trouver des manières pour renforcer le soutien.


Ces rencontres qui ont eu lieu depuis 2012. Pourquoi ne s’organisent-elles pas plus fréquemment ?


Pour des raisons financières et liées à la pandémie du Covid-19 aussi.


Maintenir une manifestation spécialisée dans le théâtre arabe en Allemagne, par ces temps, c’est un défi…


Au niveau des bailleurs de fonds, ils veulent comprendre quel impact peut avoir une manifestation comme celle-ci auprès des communautés arabes en Allemagne. Quelle est son importance ? Quel effet va–t-elle produire ? Quel est son ampleur ? Son influence auprès des Allemands aussi. C’est pour rapprocher les nations, et les cultures qu’on maintient cette manifestation. C’est pour susciter le débat, chasser les préjugés, les stéréotypes. Nous tenons à donner une autre image des Arabes. Beaucoup de questionnements foisonnent sur le travail artistique vu et à chacune de nos manifestations.


Quel impact ont ces rencontres sur les artistes arabes conviés ?


Il y a des troupes ou des artistes qui sont habitués à l’Europe ou à l’Allemagne. Celles et ceux qui m’ont donné leur impression étaient surtout impressionnés par le Pavillon d’Hanovre, l’endroit où se déroule la manifestation et la vocation qu’il a d’être ouvert gratuitement à tout le monde y compris et surtout pour les nécessiteux. Ces derniers, de passage, succombent à l’endroit et sont attirés par les activités du centre culturel. C’est cette alchimie avec les artistes venus du monde arabe qui ensorcelle et prend vie, au final.

5e Rencontre du Théâtre Arabe à Hanovre – Kaouthar Slimani, membre de l’équipe artistique : « Nous valorisons l’art scénique dans une époque bouillonnante »
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