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"Des renards et des hommes" de Gilbert Naccache : Des écrits incisifs
REVIEWS & CRITIQUES1 / 15 / 2023

"Des renards et des hommes" de Gilbert Naccache : Des écrits incisifs

Il paraît quand on s’y attend le moins ! Publié chez les éditions Chama, cet ouvrage de nouvelles et de courts récits inédits de feu Gilbert Naccache, intitulé « Des renards et des hommes : un conte et divers courts écrits », est disponible dans les librairies. Il s’agit d’une publication posthume, tissée sur fond d’anecdotes, de fables, de souvenirs et de rencontres.


Ce livre est riche d’une couverture haute en couleurs, conçue par Nader Boukadi / Une Illustration de Z, finement dessinée, attractive et qui donne vie à des animaux de la jungle plus proche des humains. «Des renards et des hommes : un conte et divers courts écrits » fait échos au contenu de l’ouvrage constitué d’un conte principal anthropomorphique titré «L’heure du renard : conte de Noël», raconté en 6 sous-chapitres. Véritable allégorie sociopolitique, elle se lit d’une seule traite, et plonge les lecteurs dans des histoires de règne, secoué par des rebondissements, des complots, et autres stratégies. Le 2e récit est nommé «Justice… Justice !», Suivi de «Propos sur une amitié», «Histoires racontées au Borj», et un florilège de nombreux passages nommé «Ecrits en passant».


Ces écrits précieux ont été rédigés de 1974 à 2019, publiés en décembre 2022 et ont pour cadre spatial des villes, une jungle, des lieux, un «Borj» ou une prison. Ces nouvelles racontent une époque, la romancent, lui donnent vie, et résonnent comme des souvenirs.


Ce livre entremêle différents rapports, raconte de précieuses relations amicales et amoureuses : des romances à deux, durables ou éphémères, des triangles amoureux complexes, en passant par ces rencontres humaines faites au gré d’une vie, de voyages et d’existences souvent hasardeuses. Des camaraderies de lutte et de résistance, une répression, ou des temps de solitude sont narrés dans un style incisif, léger et qui finit par conquérir. Cette écriture est truffée de symbolisme, fictionnelle certes, mais qui puisent dans un vécu singulier.


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La plume distinguée de l’auteur de «Cristal», feu Naccache, parvient assurément à la génération actuelle. Ces écrits, qui sont en partie «mémoriels», reflètent la pensée unique de l’intellectuel, intrinsèque à son intention d’interroger une époque, exploiter le passé tout en se tournant vers l’avenir. Cette dernière publication en date enrichit l’œuvre atemporelle de l’auteur et est parlante à des générations de lecteurs. Cet ouvrage a été publié avec le concours de la «Fondation Rosa Luxembourg North Africa Office».

"Des renards et des hommes" de Gilbert Naccache : Des écrits incisifs
Isaac Haddour, musicien et pianiste-interprète : «J’aime l’interdit et le tabou !»
ENTRETIENS1 / 10 / 2023

Isaac Haddour, musicien et pianiste-interprète : «J’aime l’interdit et le tabou !»

Pianiste-interprète, arrangeur, compositeur, producteur musical, Isaac Haddour sait, dans les coulisses, manier les instruments, et la sono depuis de nombreuses années : l’artiste a collaboré sur de nombreux projets artistiques et en travaillant étroitement avec une nouvelle vague de musiciens-artistes, citons Hassen Doss, Mahdi Ayachi, Ghada Maatouk, prochainement, avec Kafon et Asma Ben Ahmed… Pluridisciplinaire par excellence et vivant entre deux rives, Tunis et Paris, il se lance en solo, en présentant au public un projet musical singulier. Rencontre avec une révélation !


Vous venez de terminer le tournage d’un nouveau clip, réalisé par Karim Berrhouma. Il s’agit du 2e chapitre de votre projet musical. Peut-on avoir droit à des spoilers avant sa sortie ?


C’est bien mon 2e chapitre. Le premier était « Araaès Kozah », qui vient aussi de paraître avec Ahmed Landoulsi en voix-off et Ahmed Tayâa en interprète. Ce 2e clip s’appelle « Ghorfa 211 » (Chambre 211), dont le tournage s’est achevé hier. Ces deux chapitres font partie d’un projet qui reste encore sans nom. (Sourire). Le clip fait écho au premier et continue d’avoir comme thématique la femme et son corps, de la mettre en valeur, d’une manière pas commune et la moins commerciale possible. J’aime l’interdit et le tabou, et je tiens à piocher dans cet interdit-là, en Tunisie, à travers ma musique et mes clips. Dans « Ghorfa 211 », on y voit bien le nu féminin : je tiens à ce qu’on perçoit le corps de la femme, non pas comme un objet, mais comme une œuvre d’art, tout en le valorisant.

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Votre style musical est assez éclectique. Comment le définiriez-vous ?


Musique du monde et brassage de musique classique et tunisienne, sans pour autant revisiter le patrimoine tunisien. Ce sont des compositions à 100%.


Vous avez longtemps fait partie de cette armée de l’ombre qui travaille dans l’univers musical et artistique, mais dans les coulisses. Et actuellement, vous vous lancez en solo en rencontrant votre public. Qu’est-ce qui vous a poussé à passer cette étape ?


Je me suis lancé en solo, mais toujours sans couper avec ma carrière initiale. Je travaille toujours en collaboration avec les artistes et je tiens maintenant à lancer mon projet personnel, dans lequel j’aurai l’entière liberté de travailler à ma guise et dans lequel j’aborderai les sujets que je veux, sans pour autant m’éloigner de ma vocation principale : compositeur et arrangeur. Je fais de la musique parce que j’aime en faire et non pas juste pour gagner en notoriété ou devenir trop visible. Je commence par la Tunisie, ensuite pourquoi pas ailleurs ? Quand on évoque des sujets en rapport avec la femme en Tunisie, cela n’a pas la même résonance qu’en France. C’est sans doute plus impactant ici.


Vous avez, à plusieurs reprises, collaboré avec Hassen Doss, Ghada Maatouk, prochainement avec Kafon ou Asma Ben Ahmed. Avec Doss, comment s’est passée votre collaboration ?


On s’entend parfaitement, musicalement parlant. Ça se passe, bien même si des fois, avec lui, tout n’est pas évident (rire). On communique beaucoup, et le résultat final reste toujours édifiant. Mes collaborations artistiques sont bien choisies, bien désignées. Je m’arrête sur leurs attentes, essaie de cerner leur univers, leurs visions, en prenant en considération leur public. J’ai commencé par Ghada Maatouk, Mahdi Ayachi, Enji Maaroufi et plein d’autres et ça continue…


Vous êtes compositeur, pianiste-arrangeur, interprète. Qu’est-ce qui a fait que vous soyez tout cela à la fois ?


Je me suis formé, passionnément en puisant dans les études et en intégrant des établissements de renom. J’aime me distinguer, mon travail plaît à de nombreux artistes et cela ne peut que me pousser à aller de l’avant.


Comptez-vous un jour vous lancer dans la musique de films ?


Oui, mais je dois bien choisir la production, le film et son sujet. Ça va se faire sans doute un jour. Pour l’instant, on attend la sortie de « Ghorfa 211 » et celui du clip d’Asma Ben Ahmed.

Isaac Haddour, musicien et pianiste-interprète : «J’aime l’interdit et le tabou !»
Rencontre avec Mona Belhaj, auteure : "Ecrire contre l’oubli"
ENTRETIENS1 / 5 / 2023

Rencontre avec Mona Belhaj, auteure : "Ecrire contre l’oubli"

Cette semaine, nous rencontrons Mona Belhaj pour son livre «J’ai Peur d’Oublier», paru chez Contrastes/Editions. L’auteure est bien connue du public tunisien pour ses émissions radiophoniques sur Rtci et ses articles de presse dans les colonnes de notre journal, après avoir collaboré à Tunis-Hebdo et à Dialogue. Entre-temps, elle a eu des expériences théâtrales avec Taoufik Jebali dans «Klem Ellil» et «Présent Par Procuration». Depuis les années 2000, Mona entre dans le monde de la gravure et sculpture sur bois sans jamais quitter l’écriture. On la retrouve aujourd’hui pour parler de son livre qu’elle a adapté elle-même pour le théâtre.


Vous venez de publier «Nkhaf La Nensa», un livre écrit en tunisien. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?


On ne choisit pas d’écrire, on écrit, voilà tout. Pour moi, c’est une longue habitude, une manière de faire le point, de fixer une idée, une rencontre, un événement particulier. Pendant longtemps, c’est en français que je jetais ces notes. L’origine de mon écriture en tunisien, c’est ma participation à un atelier organisé à El Teatro par Zeyneb Farhat. Je me suis aperçue que je pouvais transmettre des émotions et qu’elles étaient reçues. À partir de ce moment, encouragée par Zeyneb, je me suis mise à écrire, comme si les mots tout d’un coup s’étaient illuminés. Ils disaient d’autres choses, ouvraient des voies d’introspection, installaient des échos, levaient en moi des réminiscences, dévoilaient des scènes du passé jusque-là oubliées. Et puis il y a eu la «révolution». J’ai participé à la manifestation du théâtre court où plusieurs artistes étaient invités par Zeyneb Farhat à occuper la scène pendant une dizaine de minutes. C’est là que j’ai dit mon texte sur les blessés et martyrs de la révolution.


Qu’avez-vous peur d’oublier ?


Nous avons tous vécu des moments troubles où des voix se sont élevées pour rejeter toute forme d’art et imposer une vision nouvelle allant jusqu’à mettre en doute l’identité tunisienne, en proposant leur propre lecture de notre histoire. Cette menace sur notre identité m’a placée dans une sorte d’urgence qui m’a poussée à fixer par l’écriture une mémoire qui se dressait devant moi pour exiger son dû. À travers ces souvenirs personnels, je voulais réveiller la mémoire collective en évoquant des personnages pris dans leur quotidien, loin de toute considération politique ou historique avec un grand «H».

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Pourquoi le choix de la langue tunisienne ?


Pour moi, c’était évident. Je ne m’adresse qu’aux Tunisiens. Sciemment je n’ai pas utilisé le langage de tous les jours. Car j’ai voulu rendre hommage à tous ces mots qui portent notre histoire et dont certains trouvent racine dans un passé millénaire. Je dois ajouter que, tout au long de la rédaction de ce texte, je suis tombée sous le charme : chacun de nos mots était à lui seul d’une grande poésie. Nos expressions nous racontent. Elles sont la preuve de notre particularité. Ce sont elles qui m’ont dicté la forme poétique du récit. Notre langue est aussi notre identité. Elle évolue, épouse le présent et, dynamique, elle va vers l’avenir.


Est-ce que vous évoquez une expérience personnelle ?


On part toujours de soi, mais on ne se raconte pas forcément. Il s’agit d’un récit poétique. La narratrice qui vit les événements que traverse son pays a été atteinte par la remise en question de l’identité prônée violemment par certains. Cela l’a fragilisée au point de tomber dans une sorte de délire, qui lui a fait croire que le passé, en effet, pouvait être effacé. Une nuit, elle a vu en songe une grand-mère venue d’un passé lointain qui s’est dressée devant elle, le regard lourd de reproches. Pour la narratrice c’était comme un signal qui lui donnait mauvaise conscience : cette sévérité d’Ommi Nana lui intimait l’ordre de ne pas oublier. C’est alors que des personnages sont venus répondre à sa quête. À travers eux, différents lieux et différentes époques étaient revisités. Ainsi, l’écriture lui permettait de voyager dans le temps et de faire revivre des ambiances et des destins. Reprenant ses esprits, elle sait désormais qu’elle a accédé à l’impossible oubli. L’amour de son pays l’habite depuis toujours et ne saurait mourir en elle… Pour ma part, je précise que tous les visages évoqués ont réellement existé. Ils ne font pas partie de la grande Histoire et sont donc en principe voués à l’oubli. En accédant au statut de personnages ils entrent dans l’immortalité. C’est ma façon de conjurer l’oubli. Je crois en la force de la littérature.


Pourquoi cette nécessité d’en faire une création théâtrale, alors ?


J’ai eu le plaisir et la chance de connaître des expériences théâtrales à El Teatro avec Taoufik Jebali. J’avais aimé le souffle du public. C’est pourquoi a germé dans mon esprit l’idée de faire une adaptation de mon texte. Sur scène, j’ai présenté le monodrame du même titre : «J’ai Peur D’Oublier». J’avais envie de faire entendre les mots et les musiques qui accompagnent les personnages. Et de les faire vivre sous les yeux des spectateurs.

Rencontre avec Mona Belhaj, auteure : "Ecrire contre l’oubli"
 Jamil Najjar, réalisateur : «Les films humoristiques et les sitcoms en Tunisie passent par une crise»
ENTRETIENS1 / 2 / 2023

Jamil Najjar, réalisateur : «Les films humoristiques et les sitcoms en Tunisie passent par une crise»

«Rehla», signé Jamil Najjar, réunit une panoplie d’acteurs. Haut en couleurs et à l’humour décalé, ce court-métrage a interpellé l’attention d’un important public durant les JCC de 2022. Ces mêmes spectateurs sont sans cesse à l’affût d’un nouvel humour. Dans la lignée de «Ghasra» et de «Linge sale», ses précédentes réalisations, le réalisateur continue d’user de la comédie intelligente afin d’interroger un vécu, et bousculer. Rencontre au sommet !


«Rehla», votre dernier court métrage, a, à son tour, été vécu comme un voyage. Parlons-en !


Comme je suis de La Goulette, j’ai longtemps été marqué par ces véhicules qui passaient avec toutes sortes d’engins, d’accessoires, qu’on voyait en dessus : pneus, tuyaux, papiers… et différentes choses étranges. Le film tire son origine de ces scènes de la vie qui m’étaient restées en tête. Critiquer à travers l’humour m’a toujours attiré : un humour qu’on peut appeler comédie noire, burlesque, qui pousse à réfléchir… Le film est coloré, à l’image d’un pays beau, le nôtre. «Rehla» était, initialement, un long métrage que je n’ai pas fait, au final. Je n’étais pas prêt. Ce n’est pas aussi facile encore pour moi de retenir l’attention du spectateur pendant 1h30. Je l’ai fait donc en 26 min. Je l’ai remis prémonté pour les JCC de 2022, et il a été heureusement retenu. «Ghasra», mon précédent court, a raflé une quinzaine de prix à travers le monde, sans être retenu aux Journées cinématographiques de Carthage. Ce film se fraye différemment un chemin, et j’ai dû l’achever à distance, en post-production. L’avant-première m’a été proposée au « Red Sea Festival » mais j’ai préféré qu’il passe en Tunisie.

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Vous vous êtes toujours distingué dans l’assistanat, et avez réalisé trois courts métrages et une sitcom télé. A quand le long métrage ?


C’est la prochaine étape. Etape par étape. C’est une question de moyens et créer un long métrage en Tunisie nécessite beaucoup de moyens et d’efforts. Je privilégie une bonne écriture et un bon casting. L’écriture, c’est la base pour aboutir à un film de qualité.


L’humour a toujours été votre dada. Pousser à la réflexion, à l’autocritique compte pour vous. Envisagez-vous de changer de registre prochainement ?


J’ai déjà travaillé sur des thrillers, des drames à l’étranger. Les films humoristiques et les sitcoms en Tunisie passent par une crise. Le cinéma pour moi est engagé : nous devons véhiculer des messages à travers le cinéma de l’humour. Le Tunisien suffoque, il veut se divertir. Je tiens à ce qu’il rie, et donc autant rire intelligemment. Le public de «Rehla» récemment a beaucoup ri. Quand ils ont terminé la projection, les spectateurs se sont rétractés, à nouveau. Ils ont ri jaune. La comédie est importante. J’adhère à un humour direct. Le film est retenu pour le Festival de Luxor en compétition officielle. Je croise les doigts pour un prix. Deux projections sont déjà programmées à Paris et à Marseille. Cet humour plaira aux Français et aux Tunisiens, résidant là-bas.


Vous avez campé des rôles par moment comme dans la série humoristique policière de Majdi Smiri «Bouliss». Préférez-vous être devant ou derrière la caméra ?


Après trois ans dans «Bouliss», pour moi, ce n’est pas rien. Je n’ai jamais pensé être acteur, malgré mes cinq ans à faire du théâtre au lycée avec Lassâad ben Abdallah. Je n’ai jamais voulu être devant la caméra. Le contexte, autrefois, m’a poussé à me lancer dans l’acting. On m’a demandé, à la dernière minute, d’incarner le rôle de «Mignon» dans «Bouliss». J’ai beaucoup hésité, je m’étais lancé et c’est sans regret. J’ai beaucoup travaillé le rôle, et la composition du rôle. La preuve, ça a duré trois ans. Etre acteur, je me vois le faire avec et pour des amis, mais ce n’est pas mon métier. J’ai joué le rôle d’un flic dans «A peine j’ouvre les yeux» de Layla Bouzid. Une expérience mémorable.


Jamil Najjar et la télé : vous avez à votre actif la sitcom «Le président», datant d’il y a 6 ans. Que gardez-vous de cette expérience?


La sitcom n’a pas reçu le succès escompté. A l’époque, elle a été même ignorée par les journalistes et les médias. C’était dur ! Je faisais le montage au fur à mesure et j’avais l’impression que ce travail passait inaperçu. Je l’ai pourtant bien écrit. J’ai bien fignolé le montage, le casting, l’écriture. Lors de sa diffusion, c’est comme s’il n’existait pas. Il n’y avait même pas eu de mauvaises critiques. Même les acteurs ont douté du projet. L’audience était plate. Même en ligne, des réactions émanaient de profils douteux, «Fake», et répétaient machinalement des commentaires. De nos jours, on ne parle plus d’un travail de qualité, ce sont les chiffres, les vues et l’audience qui priment. La diffusion ramadanesque est une erreur en soi : «Le président» nécessitait une plus grande concentration. Le public, pendant le mois saint, n’était pas apte à recevoir ce genre d’humour. Les téléspectateurs ne pouvaient pas être assez concentrés. Cet humour est en plus interrompu par la pub. Avec du recul, je dirais que mon traitement était peut-être un peu dur, moins accessible. «Le président» a été revu pendant le confinement, et il a fait écho, bien après sa première diffusion. «Attessia» l’a rediffusé récemment.


Quelle vision portez-vous sur le cinéma tunisien de ces 10 dernières années ?


J’apprécie beaucoup ce que la nouvelle vague fait. Au-delà de la subvention, il faut continuer à réaliser des films, même à petit budget. On a un gros problème de distribution. On est en manque profond de salles de cinéma. Les scénarios, les techniciens et les acteurs tunisiens sont les meilleurs dans le monde arabe. On a du succès dans tous les pays arabes, et partout où on passe. Même en Egypte, pays réputé pour son cinéma, on excelle. Pourquoi ne pas faire du cinéma commercial ? Le cinéma tunisien manque de comédies. Mais ce qui est préoccupant, surtout, c’est le manque de salles. Il faut en ouvrir davantage. Nous manquons de volonté pour ouvrir des salles de cinéma, qui sont actuellement concentrées à Tunis ou dans sa banlieue. C’est insuffisant. Il faut partir dans les régions et travailler sur un modèle économique fiable pour assurer la pérennité d’une salle de cinéma. Tant qu’on a des jeunes tunisiens qui montent, qui créent, qui sillonnent le monde et qui résistent, je reste confiant.


Quels sont vos prochains projets ?


Je ferai tourner «Rehla» dans des festivals à travers le monde. Je le donnerai à des associations, gratuitement, pour le projeter. Je viens de terminer le tournage du prochain film saoudien de Dhafer Al Abidine en Arabie Saoudite. J’ai réalisé un documentaire que je vais sortir prochainement «L’Armée blanche tunisienne», hommage au travail acharné des médecins effectué pendant la pandémie. Il a été tourné pendant le confinement général. Ce film est contre l’oubli. Il rappellera une période dure. Je n’ai fait qu’une seule projection pour les médecins à l’IFT. Il a été très bien reçu. La sortie est pour bientôt. J’ai écrit une sitcom «3 Cats», mais pas pour la télé.

Jamil Najjar, réalisateur : «Les films humoristiques et les sitcoms en Tunisie passent par une crise»
Livre Plus à Hammamet : L’adresse studieuse
REPORTAGES12 / 30 / 2022

Livre Plus à Hammamet : L’adresse studieuse

Du matin jusqu’au soir, 7/7, «Livre Plus» accueille adolescents, collégiens, lycéens, mais aussi adultes, depuis son ouverture. Se retrouver au milieu des livres pour réviser ou lire, dans un cadre aussi convivial, n’est pas courant dans cette zone touristique.


Situé en plein centre-ville, dans l’ancien centre commercial de Hammamet (autrefois très prisé), un ancien artisanat est désormais converti en adresse dédiée aux bouquins nouveaux… à acheter, mais également à consulter sur place. Fort attractif par sa calligraphie, faite tout en couleurs sur sa façade, et sa signalétique, en vert, posée au bon endroit, «Livre Plus» draine une clientèle, majoritairement jeune à l’affût du moindre endroit où se poser pour étudier ou réviser… Loin des cafés enfumés, ou de la bibliothèque «vieillot» de la ville.


Erige H., 19 ans, tient à y être presque tous les jours, surtout en pleine période des vacances/révisions du mois de décembre. «On travaille mieux ici, plus qu’ailleurs. Le cadre est convivial, motivant, c’est sans fumeurs, la musique berce en douce, les livres renforcent cette ambiance studieuse, et les cafés, jus et autres sucreries ne sont pas chers. L’Internet marche bien». Déclare l’étudiante en première année, dont l’opinion fait écho à de nombreux autres adhérents. Ce café littéraire et culturel se compose d’un espace d’accueil principal, avec livres et petits tableaux, et couleurs qui occupent et donnent vie aux murs. Un accès par des escaliers, à un étage au sous-sol, est bien plus calme, loin du brouhaha. Il ressemble davantage à une bibliothèque classique, et où c’est plus plaisant d’y être… mais en silence.


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Les livres disponibles sont nouveaux : classiques, sorties nouvelles, fantaisie, best-sellers sont à se procurer ou à lire sur place. L’espace permet à sa clientèle de consommer et d’y être, normalement, au quotidien. Des abonnements peuvent aussi se faire à 40 dt le mois, avec 10% sur la consommation et l’achat des livres (une formule plus économique).


Le lieu a accueilli un café littéraire autour de la migration clandestine, organisé par l’association JAT Hammamet, animé par la journaliste Zeyneb Gueddiche et en présence de l’acteur Mhadheb Rmili. Ce dernier, étant l’un des acteurs principaux de la série tunisienne «Harga» dans ses deux saisons, et qui a traité de cette thématique épineuse et plus que jamais d’actualité. Un débat s’est déroulé avec les jeunes présents, et d’autres évènements de cette envergure auront lieu pendant l’année 2023. «Livre Plus» est visible sur les réseaux sociaux et est une richesse dans une cité où la vie culturelle manque de dynamisme. Il peut accueillir étudiants, adultes de passages, employés, ou adeptes du télétravail.

Livre Plus à Hammamet : L’adresse studieuse
«Mon Identité» à l’ASM de Hammamet : Créativité naissante
REPORTAGES12 / 29 / 2022

«Mon Identité» à l’ASM de Hammamet : Créativité naissante

Sur une dizaine de jours, visiteurs de passage et citoyens hammamétois ont pu découvrir les tableaux d’un groupe de 6 artistes méconnus, mais désormais émergents. Ils ont la vingtaine, sont étudiants, issus des beaux–arts, et ensemble, ils ont fait de leur passion pour la peinture et de leur savoir artistique une exposition collective titrée « Mon identité ».


C’est sous la houlette de « l’Association Amis Dar Sebastian » que les artistes exposants Aymen Nbili, Nihel Sayenni, Zino Maayoufi, Anas Fajraoui, Amessi Ferchichi et Belhassen Oueslati ont pu présenter leur travail en accès libre à leur entourage, y compris académique, mais aussi à un public plus large et à des citoyens de Hammamet. « Mon identité » s’est tenue à l’ASM (Association de la sauvegarde la Médina) de Hammamet. Son emplacement stratégique en plein centre a drainé du monde. L’association organisatrice « L’association Amis Dar Sebastian », n’ayant pas pu s’organiser à « Dar Sebastian » même, a dû opter pour un autre endroit, qui épouse tout autant la thématique de l’exposition.


L’événement s’est lancé en présence d’un musicien violoniste et d’une ribambelle d’invités. A travers une mini-déambulation dans l’enceinte de l’ASM, le visiteur parvient à cerner rapidement le thème récurrent au fil de quelques tableaux. Il s’agit d’un hommage à la ville, à travers une réesquisse de ses paysages les plus emblématiques, de sa médina arabe, de ses ruelles. Nous rencontrons quelques silhouettes qui nous sont familières, ou qui rappellent d’autres profils qu’on a pu connaître en vrai ou dans d’autres œuvres. «Mon Identité » laisse libre cours aux inspirations.


A travers le graphisme, la peinture et le design, les 6 artistes ont redoublé d’effort afin de pouvoir exposer ce qu’ils tenaient à montrer à temps. Pour bien clôturer l’expo, un atelier d’initiation pour les enfants et pour les jeunes à la pratique des arts s’est déroulé dans l’enceinte de l’endroit, chapeauté par Nihel Sayenni, une des participantes.


Les 6 artistes participants préparent en ce moment même masters et doctorats. C’est dans le cadre d’une activité de « l’Association Amis Dar Sebastian » qui œuvre pour l’organisation d’activités culturelles et artistiques au sein des établissements scolaires dans la région, qu’ils ont été repérés et rassemblés autour de « Mon Identité ». Les artistes ont déjà participé à des expositions et événements divers. Ensemble, ils ont conçu l’affiche, la thématique et l’atelier qui a suivi.

«Mon Identité» à l’ASM de Hammamet : Créativité naissante
« RAW » de Hassene Jeljeli : Une esthétique structuraliste
REVIEWS & CRITIQUES12 / 28 / 2022

« RAW » de Hassene Jeljeli : Une esthétique structuraliste

Une lumière sublime les créations de Hassene Jeljeli depuis le 9 décembre à la galerie « Musk and Amber ». « RAW», son exposition solo, est accessible encore au public jusqu’au 31 décembre 2022, désireux de découvrir les créations du jeune designer, architecte et entrepreneur.


Dans « RAW », qui signifie littéralement « Cru » en français, les créations de l’artiste épousent parfaitement les coins, recoins et murs de la galerie « Musk & Amber ». Le titre fait référence à la matière, déformée, transformée de Hassene Jeljeli, et qui donne lieu à des pièces uniques. L’acier se mélange au marbre, au bois, au fer, aux verres et donne vie à des meubles, tables, chaises, luminaires et autres créations attractives, certaines plus que d’autres.

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D’un coin à un autre, dans l’enceinte même de la galerie, les pièces sont exposées, présentées séparément, mais en harmonie : une rudesse se sent au fil de son œuvre complète, forte de sa finition. L’artiste n’a pas hésité à concevoir des objets hybrides, en mélangeant bois, marbre, acier perforé. Le tout, exposé en brillance. « RAW » puise sa force des matériaux cités et qui existent en quantité en Tunisie. Via une approche structuraliste, Hassene donne vie à des meubles et luminaires, fort attractifs.


«Depuis 2016, je travaille sur le design d’où ma marque ’’JK Lighting‘‘. ’’RAW‘‘ est une occasion de présenter mes créations au grand public dans le cadre d’une exposition solo », déclare Hassene Jeljeli. L’exposition est une rétrospective de son travail effectué depuis 6 ans et est un clin d’œil à l’architecture d’intérieur du Show-Room d’Anissa Aida, styliste-modéliste et également son épouse. « Comme je lui ai créé tout l’immobilier en bois, je me suis dit pourquoi ne pas intégrer le nom d’Anissa Aida dans l’expo, par l’immobilier », précise Hassene Jeljeli.

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«Raw» ou « Cru » se réfère à une approche propre à l’artiste, brutaliste. A la vue des objets et des collections, on saisit son processus de création, sa genèse au fil des collections présentées, citons, à titre d’exemple, la collection X², faite avec 3 lampes différentes en 3 formes, avec trois matériaux distincts, tel un trio fait en toile perforée, marbre ou en bois. Une autre collection s’appelle « Iron Lamps » : il s’agit de la réinterprétation d’un lampadaire « chinois », revisité avec la même technique de la toile perforée. Une 3e, s’intitule « Four By Four ». Sans oublier, la touche «Noël », d’où l’installation d’un sapin, grandeur nature.

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Hassene remporte le prix du talent émergent de la « Tunisia Design Week », 3 fois, successivement en 2019, 2020 et 2022, et s’est fortement distingué dans l’édition la plus récente de la compétition internationale « Lighting Design, Lamp 2022 ».

« RAW » de Hassene Jeljeli : Une esthétique structuraliste
Omar El Ouaer, pianiste jazz et compositeur : «Beaucoup de facteurs sont annonciateurs d’une crise de la scène jazz en Tunisie»
ENTRETIENS12 / 27 / 2022

Omar El Ouaer, pianiste jazz et compositeur : «Beaucoup de facteurs sont annonciateurs d’une crise de la scène jazz en Tunisie»

Omar el Ouaer est pianiste jazz et compositeur. Il participe à une tournée musicale unique dans son genre aux USA, depuis octobre 2022, et s’apprête à concrétiser de nouveaux projets. Dans cet entretien, il nous parle de son actualité et lève le voile sur une scène jazz tunisienne en agonie.


Crédit photo : Mehdi Hassine


Vous avez entamé une tournée musicale aux USA et qui se poursuit prochainement. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Le leader du projet est bien Yacine Boularès. Il a eu l’idée en 2021, en plein Covid, de créer un groupe de jazz tunisien, qui ne fait pas vraiment du jazz, mais il le mixe à des sonorités tunisiennes. Il y a eu du rap en arabe littéraire, des chansons écrites par Nesrine Jabeur et la musique composée par Yacine. Yacine est saxophoniste, basé à New York. Il tenait à mettre en lumière cette génération de musiciens tunisiens qui a émergé, et pour lui, c’était une manière de montrer que cette musique s’exporte très bien à l’étranger aussi bien aux USA qu’en Europe. On a passé une année à travailler. On a tenu bon, malgré la pandémie… Yacine nous a décroché une petite tournée en octobre 2022 : on a participé à un festival en Côte d’Ivoire et enchaîné avec une première partie aux USA en octobre 2022 : on a fait New York, Duke University, New Jersey. C’était une mini-tournée de 4 dates qui s’est bien déroulée avec une résidence artistique. La 2e partie se fera en janvier 2023. On est 7 musiciens : moi-même au piano et au Keyboard, Jihed Bedoui à la basse, Youssef Soltana à la batterie, Hedi Fahem à la guitare et au Ouatar (instrument tunisien traditionnel), Nesreddine Chebli à la percussion, le rappeur Mehdi WMD, Nesrine Jabeur au chant et, bien sûr, Yacine Boularès qui chapeaute.


Comment percevez-vous la scène Jazz actuelle en Tunisie ?


D’habitude, je suis très optimiste. Ces derniers temps, il y a un effet étrange qui persiste… Post-Covid, peut-être ? On constate qu’il n’y a presque plus d’endroits où jouer de la musique live. Il y en avait beaucoup avant, mais plus maintenant. Les musiciens passent par une phase critique, faute d’endroits où jouer. Financièrement, c’est aussi la chute libre. Ce qu’on vit en ce moment est dérangeant, pénible, dur. Ce n’est pas les lieux qui manquent pourtant, mais presque aucun ne veut ouvrir ses portes à la musique Live. Cette baisse drastique de lieux où se produire est inquiétante. Notre communauté n’est pas unie : elle s’agrandit pourtant, mais elle est divisée. Le jazz club de Tunis nous réunissait avant… ça donnait de l’impact. Cela nous a donné plus de visibilité. Mais on n’a pas su créer une plateforme qui nous rassemble. La génération actuelle n’a pas où se produire, où apprendre. Il y a beaucoup de facteurs annonciateurs d’une crise de la scène jazz. Il faut s’interroger encore sur ce qui cloche. Les médias devraient encore plus nous soutenir. C’est aussi de notre faute : on ne fait pas assez d’efforts. Je vais lancer un appel aux musiciens prochainement pour essayer d’y remédier. Notre but suprême reste de soutenir la scène locale qui, actuellement, agonise. Il faut trouver une solution tous ensemble en impliquant les propriétaires des clubs, médias, public, musiciens. Il y a un gros malaise : en tant que tunisiens, on a besoin de cette scène. On est oublié par l’Etat et la Cité de la culture. On existe pourtant ! La Tunisie a toujours été une terre de jazz : le festival de Tabarka l’atteste. Le festival de Carthage, dans sa première édition, était jazz. (Très peu de gens le savent). Toutes les icônes du jazz mondiales sont passées par la Tunisie… Aux USA, récemment, les Américains étaient surpris de découvrir notre musique et notre patrimoine. Il y a un potentiel énorme, mais l’Etat ne veut rien voir. La transmission doit se faire de génération de musiciens à une autre. Il faut être rassembleur, fédérer et s’accrocher encore de nos jours.


Avez-vous des projets à venir ?


Je travaillerai en trio pour mon prochain disque. Le 3e. Les deux autres sont sortis en 2014 et 2019. Deux musiciens sont venus en Tunisie pour une résidence : Guilhem Flouzat et Clément Daldosso. Ce projet musical qui verra le jour bientôt est soutenu par l’Agora et l’Institut français de Tunisie. Actuellement, je cherche à l’enregistrer à Paris en 2023. Je fais partie aussi d’un Quartet en Tunisie. Tous les quatre, on a joué dans le cadre du 18e Sommet de la francophonie à Djerba. C’était dans un musée traditionnel : c’est l’Agence du Patrimoine qui nous a contactés. Je prépare, depuis, un projet avec cette même agence qui vise à promouvoir les musées de Tunisie à travers la musique, comme une tournée afin de les faire connaître. Je suis à la recherche de soutien financier. L’idée, c’est de faire tourner un projet musical dans les musées et les sites archéologiques tunisiens. J’essaie aussi de monter un projet de workshops de jazz qui viserait à créer une rencontre entre des musiciens américains professionnels et des musiciens tunisiens. Je cherche des fonds pour cela. En tant que musiciens, on a appris dans des stages auparavant : l’idée est de continuer à initier la nouvelle communauté à la musique jazz. C’est utile pour les jeunes artistes montants qui n’ont aucun environnement où apprendre, qui ne savent pas où se produire, où pratiquer. Le fait de monter un projet actuellement en Tunisie est difficile, et travailler avec l’étranger revient aussi cher, mais nous le ferons.

Omar El Ouaer, pianiste jazz et compositeur : «Beaucoup de facteurs sont annonciateurs d’une crise de la scène jazz en Tunisie»
«Autoportrait», exposition de Mabrouk Elkamel (Bzaow) : Œuvre fragmentaire
REVIEWS & CRITIQUES12 / 27 / 2022

«Autoportrait», exposition de Mabrouk Elkamel (Bzaow) : Œuvre fragmentaire

Mabrouk Elkamel, alias « Bzaow », offre une déflagration de formes et d’organes à travers ses œuvres exposées dans « Autoportrait », titre de son exposition personnelle, maintenue à la galerie Alexandre Roubtzoff-La Marsa jusqu’au 3 décembre 2022. La galerie-espace d’enchères fête, cette année, son 8e anniversaire.


On est comme happé dans un ramassis de détails, rocheux, colorés ou organiques. Des objets ? Des formes éclatées ? Des corps humains dépecés ? Des figures animalières ? Autant de composantes identifiables ou presque font les tableaux de « Bzaow », qui se laissent lire, ou interprétées différemment. « Autoportrait » est une succession de tableaux inédits émanant d’un inconscient personnel, mais qui raconte le collectif. L’artiste fusionne plusieurs fragments, dans un seul cadre, en usant de plusieurs techniques : encres sur toile, à l’origine des taches et des mouvements perçus. De l’eau, des minéraux, et des cristaux salins sont perçus.

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Ses toiles racontent son imaginaire, des parcelles d’histoires personnelles, des scènes de vie ou des souvenirs fragmentés, déformés, reflétés dans une narration picturale propre à « Bzaow », parfois saisissable ou pas. En effet, quelques œuvres prennent sens, d’autres sont éclatées. À première vue, son travail paraît chargé : il interpelle, attire souvent, et parfois repousse, mais, à y voir de plus près, il se laisse lire, et aspire le récepteur dans les confins d’un vaste subconscient.



L’univers « Bzaow » se traduit via son acte de création distingué, qui donne lieu à des formes souvent organiques, parfois géométriques, primitives. Son œuvre est truffée de symbolisme et relate des comportements humains ou bestiaux, un vécu collectif, une expérience sociétale, un imaginaire social. Toutes ces parcelles forment des tableaux porteurs d’histoires inachevées, suspendues dans le temps, en perpétuel devenir. Des attributs féminins, masculins, ou hybrides prennent forme, vivent même dans un cadre, disparaissent, et reprennent forme différemment dans un autre. « Autoportrait », cette expo personnelle, est atemporelle : elle oscille entre « rationnel » et « abstrait », « Dynamisme » et « statisme ». L’artiste raconte autrement et à sa manière le « cycle de la vie humaine ».


Mabrouk El Kamel est né à Sidi Bouzid en 1980. Après une maîtrise en beaux-arts (spécialité sculpture) obtenue à l’École des Beaux-Arts de Tunis, il participe à plusieurs expositions collectives en Tunisie et à l’étranger. En 2019, il effectue une exposition personnelle de son travail à Strasbourg. En 2020, il est choisi parmi les 18 finalistes du « Yicca Art Prize ». Connu aussi sous le pseudonyme « Bzaow », il travaille en parallèle au « Centre international d’études, de recherches, de documentation et de formation sur le handicap».

«Autoportrait», exposition de Mabrouk Elkamel (Bzaow) : Œuvre fragmentaire
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