Unique participation marocaine à la 47e édition du festival international de Clermont-Ferrand, dédié aux courts métrages, le film Chikha saisit par sa portée engagée. Véritable immersion dans un univers musical, festif, dansant typique et 100% féminin qu’est le «Aïta», l’histoire nous fait pénétrer dans le quotidien des «chikhat», véritables gardiennes d’un art ancestral. Leur chant est aux prises avec les difficultés de l’époque mais perdure toujours, grâce à la sauvegarde de cette pratique musicale, de nos jours revisitée, fusionnée avec d’autres sonorités modernes, mais toujours valorisée.
Par notre envoyé spécial à Clermont-Ferrand Haithem HAOUEL
"Chikha", le film nous transporte en 1994 et nous présente Fatine, jeune fille de dix-sept ans, qui vit avec sa mère Nadia, chikha de profession, et son grand-père Hamid, à Azemmour, dans le sud-ouest du Maroc. Bac en poche, Fatine est tiraillée entre deux voies opposées: soit perpétuer la tradition artistique familiale, soit mener une vie plus rangée avec son amoureux Youssef, qui dénigre son héritage artistique sulfureux. Un ultimatum imprévu l’oblige à prendre une décision radicale. Le synopsis en dit long sur la pertinence de l’histoire. C’est le récit d’un affranchissement, d’une émancipation féminine et un hymne à la liberté des « Chikhat », qui ont joué un rôle important dans l’histoire du pays.
Retenu en compétition internationale des courts métrages à Clermont-Ferrand, le film a été présenté aux JCC 2024 et au Red Sea. Réalisé par Zahoua Raji et Ayoub Layoussifi, il poursuit actuellement son bout de chemin. Prochainement, il est attendu au Malmö arab film festival en Suède, dans un festival panafricain organisé à L.A, nominé dans «le best Short Narrative», à Aspen, en Grèce et au Canada. L’interprétation des acteurs Sanaa Gueddar, Rita Kribi et Oussama Fal ne nous laisse pas indifférents et l’accueil du public a été unanimement positif en France. Entretien avec un duo qui se fraye un parcours distingué.
Tout un art est dévoilé au goût du jour à travers votre film « Chikha ». Véritable plongée dans les us et coutumes festifs et traditionnels du Maroc, votre court métrage est tissé autour d’une condition féminine fascinante et résistante. Tout un processus de recherche a été effectué autour de cette pratique d’el « Aïta ». Parlons–en.
Ayoub Layoussifi : Pour cette condition et au fur et à mesure de nos recherches, tout s’est confirmé pour nous : l’« Aïta » est un véritable art à part entière. C’est un art musical, avec des textes poétiques ancestraux. Les textes se transmettent comme des poèmes, d’une mère à sa fille, ou d’une façon intergénérationnelle. Les femmes qui pratiquent cet art s’appellent couramment les « Chikhat » et c’est un univers musical essentiellement féminin. Elles chantent et dansent, dans des ambiances masculines, le soir, entourées de musiciens hommes, à l’époque de la colonisation, et ce, jusqu’à l’époque moderne. Il y en avait parmi elles, qui étaient résistantes, dans leur manière, leur façon de pratiquer «l’Aïta». Par exemple, elles assuraient leurs spectacles courageusement dans des soirées de colons. Pour exprimer leur mécontentement et leur résistance, elles disaient des textes formulés par elles, tels des messages codés et ce, pour envoyer des messages d’une tribu à une autre, dénoncer des collaborateurs ou des taupes, insulter les colons, dire où les armes sont cachées… les «Chikhat» le faisaient aisément. Au fil du temps, sept genres de «Aïta» ont vu le jour dans plusieurs régions du Maroc. Les textes sont mélancoliques, chantent l’amour, la sensualité, ce sentiment du déracinement d’un pays ou d’une région qu’on a quittés. Dans les années 90, il y a eu une régression de cet art, avec l’arrivée de la modernité musicale venue d’Egypte ou d’Orient.
Zahoua Raji : Avant, les mariages duraient sept jours. Maintenant, c’est 2 ou 3 jours, pour la plupart. Les familles préfèrent rebudgétiser. Ceux qui ont les moyens reviennent à l’art «Aïta». Récemment, de nombreuses familles renouent avec le patrimoine musical et les spectacles des «Chikhat». Cette envie commune de conserver une tradition ou une partie de notre patrimoine musical marocain s’est imposée. Et c’est tant mieux. L’art d’El «Aïta» et les «Chikhat» ont toujours été évoqués dans de nombreux documentaires, comme pour conserver les dernières bribes autour de ce savoir ancestral. Il y a des historiens qui travaillent dessus, des livres parus et autres réalisations… et des genres d’« Aïta », revisités et modernisés. La jeune génération puise dans son patrimoine ancien et le modernise comme par exemple Widad Mjama, rappeuse marocaine et son travail musical élaboré avec EPI, musicien tunisien. Ils ont réalisé un mélange d’« Aïta » et de rock électro.
A.L. : Dans des concerts ou des cérémonies très officielles, cette musique résonne toujours autant. Les « Chikhat » chantent « Al Aïta », et les chants populaires. Ce sont des ambiances propres à elles, et les gens réclament des registres et de nombreuses chansons.
Ce film est coréalisé par vous deux. Comment cet intérêt a vu le jour ?
A.L. : L’idée originale, c’est celle de Zahoua. Quand elle m’en a parlé, après quelques recherches et des prises de contact avec des « Chikhat », ça tombait bien pour moi, parce que le sujet m’intéressait beaucoup.
Z.R. : Je voulais faire un film sur les «Chikhat», mais je n’avais pas un background cinéma. Je suis photographe initialement. Je n’étais pas sûre de pouvoir le faire. J’écrivais, j’arrêtais, j’interrompais, et je m’en remettais, et puis il y a eu la maternité, et les tournants de la vie… Et puis, à un certain moment, on a commencé à écrire ensemble, mais ce n’était pas facile au quotidien. On a donc fait appel à Yamina Zarou, notre coscénariste, et Ayoub a scénarisé le film en mettant mes idées sur papier. Tout un scénario a été écrit autour de ce couple de jeunes Marocains qu’on voit dans le film. Le scénario est co-écrit par Yamina et Ayoub. La post-prod s’est enchaînée. L’écriture a pris beaucoup de temps à cause des financements et de la levée des fonds. Les scènes visuelles pour moi, on les voyait, et elles étaient faciles à réaliser. Il fallait leur donner vie.
Pourquoi ne pas avoir traité de ce sujet dans un documentaire ?
Z.R. : J’avais tellement d’images dans ma tête que ça ne fonctionnait pas avec le documentaire. La scène finale est une scène forte, intense. Sur le documentaire, il fallait tricher. Si j’avais fait un doc, il aurait été «Freestyle». Quand on dirige les comédiens et quand on écrit, c’est davantage cadré, maîtrisé. C’est donner vie à un spectacle. J’espère que cet art sera traité aussi souvent dans d’autres films.
A.L. : On a voulu pour notre mise en scène qu’elle soit brute et sans artifices. La caméra bouge, elle participe. Les scènes de danse, d’ouverture, de clôture du spectacle… Nous les avons filmés sur le tas, ou en studio, et cela nous a permis de faire plein de trouvailles, de captations live… Il y a du vrai, du réel et notre style de mise en scène est imprégné par le documentaire qu’on aime beaucoup et qui n’est pas loin.
Les événements du film se passent en 1994. Pourquoi cette année précisément ?
Z.R. : Personnellement, je trouve que la période florissante de cet art, c’était pendant les années 90. Les «Chikhat» étaient très présentes dans les mariages durant cette décennie-là. C’était comme si je leur donnais rendez-vous en pleine saison des mariages. Ce sont des atmosphères qui ont imprégné mon enfance. C’était aussi une époque qui a vu naître la télé, les cassettes VHS, et cet art commençait à décliner et à devenir vieux, au fil des ans.
A.L. : On a trouvé intéressant d’écrire l’histoire avec une jeune fille de 17 ou 18 ans, d’une famille de troubadours. Une jeune fille qui voudrait reprendre le flambeau des « Chikhat », l’entretenir, et le mettre au goût du jour. Chikha est une histoire d’héritage à conserver. La jeune fille est révolutionnaire, rebelle ayant une certaine fierté qu’elle exprime et met en lumière l’héritage de sa mère et de son milieu.
La musique de votre film se distingue. Quel travail a été fait autour du son et du Sound Track ?
A.L. : Au fur et à mesure de l’écriture, nous avons retenu des morceaux, extraits du patrimoine « Aïta ». On en a choisi 4, interprétés et réinterprétés et par les personnages féminins, et enregistrés en studio et en live. Dans le mixage son, il y a eu les prises live, l’ambiance du public. Un grand travail s’est fait autour du montage son. Ça nous a pris beaucoup de temps, bien plus que le montage images.
L’actrice Mariem Sayeh porte sur grand écran le court métrage « Bord à bord » de Sahar El Echi, qui fait son chemin, depuis sa première au Red Sea Festival en 2024, son Tanit de bronze raflé en compétition officielle et sa projection spéciale à la 47e édition du festival international des courts métrages de «Clermont-Ferrand » dans la section « Regards d’Afrique ». Prochain arrêt le Fespaco. Dans le cadre du plus grand festival de courts métrages au monde, entre réactions des spectateurs et brouhaha festif, la rencontre s’est créée.
Par notre envoyé spécial à Clermont-Ferrand Haithem HAOUEL
Depuis de nombreuses années, vous avez accumulé les courts et quelques longs métrages, en interprétant différents rôles. Cette aventure filmique semble être distinguée. L’est-elle vraiment ?
J’ai joué dans 15 films courts et longs, très exactement. « Bord à bord » me rappelle mon tout premier film long réalisé par Nasreddine Shili. J’avais le premier rôle aux côtés d’Atef Ben Hassine et Salha Nasraoui. Artistiquement, en tant qu’actrice, cette expérience récente m’a beaucoup rappelé l’ancienne, de par son casting, mes partenaires à l’écran, le tournage… Il y a des rappels dans la construction des personnages. La profondeur du personnage féminin dans le film de Sahar El Echi porte le film.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans Mounira, le personnage principal féminin ?
Son existence dans un lieu complètement masculin. Sa condition sociale qu’elle n’a pas choisie, comme sa gargote… ce lieu difficile où elle vit, et qu’elle a hérité de son défunt père. Elle essaie de s’en sortir comme elle peut.
Selon vous, le film lève-t-il le voile sur une frange sociale qui n’est pas assez visible ?
Evidemment. Ce lieu, qui est une casse où on trouve des voitures délabrées, jetées, encastrées, est un lieu de vie. Une population y vit, avec des règles, des lois sauvages. Un univers à part. Cela dit, Mounira peut exister dans toutes les classes sociales masculines et patriarcales. Elle fait de la résistance, souffre des hommes qu’elle croise et qui tentent de l’écraser. Elle ne fait que survivre au quotidien en tant que femme. Le tournage s’est déroulé dans une vraie casse, le lieu dans le film est un personnage à part entière. J’ai dû m’immiscer un peu dans un endroit comme celui-ci, apprendre à faire des fricassés. J’ai fait en sorte d’interpréter Mounira avec un jeu minimaliste.
L’héroïne rencontre au gré de son quotidien deux hommes différents, qui vivent dans cette casse géante, broyeuse d’âmes et de vies. L’élan de liberté qu’elle recherche s’est déclaré vers la fin. Ces deux l’ont- ils propulsé vers sa liberté ?
Mounira a toujours été en quête de liberté. Elle les voyait souvent, c’est vrai mais ils ne sont pas en relation. Elle prend sa voiture, part, et ce départ laisse libre cours à de nombreuses interprétations. A Clermont-Ferrand, les gens nous arrêtaient dans la rue parce qu’ils tenaient à savoir où Mounira est partie. C’est une métaphore de la liberté, un clap de fin qui illustre ce moment vécu en solo. D’ailleurs, « Bord à bord », c’est mon 2e travail effectué avec une réalisatrice femme. Il y a une marge de confiance instaurée dès le départ entre nous. Une sensibilité réciproque, différente de celle ressentie avec un réalisateur homme. Sahar El Echi est talentueuse. Elle a une idée qu’elle tient à appliquer, patiente dans des conditions de tournage difficiles mais entourée d’une équipe technique extraordinaire.
Entre le 31 janvier et le 8 février 2025, la réalisatrice et vous êtes présentes à la 47e édition du festival international des courts métrages de « Clermont-Ferrand », unique présence tunisienne cette année malgré la programmation extra – large. Comment se vit cette aventure ?
L’expérience est unique. C’est un festival classe A mais quand on y assiste, c’est un vrai festival de cinéma. Ce n’est pas une vitrine. La programmation extrêmement riche attire et la réaction du public après les projections est extraordinaire. C’est une ville festival et l’interaction autour du film et du cinéma se fait sans cesse partout pendant toute sa période. Cette réception du film, c’est ce qui séduit le plus.
Pouvez-vous nous faire un rappel de votre actualité et et nous dire s’il y a des projets en vue ?
J’ai créé mon propre monodrame, qui s’appelle « Mère Nature – Madre Natura » et j’ai eu une mention spéciale du jury suite à sa présentation italienne, à l’instant même où « Bord à bord » gagne le Tanit de bronze. (rire). Un moment unique. Le monodrame est expérimental pluridisciplinaire, fusionne danse, musique, cirque, et j’ai eu la possibilité de participer avec au festival international du monodrame de Turin. Je le reprends dans quelques semaines pour d’autres festivals et pour une représentation en Tunisie, bien sûr. La reprise de « Prometheus », un spectacle tuniso-italien, est pour bientôt. Je reste dans la recherche du pluridisciplinaire sur scène et j’assure les rendez-vous « Studio Fan » à l’Agora, une fois par mois.
Seule participation mauricienne à la 47e édition du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, la jeune réalisatrice Kim Yip Tong bouleverse par la portée de son sujet, sublimement esquissé dans son court métrage titré «Pie Dan Lo» ou «Black Tide» en langue anglaise. A l’aune d’une époque chamboulée par les catastrophes environnementales, la réalisatrice fait voyager son public dans sa terre d’origine, l’île Maurice.
Propos recueillis par Haithem HAOUEL, envoyé spécial au festival de Clermont-Ferrand
A travers son film, elle raconte une tragédie, qui, cinq ans auparavant, a marqué durablement la conscience collective des habitants de son île. Un trauma qui, de nos jours, persiste et se mue dans un silence douloureux vécu en collectivité. Le récif de l’île Maurice, mondialement connu pour sa biodiversité unique, est frappé de plein fouet par un paquebot de pétrole, qui échoue et déverse sa matière dévastatrice sur une bonne partie des côtes de l’île. Véritable catastrophe naturelle, qui a fait écho en pleine pandémie, elle a chamboulé à jamais les vies des péninsulaires sur place. Contre l’oubli et dans le but de rendre hommage à son peuple plus que jamais solidaire face à cette tragédie, «Kim Yip Tong» tenait à faire revivre les faits dans un film d’animation, construit en témoignages audio et en dessins et peintures. Rencontre au sommet !
Quelle est la genèse de cette réalisation filmique courte mais distinguée, sélectionnée dans la catégorie «Kids» et «Regards d’Afrique» au festival de Clermont-Ferrand de 2025 ?
Je suis plasticienne de base, influencée par des films expérimentaux visionnés dans des planétariums ou des résidences artistiques. Je me suis déjà essayée à la réalisation en sortant un petit film en 2018. Cette fois–ci, «Black Tide» est concrètement mon premier film produit. C’est un court métrage documentaire d’animation qui évoque la marée noire qui a ravagé l’île Maurice en 2020. Il est retenu dans la sélection «enfants» des plus de 9 ans et dans «Regards d’Afrique» à Clermont-Ferrand.
Qu’est-ce qui vous a urgemment poussée à raconter cette tragédie de la marée noire dans un film court ?
C’est l’histoire d’un pétrolier japonais qui s’est écrasé sur le récif de l’île Maurice et qui est resté sur place pendant deux semaines avant de commencer à couler et a déversé toute sa matière polluante. Face à l’inaction des autorités, ce sont les habitants qui se sont soudés afin de faire face à la catastrophe. C’est un élan de solidarité sans précédent qui a eu lieu. Ils se sont servis de leur propre bateau, et en usant de moyens et d’anecdotes efficaces pour contenir ce pétrole déversé. Pour moi, c’est ainsi que naissent les mythes. Ça puait la mort, il y a eu évacuation des écoles et de lieux, des familles ont perdu leur travail, et le tout vécu en pleine pandémie mondiale. Les habitants ont été solidaires plus que jamais, et cette tragédie a été le début de manifestations et de contestations uniques. C’est l’histoire d’un pays qui se soulève pour l’écologie et la mer. Cette histoire m’a profondément imprégnée et m’a poussée à la raconter dans «Pie Dan Lo». Une société de dépollution grecque est intervenue bien plus tard pour nettoyer le désastre pétrolier. Cette même société a une fondation qui commissionne les films qui traitent de désastres écologiques spécialement provoqués par le pétrole. J’ai eu un petit budget pour le réaliser.
Peut-on en savoir plus sur le processus de création ?
Cette histoire a détruit des vies, des familles, a bousillé la santé d’individus, et une biodiversité entière. Mon travail a consisté à recueillir les propos et témoignages des habitants, en créole ou en français. A partir de témoignages, j’ai dessiné et peint les faits. Une manière de faire appel à ma discipline première et initiale, qui est de peindre. Ça a fait un film documentaire par la puissance des témoignages, génériques, métaphoriques et symboliques et par ses images. Pendant un mois et 3 semaines, j’ai retranscrit et écouté les audios recueillies et créé la bande-son. Ensuite, je me suis focalisée sur l’animation et la levée de fonds. Le film est produit par «Gao Shan Animation Studio Maurice»/ «Gao Shan Pictures» et «We Film». Tous les décors sont peints à la main. L’animation, la rotoscopie et la colorisation sont réalisées par Amandine Boyer, Pénélope Camus, Gloria Vivien, Uma Burrenchobay et moi–même.
Comment avez-vous vécu la catastrophe ?
Le bateau est arrivé le 12 juillet 2020. Il est resté 12 jours avant de commencer à couler. Je suis allée toute seule sur place. Il y avait déjà une centaine de personnes déjà présentes. La citoyenneté et la solidarité créées autour m’avaient marquée. J’ai ressenti l’entraide et pris quelques images, mais j’avais plus envie de vivre l’instant présent et de m’imprégner de tout ce que je vivais et vivaient les Mauriciens autour, et de ne pas tout vivre derrière un écran. C’est un film qui a vu le jour, avec beaucoup de ressentis, de sentiments. Je l’ai vécu de l’intérieur sans beaucoup d’images ou de vidéos prises. Ce dont je reste fière c’est la réception du public à l’île Maurice. Bouleversant à souhait, il a suscité énormément d’émotions. Nous l’avons projeté devant plus de 700 personnes pas loin de l’endroit où a échoué le paquebot. C’est un travail de mémoire qui a été fait.
Avec sa couverture attrayante, qui met en lumière un tableau de peinture sur fond bleu, cette deuxième parution spéciale, signée Nadia Ghrab, séduit par sa portée. L’auteure de « Dépassements » consacre son récent beau livre à son époux feu Amara Ghrab, peintre et architecte, à l’œuvre picturale et architecturale universelle.
Le livre est paru il y a une dizaine de jours, un certain 31 janvier, également date de naissance de l’artiste solaire, né à Zarzis, qu’a été son époux. Une manière de rendre hommage à une âme libre, aimante, sensible et particulièrement dotée d’une fibre artistique à part. Architecte visionnaire, depuis plus de 30 ans, son œuvre picturale se démarque par sa justesse, son empreinte, ses inspirations. Ayant vécu dans le sud de la Tunisie, à Tunis, en passant par Paris, Le Caire et en sillonnant divers pays, Amara Ghrab a été le témoin d’une époque historique marquée par les batailles menées au nom de l’humanisme et de la liberté, celle des années 60 et 70. Son engagement s’est toujours fait sentir pendant toute sa vie.
Un livre d’art, celui d’une vie
Au fil des pages de « Amara Ghrab : peintre et architecte épris de lumière », poésie, couleurs, peinture et lignes se mêlent aux textes-hommage de Nadia Ghrab, son épouse, qui a tenu à faire connaître celui qui l’a accompagnée pendant toute une vie. Un peu plus d’une année après son décès, ce livre voit le jour. Une compilation de toutes ses peintures, ses écrits, photographies personnelles, artistiques habiteront désormais cet ouvrage qui raconte une vision artistique certes, mais aussi tout un pont de l’histoire. Discret, l’artiste savait briller tout en restant humble, créatif et prolifique. Ce beau livre est une fenêtre sur un savoir architectural et artistique unique, commenté par des critiques d’arts et artistes tels que Hichem Ben Ammar, Faouzia Sahly ou Amor Ghedamsi, qui l’ont connu et côtoyé de près de son vivant. Le livre est composé de 160 pages, avec des textes en français et d’autres en arabe.
Amara Ghrab est né à Zarzis en 1945 et s’est éteint à Tunis en 2023. Il commence sa formation de peintre à l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, reçoit le prix du Salon de peinture en 1967 et tient ses premières expositions personnelles en 1968. Boursier de l’Etat, il parfait sa formation aux Beaux-Arts de Paris. Là, il s’initie, à côté de la peinture, à différentes pratiques artistiques, théâtre, musique, et aux grands mouvements de pensée qui secouent alors le monde. Puis, il entreprend des études d’architecture à Paris. De retour à Tunis en 1981, il consacre l’essentiel de son temps à la pratique de l’architecture et à son enseignement. A partir de 2005, il se donne entièrement à la peinture.
Avec le soutien du ministère des Affaires culturelles tunisien, un vernissage des œuvres d’Amara Ghrab se tiendra à la Maison des arts du Belvédère à Tunis le 15 février 2025. L’exposition rétrospective autour de l’artiste sera accessible sur place pendant tout un mois jusqu’au 15 mars 2025 et s’appellera « Lignes en Transe ». Le livre sera en vente dans toutes les librairies de Tunis et pendant le vernissage.
La passion pour le 7e art est palpable à Clermont-Ferrand, ville connue pour son festival international des films courts depuis des décennies. Historique et engagée, cette manifestation draine des réalisateurs des quatre coins du monde.
De notre envoyé spécial à Clermont-Ferrand Haithem HAOUEL
En 48h chronos, une spirale de films courts vous happent … Le monde paraît défiler en écran large et sous vos yeux. Entre l’inédit et le rétrospectif, quelques découvertes sur grand écran n’ont pas laissé de marbre, surtout quand on évoque « le cinéma du Sud », émergeant, définitivement installé dans un cinéma du monde, florissant et visible en abondance dans la programmation du premier festival des films courts au monde.
Cette 47e édition du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand consacre en 2025, dans sa très large programmation, quatre sections LBN, consacrées au cinéma libanais et une autre « Regards d’Afrique – African Perspective », entièrement dédiée au cinéma africain. Des essais courts, qui oscillent entre fictions et documentaires, révélateurs de maux sociaux omniprésents. Ils font échos en traversant les cultures du monde et luttent contre l’oubli. Un cinéma du Sud qui éveille les consciences et qui crie tout haut le conflit soudanais, les heurts au Kenya, la condition de la femme africaine, les guerres successives au Liban, la famine, le réchauffement climatique… Autant de problématiques traitées qui se succèdent et ne se ressemblent pas.
Face à l’intérêt grandissant d’un public averti, cette floraison de scénarios titille les réflexions, suscite le débat, lève le voile sur des thématiques diverses… et se fait entendre.
La passion pour le 7e art est palpable à Clermont-Ferrand, ville connue pour son Festival international des films courts depuis des décennies. Historique et engagée, cette manifestation draine des réalisateurs des quatre coins du monde. Cette 47e édition a connu la participation remarquée d’une réalisatrice tunisienne montante, Sahar El Echi, avec son 5e film « Bord à bord », retenu dans la section « Regards d’Afrique », unique participation tunisienne. Son actrice principale, Meriem Sayah, a aussi répondu présente, afin d’accompagner les projections du film, déjà projeté lors des JCC 2024. Cette histoire courte raconte l’affranchissement social d’une femme, confrontée à sa condition sociale difficile, et contrainte de subir les aléas relationnels vécus avec deux hommes, interprétés par Mohamed Hassine Grayaa et Aymen Mejri. Le film a suscité le débat tout comme l’ensemble de la section « Regards d’Afrique » qui a regorgé de découvertes pour la plupart inédites. Passage en revue !
We shall Not Forget (Nous n’oublierons pas) de Brian Obra : contre l’oubli
Terriblement oppressif et violent, le documentaire de 4 min est un cri d’alerte collectif. Celui d’une génération meurtrie et violentée au Kenya. Heurts urbains et révolte anti-sociale constituent la trame de fond du documentaire signé Brian Obra. Comme son titre l’indique, toute une génération de jeunes Kenyans se dresse contre l’Etat et laisse derrière elle un constat glaçant. Une parenthèse d’une violence inouïe est mise en lumière dans ce film court, dont la portée est de se souvenir de cette révolte de jeunes contre l’injustice et la corruption étatiques. Manifestation sanglante et slogans descendus révèlent la désillusion d’une génération et son asphyxie. Des jeunes «du clavier» jettent leurs machines et affrontent corps à corps les forces de l’ordre suite à la proclamation d’un projet de loi financier qui menace leur avenir.
Is it War ? (Est-ce la guerre ?) de Timeea Mohamed Ahmed : l’expérimental au service de la paix
Le 2e film visionné tourne autour d’une guerre toujours en cours au Soudan, sans doute une des plus meurtrières de l’histoire contemporaine. A travers un traitement innovant et moderne, cette fiction, signée Timeea Mohamed Ahmed, nous présente Jaâfar, son personnage principal errant. Telle une âme détachée de son corps, il se laisse errer dans une forêt. Surréaliste à souhait, le film est une échappée mentale pour son héros qui fuit la mort ambiante dans son pays. Une manière de sauver (ou pas) son esprit, sa santé, son existence. Filmé via des techniques développées visuellement, le ton reste léger, et le contenu dénué de toute violence visible. Le symbolisme autour de la misère du peuple soudanais parvient intelligemment et d’une manière insolite à un large public, généralement mutique face à cette catastrophe humanitaire. Le cinéma soudanais ne cesse de s’exporter depuis les 7 dernières années.
Time To Change (Il est temps de changer) de Pocas Pascoal : une plongée dans l’histoire
Ce court film fait office d’un document historique et éveille les consciences. Il nous vient de l’Angola et à travers un montage expérimental d’une grande maîtrise, il puise dans des archives coloniales rares. Il raconte en un temps limite l’asservissement de tout un peuple par son colonisateur. Misère, famine, maltraitance et exploitation rongent cette réalisation. Ce film reflète, tout haut, la naissance du capitalisme, sa propagation dans le monde et crie son essence même… qui ne date pas de nos jours. Une relation colons /colonisés, toujours d’actualité. Le suprématisme blanc et son emprise broient des peuples pillés, spoliés, appauvris et… ce document expérimental l’atteste.
Alazar de Beza Hailu Lemma : tragédie en terre aride
Ce film frôle le format « Moyen métrage ». Il bouleverse par la profondeur de son histoire maîtrisée. Son scénariste s’est permis une liberté d’écriture ressentie au fil des évènements visionnés, au point où le court a failli lui échapper. Cette plongée dans le vécu d’une tribu éthiopienne bouleverse par sa sincérité. « Alazar » raconte l’exode d’une communauté paysanne, désireuse urgemment de quitter son territoire de naissance pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires, afin d’éradiquer pauvreté et famine. Leur terre ne devenait plus fertile, et la pluie se faisait rare. Suite à la découverte du corps d’un patriarche dans un puits sec, les convictions et pratiques religieuses se retrouvent ébranlées et une enquête est entamée afin de découvrir les dessous de cette mort, quitte à remettre en question les déductions d’un homme de l’église. Et c’est le fils du défunt qui entame cette quête.
Breastmilk (Lait Maternel) d’Ifeyinwa Arinze : L’affranchissement d’une mère
Cette fiction courte de 16 min traite de plusieurs tiraillements, vécus par Aduke, jeune mère nigériane, qui doit se réconcilier avec son passé pour pouvoir s’accomplir dans le présent, quitte à chambouler sa relation déjà tendue avec son mari, esquiver les croyances superstitieuses de son entourage et surtout pouvoir allaiter son nouveau–né. Cette embrouille afflue sur son corps et perturbe l’allaitement par voie naturelle. L’interprétation féminine de l’actrice principale ne laisse pas indifférent et retient l’attention de bout en bout. Entre consultation médicale, heurts avec un mari infidèle et la naissance de son bébé, sa condition de femme et de mère peine à trouver le juste équilibre…pire, elle est écrasée. Le court métrage lève le voile sans retenue sur des dérives sociales, qui peuvent surgir souvent au sein même du noyau familial. Pour les confronter, autant couper les chaînes et chasser ce qui se présente comme des obstacles à l’épanouissement. Une leçon de vie !
Clap de fin de la 47e édition du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand : l’édition en chiffres
Le palmarès officiel est constitué des prix remis par les jurys officiels, étudiants et publics dans chacune des trois compétitions. Cette 47e édition, en plus de ses compétitions, a mis à l’honneur le cinéma libanais ainsi que l’importance du son dans les films. Elle a enregistré un bilan positif avec plus de 4100 professionnels accrédités par le Marché du film court et un nouveau record battu : plus de 173 000 entrées ! À noter que ce nombre d’entrées a été possible sur 454 séances réparties sur les 14 salles qui ont accueilli le festival. 34 stands ont fait vivre le Marché du court. 51 pays étaient représentés dans les trois grandes compétitions et au palmarès, 26 pays sont représentés : Allemagne, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Égypte, États-Unis, France, Irlande, Islande, Italie, Kosovo, Liban, Maroc, Mexique, Palestine, Philippines, Royaume-Uni, Sénégal, Singapour, Slovaquie, Suède, Suisse, Taïwan, Tchéquie et Ukraine. Le festival rempile déjà du 30 janvier au 7 février 2026.
Dans le cadre d’une tournée en Tunisie, effectuée à l’occasion de la parution de «Kaléidoscope», une anthologie de poésie québécoise, traduite en arabe, Catherine Cormier-Larose entretient ce dialogue entre deux cultures, deux nations, et s’adresse au monde à travers la poésie. Cette aventure littéraire est un foisonnement de mots qui magnifie l’époque, menée collectivement.
«Kaléidoscope», votre anthologie de poésie, a été présentée à un large public à la librairie Al Kitab Mutu, ensuite, dans le cadre d’un club de lecture à haute voix, fondé récemment à Hammamet et prochainement, elle sera présentée à l’Institut Français de Sousse. Que pouvez-vous nous dire de plus sur cet ouvrage de poésie distingué ?
Dans le cadre du festival international de la poésie qui a eu lieu en avril 2024, il y a eu une présence québécoise importante. Poètes et poétesses ! On a tenu à ce que leur passage en Tunisie et leur participation demeurent. Que leur partage de la poésie reste ! C’est difficile de se lire à l’international et d’avoir accès à la poésie mondiale. En créant cette anthologie de 30 poètes et poétesses québécois, on les a traduits en langue arabe, ainsi les Tunisiens pouvaient les lire, nous permettant de les faire entrer dans une poésie québécoise qui dialogue avec la Tunisie, et en entretenant cette croyance en une poésie… qui est salvatrice. Avec Moez Majed, le fondateur du festival, nous trouvons que la poésie peut être un vecteur de paix, qui rend accessible tout ce qui est inaccessible, qui renforce le partage des valeurs, crée une communion universelle, au-delà des différences. La poésie a été traduite par le Tunisien Ashref Kerkeni, révisée par Khalil Khalsi, les deux sont spécialistes en lettres. Moez Majed a assuré la direction littéraire du projet, en faisant attention à bien traduire les expressions québécoises.
Comment s’est passé ce processus de traduction poétique ?
Initialement, on a travaillé avec une équipe qui croit profondément en une poésie traduite, en une poésie qui doit l’être et qui doit être faite par des poètes. Le poème est plus important que « le mot à mot » ou du mot juste. Ce sont des traductions créatives. L’écriture a une âme. On a traduit en gardant l’idée du poème en langue arabe. On écrit avec le cœur.
Parlez-nous de votre festival international de la poésie à Montréal ?
Depuis quelques années, la direction du festival de la poésie de Montréal, qui est un festival uniquement dédié à la poésie, très local et annuel, essaie d’attirer des poètes de partout du Québec avec un aspect lié à la francophonie. Chaque année, on essaie de travailler, discuter et échanger avec des poètes de par le monde, de la Tunisie et du monde arabe. D’où notre connexion au festival international de la poésie de Sidi Bousaid. En Tunisie, on publie beaucoup en français, d’où ce rapport fluide qui s’est créé. On est en train de travailler sur une revue de 12 poètes tunisiens et tunisiennes, 6 arabophones et 6 francophones, qu’on veut avoir dans une revue spéciale. Emna Louzir a d’ailleurs été enregistrée. Il y a des choses de ce partage qui perdurent, créant ainsi des liens, en changeant les idées, afin de communier et de communiquer. On fait de la poésie un vecteur de changement.
Pour « Kaléidoscope », votre dernière anthologie, comment s’est faite la sélection des 32 poètes et poétesses ?
La sélection d’une anthologie est toujours un brise-cœur. Avec Nora Attala, j’ai codirigé la publication. C’est une poétesse québécoise et le travail s’est fait à deux. Elle voyage beaucoup, partout dans le monde. C’est une poète qui sème la poésie québécoise partout. On a choisi des poètes très importants, qui écrivent et font œuvrer la poésie, qui la publient et la tissent, avec des poètes moins connus d’ailleurs : D’Ottawa, d’origine italienne, autochtone, du Guatemala. En mélangeant, on a créé ce « Kaléidoscope ». Les poétesses arabes retenues sont canadiennes avec des origines arabes. La poésie québécoise a mis beaucoup de temps à s’ouvrir sur le monde. Nous sommes la seule région francophone du Canada, et avons bataillé pour notre patrimoine linguistique, qui fut un véritable combat. C’est tout un travail de générations. La peur de perdre notre langue est omniprésente. Nous vivons dans un monde avalé par le culture « américaine », des Etats-Unis spécifiquement. C’est l’époque ou jamais de se protéger contre cette culture mondialisée.
Quelle place a la poésie au 21e siècle, particulièrement en 2025 ?
Les gens souffrent beaucoup de nos jours. Sur le plan personnel mais aussi à cause de l’état de notre monde, des guerres qu’on n’a pas choisies de vivre, du capitalisme ambiant, de la violence inerrante. La poésie allège les maux. C’est une manière de rassembler, d’unir, de créer des communautés tout en étant rebelle et résistant. J’ai cette certitude que la poésie embellit le monde. C’est une fenêtre qui permet d’entendre les voix des autres.
Un dernier mot sur la couverture remarquable de l’ouvrage « Kaléidoscope » ? Nous ne restons pas indifférents à la photographie choisie.
Pour l’anthologie, on cherchait une manière de la présenter. Cette publication est importante au Canada et en Tunisie, mais nous espérons qu’elle fasse échos dans le monde arabe et ailleurs. La photo sublime qu’on a choisit fait référence à la Tunisie. Elle est signée Mehdi ben Temessek, photographe, poète et architecte de formation. Elle évoque l’artisanat, le ciel ouvert, le drapeau blanc, la carte et la page blanche. Ce tissu visible sur la couverture est tunisien.
«Quand la diversité et le numérique se rencontrent : imaginer l’avenir de l’entrepreneuriat francophone », tel est l’intitulé d’une conférence attendue. La représentation de l’Organisation internationale de la francophonie pour l’Afrique du Nord (Repan) donne rendez-vous, ce soir à partir de 16h00, à des adhérents et invités afin d’aborder la diversité et le numérique autrement, deux thématiques qui font et défont l’époque actuelle.
La rencontre se déroule dans la continuité du Sommet de la Francophonie organisé en 2022 à Djerba et du Sommet de Villers-Cotterêts, qui s’est tenu en octobre 2024. Elle aura lieu dans un hôtel à Tunis, en accès libre, comme annoncé sur les réseaux sociaux. La diversité et le numérique font des moyens divers de technologie moderne un socle de base pour mieux rayonner. Ces deux thématiques fusionnent avec les progrès de l’époque et nourrissent la langue française, faisant de cette 5e langue la plus parlée au monde un moteur d’innovation et de développement entrepreneurial. Rappelons que «L’innovation et l’entrepreneuriat en français» ont été au cœur des thématiques principales du Sommet de la Francophonie de — Villers-Cotterêts. «La connectivité et la solidarité dans la diversité» ont fait également la réussite du Sommet de la Francophonie de Djerba, en 2022. Cette conférence rassemble toutes ces thématiques autour de réflexions sur l’avenir et le devenir d’une francophonie agissante au niveau de l’économie mondiale. Comme annoncé en amont de la conférence dans un communiqué de presse, l’événement propose de réfléchir aux moyens par lesquels le numérique, vecteur d’inclusion et d’innovation, peut permettre à la communauté francophone de surmonter les barrières géographiques, économiques et culturelles.
La conférence mettra en lumière des initiatives réussies, des projets en cours et des exemples concrets où l’interaction entre le numérique et la diversité culturelle a permis l’émergence d’idées novatrices. Outre le renforcement du sentiment d’appartenance à la communauté francophone mondiale, la conférence citera l’émergence de projets innovants et entrepreneuriaux en français et des exemples d’entreprises et d’initiatives francophones, en devenir ou déjà existantes. La Repan veille à renforcer des collaborations entre entrepreneurs francophones et à créer de nouveaux partenariats économiques. Elle valorise la langue française comme vecteur d’innovation et de développement entrepreneurial, élabore des recommandations concrètes pour intégrer le numérique et la diversité culturelle dans les initiatives entrepreneuriales francophones, sensibilise aux opportunités offertes par l’entrepreneuriat en français dans l’ère numérique, et s’engage à renforcer de jeunes entrepreneurs francophones dans des projets innovants. Les Groupe des ambassadeurs francophones (GAF), l’Alliance française de Djerba, la Jeune chambre internationale (JCI), Orange Tunisie, l’Université de Carthage (Ucar) et la Cajef Tunisie sont partenaires autour du maintien de cet événement.
Un jour, une rencontre… impromptue sous un soleil d’octobre à la plage. Au fur à mesure d’une promenade, une silhouette masculine apparaît… elle donne vie à des formes faites en compositions maritimes et végétales avec une once de peinture bleue, noire, blanche… L’artiste inconnu est habile de ses mains et il façonne frénétiquement… Face à la mer !
Ce sont ses créations qui parlent pour lui ! Elles attirent passants et curieux et donnent vie à une mer automnale calme et à sa plage déserte… sous les remparts du fort de la ville de Hammamet. «Je ne suis pas artiste. Je suis passionné par diverses activités manuelles, initialement. Je m’adonne à cette activité thérapeutique intéressante quand j’ai le temps… C’est-à-dire des journées durant. C’est du kif avant toute chose !». Commente Hedi Zarrouk, soixantenaire de Hammamet. «Je ne suis pas artiste. Je n’ai jamais exposé. Je ne cherche pas à le faire», précise-t-il.
Hédi façonne des formes faites en algues maritimes, et en bois de palmiers. Le mélange aboutit à des créations attirantes et curieuses, qui peuvent servir de décoration. Hédi Zarrouk puise sa matière de la mer de sa ville, ou en bord de mer. Etant originaire de la vieille ville de Hammamet, il s’adonne à une pratique plaisante pour lui mais qui interpelle les autres.
Hédi Zarrouk est une inspiration personnifiée aux allures d’un pêcheur, fin connaisseur de la mer et de son écosystème. D’autres végétations sont rassemblées. Au moins trois compositions posées sur la plage, tachées de peinture et une quatrième en cours de fabrication ou de création donnent déjà envie de les acquérir.
Hédi Zarrouk développe son savoir dans un cadre naturel idyllique, niché entre nature maritime, vie citadine et édifice arabe ancien, qui raconte l’histoire de la ville. Entre deux plongées et deux causettes avec des passants, ses créations continuent de pousser.
«La fondation Hasdrubal pour la culture et les arts Mohamed Amouri» et son directeur musical Laurent Jost invitent sur scène une floppée de musiciens professionnels et émergents, issus de toutes les nationalités du monde pour «Le concert des continents». L’événement musical rime avec résonances et mélodies occidentales et orientales. Les cordes à instruments s’apprêtent à fusionner.
Un Quartet de musiciens tunisiens apparaît sur scène : muni de son violon, il entonne un morceau du compositeur allemand Felix Mendelssohn. Des répertoires connus comme Beethoven ou Joseph Haydn n’ont pas tardé à résonner. Le public est comme happé dans une spirale de mélodies, maîtrisées et entraînantes. Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris se lance, ensuite, dans des répertoires de compositeurs connus comme Germaine Tailleferre, Maurice Ravel ou Antonin Dvorak. Le conservatoire de Vienne s’empare ensuite de la scène du Hall et ne manque pas d’honorer, toujours en musique, le patrimoine d’Ernst Dohnanyi, Jean Françaix ou de Johann Strauss. Sur une trentaine de minutes, avec de légers intermèdes, il y a comme un rythme musical enchanteur qui s’est installé et qui fait effet sur la durée. A deux reprises pendant le concert, des musiciens, en alternance, joueront encore, citons Daniel Schultz, Takanori Okamoto, Felix Pascoe et d’autres noms comme Valentin Hoffman, Bénédicte Leclerc ou Pail Wiener. Le violon et les violoncelles font toute la magie de leur performance et sont issus du «Royal Academy Of Music Of London». Et puis arrive ce moment clé où l’appellation «Concert des continents» prend totalement sens avec «les musiques arabo–orientales et improvisations» ou c’est quand Zied Zouari, en compagnie de son orchestre formé par 11 musiciens, présente «Prayer» (Prière), un morceau musical composé en 4 jours seulement dans le cadre d’une résidence à l’Hasdrubal. Véritable ode à la paix dans le monde en ces moments incertains, le morceau est saisissant. Zied Zouari commente cette performance et en fait une dédicace précieuse : «C’est un rêve réalisé ce soir que de pouvoir présenter cette musique. C’est un rêve que je dédie spécialement à Laurent Jost, directeur musical de la fondation Hasdrubal, qui œuvre depuis si longtemps pour ce pays». Plus d’une trentaine de musiciens venus des quatre coins du monde ont clôturé ce spectacle. Parmi eux une douzaine de Tunisiens arborant leur contrebasse, violoncelle, violon, percussions et Alto.
La fondation Hasdrubal pour la culture et les arts Mohamed Amouri, voit grand : elle prône le partage d’expériences musicales, organise des récitals et des résidences de haut niveau pour de nombreux apprenants et futurs virtuoses tunisiens et étrangers. Ces concerts sont tissés par des spécialistes du monde, issus en grande partie d’établissements européens, favorisant l’appui de pays européens. A cette occasion, l’ambassade de France et de l’Autriche ont soutenu l’événement ainsi que l’Institut français de Tunisie. La fondation œuvre pour la création de programmes d’échanges entre artistes ou étudiants en musique, issus des deux rives ou d’ailleurs.