Le plus souvent, les expositions fleurissent au printemps, et, au gré des promenades, souvent, on peut tomber sur des découvertes. Véronique Engels, artiste peintre, a transformé la galerie Alain-Nadaud, le temps d’une exposition de ses œuvres, dans un jardin poétique et imaginé. Par ailleurs, l’exposition itinérante, à caractère urbain, autour de la ville d’Hammam-Lif, poursuit son chemin jusqu’à octobre 2024.
«Hammam-Lif, mémoire vivante d’une ville aux mille visages»
Qui serait plus efficace qu’une exposition photographique, en images d’archives et en légendes, afin de raconter autrement une ville historiquement riche ? C’est dans le hall de l’Institut français de Tunisie que l’exposition didactique autour de la ville d’Hammam-Lif s’est tenue en premier, avant de se déplacer… sur le Grand-Tunis, se rendant ainsi accessible aux étudiants et aux habitants de la ville concernée, joyau historique de la banlieue sud de la capitale.
Une ville, qui, dans le temps, fut la destination préférée du Bey. Mi-montagneuse – mi-côtière, elle a longtemps été ornée d’habitats, et de lieux qui racontent l’histoire de la Tunisie sous le colon, et bien avant. Des édifices et coins emblématiques, pour la plupart désertés, détériorés, pas conservés. Elle allie différents styles architecturaux. Le travail a été accompli sous la houlette des deux commissaires, Leila Ammar et Mme Nawel Laroui. Avec leur équipe, elles se sont basées sur les travaux de recherches de chercheurs, enseignants, architectes, paysagistes, urbanistes, experts.
Le rendu final est édifiant : il raconte le passé d’une cité et éclaire aussi sur son avenir menacé. M. Jelal Abdelkafi, Mme Nabila Bakli, Mme Hanène Ben Slama, Mme Cyrine Bouagila, Mme Saloua Ferjani, Mme Baya Labidi ont prêté main-forte afin de réaliser ce travail, mené à bout grâce à leur implication. Patrimoine architectural, paysages naturels, urbanisation et enjeux liés à la menace climatique sont racontés à travers ce travail, visible encore au public, du 23 mai au 28 juin à l’Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme (Enau) de Tunis. Du 30 juin au 15 octobre à la municipalité d’Hammam-Lif, et à partir du 15 octobre dans les écoles, collèges et lycées de la ville.
«Regarde !» de Véronique Engels
Fusionner influences poétiques et sa propre peinture dans une galerie aussi connue que celle d’Alain Nadaud, Véronique Engels l’a fait ! «Regarde !», sa dernière exposition en date, organisée à Tunis, a attiré plus de 400 visiteurs (hors vernissage !) sur une douzaine de jours. Nous approchons d’un finissage réservé aux retardataires et n’avons pu résister afin de nous laisser emporter par le vert, qui prime dans tout l’espace et sur deux étages. Tel un jardin, l’espace abrite différentes peintures hautes en couleur. Un travail pictural, habité par des chats (en référence à Colette, figure littéraire incontournable) et de citations, y compris celles de Mahmoud Darwish.
L’artiste fait référence aussi aux miroirs, qui provoquent émerveillement. Elle mentionne les fauteuils intégrés, les plantes, et autant d’éléments qui constituent une forêt. Une ambiance autre ! «Le parallèle avec Darwish était évident pour moi : un clin d’œil à l’Orient qui fait partie de mon existence, de mes voyages. C’est le poète de la nature du quotidien : il détourne les maux du monde avec des mots d’amour et de poésie. Colette manie la langue d’une manière simple et singulière». Cite Engels lors d’une visite de la galerie. Zeineb Henchiri, alias Zou Vitamine, a prêté sa voix aux passages audio de Colette et de Darwish. Fayçal Karray a signé la scénographie. Véronique Engels espère rendre son travail itinérant afin de le faire parvenir un plus grand nombre de personnes, surtout en dehors de la capitale.
Il s’agit là d’une sortie phare, celle du long métrage soudanais « Goodbye Julia » de Mohamed Kordofani. Prix de la liberté dans la section «Un certain regard» au festival de Cannes en 2023 et ayant raflé une quinzaine de prix dans des festivals à travers le monde, le film très attendu nous vient du Soudan. Le pays se distingue par son cinéma qui voit difficilement le jour à cause de l’inexistence d’une industrie cinématographique.
La crise humanitaire qui sévit actuellement sur le terrain, résultante d’une succession de guerres civiles, n’arrange en rien la situation. Un pays qui se délite et dont la catastrophe humanitaire est éclipsée médiatiquement par d’autres, notamment par le génocide en cours en Palestine ou la guerre Russie / Ukraine. Une situation humanitaire sans précédent qui sert de toile de fond à des films qui font fureur à l’international. «Goodbye Julia» n’échappe pas à la règle !
Le film, d’une durée de 2h, plonge les spectateurs dans un Soudan en proie à des émeutes civiles en 2005, entre nordistes et sudistes.
Les destins de deux femmes que tout sépare se croisent, des suites d’un accident : la première est issue du nord, la deuxième du sud. La première femme est bourgeoise musulmane, l’autre est esclave et maman d’un petit garçon. Leur relation, ayant des airs de tragédies grecques, s’embourbe dans le contexte violent et perdure malgré tout dans le temps. Le drame est traité d’une manière classique, avec effets de surprise, mise en scène remarquable, jeu d’acteurs juste et musique omniprésente.
Sa problématique fait profondément écho à l’actualité déchirante. «Goodbye Julia» est l’histoire d’une réconciliation impossible entre deux femmes… et entre deux peuples. A découvrir !
«Goodbye Julia» de Mohamed Kordofani est l’histoire d’un schisme populaire qui s’aggrave. Des thématiques comme l’inégalité sociale, la maternité, la condition de la femme soudanaise, les us et coutumes sont décortiqués à travers cette histoire, bien menée par deux actrices qui font leurs premiers pas face à la caméra, à savoir Eiman Yousif et Siran Riak. Cette dernière était présente à Tunis pour la promotion du film. Nous l’avons rencontrée pour vous lors d’un débat avec le public à Cinémadart. En voici des extraits ! Le film est sorti dans toutes les salles en Tunisie depuis le 8 mai 2024.
Le film traite de la condition de la femme au Soudan. Pouvez-vous nous en dire plus ?
«Goodbye Julia» est très réaliste. Il reflète exactement la condition féminine au Soudan. Typique même. Akram, le mari de Mona, est l’homme soudanais type par excellence. Ce conflit au sein d’un couple est récurrent. La femme désirant s’émanciper et l’homme qui l’écrase en plus des traditions et des codes sociaux de Khartoum.
Le pourcentage des femmes qui vivent comme Mona, une des deux héroïnes du film, est-il important ? Notons que Mona est la femme musulmane, appartenant à la bourgeoisie et menant un style de vie aisé.
Je ne suis pas dans une position de m’exprimer. C’est sans doute ce qui prime le plus, à 90%, mais la nouvelle génération essaie de changer les choses radicalement, spécifiquement dans la capitale.
Le film est-il sorti au Soudan ?
Non, malheureusement à cause de la guerre actuelle. Sa première projection a eu lieu au festival de Cannes, l’année dernière. Une seule fois dans une région au sud du pays. Le tournage a eu lieu, fin 2022. Il a pris une année pour voir le jour. Je suis top model à la base. J’ai été repérée sur Instagram et bien dirigée par Mohamed Kordofani, qui, lui, réalise son tout premier long métrage de fiction. L’équipe du film a fait en sorte que les conditions de tournage soient optimales. Julia, mon personnage, me ressemble en partie car j’ai souffert à l’école, dans la rue, au Soudan. C’était une période dure qui a finalement abouti à mon départ pour l’Ughanda.
Le racisme est raconté en profondeur dans le film, notamment à travers le conflit civil nord/Sud. Comment se présente actuellement la situation ?
C’est une relation purement humaine. Seulement, géographiquement, on s’est séparé. Il existe désormais deux Etats séparés sur tous les plans avec des violences incessantes. Je ne commenterai pas davantage la situation. (Sourire)
Invité par l’Institut français de Tunisie à l’occasion de la Foire internationale du livre, dans sa 38e édition, Jadd Hilal a longuement et passionnément parlé de son 3e livre, paru aux éditions Elyzad, «Le caprice de vivre». Durant cette rencontre modérée par Ons Ben Youssef, professeure agrégée de littérature française, l’auteur franco-palestino-libanais nous en dit plus. On a retenu pour vous quelques extraits de cet échange édifiant…
O.B.Y : Avec «Le caprice de vivre», votre dernier livre paru récemment aux éditions Elyzad, il y a quelque chose de nouveau qui s’est déclenché. Pouvez- vous mettre des mots dessus ?
J.H : «Le caprice de vivre» est le premier roman que j’écris sans sujet. Pour «Des ailes au loin» et «Une baignoire dans le désert», mes deux précédents livres, j’en avais. Pour le premier, je racontais l’histoire de ma famille palestinienne. Pour le 2e, je voulais raconter l’histoire de mon cousin, qui a vécu la guerre en Syrie, qui s’est exilé, qui est homosexuel et qui a enduré tout cela seul, depuis ses 8 ans. «Le caprice de vivre», c’est un texte qui s’est écrit à mon insu. C’est en écrivant que je me suis rendu compte des choses qui m’importaient. C’était comme «rouler sur l’autoroute à 130km/h, sans s’en rendre compte, jusqu’à avoir un accident». Je me suis autorisé à sortir un roman de mon ventre. Il réunit colère, rêves, envies qui dataient d’il y a longtemps.
O.B.Y : «Ventre», «estomac», autant d’expressions utilisées au fil des pages du «Caprice de vivre». D’ailleurs, ce titre est intrigant, attrayant. Dites-nous en davantage.
J.H : Le titre, c’est ma bête noire, quand j’écris un roman. (Rire) Je trouve que titrer un livre, c’est autre chose que d’écrire un roman… Le trouver, c’est réduire l’écrit en quelque sorte. Ce titre a vu le jour suite à des discussions avec mes éditrices car ce qui réunit mes personnages, c’est l’idée d’une intransigeance. Ils ont un rapport intolérant à ce qui ne correspond pas à leur valeur. Pour Werda, c’est la vérité au péril de tout. Pour Human, l’idée de sauver la représentation des arabes, leur image est une priorité. Soulaymane se contente de s’allonger sur le canapé. Le caprice est une forme littéraire commune finalement aux trois personnages du livre.
O.B.Y : Il y a ce souci de titre, mais aussi les première phrases de votre livre… Vous parlez de l’intransigeance des personnages, et des dialogues, mais aussi de l’espace à la configuration intéressante.
J.H : C’est un sujet que j’aime bien rendre en littérature. La proximité, et ce lien qui me lit aux gens. Ça émane de mon ressenti pendant le Covid : les corps des gens et des amis m’ont manqué. C’est particulier de ne plus toucher quelqu’un. Dans ce roman, j’ai fait un focus sur le corps. Tous les moments de dialogue sont pour moi des moments d’échec. Quand on parle, on rate de faire ressentir. C’est comme au cinéma ! Avec Hitchcock, par exemple, il y a peu de mots. Les émotions sont ressenties. Le moment où il y a du dialogue, c’est quand il faut expliquer, ou s’exprimer. L’espace suffit ! L’extérieur/intérieur est présent aussi.
O.B.Y : Le personnage «Sulaymane» est taiseux, parle aux animaux, il est «Soulaymanesque», selon Human. Le sexe tue l’amour entre Werda et Human : un amour particulier déjà, qui coupe avec cet amour romantique, fleur bleue et, finalement, on voit l’amour dans les corps, dans les familiarités, dans le vivre-ensemble et tout ce qu’il y a de plus ordinaire…
J.H : Et dans tout ce qu’il y a de plus malsain ! L’amour c’est quelque chose de bien, d’agréable, et qui, parfois, fait mal. L’amour est un réceptacle de doute, de douleurs, d’angoisse. Ce livre est un roman d’apprentissage : le premier volet d’une saga plus générale. Il va y avoir une suite sur l’apprentissage de ce personnage. Il apprendra à aimer car aimer ça s’apprend. On ne s’aime pas de la même manière; avec le temps, ça change. J’envisage de travailler sur l’idée que l’amour ce n’est pas uniquement de respecter l’autre. Est-ce que c’est du désir ? De l’amour ? Autant de questionnements. Les corps disent beaucoup aussi et spécialement ceux qui vieillissent ensemble.
*«Le caprice de vivre» (Editions Elyzad)
C’est à Mahdia et à El Jem que «TounesWijhetouna» choisit de se poser pour son premier marathon «Eductour». Au programme ? Mise en valeur du patrimoine local, déambulation dans les ruelles de la Médina mahdoise, visites d’artisans locaux et découverte d’initiatives touristiques : autant de points de chute, accumulés en 24h, dans le centre du gouvernorat et dans sa ville phare avoisinante. Deux jours également marqués par l’organisation des Journées romaines d’El Jem dans l’enceinte de l’amphithéâtre.
Faire les routes de Tunis prend tout son sens, encore plus via un «Eductour», qui est le tout premier organisé par le programme «TounesWijhetouna», qui combine différents volets : le culturel, le touristique et l’économique. Sa mission est de soutenir le tourisme durable, de préserver le patrimoine culturel et l’économie. «L’Eductour» permet de découvrir l’impact de «TounesWijhetouna» localement, en présentant les bénéficiaires et les initiatives. Le marathon commence de Tunis, direction Mahdia jusqu’à l’arrivée à l’amphithéâtre d’El Jem pour l’évènement «Thysdrus», appelé aussi couramment les journées romaines. Un clin d’œil à l’histoire millénaire du pays, célébrée à travers un spectacle historique qui se présente comme étant de cape et d’épée, mais qui, finalement, se laisse regarder comme un spectacle populaire en entrée libre, à la portée des habitants de la région et surtout des enfants.
En marge de «Thysdrus», Mahdia…
Mahdia, presqu’île fatimide qu’on ne présente plus, à la richesse historique considérable, est truffée, de nos jours, d’initiatives nouvelles à caractère touristique, qui visent à promouvoir le tourisme local et international. Le patrimoine culinaire, historique/artisanal et économique est soutenu dans la région et nos hôtes nous le font bien savoir. Le premier arrêt ? Chez DMO-Mahdia (Destination Management Organisation ou OGD : organisme de gestion de la destination). Il fonctionne grâce à un nouveau modèle de gouvernance du tourisme, qui vise à rassembler des acteurs touristiques privés et publics pour renforcer la gestion d’une destination, la rendre encore plus attractive, et ce, en mettant en relief son intérêt, sa richesse. Il existe aussi une DMO à Jebel Dahar et une autre à Djerba. La route se poursuit, direction la conviviale Mahdia et ses joyaux cachés. Tags sur les murs, plantations, édifices, cafés connus, commerçants et artisanats, bains maures ou lieux historiques comme la «Skifa El Kahla» rythment sa vie urbaine au quotidien. Située à quelques mètres de la mer et du fameux port de pêche de la ville côtière, elle ne manque pas de charme. Des acteurs originaires de Mahdia investissent dans de nouveaux projets afin d’affiner l’aspect attractif de la ville, hiver et été. Les maisons d’hôtes et les différentes formes de tourisme alternatif existent déjà. «Dar Evelyne», joyau familial historique, au centre de la Médina, accueille, dans son patio, clients fidèles et touristes de passage dans un cadre authentique, sans artifices. Ce lieu est bénéficiaire du programme «Tourisme durable» dans le cadre de «Mekletna», qui développe l’offre culinaire dans plusieurs régions.
Petite escale, avant de repartir à «Borj Erras» pour le musée archéologique et patrimonial de la ville, riche de ses collections puniques, romaines, byzantines et islamiques et des traditions anciennes de Mahdia. Le musée se situe au bout de la «Skifa El Kahla», artère principale commerçante de la Médina, mais aussi une de ses entrées et sorties.
C’est dans une caverne d’Ali Baba nommée «Skila» que les artisans de tissus créent à la file, quotidiennement. Nichés chacune et chacun dans un coin, dans l’enceinte de cet atelier incontournable, ces mêmes artisans usent de cet appareil traditionnel, manié avec les pieds et à la main, pour créer des pièces uniques, faites en soie, comme les écharpes de qualité, les cache-cols, très prisés par les Tunisiens et les touristes en visite. Cette adresse phare de création, qui fait office de Showroom également, a été restaurée au fil des décennies. Leur savoir-faire consiste à entretenir cet art du tissage, extrait à partir de fibres naturelles, d’une manière durable et équitable. Un art ancestral qui est en phase avec l’univers de la mode actuelle. Valorisation réussie du travail fait main de la soie. Quatre arrêts de cet «Eductour», avant l’ultime à El Jem, qui vit au rythme des journées romaines de «Thysdrus».
A El Jem, place aux spectacles, aux ateliers et aux découvertes…
L’après-midi s’annonce festive dans l’enceinte et autour de l’amphithéâtre grâce au maintien des Journées romaines de «Thysdrus» qui, cette année, réservent aux spectateurs une parade historique de plus de 120 participants lambda, tunisiens et étrangers habillés avec des costumes, capes et épées et des habits romains avec faux arcs et armes anciennes. En groupe, ils avancent, avec un fond musical des plus audibles et s’emparent du lieu historique mettant en scène une bataille de gladiateurs, sous les yeux d’un «roi», une heure durant. Une performance accompagnée d’une voix narratrice et face à un public majoritairement composé de jeunes de la région et d’enfants passionnés par ce spectacle.
Ce même spectacle a été présenté deux fois, à la demande du public d’El Jem. Ridha Hfaidh, fondateur et directeur des Journées romaines d’El Jem-7e édition, commente l’évènement organisé par une association locale «We Love el Jem» : «Ce spectacle a pour thématique les Jeux olympiques romains qui font écho aux vrais Jeux olympiques attendus à Paris en 2024. Ces journées ont vu défiler toute une légion de soldats romains, dans les jardins de l’amphithéâtre et qui ont vu s’installer aussi des ateliers pluridisciplinaires destinés aux enfants et aux jeunes, avec vente de produits artisanaux locaux comme la halfa, la poterie, la mosaïque, le tissu, l’argile, etc.».
Un musée de micro-mosaïque appelé «Dar El Jem», situé à quelques pas de l’amphithéâtre, est riche de reconstitutions de tableaux artistiques mondialement célèbres. Des œuvres réalisées pour la plupart par des artisanes de la région. Un travail qui éblouit les visiteurs de ce lieu, créé par le même fondateur. Le programme «TounesWijhetouna» (Tunisie, notre destination) appuie la diversification du tourisme, le développement de l’artisanat et la valorisation du patrimoine en Tunisie. Ce programme de 51 millions d’euros, cofinancé par l’Union européenne sur une durée de 6 ans (2019-2025), contribue au développement économique durable et inclusif de la Tunisie en créant des synergies entre les secteurs du tourisme, de l’artisanat, des produits du terroir et du patrimoine culturel. La destination du prochain «Eductour» n’est pas communiquée.
La vie estudiantine à l’Islt de la Cité El Khadra de Tunis reste effervescente au fil des générations qui s’y succèdent. Le département de français de l’Institut universitaire décide de mettre en lumière les graines de talents dénichées chez les étudiants en lettres françaises.
Rendez-vous donc à l’amphithéâtre Ibn Mandhour de l’Islt à partir de 10h00 jusqu’à 13h00 pour découvrir les différentes performances et ateliers organisés par le corps d’enseignants universitaires et leurs étudiants passionnés. Programme distribué aux invités sur place, petits cadeaux attribués aux participants et intermèdes musicaux ont rythmé cette matinée grise du 26 avril 2024. La journée est organisée grâce au soutien de l’Institut Français de Tunisie.
L’inauguration commence par les mots de bienvenue de Mme Houda Ben Hamadi, directrice de l’Islt, et Mme Neila Khojet El Khil, universitaire et coordinatrice du projet «Journée des talents». Lors d’un atelier de presse, la présentation détaillée de cet évènement s’est déroulée pour le public présent, majoritairement étudiants, suivie d’un «Cercle de poésie», créé par les étudiants de la 2e année communication, coordonné par Mme Leila Kharrat. L’atelier poésie a vu défiler Hend Aroui et son «Analogie universelle», la performance de Slam en polyphonie titrée «Nos rêves d’avenir pour le monde de demain», mais le moment fort de cette parenthèse poétique reste cette chanson chantée en chœur par les étudiants sur la scène de l’Institut, celle de Kids United : «On écrit sur les murs». Un hymne à l’espoir et aux lendemains prometteurs. Coordonné par Mme Nesrine Boukadi, l’atelier «Action citoyenne» permet au public de découvrir un «court-métrage sur le vivre-ensemble et la femme tunisienne : réalisation et défis». L’atelier-débat initie les étudiants aux débats, et aux discussions autour de sujets épineux comme les conflits intergénérationnels, la différence sous toutes ses formes, la discrimination basée sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, le genre. L’échange d’une quinzaine de minutes s’est déroulé en présence d’étudiantes et de Mme Fathia Ben Yedder. Au fil des intermèdes musicaux annoncés entre chaque atelier, la partie consacrée au théâtre et modérée par Mme Amina Chenik, universitaire, et ses étudiants de 3e année médiation culturelle et communication, commence en grande pompe.
Une partie qui se consacre aux Fables de La Fontaine, présentés en dialecte tunisien/derja et en sabir et accompagnée d’un hommage rendu au savoir de Kaddour Ben Nitram, figure peu connue des chercheurs, humoriste et chansonnier tunisien qui a vécu dans la décennie des années 20-30, et qui est aussi auteur de saynètes, de sketchs, de fables et de contes en sabir, émanant d’un Tunis de l’époque pré-indépendance.Toute une saynète humoristique consacrée à Kaddour Ben Nitram a été mise en scène par les étudiants de l’Institut. La scène de théâtre présentée relate une scène de la vie quotidienne se déroulant au marché central d’un Tunis cosmopolite de l’année 1930. Une clôture haute en humour de cette journée maintenue par les jeunes talents et par Mohamed Said, musicien et étudiant en mastère, qui s’est emparé de la scène de l’amphi pour nous présenter son air musical.
Inaugurée il y a trois semaines, l’exposition «Poemas de Agua» ou «Poèmes de l’eau» de l’artiste Immaculada Montoya est encore accessible au grand public jusqu’au 27 mars 2023 à l’Institut Cervantes de Tunis. De quoi s’offrir une immersion dans un univers pictural rétrécis, mais fait d’illusion, d’itinéraires brouillés, d’éclats ou d’associations.
Sept tableaux sont exposés dans l’enceinte d’une salle centrale à l’Institut Cervantes de Tunis. Des tableaux peints qui paraissent similaires, mais qui sont différents quand on les scrute, de très près en détails. Des éléments picturaux, perceptibles à l’œil nu. La mer ou l’eau les couvre… Une mer truffée de pointillé, sans doute, une présence massive d’individus, capturés d’en-haut, vue aérienne.
Poétiquement titrés «les poèmes de l’eau», ces tableaux sont signés Immaculada Montoya, artiste peintre espagnole, qui n’a pu être présente en Tunisie mais qui est parvenue à maintenir cette exposition, organisée par l’ambassade d’Espagne en Libye et l’Institut Cervantes. Mirages, évasion, cheminement sont des termes qui brouillent la vision des visiteurs.
Le travail de Montoya, peinture à l’huile, s’inspire directement d’une poétesse arabe nommée Fawzyya Abu Khalid. Née en 1955, elle est poétesse, essayiste, sociologue et professeure de nationalité saoudienne. Sa poésie est connue pour ses motifs politiques proéminents et propulse les femmes du monde arabe vers l’éducation et la liberté. «Until When Will They Abduct You on Your Wedding Night? (1974)» est un recueil qui l’a fait connaître. Sont parus ensuite deux autres recueils de poésie, intitulés «Les lectures secrètes dans l’histoire du silence arabe (1985)» et «Mirage Water (1995)», lit-on en ligne. C’est probablement ce dernier recueil qui a inspiré le travail de la peintre espagnole Montoya. L’exposition a été initialement conçue pour être organisée à Tripoli, à l’ambassade d’Espagne en Libye.
Elle a finalement eu lieu à Tunis. Ciel, mer méditerranéenne, bordures, plages. Elle évoque des vies, des mouvements de masse, et une nature conquise, voire envahie. Des populations en mouvement à la recherche d’un avenir, d’une meilleure existence, d’une paix collective.
Une musique du monde a conquis le public présent durant deux soirées successives au théâtre plein air de Hammamet, ouvert au public depuis le 8 juillet, date du démarrage de la 57e édition du Festival. La venue de Kenny Garrett et Ibeyi, un duo d’artistes sœurs jumelles franco-cubaines, rappelle un cosmopolitisme musical propre à Hammamet.
Une floraison de sons
Durant ces deux nuits caniculaires et musicales de juillet 2023, le théâtre de Hammamet est occupé par des mélomanes connaisseurs, venus spécialement écouter Kenny Garrett, le musicien de jazz, qui nous arrive des Etats-Unis… en arborant de l’inédit. L’artiste saxophoniste présente en Tunisie son dernier album en date titré «Sounds from the Ancestrors», composé de 8 morceaux datant de 2021.
Garrett s’est emparé de la scène entouré de Rudy Bird à la batterie, Melvis Santa, vocaliste à la percussion, Corcoran Holt à la contrebasse et Keith Brown au piano.
L’album exploite différents patrimoines musicaux issus de contrées africaines : une façon de rendre hommage à ses origines. Des airs afro-cubains, du jazz moderne, du gospel, du motown et même du hip-hop retentissent durant tout le spectacle.
La performance d’une heure trente se caractérise par une harmonie ressentie, celle qui lie les artistes sur scène. Kenny Garrett rend non seulement hommage à une musique authentique émergeante —en partie— de pays du sud, mais valorise également son attachement à ses ancêtres à travers ses compositions. L’artiste a exprimé son attachement au continent africain, à sa ville natale «Detroit» et déclare rejouer sans hésitation en Tunisie, si l’occasion se présenterait.
Une prouesse en double
Le duo féminin Ibeyi a assuré, la veille, un spectacle des plus rythmés, en sons et en lumière. Voix et instruments accompagnaient leurs morceaux, face à un public connaisseur mais timidement présent. Les hommages vibrants rendus à leur grand-mère originaire de la Tunisie, un autre destiné à leur père, à la patrie ou aux liens forts qui unissent les deux sœurs, se sont succédé, ponctuant ainsi de nombreux morceaux connus et moins écoutés. Les fans présents sont parties à la découverte de quelques morceaux joués et se sont imprégnés des messages, anecdotes, pauses drôles, racontés par ces deux artistes… sans cesse en interaction.
Lisa Kaindé et Noémie Diaz, de leur vrai nom, ont présenté au total 18 morceaux sur une durée d’une heure trente accompagnées d’un claviériste/bassiste. Parmi les morceaux les plus écoutés présentés sur scène «Sister 2 Sister», «Lavender and Red Roses» et le fameux «River», qui les a révélées au public en 2017. Du rap, de la percussion, du chant et de la danse cubaine ont mis en valeur cette performance de Downtempo, hip-hop, RnB ou soul. «Ici, c’est le pays de notre grand-mère. On est émues de chanter pour elle et pour la Tunisie», a confié Liza-Kaindé. Une belle première en Tunisie !
On ne peut que succomber à ce sentiment curieux et persistant de (re)découvrir Hammamet, de l’arpenter autrement à travers une touche picturale, celle d’une femme artiste-peintre, Najoua Hassouna, dont le nom ne vous dit peut-être rien, mais qui tient actuellement sa première exposition personnelle à l’Espace Sidi ben Aïssa (l’ASM de Hammamet), et ce, jusqu’au 20 mai en entrée libre.
C’est dans l’enceinte de l’Espace central Sidi ben Aïssa, en plein cœur du centre-ville de Hammamet, que se tient l’exposition-vente personnelle de l’artiste peintre Najoua Hassouna, qui, après avoir écumé les expositions collectives de la région de Hammamet, se lance à partir du 11 mai dans l’accrochage de sa première exposition personnelle.
C’est au gré des hasards que ses tableaux nous appellent. Faites uniquement à l’acrylique, ses œuvres, esquissées passionnément, révèlent un contenu qui a été déjà vu, à maintes reprises, mais qui se distingue par la touche féminine de son artiste. Fortement imprégnée par son vécu à Hammamet, elle raconte ses ruelles, sa médina arabe et l’architecture de ses édifices les plus emblématiques. Elle les dessine souvent dans les détails près, dans l’enceinte de sa médina historique, tout comme dans ses environs, à commencer par les poissons symboliques, son coucher de soleil, le golfe, quelques paysages sablonneux ou marins, qui font la beauté côtière de Hammamet, peinte à l’état initial, sans ses artifices hôteliers ou touristiques.
« El Ghram Eli fik », tel est l’intitulé de l’expo-vente, exprime la passion ardente de l’artiste, pour la peinture. Elle y raconte consciemment ou inconsciemment l’environnement dans lequel elle vit toujours, alternant souvent des portraits peints de quelques icones de la chanson arabe qu’elle adule ou qui l’attirent, citons Abdelhalim Hafedh, Om Kolthoum, ou même l’iconique Charlie Chaplin, en affichant sur ses tableaux quelques citations connues. Vortex en couleur, yeux ou des roses ponctuent aussi la découverte, sans oublier le clin d’œil à l’habit traditionnel local.
« El Ghram Eli Fik » est le titre d’une exposition subjective, qui traduit une passion presque juvénile pour la peinture, entretenue par Najoua Hassouna. Cette expo-vente pourrait éventuellement attirer les amoureux de la ville, les visiteurs passagers, qui affluent actuellement en pleine saison estivale et qui aimeraient découvrir les villes… d’une autre manière.