La passion pour le 7e art est palpable à Clermont-Ferrand, ville connue pour son festival international des films courts depuis des décennies. Historique et engagée, cette manifestation draine des réalisateurs des quatre coins du monde.
De notre envoyé spécial à Clermont-Ferrand Haithem HAOUEL
En 48h chronos, une spirale de films courts vous happent … Le monde paraît défiler en écran large et sous vos yeux. Entre l’inédit et le rétrospectif, quelques découvertes sur grand écran n’ont pas laissé de marbre, surtout quand on évoque « le cinéma du Sud », émergeant, définitivement installé dans un cinéma du monde, florissant et visible en abondance dans la programmation du premier festival des films courts au monde.
Cette 47e édition du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand consacre en 2025, dans sa très large programmation, quatre sections LBN, consacrées au cinéma libanais et une autre « Regards d’Afrique – African Perspective », entièrement dédiée au cinéma africain. Des essais courts, qui oscillent entre fictions et documentaires, révélateurs de maux sociaux omniprésents. Ils font échos en traversant les cultures du monde et luttent contre l’oubli. Un cinéma du Sud qui éveille les consciences et qui crie tout haut le conflit soudanais, les heurts au Kenya, la condition de la femme africaine, les guerres successives au Liban, la famine, le réchauffement climatique… Autant de problématiques traitées qui se succèdent et ne se ressemblent pas.
Face à l’intérêt grandissant d’un public averti, cette floraison de scénarios titille les réflexions, suscite le débat, lève le voile sur des thématiques diverses… et se fait entendre.
La passion pour le 7e art est palpable à Clermont-Ferrand, ville connue pour son Festival international des films courts depuis des décennies. Historique et engagée, cette manifestation draine des réalisateurs des quatre coins du monde. Cette 47e édition a connu la participation remarquée d’une réalisatrice tunisienne montante, Sahar El Echi, avec son 5e film « Bord à bord », retenu dans la section « Regards d’Afrique », unique participation tunisienne. Son actrice principale, Meriem Sayah, a aussi répondu présente, afin d’accompagner les projections du film, déjà projeté lors des JCC 2024. Cette histoire courte raconte l’affranchissement social d’une femme, confrontée à sa condition sociale difficile, et contrainte de subir les aléas relationnels vécus avec deux hommes, interprétés par Mohamed Hassine Grayaa et Aymen Mejri. Le film a suscité le débat tout comme l’ensemble de la section « Regards d’Afrique » qui a regorgé de découvertes pour la plupart inédites. Passage en revue !
We shall Not Forget (Nous n’oublierons pas) de Brian Obra : contre l’oubli
Terriblement oppressif et violent, le documentaire de 4 min est un cri d’alerte collectif. Celui d’une génération meurtrie et violentée au Kenya. Heurts urbains et révolte anti-sociale constituent la trame de fond du documentaire signé Brian Obra. Comme son titre l’indique, toute une génération de jeunes Kenyans se dresse contre l’Etat et laisse derrière elle un constat glaçant. Une parenthèse d’une violence inouïe est mise en lumière dans ce film court, dont la portée est de se souvenir de cette révolte de jeunes contre l’injustice et la corruption étatiques. Manifestation sanglante et slogans descendus révèlent la désillusion d’une génération et son asphyxie. Des jeunes «du clavier» jettent leurs machines et affrontent corps à corps les forces de l’ordre suite à la proclamation d’un projet de loi financier qui menace leur avenir.
Is it War ? (Est-ce la guerre ?) de Timeea Mohamed Ahmed : l’expérimental au service de la paix
Le 2e film visionné tourne autour d’une guerre toujours en cours au Soudan, sans doute une des plus meurtrières de l’histoire contemporaine. A travers un traitement innovant et moderne, cette fiction, signée Timeea Mohamed Ahmed, nous présente Jaâfar, son personnage principal errant. Telle une âme détachée de son corps, il se laisse errer dans une forêt. Surréaliste à souhait, le film est une échappée mentale pour son héros qui fuit la mort ambiante dans son pays. Une manière de sauver (ou pas) son esprit, sa santé, son existence. Filmé via des techniques développées visuellement, le ton reste léger, et le contenu dénué de toute violence visible. Le symbolisme autour de la misère du peuple soudanais parvient intelligemment et d’une manière insolite à un large public, généralement mutique face à cette catastrophe humanitaire. Le cinéma soudanais ne cesse de s’exporter depuis les 7 dernières années.
Time To Change (Il est temps de changer) de Pocas Pascoal : une plongée dans l’histoire
Ce court film fait office d’un document historique et éveille les consciences. Il nous vient de l’Angola et à travers un montage expérimental d’une grande maîtrise, il puise dans des archives coloniales rares. Il raconte en un temps limite l’asservissement de tout un peuple par son colonisateur. Misère, famine, maltraitance et exploitation rongent cette réalisation. Ce film reflète, tout haut, la naissance du capitalisme, sa propagation dans le monde et crie son essence même… qui ne date pas de nos jours. Une relation colons /colonisés, toujours d’actualité. Le suprématisme blanc et son emprise broient des peuples pillés, spoliés, appauvris et… ce document expérimental l’atteste.
Alazar de Beza Hailu Lemma : tragédie en terre aride
Ce film frôle le format « Moyen métrage ». Il bouleverse par la profondeur de son histoire maîtrisée. Son scénariste s’est permis une liberté d’écriture ressentie au fil des évènements visionnés, au point où le court a failli lui échapper. Cette plongée dans le vécu d’une tribu éthiopienne bouleverse par sa sincérité. « Alazar » raconte l’exode d’une communauté paysanne, désireuse urgemment de quitter son territoire de naissance pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires, afin d’éradiquer pauvreté et famine. Leur terre ne devenait plus fertile, et la pluie se faisait rare. Suite à la découverte du corps d’un patriarche dans un puits sec, les convictions et pratiques religieuses se retrouvent ébranlées et une enquête est entamée afin de découvrir les dessous de cette mort, quitte à remettre en question les déductions d’un homme de l’église. Et c’est le fils du défunt qui entame cette quête.
Breastmilk (Lait Maternel) d’Ifeyinwa Arinze : L’affranchissement d’une mère
Cette fiction courte de 16 min traite de plusieurs tiraillements, vécus par Aduke, jeune mère nigériane, qui doit se réconcilier avec son passé pour pouvoir s’accomplir dans le présent, quitte à chambouler sa relation déjà tendue avec son mari, esquiver les croyances superstitieuses de son entourage et surtout pouvoir allaiter son nouveau–né. Cette embrouille afflue sur son corps et perturbe l’allaitement par voie naturelle. L’interprétation féminine de l’actrice principale ne laisse pas indifférent et retient l’attention de bout en bout. Entre consultation médicale, heurts avec un mari infidèle et la naissance de son bébé, sa condition de femme et de mère peine à trouver le juste équilibre…pire, elle est écrasée. Le court métrage lève le voile sans retenue sur des dérives sociales, qui peuvent surgir souvent au sein même du noyau familial. Pour les confronter, autant couper les chaînes et chasser ce qui se présente comme des obstacles à l’épanouissement. Une leçon de vie !
Clap de fin de la 47e édition du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand : l’édition en chiffres
Le palmarès officiel est constitué des prix remis par les jurys officiels, étudiants et publics dans chacune des trois compétitions. Cette 47e édition, en plus de ses compétitions, a mis à l’honneur le cinéma libanais ainsi que l’importance du son dans les films. Elle a enregistré un bilan positif avec plus de 4100 professionnels accrédités par le Marché du film court et un nouveau record battu : plus de 173 000 entrées ! À noter que ce nombre d’entrées a été possible sur 454 séances réparties sur les 14 salles qui ont accueilli le festival. 34 stands ont fait vivre le Marché du court. 51 pays étaient représentés dans les trois grandes compétitions et au palmarès, 26 pays sont représentés : Allemagne, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Égypte, États-Unis, France, Irlande, Islande, Italie, Kosovo, Liban, Maroc, Mexique, Palestine, Philippines, Royaume-Uni, Sénégal, Singapour, Slovaquie, Suède, Suisse, Taïwan, Tchéquie et Ukraine. Le festival rempile déjà du 30 janvier au 7 février 2026.
Dans le cadre d’une tournée en Tunisie, effectuée à l’occasion de la parution de «Kaléidoscope», une anthologie de poésie québécoise, traduite en arabe, Catherine Cormier-Larose entretient ce dialogue entre deux cultures, deux nations, et s’adresse au monde à travers la poésie. Cette aventure littéraire est un foisonnement de mots qui magnifie l’époque, menée collectivement.
«Kaléidoscope», votre anthologie de poésie, a été présentée à un large public à la librairie Al Kitab Mutu, ensuite, dans le cadre d’un club de lecture à haute voix, fondé récemment à Hammamet et prochainement, elle sera présentée à l’Institut Français de Sousse. Que pouvez-vous nous dire de plus sur cet ouvrage de poésie distingué ?
Dans le cadre du festival international de la poésie qui a eu lieu en avril 2024, il y a eu une présence québécoise importante. Poètes et poétesses ! On a tenu à ce que leur passage en Tunisie et leur participation demeurent. Que leur partage de la poésie reste ! C’est difficile de se lire à l’international et d’avoir accès à la poésie mondiale. En créant cette anthologie de 30 poètes et poétesses québécois, on les a traduits en langue arabe, ainsi les Tunisiens pouvaient les lire, nous permettant de les faire entrer dans une poésie québécoise qui dialogue avec la Tunisie, et en entretenant cette croyance en une poésie… qui est salvatrice. Avec Moez Majed, le fondateur du festival, nous trouvons que la poésie peut être un vecteur de paix, qui rend accessible tout ce qui est inaccessible, qui renforce le partage des valeurs, crée une communion universelle, au-delà des différences. La poésie a été traduite par le Tunisien Ashref Kerkeni, révisée par Khalil Khalsi, les deux sont spécialistes en lettres. Moez Majed a assuré la direction littéraire du projet, en faisant attention à bien traduire les expressions québécoises.
Comment s’est passé ce processus de traduction poétique ?
Initialement, on a travaillé avec une équipe qui croit profondément en une poésie traduite, en une poésie qui doit l’être et qui doit être faite par des poètes. Le poème est plus important que « le mot à mot » ou du mot juste. Ce sont des traductions créatives. L’écriture a une âme. On a traduit en gardant l’idée du poème en langue arabe. On écrit avec le cœur.
Parlez-nous de votre festival international de la poésie à Montréal ?
Depuis quelques années, la direction du festival de la poésie de Montréal, qui est un festival uniquement dédié à la poésie, très local et annuel, essaie d’attirer des poètes de partout du Québec avec un aspect lié à la francophonie. Chaque année, on essaie de travailler, discuter et échanger avec des poètes de par le monde, de la Tunisie et du monde arabe. D’où notre connexion au festival international de la poésie de Sidi Bousaid. En Tunisie, on publie beaucoup en français, d’où ce rapport fluide qui s’est créé. On est en train de travailler sur une revue de 12 poètes tunisiens et tunisiennes, 6 arabophones et 6 francophones, qu’on veut avoir dans une revue spéciale. Emna Louzir a d’ailleurs été enregistrée. Il y a des choses de ce partage qui perdurent, créant ainsi des liens, en changeant les idées, afin de communier et de communiquer. On fait de la poésie un vecteur de changement.
Pour « Kaléidoscope », votre dernière anthologie, comment s’est faite la sélection des 32 poètes et poétesses ?
La sélection d’une anthologie est toujours un brise-cœur. Avec Nora Attala, j’ai codirigé la publication. C’est une poétesse québécoise et le travail s’est fait à deux. Elle voyage beaucoup, partout dans le monde. C’est une poète qui sème la poésie québécoise partout. On a choisi des poètes très importants, qui écrivent et font œuvrer la poésie, qui la publient et la tissent, avec des poètes moins connus d’ailleurs : D’Ottawa, d’origine italienne, autochtone, du Guatemala. En mélangeant, on a créé ce « Kaléidoscope ». Les poétesses arabes retenues sont canadiennes avec des origines arabes. La poésie québécoise a mis beaucoup de temps à s’ouvrir sur le monde. Nous sommes la seule région francophone du Canada, et avons bataillé pour notre patrimoine linguistique, qui fut un véritable combat. C’est tout un travail de générations. La peur de perdre notre langue est omniprésente. Nous vivons dans un monde avalé par le culture « américaine », des Etats-Unis spécifiquement. C’est l’époque ou jamais de se protéger contre cette culture mondialisée.
Quelle place a la poésie au 21e siècle, particulièrement en 2025 ?
Les gens souffrent beaucoup de nos jours. Sur le plan personnel mais aussi à cause de l’état de notre monde, des guerres qu’on n’a pas choisies de vivre, du capitalisme ambiant, de la violence inerrante. La poésie allège les maux. C’est une manière de rassembler, d’unir, de créer des communautés tout en étant rebelle et résistant. J’ai cette certitude que la poésie embellit le monde. C’est une fenêtre qui permet d’entendre les voix des autres.
Un dernier mot sur la couverture remarquable de l’ouvrage « Kaléidoscope » ? Nous ne restons pas indifférents à la photographie choisie.
Pour l’anthologie, on cherchait une manière de la présenter. Cette publication est importante au Canada et en Tunisie, mais nous espérons qu’elle fasse échos dans le monde arabe et ailleurs. La photo sublime qu’on a choisit fait référence à la Tunisie. Elle est signée Mehdi ben Temessek, photographe, poète et architecte de formation. Elle évoque l’artisanat, le ciel ouvert, le drapeau blanc, la carte et la page blanche. Ce tissu visible sur la couverture est tunisien.
Un rendez–vous spécial est prévu à l’Agora dans la soirée du 31 janvier 2025 à partir de 19h00 entre la célébrité française du petit écran, Catherine Ceylac, qui, le temps d’un épisode de son programme « Conversation intime », donne la parole à une icône tunisienne du théâtre, du cinéma et de la télé, Fatma Ben Saidane.
C’est sur la scène de la salle de l’Agora que cette rencontre aura lieu entre deux femmes connues. L’une est issue de la télé culturelle française, célèbre pour son émission « Thé ou Café », Catherine Ceylac et la comédienne tunisienne Fatma Ben Saidane qu'on ne présente plus. La présentatrice vedette de la télévision française sera en Tunisie pour cet épisode spécial de « Conversation intime », son nouveau concept filmé.
La rencontre s’annonce sous le signe de l’émotion et de la surprise. Catherine Ceylac plonge d’une manière rétrospective et en immersion dans la carrière de l'artiste, grandement accomplie. Différents aspects, une multitude de rôles marquants, des films classiques et des pièces de théâtre incontournables seront évoqués. Cette conversation lève le voile sur une véritable personnalité tunisienne, entre émotions, moments tendres, échanges édifiants, anecdotes partagées. Une manière de rapprocher encore plus l’actrice de son public et de lever les voiles sur des détails, probablement méconnus autour de son savoir – faire et de sa vocation.
Sa condition de femme actrice, son amour pour la scène, sa relation avec ses admirateurs, ses acolytes et à la création de ses chefs- d’œuvre seront évoqués pour le public présent. Plus de 50 ans de carrière ! Les difficultés de son métier seront également dévoilées dans un portrait tracé, d'une durée de 90 min.
Le travail de Catherine Ceylac est désormais accessible en Podcast. Après son émission de télévision «Thé ou café», connue par toute une génération, son public la retrouve toujours dans un format « entretiens » très prisés par son audimat comme par ses invités. Par son charisme, son tempérament unique et sa voix reconnaissable, elle séduit toujours.
S’il y a un projet à caractère cinématographique et social qui a résonné auprès d’un large public, c’est bien « Cinématdour ». Son impressionnant véhicule fait toujours office de salle de cinéma pour de nombreux citoyens tunisiens qui ne connaissaient rien du 7e Art ou qui n’ont jamais accédé à une salle obscure. « Cinématdour » continue de sillonner les régions intérieures, le sud tunisien et autres villes parfois isolées, souvent méconnues ou défavorisées.
La Presse — En Tunisie, le cinéma n’a pas été auparavant aussi à la portée et accessible. « Cinématdour » fait écho auprès d’un public qui n’hésite pas à partir à la découverte ou à expérimenter. Ce bus se déplace, se transforme en salle de cinéma et existe depuis plus d’un an. Il génère un intérêt sans cesse grandissant, rassemble des adhérents, initie souvent aux projections cinématographiques, touche toutes les franges sociales, diffuse au plus loin cet art. Rien qu’en 2024, des milliers de personnes ont vécu l’expérience et ont formé spontanément une communauté « Cinématdour ».
Des routes et des accomplissements
Rien qu’en une année, « Cinématdour » c’est 528 séances de cinéma, films tunisiens, internationaux et inclusifs pour malentendants et malvoyants. C’est 22.294 entrées générées dont 13.450 dans le cadre des programmes RSE et 1099 tickets offerts à des associations et à des jeunes en situation d’handicap ou de vulnérabilité. La musique a été très présente avec l’organisation des 4 cinés – concerts et de 2 concerts en plein air. Un pré-lancement a eu lieu à Ain Zaghouan en janvier 2024, avec une conférence suivie d’un concert de la chanteuse Imen Khayati. La phase de pré-lancement a duré jusqu’en avril dans la région du Grand Tunis, puis direction Gabès à partir du mois de mai 2024. L’équipe a largué les amarres sur place jusqu’à mi – juillet 2024 en enchainant et la ville de Gabès et les délégations autour comme Matmata et la nouvelle Matmata, El Hamma, Menzel El Habib, Zarat, Chenini. Le moment fort dans ce gouvernorat reste sans doute la participation du « Cinématdour » au festival « Gabès Cinéma Fen » et l’organisation des 4 cinés-concerts « Feelings » avec Kaso, Une participation fructueuse avec ses 68 séances et ses 2.788 entrées.
Direction Tozeur, en octobre avec le programme RSE et son arrêt au centre-ville de Nafta. La présence de « Cinématdour » sur place a généré 7.292 entrées pour 91 séances de films. Un concert avec Halim Yousfi et « Gultrah Sound System » a également été organisé.
Le passage à Tozeur n’a pu se faire sans un arrêt à « Dar Chraiet » : sur place ont été réalisées 19 séances et 691 entrées. En novembre 2024, c’était autour de Gafsa d’accueillir le bus magique en réalisant 66 projections pour 3.353 spectateurs. Dans la région Jammel à Monastir, c’est 200 séances effectuées pour 2.193 entrées offertes. Presque une année plus tard, c’est retour à Tunis, pour la réalisation d’un programme phare « Ciné – santé », organisé par l’OMS et qui a sensibilisé sur les enjeux prioritaires à la santé publique.
L’évènement s’est déroulé à Hay Hlel, dans un centre de protection maternelle et infantile en 56 séances ciné-débats, ramassant 3.965 entrées offertes, et organisant 11 ateliers d’apprentissage artistique et 33 rencontres avec des personnalités culturelles, médiatiques et sportives. L’année précédente fut fructueuse et amplement validée. Pour 2025, des projets ciblés verront davantage le jour et une vision ambitieuse s’apprête à se concrétiser sous un slogan « Ensemble pour 2025 : Construisons un impact durable et solidaire ! ». « Cinématdour » encourage à être actif socialement et sur le plan culturel, tout en soutenant l’accès à la culture pour tous. L’initiative promeut des valeurs universelles d’éducation, d’inclusion et de solidarité, inspire les générations futures grâce à ses accomplissements et renforce votre engagement sociétal en investissant dans des projets à empreinte durable. Pour suivre l’actualité « Cinématdour », suivez le projet sur les réseaux sociaux.
A l’aube d’une nouvelle année, il y a de ces initiatives qu’on voit défiler et qui semblent être en phase avec leur époque. « Diasporactive » en fait partie. Ce programme incite de jeunes entrepreneurs tunisiens, installés à l’étranger, et même ceux qui ambitionnent de devenir investisseurs, à implanter leurs projets dans leur pays d’origine. Tout un programme édifiant leur a été préparé pour un retour au bercail.
La Presse — En rencontrant ce noyau de jeunes Tunisiens, résidents à l’étranger, l’espoir renaît grâce à leur volonté de s’accomplir dans leur pays et d’y apporter leurs pierres à l’édifice. Déployer ses ailes et apprendre à l’international, c’est sans doute important mais s’implanter dans son pays d’origine reste à l’ordre du jour. Dans une époque où on évoque le plus souvent la migration vers d’autres cieux et la fuite des cerveaux, « Diasporactive » valorise une migration des cerveaux à l’envers. Celle qui rime avec le retour d’une vie… pensé, conçu, imaginé par une cohorte de 6 personnes munis de 6 projets solides à concrétiser pour la Tunisie.
Un programme d’accompagnement
« Diasporactive » est un programme élaboré par l’incubateur « 1kub » et a pour objectif d’encourager de jeunes entrepreneurs tunisiens, vivant à l’étranger, d’investir dans leur pays. Une initiative qui offre accompagnement, sessions de formation, services et consultations effectuées par des experts. «Diasporative» est l’émergence d’un espace d’échanges d’expériences, d’outils, de savoir et se présente comme une aubaine pour réseauter dans un cadre propice à la créativité et à la conception. Le programme engage les participants dans une expérience fructueuse, qui donne des réponses, en théorie, aux inquiétudes liées à l’investissement en Tunisie, à l’aspect administratif tunisien, à la bureaucratie, à la loi tunisienne, et au contexte national, qui reste méconnu pour des jeunes ayant passé des années de leur vie, loin du pays. Le programme « Diasporactive » a débuté en septembre avec la sélection de 9 entrepreneurs tunisiens essentiellement basés en France, Belgique, Italie, Autriche, Allemagne … mais aussi aux USA. La moitié sont des femmes, pour la plupart de formation ingénieur ou issues du secteur informatique. Les candidats ont, à leur actif, au minimum 12 années à l’étranger, et envisagent de percer professionnellement avec un projet qui leur permet d’être fonctionnels, pourquoi pas, entre deux rives. Cette envie devient persistante, malgré leur position professionnelle avantagée à l’étranger.
Une succession de projets ambitieux
Un éventail de projet viables est présenté lors d’une session de formation organisée par « 1Kub ». Les secteurs concernés sont le tourisme durable, l’amélioration des services du quotidien chez les Tunisiens, l’exportation de produits d’artisanat ou du terroir tunisien, et d’autres, à caractère technologique impactant comme le lancement d’applications, de plateformes ou de CRM. L’accompagnement dans une première étape a duré 3 mois pour les participants désireux d’élaborer leurs projets. La progression pour chacune et chacun varie : il y en a qui pensent encore leur vision, et d’autres qui sont déjà dans la concrétisation. Sarah Bourouissi pense un projet écolo, pour un tourisme durable et sain pour l’environnement à développer auprès de restaurants et d’hôtels en Tunisie. Une idée qui nécessite actuellement son étude du marché. L’aspect «développement» de son projet prometteur évolue bien. Adel Lusakula est tuniso-congolais, ingénieur à Toulouse. Depuis son plus jeune âge, il rêve d’entreprendre. Son souhait prend forme dans son projet destiné à la fabrication du miel organique : une vente export qu’il trouve nécessaire à la valorisation du miel de Tunisie. Safouane ben Haj Ali tient à concevoir une plateforme numérique au nom insolite « My Chakchouka » qui connecte les artisans tunisiens au marché global. Sa cible, ce sont les personnes qui s’intéressent aux produits tunisiens.
Aya Omrani, au parcours universitaire atypique, veut fonder « Med Journey », une agence de tourisme médical en Tunisie. Une aubaine qui pourrait rallier soins et tourismes. Ala Selmi savoure son expérience naissante dans le e-commerce avec son associé tunisien basé aux USA. Son projet vise à lier les commerçants à leurs clients à travers « Souk express ». Son e-ccommerce a pour but de faciliter les courses de tous les jours chez les citoyens tunisiens. Taoufik vit à Paris depuis 35 ans. Il tient à récupérer un bien familial : une ferme coloniale, qu’il tient à convertir en chambres ou maison d’hôtes. Il a une collection importante d’objets historiques qu’il peut exposer ou en faire un musée. Un lieu de villégiature est actuellement en devenir à Zaghouan, dans ce domaine de Bir Mchergua.
Cette première cohorte de ce programme est financée par l’Union européenne et soutenue par «Thamm Ofii» qui cible les membres de la diaspora et leur capacité d’offrir des opportunités économiques, sociales et culturelles attrayantes. Le programme est aussi déployé sur d’autres gouvernorats : le Cap Bon et Zaghouan, Béja et Sfax. D’autres projets vont voir le jour. «1Kub», l’incubateur, lance régulièrement des appels pour le programme «diasporactive», pour accompagner d’autres entrepreneurs de la diaspora, dans la structuration et la mise en œuvre de leurs projets, dans la définition du Business Modèle, la construction du Business Plan, l’étude de marché mais aussi la connexion avec les structures facilitatrices, peut -on lire dans un communiqué.
En enchaînant les rôles remarquables de mères battantes et fortes, Salha Nasraoui effectue son grand retour en 2024 pour son public connaisseur. Elle a été aussi une grande découverte pour d’innombrables spectateurs férus de théâtre et de cinéma, mais qui ne la connaissaient pas. A l’affiche de « La source » de Meryem Joober, en salles à partir du 15 janvier, elle sublime l’écran au cinéma et conquiert par son interprétation, y compris au théâtre. Rencontre.
Vous êtes à l’affiche de « Mé Al Ain » ou « La source » de Meryem Joober qui sort le 15 janvier dans toutes les salles de cinéma. Précédemment, en 2019, beaucoup vous ont remarquée dans « Brotherhood », signé par la même réalisatrice et nominé aux oscars. Vous y campez le rôle d’une mère meurtrie mais résiliente face à la destinée de son enfant. Selon vous, comment s’est passée cette transition du film court à sa version longue ?
Les deux films paraissent similaires parce qu’il s’agit de la même famille, qu’il y a aussi le retour du jeune garçon de Syrie. Dans « Brotherhood » — le court — l’histoire était plutôt vue par le mari. La réalisatrice a eu l’idée de faire du film un long métrage, mais raconté du point de vue de la mère. Comment elle vit le déchirement, la séparation d’avec ses enfants, la tourmente ou la déroute. A partir de cette idée, tout le personnage a été développé pour raconter l’histoire autrement. « La source » raconte une histoire autrement, d’un autre point de vue.
Vous jouez le rôle de la figure maternelle, par excellence. Comment s’est passée votre incarnation de ce personnage assez complexe ?
Ce n’était pas facile, comme tout personnage composé. Façonner et s’imprégner d’un rôle comme celui-ci n’est pas facile. Je ne banalise rien. Je ne prends rien à la légère. Il faut de la persévérance, de l’ardeur. Il s’agit d’un travail ficelé. C’est le théâtre qui nous apprend à être minutieux, à bien s’imprégner d’un personnage, bien le connaître, tisser sa vie, tout savoir sur sa personnalité, ses qualités, ses défauts. On a beaucoup écrit, et on a formé les autres acteurs plus jeunes du film. « Aïcha », je l’ai beaucoup adopté et j’ai su comment lui donner vie. Faire de sa résilience, sa force, sa tranquillité un point fort. La direction d’acteurs de Meryem Joober était excellente : on connaissait ce qu’on voulait, nous, acteurs. Sa direction est si douce. Elle nous a fait comprendre qu’on peut arriver à bout d’un très bon travail, sans être dur, forcément sur un plateau de tournage. Elle est d’une bienveillance exemplaire.
Comment s’est passé le travail avec les jeunes acteurs du film et avec Mohamed Grayaâ? Il y a beaucoup d’esthétique dans le film, notamment celle du lieu. Très naturel. Que gardez-vous en souvenir du tournage ?
On a effectué des ateliers classiques et indispensables d’acting : avec exercices de base, de respiration, de mouvement, d’allures. Ce sont des cours de théâtre qu’il a fallu pour eux en premier, pour bien les initier. La réalisatrice a suivi le processus dès le départ et ils ont vite appris. Avec Grayaa, nous formons un très bon tandem à l’écran. J’ai beaucoup aimé travailler avec lui. Pendant 6 semaines, j’ai été coupé du monde en fermant mon téléphone. (Rire) Le paysage était splendide, avec des plaines arides, naturelles et il ventait beaucoup. C’était un tournage sans doute très physique avec ses petites difficultés mais surmontables et qui reste très plaisant. Ça a duré 6 semaines et c’était magnifique.
« Le Bout de la mer », dernière pièce de théâtre en date de Fadhel Jaibi, vous a fait connaître dans le rôle extrêmement complexe et dur d’Atika, une autre mère à la destinée tragique. Une œuvre dure mais remarquable qui me pousse à vous interroger sur le lien que vous avez à la scène. Quelle est la différence pour un acteur de jouer dans le cinéma et d’être sur scène ?
J’ai fait du théâtre, ensuite, du cinéma, et je suis revenu au théâtre. Ce sont les outils et la formation qu’on a qui comptent le plus. Notre prestation, nos corps, notre présence scénique, visage, gestuel. Notre mental, la voix. Ce sont des outils qui doivent tout le temps être entretenus. C’est ce qui nous forge en tant que comédiens. Ce qui nous forme. Tout cela à la fois doit être dosé sur scène ou à l’écran, et c’est au metteur en scène ou au réalisateur de le faire. Il ne s’agit pas de disciplines différentes. Un acteur reste un acteur avec une bonne direction, un bon encadrement. Nous avons « un témoin » en tête, en tant qu’acteur qui nous permet de sentir quel résultat avoir dans une création. L’acteur s’adapte à un film comme dans une pièce théâtrale avec peut-être un peu plus d’effort physique fourni sur scène, et avec plus de sentiments, d’émotions exprimées.
Après « Jounoun », pièce de Fadhel Jaibi, mise en scène en 2000, vous avez retravaillé avec lui en 2023 sur « Le bout de la mer ». Que gardez-vous en tête des deux expériences ?
Dans « Jounoun », j’ai été étudiante. Je faisais encore du théâtre et j’ai été flattée qu’il m’ait choisie. J’étais jeune, honnêtement. On a fait le tour du monde avec. Elle a été jouée 150 fois partout. J’étais poussée par ma passion et mon envie effrénée de travailler, sans arrêt, sans parvenir sur le moment à cerner exactement ce que j’ai acquis comme savoir. Ce n’est qu’en enchaînant les expériences après « Jounoun » qu’une prise de conscience s’est déclenchée et que j’ai su à quel point j’ai tellement appris de Jaïbi. Renouer avec lui récemment m’a fait comprendre qu’il était bien plus important que je ne l’imaginais.
Dans les trois rôles que vous présentez actuellement, vous jouez le personnage de la mère-totem. Comment s’est faite cette succession de choix de rôles ?
Franchement, ça s’est fait par hasard. Ce sont des figures maternelles très différentes que j’ai eu plaisir à jouer. C’est une question de timing et j’ai fait avec pour « La source », comme pour « Les enfants rouges » de Lotfi Achour (Qui sort prochainement) ou pour « Le bout de la mer » de Jaibi.
A l’échelle nationale, les créations se sont succédé et ont mis en lumière deux talents remarquables. Deux actrices qui se sont emparées de la scène, puis du grand et du petit écrans, et ont conquis un large public. Point de rétrospectives, sans qu’elles ne soient citées : Salha Nasraoui et Fatma Sfar.
Sa performance dans « Le bout de la mer » de Fadhel Jaibi fait l’effet d’un séisme… qui persiste toujours, plus d’une trentaine de représentations plus tard. Salha Nasraoui, magistralement dirigée dans cette création, saisit largement le public féru de théâtre. Son personnage d’Atika interpelle, choque, repousse, déroute… et la met en lumière. Fin 2023, le public la découvre sur scène dans ce nouveau rôle puissant et complexe. Un personnage féminin central, inspiré du mythe de Médée d’Euripide, contextualisé dans notre époque dans « Le bout de la mer ». Criante d’humanité, Salha l’interprètera durant 2h35, de nombreuses fois en 2024, marquant sans doute un tournant dans son parcours au théâtre.
Parallèlement, le cinéma lui fait de l’œil et, la même année, le public recroise l’actrice à l’affiche de « La Source », premier long métrage de Meryem Joober, réalisatrice tunisienne qui perce à l’international. Durant 2 heures, l’interprète joue le rôle d’une mère, meurtrie par le sort de ses enfants partis en Syrie, pris au piège par l’intégrisme religieux. Film déroutant retenu à la Berlinale, pour sa première projection, il est aussi sélectionné en compétition officielle aux JCC 2024. « Brotherhood », la version courte et initiale de cette même histoire, réalisée en 2018, a été sélectionnée aux oscars 2019. Toujours en 2024, la consécration pour l’actrice a été couronnée par les nombreux prix raflés à l’international par « Les enfants rouges » de Lotfi Achour. Plus récemment, le Tanit d’Or et le prix du public lors des JCC 2024 lui ont été décernés. Elle y joue le rôle d’une tante, anéantie, et solide face à l’épreuve du terrorisme… encore. Ce 2ème long métrage, pour son réalisateur, narre un fait divers sanglant, qui a eu lieu en 2015 en Tunisie.
Fatma Sfar, au gré des expériences diverses
C’est sur écran dans « l’Aiguille » d’Abdelhamid Bouchnak qu’elle s’impose. La date de sortie de ce long métrage remonte, certes, à décembre 2023, mais pour Fatma Sfar, c’était le commencement d’une succession de productions, qui la propulsent au plus près d’un large public. L’artiste pluridisciplinaire a, en effet, été remarquée et pas qu’un peu en 2024.
A travers ce tout premier film, « The Needle » (titre en anglais), le cinéma lui a permis d’y faire un pas remarquable… et ce n’était que le début. L’actrice n’est pas passée inaperçue dans le rôle de Meriem, mère battante, prête à tout pour protéger son bébé et le sauver des griffes d’une société impitoyable, car il est né « intersexe ». Sujet brûlant, qui a suscité le débat en public et a marqué le début d’une nouvelle année 2024, ponctuée de créations pour elle.
S’enchaîne ensuite son apparition évènement à la télé, dans le rôle de « Mahbouba » dans « Ragouj ». Elle rempile, toujours sous la houlette d’Abdelhamid Bouchnak mais cette fois -ci dans une série télévisée. Le quotidien houleux de villageois, issus d’une région fictive « Ragouj », déchaîne la passion des téléspectateurs ,le temps d’un ramadan. Fatma Sfar campe le rôle décalé, pétillant, attachant d’une « Ragoujienne ». La télé rapproche en général l’artiste du grand public : « Mahbouba » séduit.
Parallèlement, l’actrice n’abandonne pas la scène théâtrale pour autant. Elle enchaîne les représentations d’une pièce de théâtre, produite par « El Teatro » et mise en scène par Walid Ayadi, « Le cœur hanté », qui a été programmée au festival international de Dougga et à Paris, entre autres dates. Toujours aux côtés de Walid Ayadi et d’une large équipe de musiciens et d’acteurs, elle enchaîne avec la première de « Nawbet Gharam » au festival international de Carthage, création mi-théâtrale, mi-musicale, présentée le 12 août 2024.
Fin d’été rimera pour l’artiste avec le bouclage d’un tournage engagé, celui du court métrage de Bechir Zayene « Beyond Reality », retenu en compétition nationale aux JCC de 2024.
Le film d’une vingtaine de minutes, réalisé avec le soutien de ONU Femmes Tunisie, traite d’un sujet sensible et universel, à l’ordre du jour, celui des violences faites aux femmes. Les semaines suivantes, l’artiste enchaînera les festivals internationaux comme le Red Sea, Venise ou, plus récemment, nos JCC nationales, afin de promouvoir son 2e long métrage « Aicha », réalisé par Mahdi Barsaoui. En tête d’affiche, elle joue le rôle d’Eya, une jeune fille, contrainte de fuir son village natal, suite à un malencontreux accident routier, et déterminée à reprendre sa vie en main à Tunis, sous une nouvelle identité. S’enchaîneront alors des évènements inattendus, qui la mettront à rude épreuve. La sortie nationale du drame est attendue pour le 22 janvier 2025.
Nous y verrons Yasmine, Dimassi, Hela Ayed, Nidhal Saadi ou encore Mohamed Ali ben Jemaa et Saoussen Maalej. Fatma Sfar a percé des années auparavant, en commençant certes par le théâtre à El Teatro, mais surtout en produisant de la musique dans « Denya Okhra », un couple de musiciens, qui a marqué la scène musicale tunisienne alternative des années durant.
La parution remarquable de cette fin d’année est celle d’un beau livre d’art au titre insolite «Tkharbich», conçu par l’artiste dessinateur et universitaire Tarek Souissi. L’ouvrage a vu le jour grâce à l’appui du Fonds d’encouragement à la création littéraire et artistique du ministère des Affaires culturelles.
Des instants de vieux monuments ou édifices historiques de la Tunisie, en passant par de splendides baies aux couchers du soleil ou des ruelles des médinas emblématiques de notre pays, le savoir-faire de l’artiste fait déambuler visuellement toutes celles et ceux qui se laissent happer par ces tableaux soigneusement exposés. En tant que spectateur, scrutant ses créations, c’est comme si on traversait la Tunisie à travers les yeux du concepteur.« Gribouillage», titre évocateur du livre traduit en français, est un bel éventail des propres tableaux du dessinateur, présentés au fil des 160 pages.
A l’origine de ce travail minutieux, Tarek Souissi, diplômé de l’Institut supérieur des Beaux-arts de Tunis, titulaire d’un master en sciences et techniques des arts, enseignant à l’Institut des Beaux-arts de Nabeul depuis une vingtaine d’années. Toute sa vie, l’artiste dessine avec des stylos ce qu’il voit, les endroits ou lieux qui le touchent, comme s’il les capturait en se servant d’un appareil photo. Ces dessins prennent vie en un temps concis et figent l’instant présent.
Au départ, il le faisait spontanément dans des carnets. La technique, au fur à mesure, a évolué et a été maîtrisée au fil des années. « Je cherche aussi à dessiner des coins et recoins peu visibles, tout en les mêlant à des lieux parlants, célèbres d’une ville précise. Clin d’œil à notre patrimoine et notre histoire si riche. Je n’utilise pas de crayon pour dessiner, seulement des stylos », déclare Tarek Souissi.
Sous les conseils d’un ami proche, connaisseur des arts, l’artiste finit par convertir ses œuvres dessinées en un ouvrage élégamment conçu. Un livre ponctué par des textes en arabe et en français de critiques d’art, d’universitaires, écrivains, poètes et artistes tunisiens de renom a finalement vu le jour en pleine période des fêtes de fin d’année. Ce 2e évènement de présentation, organisé en double format — Vernissage / Parution de livre d’art —, s’est déroulé à l’espace culturel « Fausse note » à Hammamet en collaboration avec l’association Inart. La première présentation a eu lieu à Ennejma Ezzahra, le 21 décembre 2024.
C’est à la galerie Kalysté à la Soukra que l’artiste Hamadi Ben Neya donne vie à 55 œuvres d’art conçues avec du bronze et du fer. Le sculpteur manie la matière habilement et sublime l’espace, le temps de l’exposition «Bronze Dance» qui s’est achevée hier.
L’exposition tourne autour de la chanson, la danse, et une culture populaire. Avec de la matière, le créateur crée des œuvres attrayantes, dansantes, figées dans des pauses qui racontent des corps en mouvement, l’art populaire, ses contes et anecdotes.
A la vue de sa grande exposition, l’artiste fait danser ou bouger le bronze et pas qu’un peu. Il expose ses œuvres dans deux parties distinctes de l’espace : la première est consacrée à des créations modernes et d’autres qui racontent notre histoire, patrimoine ou contes et musiques tunisiennes d’antan, connues de tous les Tunisiens. «Ommek Tango», «Bou Saadia», «Bou Teliss», «Bou Tbila» ou encore «Azouzét Stout», autant de figures qui ont profondément habité notre imaginaire collectif et notre enfance sont désormais reconstituées à travers les œuvres en bronze et en métal de Hamadi Ben Neya.
Le créateur manie et modèle des déchets, du fer et principalement le bronze pour «Bronze dance».
Il plie la matière et fait usage du feu afin de concevoir une cinquantaine d’œuvres créées sous différents formats. La partie de l’exposition consacrée à notre imaginaire populaire reflète le pouvoir de la transmission, pratiquée jusqu’à nos jours d’une génération à une autre, oralement, via la création manuelle ou encore la musique ou les histoires énoncées. Autodidacte toute sa vie, Hamadi Ben Neya puise son art de la récupération. Passionné de collecte d’objets et de matière souvent rare, il réussit à en faire des expositions, présentées en Tunisie ou à l’étranger.