Articles

« L’effacement » de Karim Moussaoui : Se noyer dans sa propre existence
REVIEWS & CRITIQUES12 / 16 / 2024

« L’effacement » de Karim Moussaoui : Se noyer dans sa propre existence

« L’effacement » ou « The Vanishing » de Karim Moussaoui crie l’aliénation jusqu’au bout. La 2e fiction du jeune réalisateur algérien est retenue pour les Journées cinématographiques de Carthage dans sa 35e édition. Récit d’une perte de soi.


leffacement-Karim-Moussaoui.jpg

Le synopsis en dit long sur ce que va voir le public. Ce même public qui ne tardera pas à faire la connaissance du personnage principal du film, Réda, avant sa disparition progressive. Réda vit chez ses parents dans un quartier bourgeois d’Alger, et occupe un poste dans la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays que dirige son père, Youcef, un homme charismatique et autoritaire. Mais sous ce vernis de réussite apparent, Réda dissimule un mal-être profond : il vit dans l’ombre de son père et ne sait pas lui dire non. Son frère Fayçal mène, au contraire, une rébellion ouverte contre Youcef, et finit par quitter définitivement le domicile familial, laissant Réda face à sa solitude et sa frustration. Un jour, le père meurt et un événement inattendu se produit : le reflet de Réda disparaît du miroir… Commence alors une chute dans les abysses de la folie.


Le jeune homme, interprété par Sammy Lechea, est criant de détresse. Il exprime des maux, les siens, et voit les failles de sa famille, d’un pays, d’une culture apparaître. Réda se laisse abîmer dans des machinations au quotidien qui prennent le dessus et le happent. Ses émotions s’accentuent, sa colère gronde, ses amours se dissipent et se dispersent, et son existence prend, de jour en jour, des tournures inattendues. Sa relation avec son frère ainé Fayçal prend fin, et celle avec son père se disloque jusqu’à la perte brutale de cette figure paternelle écrasante. Dans «L’effacement», le récit se vide assez rapidement de ses personnages. Ils apparaissent et se perdent, laissant le personnage central seul face à sa solitude.


Même en rencontrant l’amour, auprès de Malika, gérante d’un restaurant, il ne peut la garder, elle-même aux prises à des désarrois et à une histoire d’amour inachevée. Réda sombre dans l’incompréhension et dans la déception la plus totale, à force de subir une succession d’événements autour de lui. Un sentiment inassouvi plane, en dépit des privilèges qu’il possède et de sa place dans la société. Issu d’un milieu riche, Réda se laisse pourtant briser. L’histoire tient : truffée de suspense jusqu’au bout, le spectateur ne peut rester indifférent au sort qui sera finalement réservé à l’effacement de Réda. Le film est adapté d’un roman de Samir Toumi par Moussaoui et Maud Ameline. Sa première mondiale a eu lieu au festival de Marrakech.

« L’effacement » de Karim Moussaoui : Se noyer dans sa propre existence
« Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri : Visuel et sonore
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 12 / 15 / 2024

« Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri : Visuel et sonore

A la cinémathèque tunisienne, salle comble, invités aux aguets et ambiance feutrée, éclairant subtilement les deux artistes de la soirée : le musicien, auteur et compositeur, Jihed Khmiri, accompagné sur scène par Aymen Mbarki, artiste visuel autodidacte, deux disciplines sur scène qui vont de pair et happent le public présent.


A deux, ils s’apprêtent pour 1 heure de temps à lever le voile sur une sortie de résidence musicale soutenue par le Goethe-Institut Tunis. Il s’agit d’un avant-goût de l’album « Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri, dont la sortie publique est prévue pour mars 2025. Un projet musical d’album, développé et abouti. Le temps d’un mini-concert organisé devant une centaine de personnes, 12 morceaux ont défilé dont trois interludes. Une musique aux sonorités modernes, entraînantes et cinématographiques.


Face à un écran de cinéma, le savoir d’Aymen Mbarki accompagne visuellement les tracks de PAN J (nom de scène de Jihed Khmiri). Au fil des projections, des dessins, réalisés à l’instant T et des titres en langue anglaise racontent la famille, la figure paternelle, maternelle, les fils de la lune… Telles des scènes de vie qui prennent vie, des silhouettes et des visages apparaissent, et mettent en avant deux disciplines qui fusionnent : l’art visuel et les dessins, et la musique.


Cet aperçu créatif est une immersion dans un univers musical distingué. Il séduit visuellement et musicalement. Annoncé «comme un voyage immersif et sonore», «Dreaming Mercury» promet une évasion musicale plus étoffée à sa sortie. La touche artistique d’Aymen Mbarki ajoute une empreinte onirique. Un monde qui oscille entre rêves, contes, scène de vie. Le travail a été soutenu par Dawan pour le son et Hamza pour la captation en vidéo et photo. La résidence s’est déroulée à Dar Nejib à Mahdia du 24 au 30 novembre 2024.

« Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri : Visuel et sonore
« Arzé » de Mira Shaib : Une quête insolite
REVIEWS & CRITIQUES12 / 15 / 2024

« Arzé » de Mira Shaib : Une quête insolite

Comme une ode à la vie et à la multiethnicité, « Arzé » est l’itinérance effrénée d’une mère célibataire partie à la recherche d’un bien matériel crucial pour sa survie et de sa famille: un scooter. L’actrice Diamand Bou Abboud, dans le rôle-titre, livre une performance remarquable dans une comédie dramatique qui raconte une société fragmentée et un pays en délitement : le Liban.


Silhouette féminine frêle, allure élancée, mais l’apparence éreintée, la jeune femme peine à joindre les bouts, au quotidien. Sa relation houleuse avec sa sœur Leyla, agoraphobe, et celle qu’elle mène avec son fils de 18 ans, Kinan, rythment sa vie au fil des jours, dans un Beyrouth fragile, démuni, post-apocalyptique.


Kinan, aux prises aux amours adolescents et à la recherche d’aspirations simples, tient à soutenir sa mère face à la dureté du quotidien. L’adolescent a grandi sans figure paternelle. Il voit en « Arzé » la matriarche battante et le pilier de la famille. Il entamera d’ailleurs la recherche de son scooter volé, côte à côte avec elle. Trouver ce véhicule s’avère vital pour subvenir aux besoins vitaux de cette famille.


Ayant mis toutes leurs dépenses dans cet achat, cette trouvaille doit se faire, quitte à fouiller de fond en comble Beyrouth. Dans une quête interminable, la capitale libanaise semblera tantôt hostile, tantôt accueillante, insolite la plupart du temps, et où l’inattendu devient la norme.


Différents profils, souvent d’hommes, restent révélateurs d’une société profondément patriarcale. L’itinéraire s’avérera ponctué d’hommes, d’anecdotes et de mésaventures qui donnent à la maman « Arzé » courage, résilience, résistance et une volonté de contourner les difficultés du quotidien et de prendre conscience de ce qui se passe dans les méandres de son pays.


Infrastructure chaotique, anarchie, violence, pauvreté, clandestinité renforcent l’aspect absurde de cette déambulation urbaine peu ordinaire. « Arzé » brosse la situation difficile et le blocage que vit le Liban, un petit pays qui devient difficile à habiter, que son peuple quitte, qui coule et n’avance pas. La souffrance de ces citoyens les pousse à garder espoir jusqu’au bout, ou à partir avant qu’il ne soit trop tard. Le film a été tourné avant l’offensive récente d’Israël.


Le Liban a vu sa situation se délabrer déjà davantage depuis l’époque de la double explosion au port de Beyrouth, et qui a fragilisé une situation économique déjà au point mort.


Dans un chaos généralisé sans nom, Beyrouth brille par la richesse incommensurable de sa culture, son histoire et la beauté de son peuple si distingué.

« Arzé » de Mira Shaib : Une quête insolite
Exposition «Le visible et l’invisible» de Wadi Mhiri : Des correspondances en valises
REVIEWS & CRITIQUES12 / 7 / 2024

Exposition «Le visible et l’invisible» de Wadi Mhiri : Des correspondances en valises

Une exposition singulière faite de correspondances s’est érigée à l’Institut français de Tunisie. Dans une vaste salle d’exposition, les noms de nombreux pays se laissent lire sur les murs. Des destinations qui ont comme point commun notre mer méditerranéenne. L’intrigue se corse à la vue des valises remplies de dessins, croquis et créations diverses faites de matières variées. Des valises qui font office d’échanges.


Les correspondants ne sont autres que des collégiens/lycéens issus de 26 écoles situées dans les pays de la région Mena. L’exposition «Le visible et l’invisible», installée minutieusement par le scénographie et artiste Wadi Mhiri,se présente comme étant épistolaire, ayant un format autre que des lettres classiques rédigées. En effet,elle est faite d’échanges de réflexions et d’oeuvres créées et mises dans des valises, reçues en Tunisie de l’étranger. Des valises bien achalandées qui parviennent exactement de 13 établissements grecs, turcs, italiens, libanais, espagnols, égyptiens et d’Arabie saoudite. Les lycéens et collégiens de ce pays ont échangé avec d’autres jeunes correspondants tunisiens issus de 13 établissements répartis dans tout le territoire tunisien, faisant ainsi profiter tous les jeunes participants à cette aventure d’un savoir immense.


le-visible-1.jpg

Des textes, des dessins, des cartes, de réalisations plastiques et d’objets en audios et en vidéos ont émergé des nombreuses valises, donnant lieu à cette exposition qui questionne l’époque, les enjeux climatiques, les traditions, les guerres, l’immigration et le monde en mutation. L’actualité méditerranéenne en particulier. Des interrogations éclairées et juvéniles émanant d’une jeunesse méditerranéenne en phase avec son existence. Cette même génération qui est déterminée à s’approprier tout un avenir méditerranéen en devenir.


Wadi Mhiri a ajouté sa touche personnelle des plus riches à l’aspect épistolaire de l’exposition en invitant les visiteurs à découvrir un au–delà invisible à travers un œil-de-bœuf. Une extension des plus édifiantes titrée «Les ailes du vent», hommage poignant à «toutes ces ombres qui ont traversé, traversent et traverseront encore la mer méditerranéenne, à la recherche d’un avenir meilleur ou pour une meilleure survie». Tout ce travail a été pensé à Hammamet autour d’un travail sur la francophonie, lorsque Wadi Mhiri devait un animer un atelier pour de jeunes Tunisiens. L’artiste devait gérer trois groupes de trente personnes, le temps d’une après–midi avec comme thématique choisie «La mer mère». Il explique : «J’ai choisi de dessiner le monde en présentant des toiles circulaires pour les jeunes participants. Le travail s’est déroulé sur trois étapes : au crayon, au collage, au dessin. Le résultat était excellent. Mais qu’allons–nous en faire après ? C’est ainsi que l’idée d’en faire une exposition était née et que j’ai eu l’idée d’envoyer les créations dans des bagages à main, des valises, un peu partout dans différents pays, en incitant ensuite d’autres correspondants adolescents à répondre, et ce, en usant du même médium et en jouant sur cette notion du voyage. Une dynamique s’est créée, elle a grandi, jusqu’à prendre cette forme finale. C’était vraiment un défi à mener à bout dans un temps serré et sans l’implication et la persévérance de tous ces jeunes, rien n’aurait pu se faire». Une valise, provenant de jeunes collégiens, a pu quitter le territoire libanais à temps avant le déclenchement des derniers bombardements menés récemment par Israël sur le Liban. L’exposition, qui possède une portée multiculturelle et profondément humaine, reste accessible jusqu’au 8 décembre 2024.


le-visible-2.jpg
Exposition «Le visible et l’invisible» de Wadi Mhiri : Des correspondances en valises
Conférence de la REPAN :  Autour de l’entrepreneuriat francophone
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 11 / 8 / 2024

Conférence de la REPAN : Autour de l’entrepreneuriat francophone

«Quand la diversité et le numérique se rencontrent : imaginer l’avenir de l’entrepreneuriat francophone », tel est l’intitulé d’une conférence attendue. La représentation de l’Organisation internationale de la francophonie pour l’Afrique du Nord (Repan) donne rendez-vous, ce soir à partir de 16h00, à des adhérents et invités afin d’aborder la diversité et le numérique autrement, deux thématiques qui font et défont l’époque actuelle.


La rencontre se déroule dans la continuité du Sommet de la Francophonie organisé en 2022 à Djerba et du Sommet de Villers-Cotterêts, qui s’est tenu en octobre 2024. Elle aura lieu dans un hôtel à Tunis, en accès libre, comme annoncé sur les réseaux sociaux. La diversité et le numérique font des moyens divers de technologie moderne un socle de base pour mieux rayonner. Ces deux thématiques fusionnent avec les progrès de l’époque et nourrissent la langue française, faisant de cette 5e langue la plus parlée au monde un moteur d’innovation et de développement entrepreneurial. Rappelons que «L’innovation et l’entrepreneuriat en français» ont été au cœur des thématiques principales du Sommet de la Francophonie de — Villers-Cotterêts. «La connectivité et la solidarité dans la diversité» ont fait également la réussite du Sommet de la Francophonie de Djerba, en 2022. Cette conférence rassemble toutes ces thématiques autour de réflexions sur l’avenir et le devenir d’une francophonie agissante au niveau de l’économie mondiale. Comme annoncé en amont de la conférence dans un communiqué de presse, l’événement propose de réfléchir aux moyens par lesquels le numérique, vecteur d’inclusion et d’innovation, peut permettre à la communauté francophone de surmonter les barrières géographiques, économiques et culturelles.


La conférence mettra en lumière des initiatives réussies, des projets en cours et des exemples concrets où l’interaction entre le numérique et la diversité culturelle a permis l’émergence d’idées novatrices. Outre le renforcement du sentiment d’appartenance à la communauté francophone mondiale, la conférence citera l’émergence de projets innovants et entrepreneuriaux en français et des exemples d’entreprises et d’initiatives francophones, en devenir ou déjà existantes. La Repan veille à renforcer des collaborations entre entrepreneurs francophones et à créer de nouveaux partenariats économiques. Elle valorise la langue française comme vecteur d’innovation et de développement entrepreneurial, élabore des recommandations concrètes pour intégrer le numérique et la diversité culturelle dans les initiatives entrepreneuriales francophones, sensibilise aux opportunités offertes par l’entrepreneuriat en français dans l’ère numérique, et s’engage à renforcer de jeunes entrepreneurs francophones dans des projets innovants. Les Groupe des ambassadeurs francophones (GAF), l’Alliance française de Djerba, la Jeune chambre internationale (JCI), Orange Tunisie, l’Université de Carthage (Ucar) et la Cajef Tunisie sont partenaires autour du maintien de cet événement.

Conférence de la REPAN : Autour de l’entrepreneuriat francophone
Hédi Zarrouk, artiste autodidacte : Créer en bord de mer
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 10 / 20 / 2024

Hédi Zarrouk, artiste autodidacte : Créer en bord de mer

Un jour, une rencontre… impromptue sous un soleil d’octobre à la plage. Au fur à mesure d’une promenade, une silhouette masculine apparaît… elle donne vie à des formes faites en compositions maritimes et végétales avec une once de peinture bleue, noire, blanche… L’artiste inconnu est habile de ses mains et il façonne frénétiquement… Face à la mer !


Ce sont ses créations qui parlent pour lui ! Elles attirent passants et curieux et donnent vie à une mer automnale calme et à sa plage déserte… sous les remparts du fort de la ville de Hammamet. «Je ne suis pas artiste. Je suis passionné par diverses activités manuelles, initialement. Je m’adonne à cette activité thérapeutique intéressante quand j’ai le temps… C’est-à-dire des journées durant. C’est du kif avant toute chose !». Commente Hedi Zarrouk, soixantenaire de Hammamet. «Je ne suis pas artiste. Je n’ai jamais exposé. Je ne cherche pas à le faire», précise-t-il.

clt9.webp

Hédi façonne des formes faites en algues maritimes, et en bois de palmiers. Le mélange aboutit à des créations attirantes et curieuses, qui peuvent servir de décoration. Hédi Zarrouk puise sa matière de la mer de sa ville, ou en bord de mer. Etant originaire de la vieille ville de Hammamet, il s’adonne à une pratique plaisante pour lui mais qui interpelle les autres.


Hédi Zarrouk est une inspiration personnifiée aux allures d’un pêcheur, fin connaisseur de la mer et de son écosystème. D’autres végétations sont rassemblées. Au moins trois compositions posées sur la plage, tachées de peinture et une quatrième en cours de fabrication ou de création donnent déjà envie de les acquérir.


Hédi Zarrouk développe son savoir dans un cadre naturel idyllique, niché entre nature maritime, vie citadine et édifice arabe ancien, qui raconte l’histoire de la ville. Entre deux plongées et deux causettes avec des passants, ses créations continuent de pousser.

Hédi Zarrouk, artiste autodidacte : Créer en bord de mer
«Le concert des continents : Cordes en Harmonie» : Une rencontre musicale au carrefour des cultures
REPORTAGES10 / 17 / 2024

«Le concert des continents : Cordes en Harmonie» : Une rencontre musicale au carrefour des cultures

«La fondation Hasdrubal pour la culture et les arts Mohamed Amouri» et son directeur musical Laurent Jost invitent sur scène une floppée de musiciens professionnels et émergents, issus de toutes les nationalités du monde pour «Le concert des continents». L’événement musical rime avec résonances et mélodies occidentales et orientales. Les cordes à instruments s’apprêtent à fusionner.


463370520_950958230399401_4094370794000773919_n.jpg

Un Quartet de musiciens tunisiens apparaît sur scène : muni de son violon, il entonne un morceau du compositeur allemand Felix Mendelssohn. Des répertoires connus comme Beethoven ou Joseph Haydn n’ont pas tardé à résonner. Le public est comme happé dans une spirale de mélodies, maîtrisées et entraînantes. Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris se lance, ensuite, dans des répertoires de compositeurs connus comme Germaine Tailleferre, Maurice Ravel ou Antonin Dvorak. Le conservatoire de Vienne s’empare ensuite de la scène du Hall et ne manque pas d’honorer, toujours en musique, le patrimoine d’Ernst Dohnanyi, Jean Françaix ou de Johann Strauss. Sur une trentaine de minutes, avec de légers intermèdes, il y a comme un rythme musical enchanteur qui s’est installé et qui fait effet sur la durée. A deux reprises pendant le concert, des musiciens, en alternance, joueront encore, citons Daniel Schultz, Takanori Okamoto, Felix Pascoe et d’autres noms comme Valentin Hoffman, Bénédicte Leclerc ou Pail Wiener. Le violon et les violoncelles font toute la magie de leur performance et sont issus du «Royal Academy Of Music Of London». Et puis arrive ce moment clé où l’appellation «Concert des continents» prend totalement sens avec «les musiques arabo–orientales et improvisations» ou c’est quand Zied Zouari, en compagnie de son orchestre formé par 11 musiciens, présente «Prayer» (Prière), un morceau musical composé en 4 jours seulement dans le cadre d’une résidence à l’Hasdrubal. Véritable ode à la paix dans le monde en ces moments incertains, le morceau est saisissant. Zied Zouari commente cette performance et en fait une dédicace précieuse : «C’est un rêve réalisé ce soir que de pouvoir présenter cette musique. C’est un rêve que je dédie spécialement à Laurent Jost, directeur musical de la fondation Hasdrubal, qui œuvre depuis si longtemps pour ce pays». Plus d’une trentaine de musiciens venus des quatre coins du monde ont clôturé ce spectacle. Parmi eux une douzaine de Tunisiens arborant leur contrebasse, violoncelle, violon, percussions et Alto.

463312587_950958440399380_5319048430723796095_n.jpg

La fondation Hasdrubal pour la culture et les arts Mohamed Amouri, voit grand : elle prône le partage d’expériences musicales, organise des récitals et des résidences de haut niveau pour de nombreux apprenants et futurs virtuoses tunisiens et étrangers. Ces concerts sont tissés par des spécialistes du monde, issus en grande partie d’établissements européens, favorisant l’appui de pays européens. A cette occasion, l’ambassade de France et de l’Autriche ont soutenu l’événement ainsi que l’Institut français de Tunisie. La fondation œuvre pour la création de programmes d’échanges entre artistes ou étudiants en musique, issus des deux rives ou d’ailleurs.



«Le concert des continents : Cordes en Harmonie» : Une rencontre musicale au carrefour des cultures
«Fragments d’un refuge» de Rima Hassan : Capturer des vécus
REPORTAGES10 / 11 / 2024

«Fragments d’un refuge» de Rima Hassan : Capturer des vécus

La 7e édition de «Jaou Tunis» a débuté le 9 octobre et se tiendra aux quatre coins de la capitale durant tout un mois. L’occasion pour les festivaliers de découvrir le projet photographique de Rima Hassan, titré «Nakba Survivor» ou «Survivants de la Nakba». Le vernissage de l’exposition est prévu pour cet après-midi à partir de 18h00, dans un entrepôt situé à Rue de Palestine–Tunis. Le travail annoncé d’emblée est une série de portraits intimistes de réfugiés palestiniens, révélateurs de leur vécu dans des camps.


La photographe elle–même, née dans un camp de réfugiés en Syrie, puise dans son vécu, ses valeurs, et ses luttes pour donner vie à son art militant, dédié à la population palestinienne. Son travail garantit une immersion photographique, notamment à l’aide de technologies numériques avancées comme l’Intelligence Artificielle. À travers cette exposition attendue, la résilience des réfugiés, leurs combats, leur quotidien se font sentir. «Nakba Survivor» raconte des récits de vie à travers des images brutes, vraies, et d’autres qui sont générées aussi par la technologie donnant forme à des récits poignants, singuliers, qui racontent l’individuel mais narrent aussi le collectif, dans sa dimension la plus tragique. Le festivalier pourra visiter Jbal Hussein, en Jordanie ou Neirab en Syrie et autant de camps et de lieux, broyés par une colonisation sioniste qui perdure dans le temps, et qui est plus que jamais d’actualité.

Fragments_d_un_refuge_Fragments_of_home_Rima_Hassan_Jaou_Tunis_2024_1_f52f8dc8e5.jpg

Lutte pour la survie, pour les droits fondamentaux, voix des dominés, récits porteurs d’espoir et contre l’oubli, dénonciation du génocide en cours, «Nakba Survivor» s’érige, grâce à la commissaire d’exposition Kenza Zouari, et à l’artiste Rima Hassan, comme une porte–voix pour les Palestiniens colonisés réfugiés, et prône l’identité palestinienne. «Il y a autre chose à montrer de ce peuple que sa mort ! Malgré sa souffrance inouïe, on a besoin que ce peuple se raccroche à la vie et qu’il ait surtout mille et une facettes à montrer en rapport avec sa culture, son histoire, sa résistance». Cite Rima Hassan, dans un Teaser, en attendant de la retrouver en Tunisie pour l’inauguration de son exposition individuelle. Rima Hassan a entamé ce projet engagé bien avant. Soutenue par la Fondation Kamel Lazaar, elle prenait des photographies dans les différents camps de réfugiés, au Liban, en Syrie et en Jordanie. Des personnes réfugiées qu’elle photographiait avec le Keffieh sur le visage, (ou sans Keffieh). L’artiste a aussi cédé sa caméra à des réfugiés pour qu’ils prennent, à leur tour, des prises, en photos ou en vidéos, au fil de son itinéraire.

Jordanie_Rima_Hassan_2024_Fragments_of_home_Curated_By_Kenza_Zouari_Jaou_Tunis_2024_68c0b5a992.jpg

En tant que commissaire d’exposition, Kenza Zouari a commenté, lors d’un point de presse, sa difficulté à s’immiscer dans cette itinérance aussi intime, propre au vécu collectif de ces réfugiés et à celui de l’artiste. «J’ai tenu à apporter une vision externe et essayé de montrer comment le monde, de loin, voit ou vit la vie des Palestiniens, en dehors ou dans Gaza, en utilisant l’Intelligence Artificielle. Mon intervention consiste à générer des photos, à répondre à certaines questions, et d’avoir toute une conversation avec différentes I.A autour de la Palestine. Et ce sont ces intelligences qui façonnent ce que je leur demande». C’est ainsi que se résume l’apport de la commissaire. L’exposition s’adresse à un public averti, comme le public tunisien. Elle s’annonce expérimentale mais n’informe pas forcément les festivaliers sur la situation des Palestiniens ou le calvaire des réfugiés. Au cœur de l’exposition, les photographies prennent vie. La touche de sa commissaire articule une 2e narration au contenu visuel et auditif de «Nakba Survivor». L’étroitesse du lieu méconnu permet de vivre l’expérience autrement. Un atout de taille. Une déflagration de récits et de lectures diverses seront accessibles à travers «Fragments d’un refuge», à découvrir jusqu’au 9 novembre 2024, au 6, rue de Palestine. Rima Hassan est juriste de formation et actuelle députée européenne.

«Fragments d’un refuge» de Rima Hassan : Capturer des vécus
«JEL 2024» : En phase avec son époque
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 9 / 25 / 2024

«JEL 2024» : En phase avec son époque

La rentrée universitaire, scolaire et culturelle en Tunisie se déroule cette année aux rythmes d’une manifestation utile, voire nécessaire, celle de la «Journée européenne des Langues» ou des «Journée(s) européenne(s) des langues», qui est (seront) célébré(es) en mettant en avant leur pluralité et leur richesse. Sous la thématique «Des langues pour la paix», et durant trois jours, les 26, 27 et 28 du mois courant, une programmation condensée sous forme de séminaires, de rencontres, d’interventions et d’activités diverses a été conçue pour les participants.


C’est sous l’égide d’Eunic Tunisie (European Union National Institutes for Culture-Le réseau d’instituts culturels nationaux européens), le Conseil de l’Europe et de la Délégation de l’Union européenne que se tiendra l’édition de 2024. Il est important de rappeler que la JEL existe depuis 2001 et reste prisée par des adhérents fidèles et par les nouvelles générations d’élèves et d’étudiants.


Au programme

La célébration commence à 15h00, à la Cité des Sciences, le 26 septembre 2024 en présence de M. Gianfranco Bochicchio, chef de la section politique —Délégation de l’Union européenne en Tunisie, Mme Pilar Morales Fernàndez-Shaw, cheffe du bureau du Conseil de l’Europe à Tunis et Mme Rajae Essefiani, déléguée générale WallonieBruxelles en Tunisie et présidente du réseau Eunic.


Ensuite, place à la 1ère table ronde de la JEL 2024, autour de «L’enseignement et de l’apprentissage des langues étrangères à l’ère de l’Intelligence artificielle». Dans un échange qui s’annonce des plus édifiants, les intervenants décortiqueront les enjeux, les perspectives et les bonnes méthodes et pratiques à appliquer pour un meilleur usage de l’I.A dans une ère aux prises à des transformations technologiques rapides et impactantes. Dr Bernd Rüschoff, du Conseil de l’Europe, Dr Luca Agostino, expert au Centre européen pour les langues vivantes, Conseil de l’Europe —Italie, Dr Maria Palomares, de la «School of Modern Languages and Applied Linguistics, AHSS Université de Limerick (Irlande)— Espagne, l’universitaire Thouraya Daouass, experte en E-learning (Institut des hautes études de commerce), Sonya Dase, co-directrice de «Dase & Cartensen» (Allemagne), et Dr Matthias Leichtfried, universitaire à l’Université de Vienne (Autriche) discuteront et donneront la parole au public présent. L’IA reste au centre des échanges prévus lors de la 2e table ronde autour de «La start-up en éducation». Un thème qui favorise la présentation de nombreux exemples de solutions IA développées dans le domaine de l’enseignement des langues étrangères.


Une discussion débat qui donne un aperçu de la digitalisation en cours de l’éducation et des méthodes de l’enseignement des langues. Il s’agit d’une présentation ludique des solutions technologiques présentées en Europe et en Tunisie qui prend en considération le contexte de création, les spécificités de la solution technologique présentée, les types d’utilisateurs de la solution (enseignants, entreprises, particuliers…), sans oublier les perspectives de développement de la solution dans un secteur en perpétuelle innovation. Mme Eloise Ghertman (Gymglish/CEO) & Rita Leonhardmair, responsable des partenariats (France), M.Maher Ben Salem, consultant — WallonieBruxelles, le fondateur de «Click and Read», Sami Meksi, sont au programme, accompagnés d’élèves témoins venant de différentes associations d’étudiants et de clubs de jeunes, désireux d’enrichir le débat. Des tables de conversation auront lieu le 27 septembres 2024 à l’Institut français de Tunisie et qui permettront aux visiteurs de débattre divers sujets d’une manière décontractée. Les participants pourront connaître des représentants des ambassades et des centres culturels, tels que l’IFT, le Goethe Institut Tunis, l’Institut Cervantes, l’Institut culturel italien de Tunisie, la Wallonie-Bruxelles Tunisie.


Une douzaine de pays européens répondront présent et pas moins de dix langues européennes retentiront durant cette rencontre exceptionnelle. Cette activité collective sera suivie d’un karaoké, avec une playlist multilingue. Pour la 3e et dernière journée, quatre centres culturels et deux ambassades ouvriront leurs portes aux étudiants, aux enseignants et au grand public. Les organisateurs donneront aux participants un passeport qui leur permettra d’accéder aux découvertes et activités, d’un centre à un autre avec une tombola et des prix à gagner. L’ambassade de la République tchèque, l’ambassade de Suisse, le Goethe-Institut Tunis, l’Institut français de Tunisie, l’Istituto Italiano di Cultura, l’Instituto Cervantes de Tunez, ouvriront le samedi 28 septembre 2024, autrement.


Le «Speak Dating», au programme, est une pratique festive et ludique qui permet aux participants de pratiquer davantage leurs langues. L’IFT met à la disposition des enfants des jeux et des activités à caractère linguistique. «Initier les enfants reste prioritaire, et l’initiation à la langue dès l’enfance est utile». Commente Célestine Bianchetti, attachée de coopération pour le français, lors d’un point de presse qui s’est tenu dans les locaux de la Wallonie-Bruxelles (Tunisie) et qui a précisé également que le format «Speak-Dating» permet de passer rapidement d’une langue à une autre au fil des minutes. L’évènement est destiné spécialement aux langues. Le karaoké s’annonce ludique et tournera autour de connaissances musicales.


Lors de cette rencontre presse, Mme Andrea Jacob, directrice du Goethe-Institut Tunis, revient sur la journée du 28 septembre 2024, forte de «son itinéraire de découvertes des centres culturels», mise à la disposition des visiteurs. Grâce à cette journée portes ouvertes, les participants joueront à des jeux linguistiques dans les centres de l’IFT, Goethe-Institut Tunis, Cervantes, l’Institut culturel Italien. Ils réseauteront aussi, se renseigneront sur les cours proposés et participeront à des activités diverses. La plupart des centres culturels se retrouvent dans la même zone, le déplacement peut se faire facilement.


Germinal Gil de Gracia, directeur de l’Institut espagnol Cervantes, enchaîne en déclarant : «Nous accorderons au fil des tables rondes de la JEL une importance à l’aspect académique et à sa pérennité, face à l’émergence de l’Intelligence artificielle. Le sujet est plus que jamais d’actualité».


L’événement coïncide avec la rentrée universitaire et scolaire et permet aux docteurs, professeurs, étudiants en langues, lettres et jeunes apprentis de rejoindre la JEL. Tunis international center for digital cultral economy (TICDCE) a aussi été sollicité, puisque cet organisme travaille sur le développement de l’apprentissage des langues grâce à la haute technologie et via l’IA. Le choix d’accorder la part belle à cette thématique de l’IA en 2024 est qu’aujourd’hui, les canaux d’apprentissage des langues changent à une vitesse considérable et sont développés. L’occasion au fil de ces journées d’interroger son usage, son avenir, l’accès à cette technologie de l’IA, face à l’usage des écrans suite au manque de professeurs (bien formés), à la précarité socioéconomique dans certaines régions. l’IA devient donc une réalité impossible à ignorer, qui s’impose. La JEL informe les professeurs et les enseignants quant aux nouveaux logiciels et aux nouvelles méthodes et outils technologiques.


La manifestation est une célébration de la paix et de la tolérance qui existe depuis 23 ans et qui prend sens bien plus, cette année.



«JEL 2024» : En phase avec son époque
Facebook
Twitter
Instagram
LinkedIn
haithemhaouel221@gmail.com