Articles

Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux
REVIEWS & CRITIQUES1 / 13 / 2022

Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux

Le long-métrage norvégien de Joachim Trier a été retenu dans la section « Cinéma du monde » lors des JCC 2021 et a raflé le prix de la meilleure interprétation féminine au Festival de Cannes en 2021. Intimiste, bouleversant et construit, tel un roman, en 12 chapitres, ce film fait le portrait de son personnage principal sur 2h08, divinement incarné par Renate Reinsve, grande découverte.


Ce récit, élaboré autour d’une femme trentenaire, suit les déboires et les doutes de son héroïne et trace les tournants les plus décisifs de sa vie professionnelle, personnelle, voire intime. Julie a 30 ans et n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind, qui fait basculer sa vie.


Ce film ne manque pas de profondeur, puisqu’il interroge l’existence même d’une femme aux prises avec des difficultés diverses : du désir d’être maman (ou pas), au fait de se conformer aux normes sociales, ou d’abandonner une carrière toute tracée d’emblée. Au fil des chapitres, « Julie » prend des risques, se prend en main, s’abîme et se relève. La jeune femme s’endurcit, apprend, gagne en maturité et évolue. Tout spectateur peut s’identifier à sa jeune existence.


Après « Oslo 31 août », « 3 ans après Thelma », le réalisateur Joachim Trier nous revient avec un nouveau personnage féminin éponyme. Dans un long-métrage, qui s’annonce comme une histoire mélodramatique ordinaire, les événements accouchent finalement d’une œuvre tendre, fourrée de sentiments, qui parvient à émouvoir. La narration du film ne manque pas de lyrisme et de délicatesse en faisant le portrait d’une jeune femme moderne à l’ère #metoo. La musique d’Ola Flottum met aussi en valeur deux portraits masculins, tout aussi attachants.


« Julie » est un film maîtrisé de bout en bout, fort de ses propos, de son écriture et de sa mise en scène. Son actrice principale a pu insuffler diverses émotions : de la peine à la colère, en passant par la résignation et l’insouciance. Des états d’âme qui rendent le film gracieux. Un film, divisé en 12 chapitres inégaux, qui permet de montrer l’actrice à son avantage : tantôt forte, tantôt fragile dans le rôle tourmenté de « Julie ». Renate Reinsve, l’actrice principale, porte, en effet, le film. La sortie de « Julie, en 12 chapitres » a été annoncée pour bientôt dans les salles tunisiennes, mais sans mentionner encore de date précise.

Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux
« Je suis Cide » de Tarek Sardi : Monologue sur grand écran
REVIEWS & CRITIQUES1 / 8 / 2022

« Je suis Cide » de Tarek Sardi : Monologue sur grand écran

Telle une spirale de mots/maux, « Je suis Cide » de Tarek Sardi happe le spectateur. Son dernier film en date raconte en un temps court les affres d’une époque et les errances d’un individu, entraîné dans des interrogations et dans une recherche de soi effrénée.


« Je suis Cide » est vu, mais il est surtout écouté. Son point fort reste son texte : un monologue d’une douzaine de minutes qui raconte « Cide », le personnage principal du film interprété par Helmi Dridi. A la fois poético-philosophique, ces mots ne font pas que caresser les oreilles, ils résonnent haut et fort afin d’inciter à une réflexion, ou provoquer un changement. « Je suis Cide » oscille entre images d’animation et prises réelles. Il est hybride, riche d’un répertoire verbal soutenu, et possède une approche philosophique. « Cide », trentenaire, erre dans une grande cité, rongé par un mal-être profond, il s’abîmera au fur et à mesure, à la recherche de soi.


Produit par « 3e Genre Production », « Je suis Cide » est le 2e film de Tarek Sardi. Le premier « A tribord, je vomis » a été réalisé en 2019 et projeté lors de la 2e édition Mawjoudin Queer Film Festival. Le réalisateur manie les images et les univers, mais son dada reste l’écriture : les mots pour raconter les problèmes des minorités, disséquer les tabous, aborder les interdits, crier toutes les injustices confondues et relater les conflits universels autrement.


«Je suis Cide » a été présenté lors de la 32e édition des Journées cinématographiques de Carthage. Il est paru en livre, en version numérique initialement et fait office d’un prequel à un long-métrage. L’équipe du film est constituée de Franco-Tunisiens, citons la productrice Kaouther Hadidi, Fakhreddine Amri, Helmi Dridi, Aymen Mbarek, Adonis Romdhane, Ramis Barka … et Mahmoud Turki à la musique. « Je suis Cide » est attendu dans les salles en Tunisie en 2022.

« Je suis Cide » de Tarek Sardi : Monologue sur grand écran
«Souad» d’Ayten Amin : Récit vertigineux
REVIEWS & CRITIQUES1 / 2 / 2022

«Souad» d’Ayten Amin : Récit vertigineux

Crise identitaire, errance 2.0 et relationnel débridé ont fait le vécu court, mais intense d’une jeune adolescente égyptienne. «Souad», le long métrage d’Ayten Amin, par son propos, fait écho aux maux d’une jeunesse égyptienne en mal de vivre.


Le film d’Ayten Amin est sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes en 2020. «Souad» brille par l’universalité de sa thématique, mais reste profondément ancré dans une dure réalité égyptienne. Elle a 19 ans, s’orne de ses plus beaux vêtements et n’a que son reflet dans son smartphone qui compte : «Souad» puise son bonheur dans le nombre des «J’aime» générés sur les réseaux sociaux et nourrit son estime de soi dans du voyeurisme «instagrammé», mais comme toute adolescente, les amours vécues en ligne finissent par être glissantes.


«Souad» habite «Zagazig», petite ville égyptienne, a des copines proches, rencontre des hommes en ligne, et s’adonne éperdument dans une double vie, sous la pression sociale. Jusqu’à ce que l’inattendu arrive et laisse planer une série d’interrogations et de nombreuses suppositions chez ses proches, restés en suspens. Et c’est «Rabeb» la petite sœur de «Souad», qui se lancera dans une quête à la recherche de pistes qui expliqueraient cet égarement suspect.


Le film brosse les relations familiales rigides entre jeunes filles et parents, mais situe également les deux sœurs dans une réalité sociale conservatrice. Une manière de plonger le public dans les méandres de ce refuge virtuel que sont les réseaux sociaux et de souligner leur place prépondérante dans l’existence de toute une jeunesse égyptienne (ou autre). Fort de son propos, le film est structuré autrement : il s’ouvre brutalement sur «Souad», personnage, a priori, principal qui cèdera la place à la sœur cadette et à un autre personnage masculin. Le film happe dès les premières scènes, mais finit par s’étirer, doucement jusqu’à sa chute finale douce-amère, voire brouillée, finalement menée par une poignée de jeunes acteurs, à l’interprétation maitrisée. Mais «Souad», le film, peut égarer et laisser perplexe, à cause de sa narration saccadée et ses répliques échangées à l’arraché.


Le film est une co-production tuniso-germano-égyptienne, actuellement à Cinémadart et Amilcar.

«Souad» d’Ayten Amin : Récit vertigineux
«The French Dispatch» de Wes Anderson : Hommage à l’âge d’or du journalisme
REVIEWS & CRITIQUES12 / 30 / 2021

«The French Dispatch» de Wes Anderson : Hommage à l’âge d’or du journalisme

Ayant fait les frais d’une pandémie féroce, le dernier long métrage de Wes Anderson a été retardé maintes fois pour sa sortie mondiale attendue. Les JCC l’ont présenté à quelques jours de sa sortie officielle dans le reste du monde et, hier, l’Agora s’est chargé de le programmer en fin de soirée. Probablement sa dernière projection au cinéma. Bel hommage au cinéma noir et blanc et à l’histoire de Paris, racontés autrement.


«The French Dispatch», signé Anderson, a longtemps fait parler avant sa sortie, et pour cause : sa distribution de qualité. Le casting réunit une poignée d’acteurs et actrices à la notoriété importante et venues de tout bord : de Bill Murray à la nouvelle Cécile de France, de Tilda Swinton à Mathieu Amalric, d’Adrien Brody à Léa Seydoux, en passant par Frances McDormand, Owen Wilson, Timothée Chalamet, Benicio del Toro, Guillaume Gallienne ou encore la jeune Algérienne Lyna Khoudri, ainsi que Soirse Ronan et Elizabeth Moss et la liste est encore longue.


Différentes nationalités, différentes têtes d’affiche, toutes ou presque confirmées. Le film sur 2h15 raconte une France autre, riche de son histoire, d’anecdotes, d’art et de littérature. Telle une anthologie, le récit parvient à convaincre.


Le réalisateur américain mais profondément francophile s’est inspiré des publications du journal «The New Yorker» afin de ficeler son scénario. Il s’est profondément imprégné d’un journalisme à l’ancienne afin de reconstruire une France Vintage et qui provoque, de nos jours, nostalgie et attachement à des temps passés. Le film est un spectacle sur grand écran aux tournants inattendus. Les scènes courtes, que certaines grandes stars assurent, parviennent à mettre plein les yeux à un large public. Mais miser sur le divertissement peut cacher des faiblesses dans un scénario qui raconte une France d’antan idéalisée voire longtemps rêvée.


«The French Dispatch» ne peut avoir un seul résumé tant il est composé de récits parallèles : le film met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain publié dans une ville du XXe siècle et rend hommage au rédacteur en chef et fondateur de ce journal, décédé et interprété par Bill Murray. Les journalistes, travaillant avec lui, sont installés dans la petite ville française fictive d’Ennui-sur-blasé : Ils lui rendent un dernier hommage en rassemblant les articles et sujets qui ont fait les beaux jours du journal.


Les sujets qui ont fait ces diverses rubriques sont racontés à un spectateur qui se retrouve happé par l’histoire d’un reporter en train de raconter l’histoire de sa ville, d’un prisonnier psychopathe, des aléas de jeunes étudiants dans un Paris déchiqueté par l’après-guerre, ou d’un commissaire à la recherche de son fils kidnappé.


A travers ces histoires, le film revisite certains tournants de l’histoire de France comme Mai 68, la cuisine à travers l’histoire, les violences policières qui persistent, ou l’art devenu trop élitiste. Le film, découpé tel un livre littéraire, est un hommage à Jacques Tati. Il est puissant de par ces personnages loufoques, ces décors qui font rêver et sa musique hyper rythmée. L’hommage rendu à un journalisme d’antan reste exceptionnel.

«The French Dispatch» de Wes Anderson : Hommage à l’âge d’or du journalisme
Saison 2 de « Ken ya Makanech » d’Abdelhamid Bouchnak : Un retour frais et grinçant
REVIEWS & CRITIQUES12 / 21 / 2021

Saison 2 de « Ken ya Makanech » d’Abdelhamid Bouchnak : Un retour frais et grinçant

Le tournage de la saison 2 de « Ken ya Makanech » a débuté ce weekend, toujours sous la direction d’Abdelhamid Bouchnak. Nouvelles recrues, nouveaux personnages, nouvelles intrigues et la suite prometteuse sont en train de se mettre en place. Un avant-goût pour les téléspectateurs urge, avant la diffusion prévue pour le mois de Ramadan.


« La 2e saison de ‘‘Ken ya Makanech’’ sera ma dernière production télévisée ramadanesque. Nous ferons tout en notre pouvoir pour la rendre la plus passionnante possible », a déclaré Abdelhamid Bouchnak face à des journalistes et comédiens lors d’un point de presse. Des comédiens retenus pour le casting de la 2e partie. Une manière d’annoncer le démarrage de ce tournage tant attendu.


Cette 2e saison, dans la continuité de la 1ère, promet de conquérir petits et grands. « Ken ya Makanech » a beau critiquer, et interroger le vécu des Tunisiens et des aléas que connait leur pays, elle parvient également à ravir les enfants par son aspect enchanteur, fantaisiste et conteur. Les comédiens ont, en effet souvent campé des personnages féériques, inspirés des contes de Grimm et autre histoires célèbres pour enfants. La série, au ton décalé, ne manquera pas également d’être encore plus corsée. Dérisions et critiques feront partie intégrantes du scénario.


Quelques axes encore ouverts connaîtront une suite, mais des nouveautés auront lieu également, toujours conçus d’une manière à titiller l’esprit critique et la réflexion. Des noms de la scène artistique s’ajouteront à la liste déjà bien garnie de la 1ère saison; citons Sawssen Maalej, Moez Gdiri, Nourreddine Ben Ayed, Kamel Touati, Faycel Ezzine, Fathi Haddaoui, Naima Jeni, Najia Ouerghi, Amira Chebli, Marwen Lariane, Bilel Slatnia… « Je puise mon inspiration de ma nostalgie et des années de mon enfance. Normal que je fasse appel à des noms aussi connus », déclare Bouchnak. Les acteurs de théâtre montants feront également partie de l’aventure. « Le théâtre est la base de ce que nous faisons et le restera », précise le réalisateur. Un nouveau personnage qui s’appelle « Kourinti » fera long feu et les téléspectateurs feront la connaissance de la famille de « Chou », interprété par Bahri Rahali et son épouse « Mahsoub », campé par Naima Jeni.


En revanche, le ton de « Ken Ya Makanech » promet d’être plus sérieux. Un peu moins humoristique que l’année dernière. L’un des principaux challenges est d’équilibrer entre les deux tons : dramatique et humoristique, avec un air toujours aussi grinçant et ironique.

Saison 2 de « Ken ya Makanech » d’Abdelhamid Bouchnak : Un retour frais et grinçant
 La saison 2 de « Ken ya Makanech » d’Abdelhamid Bouchnak : Un retour frais et grinçant
REVIEWS & CRITIQUES12 / 21 / 2021

La saison 2 de « Ken ya Makanech » d’Abdelhamid Bouchnak : Un retour frais et grinçant

Le tournage de la saison 2 de « Ken ya Makanech » a débuté ce weekend, toujours sous la direction d’Abdelhamid Bouchnak. Nouvelles recrues, nouveaux personnages, nouvelles intrigues et la suite prometteuse sont en train de se mettre en place. Un avant-goût pour les téléspectateurs urge, avant la diffusion prévue pour le mois de Ramadan.


« La 2e saison de ‘‘Ken ya Makanech’’ sera ma dernière production télévisée ramadanesque. Nous ferons tout en notre pouvoir pour la rendre la plus passionnante possible », a déclaré Abdelhamid Bouchnak face à des journalistes et comédiens lors d’un point de presse. Des comédiens retenus pour le casting de la 2e partie. Une manière d’annoncer le démarrage de ce tournage tant attendu.


Cette 2e saison, dans la continuité de la 1ère, promet de conquérir petits et grands. « Ken ya Makanech » a beau critiquer, et interroger le vécu des Tunisiens et des aléas que connait leur pays, elle parvient également à ravir les enfants par son aspect enchanteur, fantaisiste et conteur. Les comédiens ont, en effet souvent campé des personnages féériques, inspirés des contes de Grimm et autre histoires célèbres pour enfants. La série, au ton décalé, ne manquera pas également d’être encore plus corsée. Dérisions et critiques feront partie intégrantes du scénario.


Quelques axes encore ouverts connaîtront une suite, mais des nouveautés auront lieu également, toujours conçus d’une manière à titiller l’esprit critique et la réflexion. Des noms de la scène artistique s’ajouteront à la liste déjà bien garnie de la 1ère saison; citons Sawssen Maalej, Moez Gdiri, Nourreddine Ben Ayed, Kamel Touati, Faycel Ezzine, Fathi Haddaoui, Naima Jeni, Najia Ouerghi, Amira Chebli, Marwen Lariane, Bilel Slatnia… « Je puise mon inspiration de ma nostalgie et des années de mon enfance. Normal que je fasse appel à des noms aussi connus », déclare Bouchnak. Les acteurs de théâtre montants feront également partie de l’aventure. « Le théâtre est la base de ce que nous faisons et le restera », précise le réalisateur. Un nouveau personnage qui s’appelle « Kourinti » fera long feu et les téléspectateurs feront la connaissance de la famille de « Chou », interprété par Bahri Rahali et son épouse « Mahsoub », campé par Naima Jeni.


En revanche, le ton de « Ken Ya Makanech » promet d’être plus sérieux. Un peu moins humoristique que l’année dernière. L’un des principaux challenges est d’équilibrer entre les deux tons : dramatique et humoristique, avec un air toujours aussi grinçant et ironique.

La saison 2 de « Ken ya Makanech » d’Abdelhamid Bouchnak : Un retour frais et grinçant
Retour sur «La sauvée»  : Du théâtre en prison
REVIEWS & CRITIQUES12 / 18 / 2021

Retour sur «La sauvée» : Du théâtre en prison

«La sauvée» est un spectacle théâtral féminin et musical, accompagné d’un artiste virtuose. D’une durée de 50 min, un groupe d’amatrices passionnées a fini par conquérir le public des JTC 2021, venu les découvrir à la maison des jeunes dans le cadre des rendez-vous de la section «théâtre des libertés» à la salle Ibn-Khaldoun. Point fort du spectacle : les actrices méconnues sur scène ne sont autres que les détenues de la prison civile des femmes de La Manouba.


Ambiance tunisienne traditionnelle, musique tunisienne, orientale et mise en scène inspirée d’un lieu architectural typiquement tunisien, «La Sauvée» s’annonce 100% féminin, si on ne compte par l’apport du musicien muni de son instrument musical afin d’assurer le fond musical de la pièce.


La petite scène de la salle Ibn-Khaldoun – Maison de la culture a accueilli, en différé, 9 comédiennes/détenues issues de la prison des femmes de La Manouba et venues présenter leur travail théâtral et scénique face à un public curieux et en grande partie composé de leurs familles et amis.


La pièce alterne danse traditionnelle, musique et dialogue autour d’interrogations diverses entourant une jeune femme ayant grandi dans un environnement conservateur et traditionnel et souffrant du poids insoutenable de la société, ayant aussi des difficultés à s’affranchir. Epiée par son entourage, naviguant entre la mort et la vie, vouée à ses prières, ses croyances et son attachement aux traditions locales, la pièce brosse un vécu personnel et social. Elle parvient à toucher le spectateur puisqu’elle reflète l’effort et l’engagement artistique de détenues/interprètes, déterminées à mener jusqu’au bout leur travail scénique, accompli en prison sur des mois, afin de le présenter à temps dans le cadre de la 22e édition des Journées Théâtrales de Carthage.


La maison des jeunes Ibn-Khaldoun a accueilli la section «le théâtre des libertés» sur toute une semaine, dédiée au travail théâtral accompli par les prisonniers dans différentes prisons de la république tunisienne. Une réduction de la peine des détenues/artistes participants à cette section des JTC aura lieu, après la fin de cette 22e édition.

Retour sur «La sauvée» : Du théâtre en prison
Retour sur «La sauvée» : Du théâtre en prison
REVIEWS & CRITIQUES12 / 18 / 2021

Retour sur «La sauvée» : Du théâtre en prison

«La sauvée» est un spectacle théâtral féminin et musical, accompagné d’un artiste virtuose. D’une durée de 50 min, un groupe d’amatrices passionnées a fini par conquérir le public des JTC 2021, venu les découvrir à la maison des jeunes dans le cadre des rendez-vous de la section «théâtre des libertés» à la salle Ibn-Khaldoun. Point fort du spectacle : les actrices méconnues sur scène ne sont autres que les détenues de la prison civile des femmes de La Manouba.


Ambiance tunisienne traditionnelle, musique tunisienne, orientale et mise en scène inspirée d’un lieu architectural typiquement tunisien, «La Sauvée» s’annonce 100% féminin, si on ne compte par l’apport du musicien muni de son instrument musical afin d’assurer le fond musical de la pièce.


La petite scène de la salle Ibn-Khaldoun – Maison de la culture a accueilli, en différé, 9 comédiennes/détenues issues de la prison des femmes de La Manouba et venues présenter leur travail théâtral et scénique face à un public curieux et en grande partie composé de leurs familles et amis.


La pièce alterne danse traditionnelle, musique et dialogue autour d’interrogations diverses entourant une jeune femme ayant grandi dans un environnement conservateur et traditionnel et souffrant du poids insoutenable de la société, ayant aussi des difficultés à s’affranchir. Epiée par son entourage, naviguant entre la mort et la vie, vouée à ses prières, ses croyances et son attachement aux traditions locales, la pièce brosse un vécu personnel et social. Elle parvient à toucher le spectateur puisqu’elle reflète l’effort et l’engagement artistique de détenues/interprètes, déterminées à mener jusqu’au bout leur travail scénique, accompli en prison sur des mois, afin de le présenter à temps dans le cadre de la 22e édition des Journées Théâtrales de Carthage.


La maison des jeunes Ibn-Khaldoun a accueilli la section «le théâtre des libertés» sur toute une semaine, dédiée au travail théâtral accompli par les prisonniers dans différentes prisons de la république tunisienne. Une réduction de la peine des détenues/artistes participants à cette section des JTC aura lieu, après la fin de cette 22e édition.

Retour sur «La sauvée» : Du théâtre en prison
«Manifesto» de Harake Dance Company : Criant et engagé
REVIEWS & CRITIQUES12 / 16 / 2021

«Manifesto» de Harake Dance Company : Criant et engagé

La salle des Régions à la Cité de la culture était apte à accueillir la troupe germano-syrienne du spectacle engagé «Manifesto».


Scénographie attrayante, effets sonores retentissants… Le spectacle chorégraphique de 60 minutes, signé Mohammed Diban, s’annonçait haut en couleur et en musique, bien avant le début de cette chorégraphie collective engagée. Des invités du consulat d’Allemagne, artistes, professionnels du métier, journalistes ont répondu présent, curieux de découvrir cette chorégraphie scénique travaillée par une équipe pluridisciplinaire, plurilingue, et issue de diverses nationalités et de cultures différentes. Le langage n’est pas que verbal ou identitaire, il est corporel, artistique et tend vers l’universalisme.


265232695_2168835473255805_5757154765787654508_n.jpg

«Manifesto » est un hommage à la femme, à ses luttes, à ses combats, à sa résistance universelle, à toute époque, tout contexte, dans chaque pays ou contrée. Ce tableau chorégraphique est criant de colère, exprimée contre toutes les formes d’injustice, les humiliations infligées de toutes parts, dans des sociétés, en large partie, patriarcales.


Cette création s’inspire d’une légende autour de Franz Kafka et d’une poupée : à l’époque où il vivait à Berlin, Kafka croise le chemin d’une petite fille dans la rue peinée d’avoir perdu sa poupée. Pour la réconforter, il lui écrit des lettres au nom de sa poupée. Le spectacle raconte d’une manière scénique, et à travers les corps, la misérable vie qu’a eue cette poupée, abandonnée, livrée à elle-même, désabusée, désenchantée, et tentant de survivre dans un monde hostile, violent, brutal. Une métaphore dédiée à toutes les femmes résistantes dans le monde. Le spectacle s’achève sur le discours classique extrait du «Le dictateur» de Charlie Chaplin.


265112945_2168835466589139_3687131985327509161_n.jpg

«Manifesto» est produit par Harake Dance Company, et interprété par Saja Noori, Frederikke Shultz Jensen, Roosa Sofia Nirhamo, Mohamad Amin, Saja Awat Noori, Samira Akacha, Ghaith Noori, Fadi Waked, Amara Lea et Thomas Saavedra. Il est soutenu par l’ambassade d’Allemagne en Tunisie.

«Manifesto» de Harake Dance Company : Criant et engagé
Facebook
Twitter
Instagram
LinkedIn
haithemhaouel221@gmail.com