
Le FIC convie, en une seule soirée, une poignée d’artistes-musiciens, tisseurs de musique alternative tunisienne et libanaise. A l’honneur sur scène, le groupe libanais « Adonis », précédé par Hayder Hamdi et ses acolytes, artiste local montant de sa génération.
Entre romance, mots d’amour libanais, déclarations d’amour à la patrie, le groupe Adonis a conquis les fans majoritairement jeunes, présents dans l’enceinte de l’amphithéâtre de Carthage lors de la soirée du 19 juillet 2022, consacrée aux jeunes talents émergents tunisiens et libanais. Spectacle musical attractif par sa scénographie, puisée dans une maîtrise de la lumière et par l’aura et la présence de ce jeune quatuor, « Adonis » a interagi avec son public pendant une heure de temps sur scène en deuxième partie de soirée… laissant les fans les plus assidus sur leur faim.
Entre ballades amoureuses et rythmes chantant les aléas de la jeunesse libanaise, souvent sujettes à des tourments sociaux, politiques et économiques, leur « indie-pop » finit par toucher, un audtoire arabe, tunisien, voire occidental. Entre ancien registre, émanant de leur début et nouveaux morceaux musicaux écrits et parus plus récemment, le groupe a satisfait les attentes d’un public connaisseur peu nombreux. « Le bel Haki », « Bass bi Hal », « Al Khafif » et une reprise de l’iconique Fayrouz ont retenti pendant la soirée. Le groupe a commencé sa percée dans le monde musical depuis 2011, en prônant son appartenance à la patrie libanaise et en mettant en avant son identité. Les membres d’« Adonis » font de la musique alternative recherchée et disent suivre de près l’effervescence de la scène musicale tunisienne. Ils ne sont pas contre l’idée de collaborer avec des artistes tunisiens. « La musique adoucit notre quotidien, elle fait partie de nous-mêmes. Nous vivons de musique !», déclare Anthony, l’un des membres fondateurs du groupe lors d’un point de presse. Paroles adoucissantes d’un quatuor de virtuoses passionnés, composé par Anthony Khoury, Joey Abu Jawdeh, Gio Fikany et Nicola Hakim.
Le Liban est sans cesse secoué par des crises dont l’explosion de Beyrouth en 2021, pourtant le groupe ne cesse de chanter un registre souvent criant de vie et pétillant : une façon pour ses membres de lutter pour une existence plus apaisante et inspirée. Le groupe collabore sur des plateformes de streaming et d’écoute mondialement connues. Belle découverte programmée lors de la 56e édition du festival de Carthage.

Chorégraphies, chants, rythmes occidentaux et traditionnels ont fusionné dans «Original Fusion», dernière création de Zouheïr Gouja, réalisée pour le Festival international de Hammamet. Une 2e soirée découverte consacrée aux mélomanes.
«Mazij» ou «Original Fusion» se caractérise par la participation collective de musiciens, d’instrumentistes et de chanteurs. 100 min d’un spectacle, fort d’une scénographie, adapté à l’espace plein-air mythique de la ville d’Hammamet. La maîtrise de la sono et de la lumière prend d’assaut le public, emporté et réceptif. Un répertoire musical unique émane de Cette création menée par Zouheïr Gouja sur scène et son équipe.
«Original Fusion» est l’aboutissement d’un travail d’équipe qui a vu le jour dans le cadre d’une résidence d’artistes d’une durée de 9 mois, et qui a eu lieu au Centre culturel international d’Hammamet : Dar Sebastian. Le patrimoine musical ancien de la Tunisie a été ré-exploité à travers des sonorités modernes et électro, et enrichi par d’autres disciplines scéniques comme la danse.
«Mazij», titre en langue arabe, puise sa pertinence de cette recherche approfondie dans la genèse du patrimoine musical riche, existant aux quatre coins de la Tunisie. Un patrimoine musical ancien, aussi riche que le tunisien, doit être en premier lieu découvert par les Tunisiens avant d’être exporté dans le monde. Des Tunisiens qui restent peu connaisseurs de leur richesse musicale. La danse enrichit la transe scénique dans le spectacle «Mazij». Le spectacle est universel et se détache d’un contexte temporel précis. Il concilie l’histoire de la musique tunisienne avec son devenir et son présent. «Mazij» ou «Fusion» s’adresse à différentes générations. Son ouverture demeure son point fort.
Le Festival international de Hammamet a consacré la soirée suivante du 16 juillet 2022 à Sabry Mosbah, un des artistes les plus prolifiques de sa génération. Le musicien a toujours chanté son appartenance à sa patrie et son identité tunisienne à travers ses chansons et ses albums. Il a fusionné musique tunisienne rythmique, dialecte tunisien et sonorités occidentales.

Jusqu’au 22 août 2022, une exposition autour de la vie et des accomplissements de l’émir Abd el-Kader, personnalité algérienne historique, se déroule au Mucem de Marseille. L’évènement brille par sa dimension intellectuelle et historique.
Visiter l’exposition Abdelkader au musée le Mucem à Marseille, c’est prendre la pleine mesure de l’immense parcours du premier fondateur de l’Etat algérien. Des pièces issues de collections privées, encore jamais vues, mettent davantage de lumières sur l’héritage de l’émir Abdelkader. Portraits, correspondances, effets personnels, repères temporels et extraits sonores, la visite est immersive et interactive dans l’univers Abdelkader.
L’exposition réunit près de 250 œuvres et documents, issus de collections publiques et privées françaises et méditerranéennes qui proviennent des archives nationales d’outre-mer, la Bibliothèque nationale de France, les Archives nationales, le château de Versailles, le musée de l’Armée, le musée d’Orsay, le musée du Louvre, la chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille, La Piscine de Roubaix…
Dans la journée du 8 juin 2022, ils sont une vingtaine de visiteurs à déambuler d’une pièce à une autre dans la salle du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée qui abrite l’exposition. Certains font la visite en solo, d’autres sont accompagnés, on ne remarque pas d’enfants mais des visites scolaires ont été programmées.
Vigilant, les yeux grands écarquillés, les visiteurs s’attardent devant chaque objet et prennent le temps de lire les descriptions qui les accompagnent. Certains notent des informations sur leurs carnets, d’autres prennent des photos. Trois vigiles patrouillent et rappellent aux visiteurs les règles, dont celle de désactiver le flash des appareils photo pour ne pas abîmer les œuvres. Un intérêt collectif se fait sentir. Lumière tamisée, ambiance silencieuse, on entend parfois des commentaires qui échappent aux plus admiratifs « impressionnant », « étonnant », « incroyable ». L’exposition captive.
Amel, une Algérienne de 35 ans, était en vacances à Marseille au mois de mai. L’exposition de l’émir Abdelkader était au programme de ses vacances. « J’ai découvert l’exposition sur les réseaux sociaux. Elle a été largement relayée sur twitter et Facebook. J’avoue ne pas très bien connaître le parcours de l’émir Abdelkader. On nous l’a enseigné au collège, et le peu que j’ai retenu est qu’il est le fondateur de l’État algérien. Pour moi c’ était un homme politique mais aujourd’hui je découvre un homme de savoir, un humaniste. J’en sors enrichie et je vais m’y intéresser davantage », confie Amel.




Omar, un Algérien à la retraite, s’est contenté de découvrir l’exposition sur l’émir Abdelkader à travers le site du Mucem. « Abdelkader déchaîne les passions entre l’Algérie et la France. C’est un homme à qui nous avons collé énormément d’étiquettes. Je pense que les plus virulents à son égard devraient visiter cette exposition car beaucoup de choses nous échappent sur le parcours de l’émir», commente-t-il.
Les ouvrages consacrés à l’émir Abdelkader et les projets de recherche ont traversé le temps et l’histoire. La première biographie de l’émir Abdelkader « La vie d’Abd El-Kader» de Charles-Henry Churchill a été éditée en 1867. En 1869, âgé seulement de quatorze ans, le lycéen Arthur Rimbaud participe à un concours académique. Le génie rimbaldien va en faire un poème de quatre-vingt-trois vers, rédigé en latin en l’honneur de l’Émir Abdelkader.
Malgré les travaux de recherches existants, certains estiment que son œuvre reste méconnue. Mohamed, un Algérien qui s’intéresse au parcours de Abdelkader depuis des années, estime que l’émir reste méconnu même dans son propre pays: « un Abdelkader poète, penseur, écrivain. Un Abdelkader philosophe, vivant pleinement sa passion intellectuelle même aux pires moments de la résistance. Cet Abdelkader devrait être connu de tous » ,déplore-t-il.
Les pièces exposées au public sont comme une invitation à l’imaginaire. Un caftan de l’émir Abdelkader offert au musée historique de l’armée en 1897 par l’un des fils d’Abdelkader, l’émir El Hachemi, nous laisse imaginer la taille et la carrure d’Abdelkader.
Un gilet, offert par l’émir à un plombier du château avant son départ, nous renseigne sur les rapports qu’il entretenait avec les gens qui l’entouraient. Des chéchias en fibres de textile démontrent son goût pour les belles choses. Des correspondances témoignent également de rapports entretenus avec des personnes durant sa captivité.
Pour une immersion interactive, le Mucem a mis en place un dispositif multimédia qui permet au public de se transporter dans la toile de « la Prise de la smalah d’Abeldelkader », peinte par Horace Vernet en 1845. Un tableau aux dimensions considérables de 21 mètres sur 5,5 m, conservé au musée de l’histoire de France de Versailles et immense pour pouvoir être transporté, selon les organisateurs.
Les inédits de l’exposition Abdelkader
Ce qui fait la particularité de l’exposition Abdelkader ce sont les pièces inédites. De nombreux objets appartenant à l’émir Abdelkader n’ont jamais été exposés.
Camillle Faucourt, conservatrice du patrimoine et responsable du pôle de collection Mobilités et Métissages au Mucem, explique que les pièces inédites viennent de la collection privée du Cheikh Bentounes de la confrérie soufie Alawiyya. «Cheikh Bentounes nous a prêté un certain nombre d’objets de l’émir acquis récemment et qui n’ont jamais été exposés. À l’entrée de l’exposition, il y a une sacoche de selle qui a appartenu à l’émir, des couffes « chéchia », les silsilas, des chapelets. Ces objets, parmi d’autres de la collection Bentounes, n’ont jamais été montrés dans un musée national en France», souligne-t-elle.
Les descendants du capitaine Estève-Laurent Boissonnet ont conservé des bijoux que la mère de l’émir Abdelkader a donnés au capitaine en remerciement de son aide pendant la captivité. Ces bijoux sont également des pièces inédites exposées au Mucem.
Pour Camillle Faucourt, l’exposition s’intéresse également à la période de la captivité de l’émir Abdelkader en France : un épisode resté marginalement exploré par les historiens.
« Les travaux de recherche récente qui ont été publiés par l’un de nos conseillers scientifiques, Ahmed Bouyerdene, nous ont permis d’approcher au plus après les conditions difficiles de la captivité. Ahmed Bouyerdene a travaillé sur la période de la captivité de l’émir Abdelkader en France et il a notamment exploré de nombreux dépôts d’archives départementaux et régionaux mais aussi les archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence. Dans ces archives, il y a des rapports, des échanges de lettres, des rapports militaires qui ont permis d’approcher au plus près les conditions difficiles de la captivité » souligne-t-elle.
Sur les 48 premiers jours, l’exposition Abdelkader du Mucem a accueilli 40.000 visiteurs, ce qui correspond à une moyenne de 820 visiteurs par jour. L’exposition se poursuit jusqu’au 22 août 2022.
*Ce reportage a été réalisé dans le cadre d’une formation en journalisme organisée par « Médias & Démocratie ».
Haithem HAOUEL et Latifa Abada (journaliste algérienne)

Les initiatives prises par l’Institut Français de Tunisie entretiennent la francophonie et consolident l’enseignement de la langue française sur tout le territoire tunisien mais également à l’étranger. Le directeur de l’IFT, Hubert Tardy-Joubert, revient sur les accomplissements, partage une vision globale future en soulignant les enjeux majeurs cruciaux pour l’institution. Entretien.
L’Institut Français de Tunisie vit au rythme de nombreux événements. Votre participation remarquée au festival «Etonnants voyageurs» à Saint-Malo compte parmi les derniers en date…
C’est un festival international de littérature qui part du principe que la langue française est une « langue Monde», qui ne concerne pas uniquement des auteurs français mais également de nombreux autres venus des quatre coins du monde. «Etonnants voyageurs» existe depuis longtemps. On a noué des liens avec l’équipe du festival à l’occasion du «Congrès mondial des écrivains français » qui s’est tenu en septembre dernier à Tunis. Dans le cadre de ce congrès, on avait pensé à une participation des écrivains tunisiens à Saint-Malo, avec des éditeurs, écrivains, cinéastes qui a finalement vu le jour. Là-bas, les écrivains tunisiens ont rencontré le public, participé aux activités du festival, discuté avec d’autres écrivains venus d’autres horizons, présenté leurs projets et leurs visions de la Tunisie pendant quelques jours. Ces mêmes participants-écrivains appartiennent à plusieurs générations : ils défendent différentes problématiques, ont différents points communs, mais ensemble, ils traitent de la Tunisie contemporaine. Tout le monde peut ainsi voir à quel point la littérature francophone peut raconter la société tunisienne. Il y avait quelques maisons d’éditions tunisiennes qui ont pu présenter leurs ouvrages et obtenir de potentiels partenariats entre maisons d’éditions tunisiennes et francophones. La diffusion des auteurs tunisiens au-delà de la Tunisie reste essentielle.

«Le français : langue Monde» : les évènements littéraires font partie intégrante de votre programmation et sont de plus en plus visibles en ligne ou en présentiel. Est-ce une manière d’entretenir la francophonie ?
La Langue française se joue dans les classes. C’est, certes, une langue d’enseignement en Tunisie, mais l’entretenir en dehors des salles des classes est tout aussi important : les conversations quotidiennes, le fait de lire, d’entretenir ce rapport à la culture francophone dans sa diversité est crucial. Nous accueillons des écrivains francophones, français et venus d’autres horizons ici à l’Institut Français de Tunisie pour qu’ils puissent parler de leurs livres, rencontrer leur public et pour qu’ils organisent des tournées ailleurs qu’à Tunis, dans les régions, en bénéficiant de cette diversité du public et des lieux pour présenter leurs ouvrages. «Le prix Goncourt : choix de la Tunisie» s’est tenu il y a quelques mois avec 400 lycéens de différents lycées tunisiens. C’était extraordinaire de voir ces lycéens défendre leurs livres préférés devant un jury. Il y a aussi «Le concours de l’éloquence», organisé en collaboration avec l’Atpf (Association tunisienne des Professeurs de français). On propose un sujet à des lycéens et collégiens tunisiens à traiter et à présenter ensuite, face à un jury. On désigne au final un lauréat. Le concours des médiathèques est en cours aussi. A Kairouan, une action autour de la lecture a été menée avec succès et qui consiste à inciter la jeunesse de Kairouan à la lecture et à l’emprunt et aux échanges de livres. L’action s’appelle «Mon été en livre à Kairouan». C’est une manière de dynamiser la pratique de la langue française.
«La nuit des Idées » est désormais un événement annuel prisé. Quelle importance revêt son maintien ?
L’IFT travaille toujours en partenariat et « La nuit des idées » permet d’agir en réseau à l’échelle du territoire tunisien : à Sousse, Sfax, Bizerte, Kairouan, Gafsa, Djerba. Des programmes autour du thème « Reconstruire ensemble » ont été proposés et à Tunis, on a travaillé en réseau avec différents partenaires. On a commencé à la Médina en valorisant le patrimoine, l’histoire, en passant ensuite dans des lieux d’art à Tunis, en évoquant l’architecture et diverses thématiques… On essaie de susciter un dynamisme culturel et de travailler surtout de manière collective.
Depuis votre prise de poste, votre vision future de l’Institut Français de Tunisie s’inscrit-elle dans une continuité ?
Il y a des initiatives qui restent forcément dans l’ordre de la continuité. La coopération s’inscrit sur la durée. Il y a celles portées précédemment et récemment et qui méritent d’être poursuivies. Notre vision première est de travailler avec et pour la jeunesse tunisienne. C’est notre public cible et notre priorité. De travailler avec cette jeunesse dans tout le territoire et non pas seulement à Tunis. On est dans pas moins de 16 endroits du pays. Nous tenons à toucher la jeunesse des régions et de l’intérieur en inscrivant cette culture francophone et en la consolidant à travers l’élaboration de plusieurs initiatives mais aussi à travers des tournées. En 2023, la décentralisation prendra davantage effet sous un format innovant.
L’institut Français de Tunisie est présent à Sousse et à Sfax également. Est-ce qu’il s’agit d’une dynamique de travail autre ?
Elle s’inscrit dans un cadre général : celui de la coopération culturelle. En fonction de la singularité du public sur place, ils peuvent monter des actions régulières. Des projets sont en cours de concrétisation : l’année prochaine aura lieu l’inauguration du nouvel Institut Français à Sousse. Beaucoup plus spacieux avec un centre de langue, une salle de cinéma, un espace Campus France, une grande médiathèque… Un espace qui permettra de réagir d’une manière beaucoup plus impactante à l’échelle locale.
Quel rôle joue l’Institut Français de Tunisie dans la consolidation de l’enseignement de la langue française dans le pays ?
Il y a plusieurs modes d’action : il y a les activités du centre de langues de l’Institut Français qui donnent des cours de langues avec des certifications adressées à un public scolaire, de jeunes adultes et à des professionnels des entreprises, désireux de renforcer les compétences en langue française des salariés. Les réseaux des écoles à programme français en Tunisie : le réseau «Tunisie pilote» compte plus de 17.000 élèves tunisiens scolarisés dans ces écoles réparties dans tout le territoire tunisien. Une coopération / dialogue diplomatique avec le ministère tunisien de l’Education est en cours de développement : il aura pour objectif de consolider l’enseignement de la langue française.
Le 18e sommet de la Francophonie à Djerba est attendu pour les 19 et 20 novembre 2022. Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre apport à cet événement ?
C’est un sommet organisé par les autorités tunisiennes. On est susceptible de répondre à certaines demandes des autorités, de contribuer à renforcer notre participation au pavillon français à Djerba et de faire des propositions dans le cadre de la programmation. On y travaille de notre côté, et c’est en cours de finalisation. Dès septembre, on s’inscrira dans une dynamique de communication autour du «sommet». La thématique du sommet a trait au numérique et à son lien à l’éducation, il y aura une programmation tournée sur ce volet. Les outils numériques et digitaux qui visent à renforcer l’enseignement de la langue française seront mis en avant. Nous mettrons aussi en valeur la poésie francophone sans oublier l’élaboration d’une programmation musicale et la participation d’auteurs et écrivains.
Qu’avez-vous de prévu pour la rentrée de 2022 ?
L’un des événements majeurs qui verra le jour dans le cadre de la programmation de la rentrée c’est l’organisation d’une biennale internationale de photographie «Jaou Photo», organisée avec la fondation Kamel Lazaar, et qui aura pour thème «Le corps dans tous ses états». C’est un événement qu’on construit de manière partenariale avec de grands noms internationaux de la photographie et de l’art contemporain. Il y aura des commissaires de renom. Des expositions dans l’espace public seront organisées afin d’atteindre le grand public. L’enjeu c’est de pouvoir mettre en relation les photographes tunisiens avec la scène internationale en faisant ainsi en sorte que les professionnels tunisiens rencontrent leurs confrères à l’étranger : symposiums, débats, expositions, vernissages sont attendus. Nous essaierons de faire de Tunis une «capitale de l’Image».
Le 29 juin 2022 est une date consacrée à un autre axe tout aussi majeur pour l’Institut Français, autour du renforcement de la société civile…
Il s’agit de l’événement «Initiatives : partenariats et programmes européens avec la société civile», qui se tient à l’occasion de la clôture de la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne, organisé à l’IFT de 15h00 à 22h00. On rassemblera des partenaires européens et des organisations de la société tunisienne, toujours afin d’appuyer le tissu associatif et l’engagement de la société civile. L’événement est ouvert au public.

Un évènement dédié aux brocanteurs s’est organisé sous les gradins de la salle de sport Raja-Haider à La Marsa : lieu insolite qui fait office, depuis quelques semaines, d’un salon de brocanteurs, venus exposer et vendre toutes sortes de pièces rares, uniques, souvent anciennes, mais aussi modernes.
Dès 8h00, les exposants se ruent sous des gradins, prêts à accueillir une clientèle souvent curieuse, amatrice d’objets rares, collectionneurs, ou de passage dans cette zone de la Ville de La Marsa. Un quartier très fréquenté par les habitants et les visiteurs, puisqu’il donne sur l’autoroute principale. Un endroit stratégique, bien indiqué, qui ne laisse pas indifférent, même sous un soleil de plomb. Dans la journée, les visites restent peu fréquentes, mais en fin d’après-midi, le lieu est plus vivant, frais et animé et reste ouvert jusqu’à 22h00. La municipalité a autorisé le maintien de cet évènement pendant les weekends et durant l’année.
Des objets de décoration, théières, assiettes, bols, services, tasses de thé, de café, de l’argenterie, des miroirs, des chinoiseries, d’anciennes portes, cadres en tout genre, tables, bibelots, mugs, chaises, fauteuils, tapis, poignées de portes longent la longue allée sous les gradins du complexe sportif, à l’ombre. Une aile du lieu qui reste facilement accessible grâce à une indication visible sur la route. Cette enfilade d’arcades, occupées par des brocanteurs, désireux de vendre, paraît comme un marché de brocante, pas différent de ceux qu’on trouve à Paris ou dans des villes européennes. Ce marché/salon réunit des brocanteurs-participants, venus de plusieurs régions, qui vendent des antiquités, certes, mais aussi des nouveaux objets.
Ce salon d’antiquité se tiendra encore à l’année sous la houlette de ces 23 brocanteurs-organisateurs qui ont relevé le défi. «Le salon a été pensé comme un marché aux puces d’antiquités, maintenu dans une ambiance accueillante et festive. Les brocanteurs ont ramené le meilleur à exposer de chez eux à l’occasion. «Au lieu de le faire chez eux, ou dans leurs lieux de vente, autant le faire ici», déclare Mme Lilas Abbès-Turki, brocanteuse. Les visiteurs auront l’embarras du choix entre découvrir, regarder, acheter, avoir plusieurs avis, connaître des anecdotes ou être conseillés. C’est aussi l’occasion de se créer des liens entre passionnés, spécialistes en brocanteries et antiquaires.

Un clin d’œil au patrimoine musical est prôné par l’équipe à la tête de l’espace In’art à Hammamet. À l’occasion de la Journée mondiale de la musique 2022, un spectacle Stambali s’est déroulé sur un toit à la vue panoramique donnant sur le golfe de la ville.
Habitants des environs et adhérents se sont donné rendez-vous dans le local de l’In’art, ancien marabout, situé en pleine médina arabe de Hammamet et qui fait office de base pour cette association culturelle du même nom, active depuis des années dans la région. La troupe Stambali désignée n’est autre que celle de Sidi Ali Lasmar.

Autrefois, la ville a connu des festivités plus imposantes, maintenues dans le but de célébrer comme il se doit la journée mondiale de la musique : l’In’art continue de le faire. Le 21 juin 2022 (hier), à partir de 21h00, une musique Stambali a rythmé le lieu et ses environs. Il s’agit d’une fête mondiale célébrée à l’échelle locale. L’In’art associe ce spectacle gratuit à un rituel et à un rappel aux fondements musicaux. Une exposition photographique d’Augustin le Gall intitulée « La dernière danse : Voyage intime au cœur du rituel Stambali » (Présentée en 2016 et soutenue par l’Institut Français de Tunisie) relate l’histoire et l’essence même de la musique Stambali en Tunisie à travers une série de photographies. Le photographe y a évoqué à travers ses oeuvres l’origine du Stambali/ « Bousaadia » en commençant par la Tunisie. Un projet d’aller aux sources du rituel au Maghreb jusqu’au Niger verra le jour.

C’est aussi, en se référant à cette exposition photographique, que l’initiative musicale a été organisée. Comment penser un patrimoine musical, tel que le Stambali en exploitant l’essence même de cette musique et sa genèse ? L’interrogation tombe dans les oreilles des mélomanes. La troupe Sidi Ali Lasmar est composée de femmes et d’hommes qui ont joué des instruments « « Gnawa ». Leur répertoire possède des influences musicales riches d’ici et d’ailleurs.

« Prestige », accessible au B7L9 jusqu’au 17 juillet 2022 est une exposition vécue comme une déambulation dans les us et coutumes festifs des mariages tunisiens. Créer en fusionnant humour, couleurs, savoir et fantaisie, Dora Dalila Cheffi parvient à retenir l’attention de son public. L’artiste se confie sur ce qu’elle considère comme son « mariage » attendu.
«Prestige» est votre toute première exposition d’envergure maintenue au B7L9 à Bhar Lazreg. Une exposition qui vous tient particulièrement à cœur…
J’ai fait deux expositions solo auparavant, mais c’était des projets indépendants, minimes. Une autre exposition collective à Paris a eu lieu, sous la pandémie. Je suis également passée par la galerie Selma Feriani, une galerie danoise, et même à « Gabès Cinéma Fen », dans sa 4e édition récemment, dans la section K.OFF. Je suis impatiente de mener à bout cette exposition, ce travail. Je suis curieuse de montrer mon travail en Tunisie pendant toute cette période, mais également de le présenter en Finlande. Après l’université, je suis rentrée en Tunisie. Je me demandais comment être visible en Finlande, en étant ici. Mes deux identités devaient être visibles dans mon travail. C’est important pour moi. Je reste très curieuse à l’idée de voir comment va être reçu mon travail en Finlande éventuellement.
«Prestige» est une exposition tournée essentiellement vers la thématique du mariage. D’où viennent cette fascination et cet intérêt ?
Quand j’étais plus jeune, je venais chaque été à Sfax chez la famille de mon père et à chaque fois, j’assistais à un mariage. En Finlande, c’est un tout autre rythme de vie. J’étais fascinée par l’ambiance, l’atmosphère, les us et coutumes. L’aspect carnavalesque et kitch m’impressionnait. Les mariages et celles et ceux qui prennent part à cette fête sont mis sur leur trente et un à leur manière. Ils se ressemblent, sont habillés presque de la même manière, ont presque la même attitude. Leur frénésie identique m’attirait. Esthétiquement et à mes yeux, c’était attrayant.
Mais votre rapport au mariage tunisien n’est pas juste esthétique…
Evidemment. Il y a certes l’aspect esthétique, mais aussi le social. Il y a des degrés. Personnellement, j’ai commencé à découvrir cet univers quand je suis arrivée ici. A chaque fois, ce sont des questions qui se posaient, des tableaux qui s’ancraient dans ma tête. Des mots qui me sont lancés : «Quand est-ce que tu vas te marier ?» Et tout le jargon et les souhaits qui vont avec le mariage typique tunisien, son déroulement. J’ai donc décidé d’offrir à mes proches un mariage : cette exposition, ce vernissage.
L’exposition «Prestige» est vécue comme une immersion, un éventail de rencontres, illustrés avec de la céramique, de la sculpture, de la peinture et de l’art visuel…
J’ai effectué une performance avec «Rafram» pendant le vernissage. On m’a donné carte blanche au B7L9. Les tableaux qu’on voit dans l’exposition sont le fruit de repérages, de moments, de souvenirs, d’une longue période d’observation, de réflexion, avec un clin d’œil à la culture juive et qui rappelle «Rafram». Rafram est un artiste. Il performe et il est passionné de cuisine. Il est chef culinaire spécialiste et, depuis son retour en Tunisie, il se focalise sur cette spécialité. Je l’ai approché : il m’a parlé des traditions juives en Tunisie et je l’ai fait participer à ce travail.
Le clin d’œil à la mixité des cultures est-il prémédité ?
Je suis mixte. J’ai deux cultures : la tunisienne et la finlandaise. Quand j’ai pris conscience des traditions en Tunisie et des habitudes typiques dans notre pays, je me suis rendue compte que les gens ne faisaient que s’imiter. Il ne s’agit pas d’esprit religieux forcément. L’habit traditionnel ici n’est pas forcément islamique. C’est le résultat de plusieurs millénaires de mixités culturelles venues du monde entier et qui ont nourri notre pays. La Tunisie était un carrefour civilisationnel et nous l’avons hérité au fil des siècles dans nos traditions. Ma mixité deviendra normale après des années et des siècles. Je me suis réconciliée avec mes deux identités. Mon mariage, c’est mon exposition.
Les œuvres-vidéo interpellent…
La première est faite sur le toit de la station d’art avec Amenallah Atrous. Tout est personnel et émane de mon entourage, de mes proches. Tout ce qu’on voit dans «Prestige», y compris le culinaire, le show, la danse qui mixe féminité et masculinité, est tiré de mon vécu. J’évoque ma perspective. Ma perception des choses. La joie que je vois, l’ambiance, le traditionnel, le conservatisme, le mariage libre : Tout m’inspire. J’avais des idées reçues avant de plonger autant dans ce savoir relatif au mariage tunisien. C’est un univers présenté ici avec une touche de sarcasme et de sérieux ! Vous êtes invités à mon mariage qui s’étend jusqu’au 17 juillet 2022 au B7L9.

Le journalisme n’est pas une science parfaite : des obstacles nombreux ne sont pas à exclure, notamment liés à de fausses manœuvres sur terrain, à une précarité liée à la pratique journalistique, à une hâte de véhiculer le scoop. Autant de raisons qui peuvent provoquer cette diffusion de l’intox.
Face à un large public de journalistes locaux et étrangers, l’Institut Français de Mauritanie a organisé récemment une conférence autour des « Fake News : quels enjeux pour les journalistes ? ». Huit spécialistes ont décortiqué, au fil des interventions, les enjeux cruciaux à retenir pour les journalistes professionnels et pour d’autres en devenir, tout en dressant un constat saisissant autour de la désinformation.
Mamadou Sy, vice-président de la Haute autorité de la Presse Audiovisuelle en Mauritanie, a réitéré son engagement en Mauritanie depuis des décennies, mené à travers cet organisme. Il est revenu sur la lutte constante contre la désinformation et la survie de la presse mauritanienne face à ce fléau. « Je crois en la lutte dans son sens le plus universel : les fondements de notre travail de journalistes et de notre savoir doivent primer », dit-il dans son discours d’introduction. Toujours selon l’intervenant, l’éducation aux médias et l‘apprentissage de leur consommation doivent également se faire à un âge avancé (enfance ou adolescence). Un public jeune était d’ailleurs largement présent pendant la conférence.

La lutte est de mise
Le journalisme n’est pas une science parfaite : des obstacles nombreux ne sont pas à exclure, notamment liés à de fausses manœuvres sur terrain, à une précarité liée à la pratique journalistique, à une hâte de véhiculer le scoop. Autant de raisons qui peuvent provoquer cette diffusion de l’intox. « D’où l’importance de rectifier ces fausses informations même bien après leur parution », souligne Laurent Bigot, directeur de l’Ecole publique du journalisme de Tours et expert en Fake News.
La vérification de l’information se fait, de nos jours, pas à pas, à travers des outils mis à la disposition des journalistes. La rigueur, la patience, l’intelligence et la volonté émanant d’un journaliste intègre font, hélas, souvent défaut. Paul-Joël Kamtchang, directeur d’Adisi Cameroun, déclare : « Cette rigueur chez le journaliste fait pourtant partie des fondements mêmes d’un journalisme sain. Elle est intrinsèque à son devoir de communiquer une information vérifiée et juste».
« Un journaliste est un humain : il peut se tromper. En revanche, un propagandiste ne se trompe pas, il vous trompe. L’intentionnalité fait la différence entre une erreur accidentelle publiée par un média et une fausse nouvelle intentionnelle véhiculée afin de produire un effet. », précise Nicholas Hénin, spécialiste et expert en désinfox. Il poursuit : « La dimension d’une fausse information intentionnelle reste profondément politique. Ce qui est le plus tordu, c’est que l’acteur qui veut faire de la propagande s’approprie le langage d’un agressé afin de s’ériger en agresseur. Cette forme de désinformation est d’une violence inouïe».
Les fausses nouvelles sont souvent créées par des gens lambda qui les diffusent via les réseaux sociaux. C’est du contenu « faux », et il est nécessaire, selon Comba Silla, journaliste sénégalaise d’« Africa Check », de faire la différence entre l’information fausse qui peut être créée par des journalistes, volontairement ou involontairement, et le contenu erroné qui fait et défait l’opinion publique via Tik Tok, Instagram, Facebook et autres … « Le fait de rectifier son erreur relève d’une responsabilité éthique», selon la journaliste experte dans la lutte contre l’intox.
Cet évènement est organisé par l’association « Médias et Démocratie », en collaboration avec l’IFM, le service de coopération et de l’action culturelle de l’ambassade de France en Mauritanie, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la presse, le syndicat des journalistes mauritaniens, l’Association des journalistes mauritaniens et le syndicat des éditeurs de presse. Il s’inscrit dans le cadre d’une action de renforcement des sociétés africaines qui appuie des programmes de sensibilisation et de soutien aux médias et de l’éducation à la pensée critique. La lutte contre l’intox, spécifiquement sur le continent africain, devient cruciale et urgente.
La conférence a aussi été marquée par les interventions de Kissima Diagana, journaliste mauritanien et fondateur d’«Initiative News», Awa Seydou, journaliste mauritanienne indépendante et Amadou Sy, journaliste mauritanien. « Médias & Démocratie » est présidé par le journaliste Stéphane Lepoittevin, et dirigé par Olivier Piot, également journaliste, formateur et spécialiste de l’Afrique.

« Argu » d’Omar Belkacemi (2021) et « Le marin des montagnes » de Karim Aïnouz (2022) sont représentatifs d’un cinéma algérien qui tire sa force de son lieu, son contexte. Hymnes à la culture amazigh, les deux longs métrages prônent différemment une culture locale riche et des décors naturels authentiques et abondants.
Poétiser vainement la fiction
« Argu » qui signifie « Rêve » en langue amazigh, est le titre du dernier long métrage d’Omar Belkacemi. Le titre révélateur raconte déjà son contexte. Koukou est le personnage du film : il ne fait pas partie du moult, et se distingue par rapport aux habitants de ce village kabyle perché sur les montagnes. Koukou a la vingtaine, il a un comportement différent à l’apparence différente. Sur cette base, un comité de sages décide de l’interner dans un hôpital psychiatrique. Un acte collectif violent qui incitera Mahmoud, frère de Koukou et professeur de philosophie à Bejaia d’intervenir pour sauver son frère.
Ce village rétrograde et conservateur est secoué par cette personnalité, jeune, fraîche, éprise de liberté, de savoir et de musique. Une personnalité perçue comme une menace pour la communauté. Son frère à l’esprit éclairé, et érudit s’en prend à ce conservatisme lourd et pesant. Les deux frères finissent par s’isoler du poids de ces traditions, des préjugés, et de la morale dans les décors naturels de cette région kabyle, riche de sa nature enveloppante. L’occasion pour les deux hommes de se ressourcer : de se sentir libres, de s’adonner à des rêveries à n’en plus finir, à de la poésie et de chanter des lendemains meilleurs, pleins d’espoir.
Les plans et les décors naturels enrichissent esthétiquement la trame principale du film, tout en dénonçant un village rongé par l’oppression de ces préceptes et de sa mentalité : un étau qui fait fuir tous les jeunes. La caméra de Belkacemi revient sur les traditions, us et coutumes locales. Elle valorise l’esthétique irréprochable du lieu, en dénonçant le poids du conservatisme émanant de ces villageois.
Dans une lenteur ponctuée par des passages poétiques frontalement énoncés, le réalisateur tient à filmer les travers, les interdits, les ressentis éprouvés par les personnages du film, et retire sa magie à un résultat final qui s’épuise doucement mais sûrement. Le film se termine sur une note d’espoir marquante, et marquée par un retour et par l’attachement à cette terre natale.
Déplacements géographiques, recherche de soi à travers un retour aux sources, traversées ou déambulations dans des lieux habités par la nature sont récurrents dans ces deux longs métrages, car même si le premier est une fiction, «Le marin des montages » de Karim Aïnouz est un documentaire qui puise dans les origines.
Traversée initiatique
« Le marin des montagnes » de Karim Aïnouz est un documentaire personnel raconté à la première personne, et relatant le retour au village natal algérien du père. Un doc qui s’inscrit dans la durée avec une caméra portée. Un récit vrai et non moins émotif venait de démarrer, filmé banalement au départ, à travers des prises captées au fur à mesure de son trajet. Le spectateur saisira, dès le départ, la portée initiatique du film, qui brille par son titre révélateur et antonymique.
A l’écoute des passages entonnés avec une voix off, celle du cinéaste, le spectateur fait la connaissance d’Iracema, sa mère disparue. Des mots qui racontent les racines diverses de l’auteur, né au Brésil et élevé par son père amazigh, Majid, en Algérie. Le personnage narrateur qui transporte le spectateur par sa voix et sa caméra se présente comme étant originaire et connaisseur de la Kabylie et à la fois voyageur venant d’un autre continent et d’une autre culture.
Il filme son périple à travers des prises et des plans fixes depuis le navire jusqu’à son arrivée immersive à Alger puis à la Kabylie, ce berceau historique lové dans une nature fascinante. Les personnes qu’il filme depuis le début de son parcours prennent spontanément vie sous ses yeux : elles gesticulent, s’adonnent à des rires à n’en plus finir, parlent au moment où l’on s’y attend le moins et au fur à mesure des rencontres intenses et humaines, le réalisateur est comme tiré vers son village natal. Sa rencontre avec son homonyme, un autre Karim Aïnouz dans le village, fait basculer le documentaire dans une narration autre et un rythme différent, mais tout aussi attachant et attractif. Une manière de filmer d’Aïnouz qui valorise cet accueil, voire cette inclusion au sein de cette famille qu’il ne connaissait pas. Filmer l’intime dans ce film est essentiel, oui mais ça finit par englober lieux, rencontres, cultures, et tout un pays. L’intime bascule vers un collectif tout aussi divers et émouvant. Le pouvoir de l’image est à son apogée dans le dernier film en date de Karim Aïnouz : l’image comme support de souvenirs, d’histoires, de vies.
Ces deux films ont été présentés successivement à la 4e édition de « Gabès Cinéma Fen » et discutés longuement dans le cadre d’un atelier critique animé par Saad Chakali et Alexia Roux, deux critiques et spécialistes du 7e Art.*