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Les JTC des prisons 2022 : Criant de cynisme
REVIEWS & CRITIQUES12 / 9 / 2022

Les JTC des prisons 2022 : Criant de cynisme

«Théâtre de la liberté», titre attrayant d’une section maintenue dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage, et qui fait écho à cette soif de liberté, ressentie par les détenus. En attendant leur liberté, qu’ils vivront au-delà des murs de la prison, ils entretiennent une passion pour les arts scéniques, spécialement pour le théâtre et nous le font savoir durant cette 23e édition.


«La sagesse d’un fou», pièce de théâtre, conçue entre les murs de la prison de «Borj El Amri», est un exemple de réalisation scénique, menée à bout par 6 jeunes détenus, la plupart trentenaires. Cinémadart est le lieu consacré aux pièces de théâtre signées par des prisonniers, femmes et hommes, issus de nombreuses prisons tunisiennes. La section se déroule en collaboration avec «le Comité général des prisons et de la rééducation». De différents établissements pénitentiaires, les prisonnières et prisonniers affluent, escortés par des agents de l’ordre. Pas moins de deux représentations par jour élaborées, sont présentées. Ambiance, qui allie curiosité, découverte et sympathie/empathie ressentie pour les interprètes. Ces derniers, pour la plupart amateurs, insufflent une dose d’émotion, à travers leurs textes, leur mise en scène, les dialogues et une certaine complicité.


Le théâtre affranchit des conditions de détention. Tout le travail scénique se fait en groupe : de la mise en scène, à l’écriture, au passage sur scène. «La sagesse d’un fou», mise en scène par le duo Hassen Ayachi et Mohamed Ali Jaouadi, le reflète bien : scène d’ouverture qui interpelle, silhouettes qui s’emparent de la scène, tout en gardant un semblant de mystère. Les interprètes parviennent à entraîner les spectateurs dans cette ambiance cacophonique. «Tkhalbiza», tel est le titre en tunisien de la pièce d’une durée de 40 mn, s’ouvre en grande pompe. Elle est annonciatrice d’une détresse commune, exprimée nonchalamment, au fil des scènes et des actes. Les interprètes incarnent, 6 personnages atteints de démence, des suites de leur enfermement. Dans le cadre d’un lieu clos qu’on confondrait avec un hôpital psychiatrique, reconstruit sur scène, ils expriment en solo ou en groupe, à gorge déployée, les raisons d’une folie. Le texte, la mise en scène et l’interprétation sont réalisés par ce même noyau. «Tkhalbiza» ou «La sagesse d’un fou» est un essai scénique amateur criant de cynisme et de mélancolie. Les présentations des pièces de théâtre réalisées par des détenus ont pris fin le jeudi 8 décembre 2022. Un prix sera décerné à la meilleure création.

Les JTC des prisons 2022 : Criant de cynisme
Programme «Qismi Al Ahla» : Développer l’éveil artistique chez les écoliers
REPORTAGES12 / 5 / 2022

Programme «Qismi Al Ahla» : Développer l’éveil artistique chez les écoliers

L’effet escompté chez les écoliers s’est fait sentir lors d’une visite peu ordinaire effectuée à l’école primaire «El Marr» à Tunis. Toute une salle, au sein de l’école, a été transformée pour le plus grand bonheur des petits. «Qismi Al Ahla» (Ma classe est la meilleure) poursuit sa route.

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C’est à l’école «El Marr» à Tunis, située derrière le ministère de la Défense, qu’un groupe de visiteurs a été accueilli et par le corps administratif de l’école, par les élèves, et par quelques responsables à la tête de ce programme qui vise «à créer démocratiquement la meilleure salle de classe», comme c’est présenté. Ce projet, qui est à vocation sociale, est concrétisé sous la houlette de l’Association l’Art Rue.


S’investir dans les écoles primaires


Le programme vise à accompagner et à soutenir financièrement des associations locales, ou régionales afin de créer des espaces dédiés à la pratique des arts au sein des écoles primaires publiques et à fournir par conséquent un endroit rénové pour les écoliers, situé au sein même de leur établissement, leur permettant ainsi d’apprendre, tout en s’amusant. Une initiative qui a porté ses fruits par le passé et qui continue à être impactante.

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Club de théâtre, jeux de société, activités en groupe, projections, activités manuelles, musique peuvent être pratiqués au sein de cette classe. Un espace stimulant, qui entretient l’éveil artistique juvénile : autonomie, créativité, passions, imagination, doté d’un espace vert. L’expression artistique s’apprend dès l’enfance, et la classe est conçue pour. L’art à la portée des enfants–écoliers, telle est la devise de ce projet doté d’un programme d’accompagnement, d’objectifs précis à atteindre, d’un soutien financier et d’un protocole. Les associations engagées peuvent s’investir dans les écoles primaires et permettre l’élaboration de ce programme dans les écoles primaires de Tunis et des régions. Le cas «D’el Marr» est une simulation.

Programme «Qismi Al Ahla» : Développer l’éveil artistique chez les écoliers
«Alaïa avant Alaïa » à Dar Alaïa , Sidi Bou Saïd : Hommage à un génie créatif
REPORTAGES12 / 4 / 2022

«Alaïa avant Alaïa » à Dar Alaïa , Sidi Bou Saïd : Hommage à un génie créatif

L’exposition rétrospective «Alaïa avant Alaïa» retrace la jeunesse et l’enfance d’Ezzedine Alaïa. Elle revient sur sa naissance à Tunis, son départ pour Paris en 1956 et annonce son ascension progressive et fulgurante au fil des décennies, en tant que couturier-créateur de renommée mondiale.


Discrétion, finesse, justesse et une infinie sensibilité ont façonné et façonnent toujours l’œuvre et son maître. Auparavant et jusqu’à sa disparition, ses créations ont sublimé et épousé la silhouette d’une large pléiade de personnalités et de stars mondialement connues. Sculpturales et enveloppantes, elles ont, durant toute une vie, brillé de mille feux dans les occasions, les mondanités et les défilés de mode les plus connus dans le monde. L’exposition nous le relate bien à travers des photos anciennes, privées, familiales, mais également à travers celles qui immortalisent ses apparitions publiques aux côtés des grandes stars, et d’autres remarquables, capturées dans toutes les métropoles.

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Un court-métrage de 8 mn permet aux invités présents de regarder un reportage / entretien filmé avec le jeune Ezzedine Alaïa, s’adonnant à des confidences sur son enfance, racontant sa tendre jeunesse passée à la Médina de Tunis, une partie de sa vie dans les Beaux-Arts de Tunis jusqu’à son envol pour la capitale des lumières. Le film court évoque références, techniques de couture, personnes et personnalités qu’il a habillées à l’époque, jusqu’aux années 80, mettant ainsi davantage en lumière la genèse de son génie créateur.


Textes courts, éclairants, informations édifiantes, cartels, dates clés et personnalités amis, que le styliste affectionnait particulièrement, jalonnent les murs de son havre de paix, une demeure, perchée sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd, à la vue imprenable sur la Méditerranée. Ce lieu ensorcelant met encore en lumière le parcours unique et éclectique d’Alaïa… Chez lui. Cette maison rappelle ses origines, son pays natal, ses racines. Construite en 1986, l’artiste y passait le plus clair de son temps. Connue sous l’appellation courante «Dar Alaïa», elle est désormais reconvertie en lieu d’exposition, consacrée à l’œuvre et à la vie d’Alaïa. Sept créations à lui y sont exposées : elles ont été créées au début de sa carrière.


Nous apprenons, au fil de cette rétrospection, que le créateur passait son temps à habiller ses proches amies, devenues ses muses comme sa sœur Hafida, son amie Latifa, Nicole de Blégiers ou Leila Manchari, avant d’inspirer un nombre incalculable de personnalités à travers le monde. Greta Garbo, Louise de Vilmorin ou Arletta l’ont fait connaître dans les plus hautes sphères sociales. Grace Jones, Tina Turner, Naomi Campbell, Farida Khelfa et bien d’autres ont traversé la vie de Alaïa.


Le portrait d’un créateur, à la fois discret, mais éclatant de talent, est raconté dans «Alaïa avant Alaïa», une exposition, hommage déjà présentée à Paris et désormais accessible à Tunis-Sidi Bou Saïd jusqu’en mai 2023. Une exposition qui a puisé dans les archives de la fondation Alaïa et qui fusionne citations du créateur, hommages photographiques, témoignages. L’expo prend une dimension plus intime puisqu’elle se tient dans sa maison : elle est truffée de détails et lève le voile sur les nombreuses personnes et personnalités qui ont accompagné Alaïa depuis sa naissance jusqu’à l’éclosion de sa carrière. Davantage de créations exposées auraient donné plus d’ampleur à l’exposition. Pour les connaisseurs, intéressés par la vie d’Azzedine Alaïa, un des pionniers de la mode mondiale, un détour en accès libre à Dar Alaïa est recommandé.


Dar Alaïa à Sid Bou Saïd (Crédit Photo : Sylvie Delpech)

«Alaïa avant Alaïa » à Dar Alaïa , Sidi Bou Saïd : Hommage à un génie créatif
Raouf Medelgi, auteur de « Bonjour Monsieur Bussac : itinéraire d’un écrivain des deux rives » : « Je suis resté fidèle à cette idée de ‘‘pont’’ et d’appartenance »
ENTRETIENS11 / 21 / 2022

Raouf Medelgi, auteur de « Bonjour Monsieur Bussac : itinéraire d’un écrivain des deux rives » : « Je suis resté fidèle à cette idée de ‘‘pont’’ et d’appartenance »

Paru aux éditions Orizons, « Bonjour monsieur Bussac » est un ouvrage de Raouf Medelgi, professeur – universitaire, spécialiste en langue française – littérature caribéenne. L’auteur passe au crible les écrits et la vie de l’écrivain François G.Bussac en se basant sur son vécu en Tunisie durant plus de 15 ans et sur ses histoires de famille ancrées dans notre pays. François G.Bussac (dit le Capitaine) a, depuis, regagné la France. Cette rencontre autour d’un livre retrace une tranche de vie. Entretien.


« Bonjour monsieur Bussac : Itinéraire d’un écrivain des deux rives » vient de paraître aux éditions Orizons. Il s’agit de votre tout premier livre édité autour de la vie et des écrits de François G. Bussac. Un ouvrage qui a été conçu suite à un échange amical, spontané et drôle …


Pour remettre le texte dans son contexte et l’histoire dans son sillage, c’était autour d’un déjeuner avec Monsieur Bussac, chez Martine Gafsi, la comédienne. (rire). Nous discutions de « biographies d’auteurs ». Et spontanément, pour rire, j’ai dit à monsieur Bussac : « On devrait écrire une biographie sur vous ». (Rire). Comme il a plus que 25 ouvrages à son actif et qu’il a longtemps écrit des nouvelles, des romans et des livres pour enfants, on l’a furtivement pensé. Et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd… (rire) Quelques jours plus tard, on était chez lui au sémaphore à La Goulette et notre écrivain revient sur cette proposition. Il m’a exprimé sa volonté de le faire à condition que le livre soit davantage focalisé sur la relation France / Tunisie : d’où le titre « Itinéraire d’un auteur entre deux rives ». J’ai toujours écrit mais je n’ai jamais donné à lire mes textes à quelqu’un (ou rarement) et l’exercice s’annonçait dur. Le faire, c’est se lancer dans une aventure et comme l’auteur concerné est un ami, on se dit finalement, pourquoi pas ? Il faut éviter le pathos, l’emphase : il faut trouver le ton juste et celui qui donnera envie de découvrir l’univers Bussac. On l’a construit donc ensemble : il s’agit d’une collaboration, entre nous deux et avec nos amis, notamment journalistes, écrivains et universitaires.


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Comment ce livre illustre-il cette relation entre les deux rives de la France et de la Tunisie ?


J’aime bien appeler ce livre « Le pont », aussi simple que soit ce mot. On est dans cet « entre-deux », et nous pouvons saisir ce trait d’union qui unit les rives tunisiennes et françaises. Il ne faut pas oublier également ce lien indéfectible qui lie François G. Bussac à la Tunisie. En effet, pour donner envie et pour parler juste, son grand-père et sa mère ont vécu un temps dans notre pays. Je garde le suspense pour les lecteurs … et de là, a commencé la construction de ce pont. Cet héritage familial a fait que François-George a toujours eu un attachement fort à notre pays. Une relation que je n’ai pas décelée dès le départ : Lui, il était directeur des médiathèques de Tunisie, moi j’ai été journaliste, et on n’avait pas au départ des atomes crochus : on a appris à se connaître bien après, avec la création de la troupe des « Vives voix ». Je suis resté fidèle à cette idée de « pont » et d’appartenance.


Ce livre rend-il hommage à l’écrivain – Capitaine ?


Oui. Il a passé 15 ans de sa vie et la fin de sa carrière en Tunisie. Il a choisi de rester ici après son départ à la retraite et de ne pas rentrer en France. Le Capitaine a beaucoup écrit en ayant ce regard à la fois juste, amusé et parfois inquiet sur la Tunisie. C’est un hommage à l’histoire familiale, aux amitiés tunisiennes et un regard sur les aléas du pays. Il n’y a qu’à voir ses chroniques sur la révolution pour saisir leur force. « Bonjour monsieur Bussac » est un livre qui nous ouvre par petites bribes, par truchement, l’univers de l’écrivain, son antre. Ce livre est un hommage à sa manière d’écrire, à l’écrivain et à l’homme. Le Capitaine est un personnage, qui marque et interpelle toutes celles et ceux qui l’ont connu de près ou de loin, dans le cadre professionnel ou personnel : il a une présence, une prestance, une voix qui remplit l’espace. Il ressemble à un personnage qui sort d’un roman. Un alchimiste qui attirerait le monde autour de lui : on peut l’aimer, avoir de l’affection pour lui, lui en vouloir aussi (mais pas pour très longtemps). L’amitié fait des miracles : mais écrire sur quelqu’un fait encore plus de miracles parce qu’on découvre des choses. On se laisse aller dans des confidences et parfois on devine des choses derrière l’écriture. Quand on lit l’œuvre, on devine des choses après : Il y a une authenticité qui se dégage, il y a une sincérité qui transparaît, qui glisse. C’est un ami des lecteurs, un écrivain-ami, un beau mélange. « Bonjour monsieur Bussac : Itinéraire d’un écrivain des deux rives » paraîtra d’ici un mois en Tunisie aux Editions Arabesques.

Raouf Medelgi, auteur de « Bonjour Monsieur Bussac : itinéraire d’un écrivain des deux rives » : « Je suis resté fidèle à cette idée de ‘‘pont’’ et d’appartenance »
Projet «mille et un films» : Education et cinéma
REPORTAGES11 / 20 / 2022

Projet «mille et un films» : Education et cinéma

Une expérience éducative pilote se poursuit depuis 2016, celle des « Mille et un films», programme national pour l’introduction de l’instruction cinématographique dans les écoles tunisiennes, avec à sa tête, son fondateur, le réalisateur Moncef Dhouib. Après trois ans d’itinérance fructueuse de 2016 à 2019 et un arrêt causé par la pandémie, l’expérience redémarre de plus belle. 6.000 écoliers ont été initiés au b.a-ba du 7e art.


En 2023, un nouveau chapitre des «Mille et un films» s’apprête à commencer. Soutenu par le ministère de l’Education actuel, le projet continue d’impacter. Sur 24 gouvernorats, 12 écoles par gouvernorat ont été visitées. Durant trois ans, 6.000 écoliers, pour la plupart issus de régions défavorisées, ont pu participer à ce travail.


Ecoliers /collégiens des écoles primaires et collèges situés dans des régions rurales (voire complètement isolées) reçoivent la visite de formateurs, spécialistes en cinéma. Ces derniers s’adressent au corps enseignant d’une école : ils lui présentent le projet, son objectif, et valorisent une passion et un savoir à entretenir avec les élèves. Des enfants qui restent à l’affût de ce savoir pratique, édifiant et très divertissant et qui s’y engagent passionnément. «Depuis le lancement de ce projet, j’ai toujours pensé qu’il faut travailler avec les écoles, en premier lieu. On a donc pensé cibler les moins de 14 ans, qui sont en train de se chercher, et qui n’ont pas conscience des maux de la société et des difficultés de la vie. A un certain âge, on peut perdre à jamais les jeunes, si on ne les rattrape pas avant et tôt», déclare Moncef Dhouib, réalisateur et chef du projet. Deux partenaires fixes soutiennent les «Mille et un films» : le ministère de l’Education et celui des Affaires culturelles (à travers le Cnci, qui aide à la production et à la formation).


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L’essentiel du travail, c’est de le transmettre en formant les formateurs : ces instituteurs qui veilleront à leur tour à maintenir ces ateliers d’initiation cinématographique pour garantir la pérennité de la formation dans l’établissement éducatif désigné et de le programmer sur la durée dans le planning des activités culturelles. Ces enseignants-formateurs doivent être passionnés et porteurs du projet. Toutes et tous ont adopté le projet.


Une initiative ancrée dans son époque


« Ce que nous faisons est nécessaire : nous sommes analphabètes quand il s’agit de lire une image. A travers ce projet, nous consolidons notre savoir, afin de mieux décrypter ce tsunami de l’image, sa fabrique, son impact. D’où cette urgence de commencer tôt à initier à la fabrique de l’image. Nous entretenons l’aspect pédagogique du secteur cinématographique. Le langage cinématographique doit être à la portée de tout le monde, en premier lieu, accessible aux enfants de 8 / 14 ans. Le cinéma est indissociable à l’ère numérique, de nos jours. Il est digital, très présent en ligne, et fait de l’ombre à l’écrit car tout est image, virtuel, reportages, et documentaires de nos jours», précise Moncef Dhouib.


Grâce au ministère de l’Education, l’accès aux établissements éducatifs se fait plus facilement. Le Cnci fournit des formateurs, diplômés pour la plupart des écoles supérieures de cinéma : ils doivent être principalement cadreurs, spécialistes en image et monteurs. Une dizaine d’entre eux/elles est retenue via des appels à candidatures. A part leur savoir, ils/elles doivent posséder un permis de conduire. Ces mêmes formateurs sillonnent, en effet, la Tunisie, via des unités mobiles, en duo, équipés du matériel nécessaire à l’application du projet. Un engagement sans faille de la part de «ces ambassadeurs du 7e art», composés de 5 femmes et 5 hommes (parité oblige).

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Ce travail de longue haleine se fait sur plusieurs séances et en fonction des écoles disponibles. Il est composé de trois étapes : la première se fait théoriquement en initiant aux bases du cinéma, via un document élaboré et qui explique en détail les règles élémentaires du cinéma. La 2e est l’écriture du scénario et son illustration, individuellement, mais surtout en groupe. La 3e étape permet aux écoliers-participants de faire du terrain, de sortir, et d’appliquer leur savoir sous l’œil vigilant des formateurs-enseignants et avec l’autorisation des parents d’élèves.


Le projet illustre ce mariage entre culture et Intelligence artificielle : la culture, autrefois orale et écrite, est désormais convertible en numérique, accessible sur des plateformes en ligne, et forte de sa connectivité via les tablettes, le web et les réseaux sociaux. Le projet s’inscrit dans son époque et permet une meilleure lecture de l’Image : une jonction qui lie la culture, l’éducation et la technologie.


«Le projet reste coûteux : des dépenses se font, mais il a fonctionné de cette manière structurelle», cite Moncef Dhouib, enthousiaste. Il tient à rempiler pour une nouvelle tournée des écoles, et à effectuer un redémarrage postCovid. Le projet est toujours à la recherche d’un soutien financier privé. «Mille et un films » est précurseur dans la région Mena et son exportation dans d’autres pays reste imminente. Un legs de cette expérience pour les générations futures et son rayonnement à l’intérieur du pays et au-delà des frontières restent impératifs.

Projet «mille et un films» : Education et cinéma
Projet «mille et un films» : Education et cinéma
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 11 / 20 / 2022

Projet «mille et un films» : Education et cinéma

Une expérience éducative pilote se poursuit depuis 2016, celle des « Mille et un films», programme national pour l’introduction de l’instruction cinématographique dans les écoles tunisiennes, avec à sa tête, son fondateur, le réalisateur Moncef Dhouib. Après trois ans d’itinérance fructueuse de 2016 à 2019 et un arrêt causé par la pandémie, l’expérience redémarre de plus belle. 6.000 écoliers ont été initiés au b.a-ba du 7e art.


En 2023, un nouveau chapitre des «Mille et un films» s’apprête à commencer. Soutenu par le ministère de l’Education actuel, le projet continue d’impacter. Sur 24 gouvernorats, 12 écoles par gouvernorat ont été visitées. Durant trois ans, 6.000 écoliers, pour la plupart issus de régions défavorisées, ont pu participer à ce travail.


Ecoliers /collégiens des écoles primaires et collèges situés dans des régions rurales (voire complètement isolées) reçoivent la visite de formateurs, spécialistes en cinéma. Ces derniers s’adressent au corps enseignant d’une école : ils lui présentent le projet, son objectif, et valorisent une passion et un savoir à entretenir avec les élèves. Des enfants qui restent à l’affût de ce savoir pratique, édifiant et très divertissant et qui s’y engagent passionnément. «Depuis le lancement de ce projet, j’ai toujours pensé qu’il faut travailler avec les écoles, en premier lieu. On a donc pensé cibler les moins de 14 ans, qui sont en train de se chercher, et qui n’ont pas conscience des maux de la société et des difficultés de la vie. A un certain âge, on peut perdre à jamais les jeunes, si on ne les rattrape pas avant et tôt», déclare Moncef Dhouib, réalisateur et chef du projet. Deux partenaires fixes soutiennent les «Mille et un films» : le ministère de l’Education et celui des Affaires culturelles (à travers le Cnci, qui aide à la production et à la formation).


L’essentiel du travail, c’est de le transmettre en formant les formateurs : ces instituteurs qui veilleront à leur tour à maintenir ces ateliers d’initiation cinématographique pour garantir la pérennité de la formation dans l’établissement éducatif désigné et de le programmer sur la durée dans le planning des activités culturelles. Ces enseignants-formateurs doivent être passionnés et porteurs du projet. Toutes et tous ont adopté le projet.


Une initiative ancrée dans son époque


« Ce que nous faisons est nécessaire : nous sommes analphabètes quand il s’agit de lire une image. A travers ce projet, nous consolidons notre savoir, afin de mieux décrypter ce tsunami de l’image, sa fabrique, son impact. D’où cette urgence de commencer tôt à initier à la fabrique de l’image. Nous entretenons l’aspect pédagogique du secteur cinématographique. Le langage cinématographique doit être à la portée de tout le monde, en premier lieu, accessible aux enfants de 8 / 14 ans. Le cinéma est indissociable à l’ère numérique, de nos jours. Il est digital, très présent en ligne, et fait de l’ombre à l’écrit car tout est image, virtuel, reportages, et documentaires de nos jours», précise Moncef Dhouib.


Grâce au ministère de l’Education, l’accès aux établissements éducatifs se fait plus facilement. Le Cnci fournit des formateurs, diplômés pour la plupart des écoles supérieures de cinéma : ils doivent être principalement cadreurs, spécialistes en image et monteurs. Une dizaine d’entre eux/elles est retenue via des appels à candidatures. A part leur savoir, ils/elles doivent posséder un permis de conduire. Ces mêmes formateurs sillonnent, en effet, la Tunisie, via des unités mobiles, en duo, équipés du matériel nécessaire à l’application du projet. Un engagement sans faille de la part de «ces ambassadeurs du 7e art», composés de 5 femmes et 5 hommes (parité oblige).


Ce travail de longue haleine se fait sur plusieurs séances et en fonction des écoles disponibles. Il est composé de trois étapes : la première se fait théoriquement en initiant aux bases du cinéma, via un document élaboré et qui explique en détail les règles élémentaires du cinéma. La 2e est l’écriture du scénario et son illustration, individuellement, mais surtout en groupe. La 3e étape permet aux écoliers-participants de faire du terrain, de sortir, et d’appliquer leur savoir sous l’œil vigilant des formateurs-enseignants et avec l’autorisation des parents d’élèves.


Le projet illustre ce mariage entre culture et Intelligence artificielle : la culture, autrefois orale et écrite, est désormais convertible en numérique, accessible sur des plateformes en ligne, et forte de sa connectivité via les tablettes, le web et les réseaux sociaux. Le projet s’inscrit dans son époque et permet une meilleure lecture de l’Image : une jonction qui lie la culture, l’éducation et la technologie.


«Le projet reste coûteux : des dépenses se font, mais il a fonctionné de cette manière structurelle», cite Moncef Dhouib, enthousiaste. Il tient à rempiler pour une nouvelle tournée des écoles, et à effectuer un redémarrage postCovid. Le projet est toujours à la recherche d’un soutien financier privé. «Mille et un films » est précurseur dans la région Mena et son exportation dans d’autres pays reste imminente. Un legs de cette expérience pour les générations futures et son rayonnement à l’intérieur du pays et au-delà des frontières restent impératifs.

Projet «mille et un films» : Education et cinéma
97e réunion de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) à Tunis : La grande mobilisation
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 11 / 19 / 2022

97e réunion de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) à Tunis : La grande mobilisation

C’est sur trois jours, à la mairie de La Kasbah – Tunis, que la 97e réunion de l’Association internationale des maires francophones (Aimf) s’est tenue du 16 au 18 novembre, en amont du 18e Sommet de la Francophonie. Pas moins de 150 personnes, dont surtout des maires francophones venus de différentes capitales, ont répondu présent.


Kinshasa, Nouakchott, Québec, Cotonou, Paris, Abidjan, Dakar ou Douala… Au moins une dizaine de maires et de représentants de mairies ont répondu à l’invitation de Souad Abderrahim, maire de Tunis et vice-présidente de l’Association. Le but de ces rencontres est de renforcer les coopérations entre différents pays, en incluant et en fusionnant l’engagement des maires et celui de la société civile : Il s’agit d’une mise en valeur du rôle central de ces élus locaux engagés pour « la Francophonie de demain » et de garantir l’impact des initiatives concrètes qu’ils mènent et mèneront en collaboration avec la société civile. Différents échanges autour de la diplomatie des villes, de la parité hommes / femmes, du rôle des diasporas ou dialogues régionaux ont été au cœur des discussions.

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Une conférence de presse s’est tenue dans la matinée du 18 novembre 2022 à l’occasion de ces Assises des élus locaux francophones et de la société civile en présence de Souad Abderrahim et d’Anne Hidalgo, maire de Paris, ainsi que Robert Beugré Mambé (Ministre-gouverneur du district d’Abidjan), Bruno Marchand (Maire du Québec), Willy Demeyer (Maire de Liège) et Sami Kanaan (CA de la ville de Genève). Le point de presse est revenu brièvement sur le déroulement de cette 97e réunion. Anne Hidalgo souligne dans son discours les rôles des pouvoirs locaux, la complémentarité, et le soutien indéfectible de l’Association à des divers projets, qui se tiendront dans différentes villes. « Djerba et Tunis ne sont pas loin. Cette réunion se déroule à Tunis, presque simultanément avec le 18e sommet de la Francophonie. La décentralisation reste importante », déclare-t-elle.


L’ouverture, le 16 novembre s’est déroulée en présence de la présidente du Rflm : le Réseau des femmes leaders du Maghreb, le secrétaire général de l’UMA, et un représentant de l’Union européenne en Tunisie. Ce réseau de femmes Leaders important rassemble des entrepreneures venues des pays du Maghreb arabe. La promotion du genre dans le développement local reste de mise. Un protocole de coopération a été signé entre les maires Souad Abderrahim et Bruno Marchand (Maire de Tunis et du Québec), renforçant ainsi trois secteurs : le développement économique et numérique, le développement durable et la lutte contre les changements climatiques, sans oublier le rayonnement culturel et la préservation des espaces patrimoniaux. Réseautage et rencontres édifiantes entre différentes diasporas ont eu lieu, et notamment entre des élus locaux allemands, italiens, tunisiens et français dynamisant ainsi les coopérations. Un webinaire sur « Les conditions techniques, économiques et sociales d’une transformation du domaine bâti dans les villes décarbonées » s’est tenu. Une réflexion qui a rassemblé universitaires et professionnels autour de « L’urbanisme dans de francophonie ».


Une édition spéciale d’ « Interférence », le festival des lumières qui se tient chaque année à la Médina de Tunis a eu lieu sur trois jours à l’occasion de cette réunion de la Aimf 2022. Sur trois jours, à la médina, des installations de lumière ont été projetées sur les divers édifices historiques. Un hommage vibrant a été rendu à des personnalités féminines tunisiennes comme Ons Jabeur, Aziza Othmana ou Roua Tlili à Beb Bhar (Tunis), toujours en collaboration avec la municipalité de la ville de Tunis.

97e réunion de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) à Tunis : La grande mobilisation
François G.Bussac, «Le miracle de Méméti» : «Une lettre d’au revoir» à la Tunisie !
ENTRETIENS11 / 19 / 2022

François G.Bussac, «Le miracle de Méméti» : «Une lettre d’au revoir» à la Tunisie !

Publié aux «Editions Orizons», la parution du roman «Le miracle de Méméti» résonne comme un testament laissé aux lecteurs tunisiens. François G.Bussac, son auteur, l’a fait paraître en France, avant de le faire publier prochainement aux éditions Arabesques, en Tunisie. François G.Bussac rend hommage, à travers cette double publication, à la Tunisie, qui a longtemps été son pays hôte…


Vous avez une actualité bien rythmée : depuis votre retour en France et après de longues années passées en Tunisie, deux livres paraissent chez les éditions Orizons en France : le premier est de vous «Le miracle de Méméti», et un 2e sur vous «Bonjour Monsieur Bussac», publié par le professeur Raouf Medalgi, en hommage à un parcours prolifique, qu’est le vôtre. Pouvez-nous donner un aperçu sur votre dernière publication ?


Pour ce 1er livre cité, je le considère comme une «Lettre d’au revoir» à la Tunisie. Certains me disent que «Le miracle de Méméti» est comme un testament littéraire. Disons que c’est le premier roman politique dans lequel j’essaie de montrer la Tunisie dans toute sa complexité sociale, en suggérant aux Tunisiens, à ma manière caracolante, de se regrouper, de rester solidaires, afin d’éviter l’abîme à ce beau pays que nous aimons tant.


Dans cette société tunisienne, à qui vous adressez-vous ?


A un public francophone, et à un public qui essaie toujours de concilier démocratie et Islam. Qui continue de tirer des leçons des 10 dernières années postrévolutionnaires, qui n’ont pas été que négatives. J’ajoute ma pierre modeste dans l’essai de compréhension de ce pays.


Une Tunisie, qui, avec ses aléas, a toujours fait partie de votre œuvre…Qu’est-ce qui différencie votre approche dans «Le miracle de Méméti» ?


Le livre qui m’a fait connaître est bien celui du «Jardinier de Metlaoui» : c’était l’histoire de mon grand-père, qui travaillait dans les mines de phosphate tunisiennes, des décennies auparavant. Un livre qui m’a fait connaître et qui a éclairé un moment du protectorat, peu connu au sud de la Tunisie. J’ai publié des livres sur la jeunesse, et un roman qui s’appelle «Le cousin», toujours chez les éditions Arabesques. «Le miracle de Méméti», le dernier paru, est très différent. Il y a aussi cette histoire de ravissement de l’auteur : lorsqu’il crée 6 personnages, qui ne se connaissent pas, et qui sont tunisiens, issus de toutes les classes sociales, âgés ou jeunes, et qui, décident, un jour, de former un groupe théâtral, ensuite politique. Leurs destins s’entremêlent sur 22 chapitres, et avec l’envie commune de faire du bien à leur pays. Une Tunisie, de nos jours, qui se vide de son élite et de sa jeunesse brillante.


«Le miracle de Méméti », d’où s’inspire ce titre qui interpelle ?


«Méméti», c’est la grand-mère de celle qui s’appelle Nour, 25 ans, et qui fait partie du groupe cité. Elle vit au Kram et s’occupe de ses frères et sœurs. Elle rentre un beau jour chez sa grand-mère, au Kef, et se ressource en redécouvrant de nouvelles valeurs humaines.


La plupart de vos personnages sont inspirés de la réalité…


C’est un clin d’œil. Sur les 6 personnages, il y en a 4 inspirés par certains de mes amis proches.


«Le miracle de Méméti» est actuellement publié en France, et le sera bientôt en Tunisie.


Chez les éditions Arabesques, en effet. Ce livre sera vendu en Tunisie, à des prix abordables pour notre lectorat francophone.


Simultanément, Raouf Medelgi, professeur universitaire, publie un livre «Bonjour monsieur Bussac», chez Orizons aussi. Un livre qui relate votre œuvre, votre parcours et ce lien qui vous a uni à la Tunisie.


(Rire), une parution curieuse ! Raouf Medelgi est critique littéraire, journaliste, et professeur. Je le connaissais déjà ! Il prépare une thèse actuellement et comme il a eu l’occasion de lire bon nombre de mes livres, il a proposé d’écrire un essai sur mes livres. On a travaillé la main dans la main. Ce livre est celui de Raouf Medelgi. Des amis proches, académiciens et des journalistes y ont participé. Une publication qui est enrichie par quelques inédits de ma part. Il sera aussi édité par Arabesques éditions.

François G.Bussac, «Le miracle de Méméti» : «Une lettre d’au revoir» à la Tunisie !
 «Bloom» de Becem Ben Othman : Eclosion artistique
REVIEWS & CRITIQUES11 / 15 / 2022

«Bloom» de Becem Ben Othman : Eclosion artistique

A la galerie «Musk and Amber» et à travers une série d’œuvres subtilement titrée «Bloom», l’artiste Becem Ben Othman a offert un aperçu global, mais immersif, d’un travail ficelé élaboré sur 10 ans.

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L’exposition solo englobe de nouvelles œuvres de collage. Certaines sont picturales et d’autres sculpturales. «Bloom» oscille entre œuvres nouvelles et d’autres, plus anciennes, mais qui continuent à auréoler ce travail artistique. L’univers décalé, hybride et onirique de l’artiste enveloppe les visiteurs, connaisseurs et curieux, pour la plupart, venus spécialement le découvrir récemment dans ce lieu.


«Bloom»,—terme en anglais—fait écho à une éclosion / floraison, qui surgit suite à un travail / un combat mené avec persévérance par une personne lambda. Son œuvre picturale «Vedette» est visible dans cette exposition : imposante, elle n’échappe pas à l’œil du visiteur.


Elle donne de la visibilité à deux corps qui fusionnent, qui luttent pour ne pas se laisser happer par le tourbillon de la vie. Au creux d’une main, une «fleur», qui fait référence à l’accomplissement.


Becem Ben Othman associe ce tableau à «une course pour une éclosion métaphysique», cite-t-il, ou à une bouffée d’oxygène.

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Une manière pour lui de dire qu’il faut s’accrocher malgré les aléas de la vie. Ce tableau central se réfère à des graines qui germent. L’aboutissement d’un parcours du combattant, un hymne à l’espoir adressé à toutes et tous. «Ne pas plier aux épreuves», c’est s’armer de ce même état d’esprit qu’il faut entretenir. Le travail de Ben Othman est truffé de symbolisme. La nature et le corps y sont frontalement visibles, parfois, légèrement dissimulés, ou présentés autrement. «J’intègre les couleurs, en gardant un style linéaire et en évitant l’encombrement. Je privilégie le minimalisme», déclare l’artiste à propos de son travail. Son œuvre est imprégnée de surréalisme moderne et accentue les volumes et les couleurs.


« Bloom » est une exposition complète, riche de plusieurs supports. Elle contient 35 œuvres : des tableaux de peinture, de collage, et des installations en passant par une projection vidéo de court-métrage. Becem Ben Othman est artiste plasticien, designer graphique et audiovisuel. Sa première expo personnelle remonte à 2012.

«Bloom» de Becem Ben Othman : Eclosion artistique
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