
Ces ambassadeurs du reggae ont fait vibrer un public venu nombreux les accueillir. Charismatiques, drôles, aux rires joviaux et à l’énergie détonante, les membres de « Third World » ont conquis le théâtre de Hammamet malgré les contraintes d’ordre politique qui ont failli les empêcher de se produire sur la scène de la 55e édition du Festival de Hammamet.
Ils ont atterri en Tunisie peu de temps avant le 25 juillet avant de repartir valider une autre date de concert et revenir aussitôt le 5 août. Pas le temps de chômer pour ce groupe à la notoriété irréprochable ! Le groupe référence dans l’univers du reggae possède une carrière exemplaire, faite de collaboration avec les plus grands calibres musicaux, citons Bob Marley, les Jackson 5 ou encore l’indétrônable Santana. En chiffres ? Plus de 40 ans de carrière, 30 albums à leur actif et 10 nominations aux Grammy Awards. Depuis 1973, ils ont su s’imposer sur la scène musicale mondiale, notamment grâce à leur mélange de genres musicaux particulièrement fort varié devenant ainsi des bêtes de scène, accessibles à toutes les cultures du monde, y compris la nôtre : leurs notes fusionnent reggae, pop, rock, funk, rap, dancehall ou encore R&B, de quoi s’enivrer pendant plus d’une heure et demie. Leur répertoire garni aux valeurs humanistes est présenté tel un langage universel.
La Jamaïque sur scène
Munis par plusieurs instruments, ils ont chanté sans arrêt à partir de 22h30 jusqu’à minuit. Saxophones, claviers, sons électroniques, percussions et autres… Un florilège de sons s’est emparé du théâtre de la ville. Mais pas que : jeux de lumière, habits colorés, lunettes bariolées et coiffures jamaïcaines, visuellement, ils attirent et misent beaucoup sur le show et l’aspect scénique. Leur point fort demeure leur énergie qui ne s’est pas dissipée depuis les années 70 ou 80 : « Third World » n’a pas pris une ride. Des tubes « 96° in the Shade » et « Try Jah Love » font toujours autant son succès. Leurs textes sont des hymnes à l’amour, à la vie et à l’union des peuples. Le 16 août aura lieu la sortie de leur nouvel album célébrant ainsi leur 45e anniversaire. Le band a chanté des reprises de Bob Marley, de «We found Love», en passant par «Now That We Found Love». «Third World» a même terminé sur une note de reprise appartenant aux monuments de la scène reggae mondiale, dirigés jusqu’au bout d’une main de fer par leur leader Stephen Coore.

Elles jouent toujours à guichets fermés en Europe, et à Hammamet le Quatuor féminin au nom insolite «Salut Salon» n’a pas manqué de faire des vagues…
«Salut Salon» s’est érigé en valeur sûre de la scène musicale internationale : les 4 musiciennes ont conquis les Etats-Unis, l’Asie et ont écumé les scènes musicales européennes avant d’opter pour l’Afrique du Nord et plus précisément le Festival International de Hammamet. Récemment, leur tournée «Carnaval Fantasy» les a propulsées sur le devant de la scène.
Le quatuor vient tout droit d’Hambourg et est composé de 4 musiciennes allemandes : Agelika Bachmann et Iris Siegfried au violon, Ann-Monika Von Twardowski au piano et Sonja Lena Schmid au violoncelle. Toutes les quatre se sont emparées pendant presque 1h30 de la scène devant un public venu découvrir cette prouesse musicale qui s’annonçait d’emblée exceptionnelle.
Leur concert tourne en dérision les codes de la musique classique et carrée du XIXe et du XXe siècles : elles jouent habilement du répertoire de Rachmaninov, celui de Vivaldi, Bach, Prokofiev ou encore Mozart … en alternant, bien entendu, avec leurs propres morceaux, des thèmes cinéma classiques, le Tango Nuevo d’Astor Piazolla et les musiques du monde. Leur spectacle, comme partout dans le monde, se vit si légèrement : il est saupoudré d’une dose d’humour et ponctué de réflexion poétique sur la vie, la joie, le rire … «Salut Salon» jouit d’un répertoire classique et le maîtrise à la perfection. Mieux, le quartet transgresse les codes du classicisme et y insuffle une dose d’humanité et de textes qui chantent la vie et l’amour comme celle qui a fait bouger la foule «Liebe, Love Amour». La présence scénique de ces 4 filles à l’aspect hippie, va de pair avec l’énergie si apaisante et drôle qui a régné pendant toute la soirée. Elles ont aussi chantonné du finlandais, de la pop chinoise et ont concocté un répertoire fort divers. Ce groupe a su manier les notes pour un public réceptif toujours aux aguets et à la recherche d’échappées sonores inédites.

L’été 2019 à Hammamet est marqué par le passage sur la scène de la 55e édition du festival international de Hammamet de la Canadienne tant attendue Charlotte Cardin, précédée par le groupe de rock Myrath : un noyau qui ne cesse de se distinguer dans le monde
Deux jours d’intervalle ont séparé les deux tempêtes qui ont balayé la scène. Retour express sur les deux premiers Sold Out de la saison.
Divine Cardin !
Par un samedi caniculaire, les fans ont commencé à se rassembler en masse devant le théâtre de Hammamet dès 18h00. C’est encore tôt, me dites-vous … Mais non, c’est plutôt normal. Les festivaliers ont hâte de rencontrer leur idole qui n’est autre que la jeune et charmante Charlotte Cardin. La Canadienne de 24 ans ne cesse de briller dans le monde entier depuis plus de 4 ans. Sa carrière a explosé des suites de son passage dans l’émission canadienne «The Voice». Depuis, ce sont ses singles en solo qui l’ont catapultée sur la scène internationale. «Main Girl », «Dirty Dirty» ou encore «Big Boy», l’ont fait connaître. Trois heures d’attente, une file d’attente interminable, un dispositif sécuritaire «excessivement » mis en place, et la star a fini par s’emparer de la scène à 22h00 pile. Pétillante, très ouverte à l’échange avec son public, l’artiste n’a cessé de ponctuer ses chansons avec des anecdotes à elle, extraites de sa vie personnelle, relatée et saupoudrée par des plaisanteries. L’atmosphère était détendue à souhait et Cardin a magnifiquement bercé son public en chantant tous ses morceaux phares. Ce jeune prodige, c’est une voix et un charisme exemplaires, qui a conquis un public européen et américain en un temps record. Elle s’est rapidement imposée sur la scène électro-pop européenne et sur les réseaux sociaux grâce à son talent hors-pair et ses compositions distinguées. Ses reprises font partie intégrante de son répertoire épuré.
Lors de sa prestation, elle est passée de la voix au piano et a fait fondre son public hystérique en chantant des morceaux comme «Faufile» ou «Les Jupes». Charlotte Cardin n’a cessé d’exprimer son émerveillement d’être à Hammamet et en Tunisie entre deux chansons. Elle a fait Sold Out en deux semaines. Le public l’aime et elle le lui a très bien rendu.
Du rock / métal progressif et distingué
Deux jours plus tôt, une tempête musicale, venue d’une autre dimension, totalement différente et distinguée, s’est abattue sur Hammamet. Les nombreux fans du groupe Myrath se sont eux aussi emparés des sièges du théâtre pour un live rock des plus détonants et inédits. Les membres du groupe aux 1.000 concerts dans le monde ont concocté pour leur public : fresques, VG, effets sonores et lumières attrayantes, show et un répertoire nouveau titré «Shehili». Les festivaliers composés majoritairement de jeunes adeptes de leur univers étaient aux aguets pour découvrir les nouveautés promises. Leur musique est teintée de tunisianité, mélange de rock, métal, oriental, folklorique propre à eux. Leurs costumes allaient parfaitement avec le tableau scénique. Comme à l’accoutumée, leur spectacle a été enrichi par la performance de danse orientale remarquable de la Géorgienne Héléna. Ils ont commencé par une intro qui renvoie aux origines musicales du groupe «Asl», cet air, venu du désert, a capté l’attention du public. Ils ont enchaîné avec des titres comme «Mersal», «Lily Tawil» ou «Born To Survive». Le chanteur et également aux claviers Elias Bouchoucha, Zaher Zorgati au chant aussi, Malik Ben Arabia à la guitare, le bassiste Anis Jouini et Morgan Berthet à la batterie ont également servi des morceaux comme «End the Silence» et «Shehili». Le concert a duré 2 heures et a scellé les liens entre le groupe, qui est une valeur sûre en Tunisie et dans le monde entier et son public toujours aussi nombreux. Son style musical évolue et passe de la pop symphonique au rock / métal progressif et mélangé à des sonorités différentes. Ce n’est pas pour rien que « Myrath » est un label à part actuellement aux Etats-Unis.

Vers la fin de la seconde décade de juillet, Sousse, pour la 4e année consécutive, arborera son festival de musique électronique, érigé depuis plus de deux ans comme l’un des évènements majeurs des scènes électroniques maghrébine et africaine. Le démarrage du Fairground Festival aura lieu les 19 et 20 juillet, à Sidi Bou Ali, une localité située à une dizaine de km du port Kantaoui.
L’évènement ne se veut pas être un rendez-vous de sons électro seulement, l’équipe a, cette année, décidé de promouvoir la culture amazigh, de s’ouvrir sur des activités inédites mais surtout de s’engager écologiquement.
Plus de 8.000 festivaliers tunisiens et étrangers sont attendus à l’Eco-village de Sidi Bou Ali, à Sousse. Pendant 48h, ils profiteront d’un Line–Up musical exceptionnel, d’exhibitions artistiques inédites et d’arts visuels. L’ouverture des portes de ce site écologique exceptionnel en Tunisie est programmé en fin d’après midi, le vendredi du 19 juillet. Les festivaliers pourront camper sur place, louer des dômes, qui ont été épuisés en moins de 2h, depuis leur mise en ligne pour location. En quelques jours, plus de 2500 tickets ont été vendus, à des prix peu abordables, mais présentés dans des formules alléchantes de logement, déplacement, et programme du festival.
Artistiquement décapant
Dans la première semaine de juillet, l’équipe du festival a fait appel à une poignée de journalistes pour un point de presse pas comme les autres, totalement inédit et à l’image du festival. Toutes et tous se sont donné rendez-vous à Takrouna à Sousse. Le café mythique de ce village berbère situé en haut de la montagne a abrité pendant une après-midi et jusqu’au coucher de soleil un set exceptionnel de «Boti», jeune artiste tunisien, suivi d’un point de presse d’une heure pour dévoiler les dessous du Fairground 2019. 36 artistes tunisiens et internationaux répondront présents, et seront dispatchés sur deux scènes : les festivaliers pourront profiter de 12 live acts. La première scène géante accueillera des pointures de la scène électronique mondiale comme Recondite, DJ Tennis, Artbat, Hvob, Luigi Madonna, Giorgia Angiuli, Animal Picnic, B2B, Marino Canal, Benjemy & Lola, une nouvelle aventure sonore créée par le Tunisien Ahmed Benjemy, Jan Blomqvist, Olivan Pandhora, Tantsui et Shaman. La seconde scène sera consacrée aux artistes tunisiens Hazem Berrebah, DJ Pila, Khaled Mrabet, Lo-Koality, Melkart, Saif Touati, Mahdi Garnaoui, Vodoom, Astrid, Anemoia, Boti, bien entendu, Vulum, Malek Mestiri, Redsea, Hearthug, Saray, Kasbah, Artgate, Bipolair et Mult Not-Lebled. La scène géante qui s’étend sur 300 m2 sera en VG et sera suffisamment équipée pour permettre à des acrobates professionnels, danseurs et performeurs de faire leur show. La seconde scène, minimaliste, plus discrète, intimiste servira de vitrine à nos artistes nationaux de la scène électronique tunisienne, toutes celles et ceux qui font et défont les nuits nocturnes.
De l’électro écolo !
Les chiffres reflètent l’impact positif que peut avoir le Fairground sur l’économie du pays mais surtout sur le secteur touristique : il s’ouvre sur le monde, se veut être qualitatif mais promeut également la région, ses caractéristiques et sa richesse historique. Le Fairground se consacre aussi à la protection de l’environnement et à la lutte contre les déchets sous le slogan «We Go Green». Pour l’équipe et depuis la genèse du festival, faire la fête écolo est une priorité, déclinée en une charte écoresponsable pour un challenge « Zéro déchet ». Cette année, ils en font un objectif primaire en faisant appel à un organisme montant de la société civile connu sous le nom de «Tunisian Campers», formé par un trio de jeunes activistes écolo qui se consacrent à la protection environnemental. Ils sont leaders et pionniers dans la promotion de l’écotourisme et du tourisme sportif. Grâce à leur coopération, ils feront des festivaliers participants des citoyens responsables, et sensibles à la protection de leur environnement. Une occasion de initier à la culture verte, aux réflexes de tous les jours pour sensibiliser à la sauvegarde la nature. Le festival permettra sur ce site d’accueillir 500 campeurs, il sera doté de douches, de WC, de casiers de rangement et de cabines sanitaires. La sécurité est également renforcée. Une «pool side», des séances de yoga et de méditation, le souk des créateurs, une game zone et une zone de détente «chill» à la thématique berbère pour se déconnecter, seront mis en place pour garantir une expérience sensorielle inédite. La scène électronique renait, et s’apprête encore à faire parler d’elle: des évènements comme le retour des « Dunes électroniques» à Tozeur ou «Fabrika», prévu en octobre à Hammamet, sont d’ores et déjà très attendus.

Qui a dit qu’été rimait avec oisiveté pour les jeunes de 20-35 ans ? Lessivés par l’année universitaire pour la plupart, ils / elles prennent le temps de décompresser, se détendre et s’occupent autrement pendant la nuit. Une chose est sûre : les longues journées chaudes et les courtes soirées d’été ne connaissent point de répit.
Eté va de pair avec fêtes
Recherche costumes kitch désespérément, coups de fil à la pelle, préparatifs à la hâte pendant un lundi. En ce début de soirée, Molka, 27 ans, s’arrange tant bien que mal avec ses amis pour ne pas rater un événement festif pas comme les autres du côté de la banlieue nord de Tunis : il s’agit d’une soirée kitch des années 80/90 où sont attendues près de 400 personnes dans un temple de la nuit très prisé. Nejib Belkadhi est aux platines pour leur faire vivre un bond musical dans le temps : le déguisement ou l’habit kitch est obligatoire s’il vous plaît, et on ne peut pas dire que les conviés n’y sont pas allés de mainmorte : toutes et tous étaient aux aguets pour vivre le moment présent et prêts à faire la fête pendant une bonne partie de la nuit. Demain, c’est lundi, la plupart travaillent, d’autres feront sans doute la grasse matinée. Mais ce n’est guère grave, l’important est de vivre le moment présent. Voici un aperçu de ce que peut vivre une partie de la jeunesse tunisienne, qui a soif de quotidien gai et d’ondes positives, dans un climat actuel politique et sécuritaire tendu pour la plupart. La fête pour déstresser et se détendre oui, mais, pour beaucoup, faire la fête devient aussi une manière de résister aux affres des temps durs, et valider ses vacances en Tunisie reste primordial malgré tout, quand on ne peut pas s’offrir un voyage à l’étranger.
En mode foot !
Simultanément, les endroits avoisinants et d’autres éparpillés partout ailleurs regorgent aussi de jeunes mais pas du tout pour la même raison : l’été 2019 est vécu aux rythmes des parties de football interminables : la nation et le continent africain vivent en mode CAN. La Coupe d’Afrique des nations attise la foule : jeunes femmes et jeunes hommes passent parfois des après-midi entiers à attendre les matchs de la Tunisie, qui provoquent réactions collectives diverses et débats interminables. Une bonne partie de ces jeunes passionnés s’arrangent pour s’organiser un plan foot en groupe dans un endroit où il fait bon manger, ou déguster des boissons en même temps. Mieux, un endroit où il est possible de profiter de la plage, de la mer ou d’une piscine, ferait amplement l’affaire : entre deux mi-temps, l’idéal est de plonger, se rafraîchir par ce temps caniculaire. Le foot touche tout le monde : toutes classes sociales confondues. Même dans les cafés maures, populaires et partout sur le territoire tunisien ou dans le monde entier, le foot mobilise, rapproche fortement et incite à la consommation : Foued, 29 ans, ne rate pas une partie de football. Pendant toute la Coupe, sa table est réservée dans un café populaire situé dans son modeste quartier, son narguilé quotidien et son verre de thé sont installés quotidiennement sur sa table «réservée». Des amis le rejoignent ensuite pour des retrouvailles fréquentes et bruyantes : qui a déjà dit que le football était l’opium des peuples ? Ce n’est pas faux…
S’adonner à la consommation dans des endroits plaisants est très fréquent pendant l’été, peu importe le sexe, l’âge et la classe sociale. Consommer oui, mais pas aux mêmes degrés : s’offrir des cafés n’est pas comme partir en soirée, comme celle citée ci-haut, où il faudrait consacrer un budget précis si des jeunes voudraient s’y rendre beaucoup plus souvent.
Les festivals d’été, l’autre lubie
Toujours dans la même lignée des festivités, à partir du 10 juillet, place à la programmation attendue de la plupart des festivals tunisiens : Carthage débute le 11 juillet avec «Le Lac Des Cygnes» du ballet russe de Saint-Pétersbourg, tandis qu’à Hammamet, une première théâtrale attendue signée Jamel Madani ouvrira le bal : Il s’agit de «Messages de Liberté». De grandes personnalités sont programmées cet été comme à l’accoutumée : la tradition des festivals est en effet profondément ancrée dans les habitudes des jeunes pendant l’été. Mohamed et Manel, un couple de fiancés, ensemble depuis des années, ne se privent pas de soirées festives.
«On cherche des têtes d’affiches, des spectacles inédits, divertissants, de qualité, et on s’y prend à l’avance, côté budget : pour nous, voir le maximum de spectacles pendant l’été est obligatoire : ça nous permet de nous occuper, de partir à la découverte, de voyager à travers la musique et les arts, d’échanger et de rencontrer des gens. Après, on se rue vers le marchand de glace le plus proche, histoire de nous rafraîchir avant de rentrer», commente Manel en riant. Mohamed enchaîne : «Franchement, à quoi ça sert de passer ses nuits caniculaires enfermés chez soi, à dormir ou à flâner dans un café populaire, à jouer aux cartes et à parler de tout et de n’importe quoi avec n’importe qui, alors, qu’un peu plus loin, le quotidien peut être tellement trépidant, enrichissant?». Cette année, la plupart des gouvernorats vivent au rythme des festivals internationaux et locaux. De Sidi Bouzid à Bizerte, le peuple tunisien est gâté et sa jeunesse encore plus.
Partir à la découverte de nouveaux horizons
Pour un grand nombre de jeunes, partir en voyage en Tunisie ou à l’étranger est vital et ils s’y prennent à l’avance : congés pour les employés, fin de thèses et de soutenances validées avec succès pour d’autres, actuellement, place aux évasions.
A l’échelle locale, les maisons d’hôtes sont en vogue : s’évader de la vie urbaine stressante dans un coin isolé est le meilleur moyen pour beaucoup de se retrouver entre proches et de se couper du monde pendant une bonne période. Pourquoi les maisons d’hôtes ? : «Parce que le rapport qualité-prix est bien meilleur que de se retrouver dans un complexe hôtelier qui coûte trop cher pour pas grand-chose : trop souvent, on est déçu par le service qui laisse à désirer, la saleté et la clientèle bruyante et désagréable : on préfère payer pour se retrouver dans un endroit calme où on est sûr de bien profiter de ses moments en or entre nous, mieux que de prendre un risque aussi élevé de gâcher nos vacances dans un hôtel ailleurs.
Autant laisser les hôtels aux vacanciers de masse et aux étrangers qui adorent flâner dans des hôtels sans faire grand-chose d’autre!», commentent Sarah, Wiem et leur frère Sami. Agés de 24 à 28 ans, ils sont frères et sœurs et invitent chaque été cousins et amis dans une maison d’hôte, loin de la capitale et de leurs quartiers respectifs pour une évasion garantie. «S’il faut tout claquer, autant le faire dans un très bon plan et ne pas avoir de regrets après». D’autres s’accordent le voyage de l’année à l’étranger, mais pour y arriver, les économies sont de mise et il faut s’y prendre à l’avance, pendant l’année. «Il devient de plus en plus difficile de voyager de nos jours : ça coûte de plus en plus cher avec la dévaluation du dinar et les formalités du visa de plus en plus difficiles à faire pour des destinations européennes, asiatiques ou ailleurs», commente Salah, 30 ans, ingénieur, adepte de voyages divers depuis si longtemps qui cite : «Pour quelqu’un comme moi qui voyage depuis longtemps, on sent la différence : voyager n’est plus à la portée, hélas, mais je m’accroche. Ne pas m’offrir au moins un voyage par an me rendrait fou».
Le travail et les études n’empêchent pas les jeunes de nos jours de profiter pleinement des vacances d’été, chacun à sa manière, à son rythme, en couple, en solo, en groupe, entre collègues ou en famille, tout est question d’organisation et de moyens : en effet, tant que le porte-monnaie le permet, rien ne les empêche de croquer le mois de juillet et d’août à pleines dents.

Cette exposition initie les visiteurs à l’art psychopathologique soigneusement chaperonné par l’artiste plasticienne Mme Jihene Benaich Elmouaddeb, avec l’aide de l’association. Scruter chaque œuvre accrochée, c’est comme permettre à une personne de voir par le trou de la serrure d’une porte : ces tableaux donnent un aperçu fascinant, déroutant souvent, intrigant de l’univers dans lequel baigne le patient. Des pensées aux idées, en passant par des maux esquissés : certaines œuvres paraissaient juvéniles… malgré l’âge des 6 patients-artistes participant à cette activité et qui oscille entre 30 et 50 ans.
L’idée a germé depuis plus d’une année, mais le processus de sa concrétisation était lent : il s’agit du premier projet présenté par ses activistes militants pour la santé mentale et qui ne se veut pas caritatif mais vise plutôt à abolir les tabous qui entourent les troubles mentaux et à promouvoir un potentiel artistique.
Dans sa première étape, l’association a collaboré avec l’hôpital Razi doté déjà d’une unité pilote d’«Art-thérapie». Comme elle n’est pas active depuis 5 ans, il fallait juste la renforcer, l’appuyer, y créer, entre autres, des activités : la faire revivre et mettre par la suite en exergue ses œuvres précisément. L’art thérapie est une spécialité dédiée aux plasticiens et qui vise à soigner mentalement via un art précis : musique, peinture, etc. Une spécialité déjà mise en pratique à l’hôpital Razi depuis des années, mais qui reste peu visible, connue : elle apaise, soigne les patients en mal de vivre et les aide à mieux se réinsérer socialement.
L’artiste Jihen Benaich Elmouaddeb, avec l’assistance d’une psychologue, a créé un processus de sélection des patients consentants et intéressés à participer à cette activité : s’assurer qu’ils ne sont pas réticents à y participer est capital. «Pour la nouvelle collection, 6 patients ont répondu à l’appel», souligne Imen Bel Abid, médecin résidente à l’hôpital Razi et cofondatrice de l’Association des activistes pour la santé mentale.
Par ailleurs, on remarque que les œuvres n’étaient pas titrées et que certaines n’étaient même pas signées. Notre résidente explique : «Les patients ne veulent pas signer : de nombreuses explications sont possibles, mais l’histoire, la littérature ont vu défiler ce type d’expériences et cette réticence à s’exposer était et est toujours récurrente. Il ne faut pas non plus les obliger à le faire. De très nombreuses toiles ont été réalisées, mais au final, on n’a pas pu être sûr de l’identité exacte de celui qui les a peintes». L’activité a duré un an pour prendre totalement forme. L’exposition s’est étalée sur trois jours et de nombreuses toiles ont été vendues. Ce vernissage était une occasion unique pour découvrir la forêt secrète de ces patients-artistes hors du commun.

Le programme du RightsCon Tunis a couvert de nombreuses questions pressantes et d’actualité dont des sujets cruciaux comme l’intégrité du système électoral et l’érosion des valeurs démocratiques.
Après Toronto, l’année dernière, San Francisco, Rio de Janeiro, Manilla ou encore Bruxelles, c’est au tour de Tunis d’accueillir le premier évènement mondial sur les droits humains à l’ère du numérique organisé par « Access Now ». 3000 participants venus du monde entier n’ont cessé d’affluer depuis le 11 juin. L’évènement s’est étalé sur 5 jours au palais des congrès et aux hôtels avoisinants. Il s’agit d’une première en Afrique et au Moyen-Orient.
Ce sommet mondial a démarré sur les chapeaux de roues dans la soirée du 11 juin : Facebook, Amazon, Reddit, Instagram, Microsoft, Google et une quarantaine de leaders du net ont répondu présent au palais des congrès. Le RightsCon, c’est des rencontres, panels, du networking, des workshops, des évènements privés et autres conférences qui ont tourné principalement autour de la sécurité numérique, entre autres, l’émergence des réseaux sociaux, la démocratie à l’ère du numérique, etc. L’évènement, qui reste considérablement payant, attire un grand nombre de participants engagés dans l’activisme à l’échelle mondiale et s’adresse spécialement, dans sa ville hôte, à sa société civile : ONG, activistes, associations diverses qui œuvrent pour les droits humains : ils ont fusionné et sont entrés en contact pendant presque une semaine avec les chefs d’entreprises mondiales, décideurs/politiques, directeurs/trices juridiques, représentants/es de gouvernements, technologues, universitaires, chercheurs et défenseurs des droits humains. Ensemble, ils ont mobilisé un grand nombre de secteurs afin de créer des partenariats, collaborer, élaborer des stratégies pour mener à de grands changements pour un monde plus libre, ouvert, connecté mais surtout sécurisé. Des problèmes urgents et forcément d’actualité se trouvant à l’intersection des droits humains et de la technologie numérique ont été largement abordés.
Une grande diversité de thèmes
Le programme du RightsCon Tunis a couvert de nombreuses questions pressantes et d’actualité dont des sujets cruciaux comme l’intégrité du système électoral et l’érosion des valeurs démocratiques, l’intelligence artificielle et la responsabilité algorithmique, notre identité en ligne, la biométrie, et les technologies de reconnaissance faciale, la convergence des technologies émergentes, la protection des données et le contrôle des utilisateurs aux niveaux local, régional et mondial, la désinformation et l’avenir du journalisme, la perturbation et la discrimination des réseaux, la vie privée, la surveillance et le contrôle social, l’inclusion numérique et l’accessibilité, la technologie comme outil pour les objectifs de développement durable, le renforcement de la sécurité informatique et l’avenir du cryptage, la politique de cybersécurité, ou encore le conflit et les réponses de l’aide humanitaire à l’ère du numérique.
Mme Michelle Bachelet, Haut Commissaire des droits de l’homme, ainsi que 5 rapporteurs spéciaux représentants des Nations unies ont répondu présent. Plusieurs personnes éminentes du gouvernement tunisien et de l’Union européenne sont déjà sur place. Sociétés privées et acteurs de la société civile et mondiale sont massivement représentés.
Pourquoi Tunis ?
Étant un centre de technologie émergente et de démocratie naissante, la Tunisie a été choisie parce qu’elle est toujours perçue comme un symbole d’espoir dans la région et dans le monde depuis le déclenchement de la révolution de 2011. D’ailleurs, depuis 2014, « Access Now » se situe à Tunis et travaille sur des cadres juridiques basés sur le respect des droits, la sensibilisation du public à travers des campagnes de plaidoyers et offre un soutien technique pour les utilisateurs à risque disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Les événements récents en Tunisie, tels que le décernement du prix Nobel de la paix et l’entrée en vigueur du StartUp Act, situent le pays à l’avant-garde de la région grâce à son engagement dans ces conversations cruciales au sujet des droits humains à l’ère du numérique. RightsCon Tunis est aussi une opportunité pour mettre en valeur la richesse du patrimoine et l’histoire de la Tunisie, ainsi que sa vision de l’avenir où le pays a plusieurs fois affirmé son engagement à devenir un chef de file dans le domaine de la technologie numérique. 130 pays ont rythmé le RightsCon Tunis depuis son démarrage. Il prendra fin aujourd’hui vendredi 14 juin.

« Personnelle », comme son titre l’indique ? Le mot est faible. Du haut de ses 27 ans, fraîchement diplômée, l’artiste Dorrine Nasri se dévoile à son public pendant un mois, lors d’une première exposition. Pour le 27 avril et en guise de portails d’accès à son jardin dissimulé, elle a mis en place, dans l’enceinte de la librairie « Fahrenheit 451 », ses propres tableaux picturaux : ceux qu’elle a esquissés depuis une dizaine d’années jusqu’à nos jours. Immersive à souhait, son œuvre est certes intimiste, mais finit par dérouter à coup de messages subtilement féministes.
« Melancholia », « Vicieuse », ou encore « Radio silence », « Rébellion » ou « la gambadeuse »… Autant d’appellations pour cette jeune dame dans tous ses états, qu’on voit défiler devant nos yeux sur une quinzaine de tableaux… en portraits seulement. Une quinzaine de tableaux … ou sur ce qu’il en reste. Dorrine Nasri, architecte de formation, et artiste peintre de vocation, a descellé le monde dans lequel a longtemps gambadé son personnage féminin et est parvenue à toucher un bon nombre d’acheteurs.
Nous partons à la découverte d’une jeune femme, émanant de son imaginaire. Est-ce son reflet ? Est-ce elle ? Impossible de le deviner en découvrant son exposition, mais les états d’âme exprimés sont les siens : «une affirmation de soi », elle l’avoue haut et fort. Des ressentis et un vécu qui ont forgé sa propre personnalité au fil des années et ont été endossés par cette jeune inconnue imaginée le temps d’une exposition. « Il s’agit de ma première exposition personnelle, comme son nom l’indique, propre à moi, qui m’a permis de connaître un public intéressant et intéressé. Il fallait sauter le pas. », déclare-t-elle. Faits de peinture à l’huile, les tableaux sont inspirés d’un support réel, des influences, des photos, et, d’un tableau à un autre, elle fignole, remodèle, modifie, crée.
Le jet spontané a commencé depuis ses 17 ans. De nos jours, et 10 ans plus tard, les autres créations ont suivi. « Je ressens les changements, mes changements, mon évolution que je reflète». Elle enchaîne : « Mon exposition prône un certain féminisme, peu farouche ». Des messages subtils mais facilement décelables évoquent frontalement la condition de la femme : la pression qu’elle subit, d’ordre social, parental, familial, conjugal… son quotidien qui rime souvent avec « résistance ». « Sur l’un des tableaux, on voit un œil qui explose, en référence, à un ras-le-bol, une pression ; le fardeau d’une existence ». Dorrine a contracté le virus de la peinture très tôt, depuis sa plus tendre enfance, grâce à sa mère, également peintre. Cette dernière l’initiait à la lecture, quand l’artiste, au lieu de lire, redessinait les illustrations des livres pour enfants et tissait de nouvelles histoires autour. Dorrine Nasri exposera jusqu’au 27 mai à la librairie Fahrenheit 451 à Carthage.

Des artères entières truffées de stands, et dispersées sur les 3 halls du palais du Kram, abriteront jusqu’au 14 avril, les différentes maisons d’édition et éditeurs étrangers, arabes et tunisiens : elles consacreront leurs espaces aux écrivains et autrices venus échanger avec les visiteurs présents. Le démarrage se fait tout doucement cette année : la présence du public était timide pour un premier week-end mais s’est considérablement accrue au cours de la semaine.
Après une inauguration en grande pompe, effectuée par le chef du gouvernement Youssef Chahed et le ministre des Affaires culturelles M. Zine el Abidine, place désormais aux visiteurs : véritables férus des livres. Des adultes, en grande partie des parents, arpentaient les allées dès samedi matin. Le rendez-vous livresque annuel a commencé… et ils l’entament en compagnie de leurs enfants : bouquins de coloriage, ouvrages ludiques, contes pour enfants, et un espace de garderie, équipé de jouets et d’une assistance. Mais pas que… des spectacles réalisés par des enfants — pour la plupart de théâtre et de chorégraphie — se faisaient en boucle. Les parents rencontrés sur place sont soucieux des connaissances de leurs enfants : ils tiennent à les initier aux livres, à l’écriture et à l’art, et c’est dans le cadre de la foire qu’on réalise que ce n’est nullement une question de classe sociale : toutes les catégories étaient sur place et n’avaient qu’un seul but : l’éducation de leurs progénitures pour la plupart réceptives et enthousiastes.
Les éditeurs tunisiens les plus connus, des plus récents aux plus anciens dans le milieu, arboraient leurs plus belles productions littéraires. Pop Libris, la maison d’édition fondée juste après la révolution par Atef Attia et Samy Mokaddem (également écrivains acharnés), ne cesse de faire connaître de jeunes auteurs et autrices. De nouvelles publications sont en effet apparues : la dernière en date est le recueil de poésie anglaise « Skein Of Wool » du jeune Mohamed Hichem Samaali. « Dimansia » de Tarek Lamouchi était également exposé et demandé, mais aussi « Les contes du clair de lunes » publié par cette même maison d’édition en collaboration avec « Beit Riouaya Tounes ». Le recueil contient douze textes en langues arabe et française écrits par des auteurs tunisiens, issus de toutes les générations, de tout âge et rassemblent les différents genres littéraires. 25% des bénéfices de la vente de ce livre seront versés à l’association d’aide des enfants de la lune de Tunisie. Aussi, disponibles des livres d’Atef Attia, Samy Mokaddem, Salma Inoubli et bien d’autres.
Un peu plus loin, on s’approche paradoxalement de la maison d’édition la plus ancienne en Tunisie, à savoir Arabesque qui organisait une séance de dédicace dédiée à Anouar El Fani, présent sur place pour lancer « Regards de femmes », son nouvel ouvrage qui connaît déjà un franc succès auprès de la gent féminine. Khaoula Hosni, auteure de la trilogie «Into the Deep», dont deux tomes sont déjà publiés, « Le cauchemar du Bathyscaphe » / « Du Vortex à l’Abysse », et qui a depuis récemment sorti le premier book audio paru en Tunisie et dans le monde arabe en langue française, ne pouvait rater ce rendez-vous sous aucun prétexte. Un cadre unique pour rencontrer son public épris depuis quelque temps par son dernier ouvrage de nouvelles « Les cendres du Phoenix ». Une connexion intergénérationnelle enrichissante sur le même stand.
Pas très loin d’Elyzad, celui de Cérès. L’historienne, chercheuse et universitaire, Héla Ouardi, gère une séance de dédicace de son ouvrage « La Déchirure », premier tome de sa série « Les Califes maudits », récemment publié à Paris chez Albin Michel et également édité à Tunis, par Cérès Editions, ce qui le rend disponible à un prix abordable (20 DT). L’écrivaine a fait sensation 2 ans plus tôt en publiant les « Derniers jours de Mohamet ». Ouardi raconte la dispute qui a eu lieu entre les compagnons du prophète concernant son héritage. Tout un hall ou presque est consacré à la littérature algérienne, saoudienne et au monde arabe. Un rayon consacré au spirituel et à la religion, qui attire mais pas autant que les livres consacrés à la psychologie, aux différentes disciplines artistiques, culturelles, et aux nouveautés littéraires nationales et internationales. Les adaptations ciné et sérialisées sont très prisées.
« Oueld Fadhila », d’Amira Charfeddine, a été lancé chez « Cérès » face à une foule de curieux pour la plupart des jeunes venus se procurer le livre qui traite de la question de l’homosexualité et le vécu du personnage principal dans un quartier populaire de la capitale. Une leçon de tolérance, d’acceptation de l’Autre qui s’insère dans la thématique principale de la foire, à savoir « Libertés individuelles et égalité ». Les panels et débats tournent autour de cet axe : un débat animé par Rihab Boukhayatia, journaliste pour le Huffpost, a rassemblé Saif Eddine Jelassi de «Fanni Roghmane Anni » et Mariem Guellouz, directrice des Journées chorégraphiques de Carthage. Ensemble, ils ont traité de la question « du corps dansant » et son rapport à la sexualité, à la liberté, au genre, à l’espace public et à la relation homme / femme. La salle Zoubeida-Bchir a abrité un échange autour « des libertés individuelles et des jeunes » en présence de Haythem el Mekki, Amal Khlif, Lina Ben Mhenni et Youssef Ben Moussa. Le panel réservé à l’écriture en tunisien a connu un vif échange en présence du jeune auteur Dhia Bousselmi, d’Anis Ezzine et modéré par Wahid Ferchichi. 319 Stands, c’est bien, mais autant de conversations autour de cette thématique resteront de loin l’atout fort de cette 35e édition.