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Naoures Rouissi, fondatrice de la section «Green Carthage» aux JCC : Pour un festival engagé écolo
ENTRETIENS12 / 26 / 2024

Naoures Rouissi, fondatrice de la section «Green Carthage» aux JCC : Pour un festival engagé écolo

Penser l’environnement lors des Journées cinématographiques de Carthage s’est concrétisé à travers la création d’une petite section consacrée à de longs métrages engagés et a sensibilisé les festivaliers et organisateurs au devenir d’un festival, responsable écolo. L’heure était à des JCC un zeste plus vertes. Naoures Rouissi, fondatrice de cette nouvelle section et directrice de la programmation du festival, nous en parle davantage.


En quoi consiste très concrètement cette nouvelle section « Green Carthage », qui a vu le jour aux JCC 2024 ?


«Green Carthage» est une initiative qui devait se faire et qui a, finalement, vu le jour dans un essai pilote. C’est un premier pas pour penser l’environnement et faire de notre festival national de cinéma une manifestation engagée écologiquement, dans la lignée des plus grandes manifestations cinématographiques dans le monde. C’est une préoccupation mondiale, une action importante, menée individuellement ou collectivement, pour la sauvegarde de notre planète et pour la lutte contre la pollution. Les festivals de culture et d’art doivent être engagés écolo dans le monde, les JCC aussi, donc. D’où l’émergence de cette idée de créer une section de films axés sur l’écologie à l’image du festival de Cannes, la Berlinale, Venise ou d’autres, mais surtout de penser tout un festival autrement. La participation des festivaliers aussi doit être responsable : diminution du papier, taxes symboliques sur les tickets des films, digitalisation, lutte assidue contre le plastique pendant toute la manifestation. Pour les JCC 2024, nous avons fait appel à «Chkarty», pour des «Totebags» écologiques, puisque l’enseigne tunisienne est fondée sur le recyclage. C’est vrai qu’un festival fait bouger toute une ville, mais, en contrepartie, la pollution augmente : plastiques, carburants, cigarettes, déchets.


«Green Carthage» était une petite section dans cette 35e édition. Est-ce parce qu’il s’agit de son lancement ? Pouvez-vous nous en dire plus sur les films verts retenus pour cette année ?


C’est une section sans compétition, au format petit, avec 5 films seulement programmés. C’est un test avec projections et débats. Nous avons l’ambition de la faire évoluer, de faire un prix «Green» pour les prochaines années et de sensibiliser sur une industrie de fabrication de films moins polluante, aussi parce que les tournages de films polluent beaucoup l’environnement. Parmi les films nous citons «Sh’hili» de Habib Ayeb et l’espagnol «Papillons noirs» de David Baute et trois autres. Le réalisateur était aussi engagé et a soutenu l’idée directement, lui qui a toujours réalisé des films qui visent à traiter des sujets liés à la protection de l’environnement. Même en feuilletant le programme, vous trouverez une mention verte «Green » qui montre qu’un titre de films est classé dans notre section écologique. Nous voudrions nous ouvrir sur le cinéma à réalité virtuelle. Je n’oublie pas «Breath» d’Ilaria Congiu. La réalisatrice italienne a eu un réel plaisir à mener le débat avec ses spectateurs après la projection. Les révélations faites dans les films verts interpellent et choquent. Ce sont des films qui suscitent clairement le débat.


Pourquoi cette initiative a pris autant de temps à voir le jour ?


La question était soulevée, depuis longtemps. Elle s’est concrétisée cette année avec la volonté de la faire clairement évoluer dans un avenir proche. Il était temps que les choses bougent et qu’on adopte des initiatives orientées «écologie». Les rapports des ONG et des associations à travers le monde sont alarmants. Il faut que la Tunisie suive cette manière de faire et suive d’autres exemples internationaux de manifestations engagées.

Naoures Rouissi, fondatrice de la section «Green Carthage» aux JCC : Pour un festival engagé écolo
Bechir Zayene, photographe et réalisateur de « Beyond Reality » : « Je raconte des faits dans la subtilité »
ENTRETIENS12 / 22 / 2024

Bechir Zayene, photographe et réalisateur de « Beyond Reality » : « Je raconte des faits dans la subtilité »

Dans son premier court métrage d’une durée de 19 min, Bechir Zayene, réalisateur, sensibilise à une cause juste, celle de la lutte contre les violences faites aux femmes et, globalement, faites aux personnes à capacité réduite. « Au-delà de la réalité » ou « Beyond Reality » lève le voile sur une dure réalité. Il est retenu en compétition officielle Court métrage fiction lors de la 35e édition des Journées cinématographiques de Carthage. A l’affiche, Fatma Sfar, Kahena et la participation spéciale de Nadia Boussetta et Najla ben Abdallah.


Vous êtes connu en tant que photographe, et à travers le court métrage « Beyond Reality », vous voici réalisateur. Comment cette conversion a eu lieu et comment est née votre réalisation ?


C’était dans le cadre d’une action que je devais accomplir au sein d’ONU Femmes. L’équipe a pensé qu’il serait utile de faire quelque chose pour sensibiliser contre les violences faites aux femmes. C’était la genèse de « Beyond Reality », d’où l’idée de réaliser ce court métrage, qui mettrait à nu de nombreuses formes de violences. Mon inspiration, je l’ai puisée de la série à succès «Black Mirror». Je l’ai structurée en créant un lien conducteur, d’où l’émergence de ce court scénario que j’ai écrit en consultant Ahmed Essid, scénariste, qui m’a accompagné dans ce processus. Je suis autodidacte, et je me devais d’être accompagné. C’était un appui d’une grande utilité et qui m’a permis d’étoffer mon histoire le plus possible.


Comment expliquer l’omniprésence de la très haute technologie dans votre film et son lien avec les violences faites aux femmes ?


La femme, ou tout humain qui subit une violence, est marquée. Les agressions mentales ou physiques ne disparaissent pas. Face à l’émergence de l’Intelligence Artificielle et aux réseaux sociaux, générateurs de violences diverses, les limites sont enfreintes totalement. Technologie et violences vont de pair ! L’I.A. remplacera bientôt plusieurs fonctions, plusieurs métiers. Peut–être qu’elle atteindra, un jour, un seuil d’intelligence émotionnelle développé. Tout est possible ! Nous vivons une période de transition profonde.


Pour le scénario, est-ce qu’il a vu le jour rapidement ?


Pas vraiment. Une dizaine de jours ! Je me suis isolé pour le réfléchir et j’ai dû rassembler les idées que j’avais. D’ailleurs, on le sent dans le film : c’est une succession d’événements qui sont liés les uns aux autres. J’ai fait un brainstorming utile finalement qui a donné vie au film. On voit l’héroïne passer un entretien symbolique, aux prises avec son passé et les événements d’après ont suivi d’une manière fluide.


Le titre du film en anglais est «Beyond Reality» ou «Au-delà de la réalité». Quelle réalité pointez–vous du doigt ?


C’est la nôtre : l’image qu’on voudrait vivre, qui n’existe pas, qui est derrière les écrans, celle des apparences, du Bling–Bling, jusqu’à la déconnexion de la réalité, de notre vrai contexte, de la vie. Le moment de la documentation prétournage du film m’a reconnecté à la réalité. On vit des traumatismes collectivement jusqu’à la banalisation. Nous vivons dans une réalité dissociée des artifices créés par les écrans et Internet.


Avez-vous eu à élaborer une documentation fournie ?


Oui, avant, mais pas en tant que réalisateur. C’était l’année dernière. Je prenais les informations, je les fouillais et les mettais à bon escient. Je raconte des faits dans la subtilité. Les violences courantes telles que vous les avez vues dans le film en mettant en évidence le manque d’empathie, les agressions digitales, la société écrasante et sans merci. Le manque de soutien.


Le personnage principal passe un entretien. Elle le fait pour qui ?


Pour la société elle–même. Pour avoir son approbation et ses attentes. C’est une image métaphorique.


Le personnage principal est celui d’une jeune femme, «Hayet», qui souffre d’une malsurdité. Pourquoi avoir esquissé un personnage fragile ?


Afin d’inclure les violences faites aux personnes à capacité réduite. Après plusieurs études effectuées avec ONU Femme, ceci nous a tenus à cœur. Le handicap devait apparaître furtivement à la base, ensuite on s’est dit autant l’inclure totalement. Le handicap génère souvent un manque de communication, une incapacité à se défendre souvent ou à exprimer une détresse.

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Bechir Zayene, photographe et réalisateur de « Beyond Reality » : « Je raconte des faits dans la subtilité »
« Les enfants rouges » de Lotfi Achour :  Un cri contre l’oubli
REVIEWS & CRITIQUES12 / 21 / 2024

« Les enfants rouges » de Lotfi Achour : Un cri contre l’oubli

Loin de tout, comme dans une contrée aride et isolée, vivent Achraf et son cousin Nizar. Les deux adolescents font paître leur troupeau, quand ils sont violemment attaqués par des terroristes. L’un d’eux est tué quand l’autre devra informer leur famille. Choc, hallucinations, perte de repères et cri d’alerte inaudible, « Les enfants rouges » est le récit d’un traumatisme qui happe.


Ils ont 14 et 16 ans, et refont le monde dans leur élément naturel : montagnes, sources d’eau et paysages rocheux, à perte de vue. Le lieu, dans le film, accentue les difficultés d’un quotidien, fait écho à la survie des enfants et de leur famille et creuse le sentiment d’être oublié. Mais au-delà de la misère, la lumière toujours… car les deux adolescents s’accrochent à leurs rêves, à leurs espoirs et à la compagnie de leur troupeau, leur source de subsistance.


Leur quiétude est broyée par l’attaque sanglante d’un groupe de terroristes, qui assassine Nizar, et laisse délibérément en vie Achraf. En guise de messager, le jeune survivant devra informer son clan. Ces terroristes agissent d’une manière habile, discrète, et font des montagnes désertes leurs terreaux. Ils tiennent surtout, au fil de leurs agissements macabres, à lancer des messages intraçables pour marquer leur territoire et faire savoir qu’ils ne sont jamais bien loin, prêts à surgir pour attaquer.


Une quête de survie


Sous la violence du choc, Achraf perd conscience, se reprend doucement, a dû mal à réaliser la mort barbare de son cousin, décapité sous ses yeux. Livré à lui-même dans un paysage écrasé par la chaleur, entre perte de conscience, hallucination, déshydratation et volonté de se faire entendre et de crier secours, les frontières entre réalité et imaginaire se mêlent et font toute l’atmosphère du long métrage. Entre souvenirs et bribes du choc qui habiteront désormais son subconscient, une histoire, en partie onirique, s’installe et accompagne l’adolescent jusqu’aux siens.


Entre les plans panoramiques, le murmure du vent, et le silence assourdissant d’une nature sèche, l’enfant avance en solo. Le film passe d’un récit solitaire à une dimension collective. La famille est intégrée dans l’histoire. Latifa Gafsi, dans le rôle de la mère meurtrie, ajoute une couche à la tragédie, jusqu’à inclure voisinage, autorités…


Le film tourne désormais autour de la famille, et de sa détresse étirée dans le temps. Les évènements se suivent, dans le but d’être écoutés par les autorités absentes, de désigner les coupables, de retrouver le corps et de pouvoir l’inhumer, faire le deuil et enfin encaisser le choc, après un si long périple qui s’avèrera pénible.


« Les enfants rouges » s’inspire de faits réels survenus en Tunisie en 2015, quand Mabrouk Soltani, berger, s’est fait décapiter par des terroristes dans la montagne de Méghilla.. Les mêmes criminels récidiveront, deux ans après, et tueront de la même manière son frère Khalifa Soltani, dans une indifférence totale des autorités, et face à la sidération des Tunisiens. Lotfi Achour tenait à mettre en lumière cet évènement marquant, contre l’oubli. « Les enfants rouges » traite avec une grande maîtrise cinématographique ce drame abject. Il porte la voix des oubliés de l’Etat. Le film est en compétition officielle long métrage de fiction pour les JCC de 2024, dont le palmarès sera annoncé aujourd’hui samedi 21 décembre 2024.

« Les enfants rouges » de Lotfi Achour : Un cri contre l’oubli
«Lees Waxul» de Yoro Mbaye : Le récit court d’un non–dit
REVIEWS & CRITIQUES12 / 17 / 2024

«Lees Waxul» de Yoro Mbaye : Le récit court d’un non–dit

Le réalisateur Yoro Mbaye assure à son public une plongée éclair mais brutale dans un environnement rude. Ses protagonistes n’ont de but que d’assouvir leur faim et littéralement leur gagne–pain. «Lees Waxul» est un court métrage sénégalais d’une vingtaine de minutes, qui raconte une discorde intra-familiale autour du pain rassis.


Ousseynou vit dans un village où le pain est un luxe. Le posséder peut être un signe d’aisance, le fabriquer est carrément un symbole de richesse. L’homme, qui était pêcheur initialement, vit de la vente de la «Fagadaga» (pain rassis), pour réussir à nourrir les siens. Son relationnel avec le voisinage paraît solide. Sa réputation est globalement bonne, et l’homme arrive à joindre les bouts. Jusqu’au jour où sa belle–sœur, prénommée Nafi, décide d’ouvrir sa propre boulangerie traditionnelle, écrasant ainsi son commerce et creusant surtout les inimitiés entre eux.


Commence, alors, une discorde voire un chassé-croisé, tout sauf amical, à couteaux tirés.


Les coups bas sont pensés et les mouchards s’en mêlent, le tout dans un non-dit assourdissant. Les relations se détériorent et les actions malsaines prennent le dessus. La tension est à son comble, sans qu’elle ne soit très visible ni apparente. La force du court métrage de Yoro Mbaye réside dans sa capacité à transmettre intensément des émotions, sans que la mésentente soit filmée, visible. C’est peut-être ainsi qu’on reconnaît la force d’une écriture, d’un scénario. Son image de patriarche de la famille est ternie, sa vente de pain rassis en prend un coup et la menace plane.


Grâce à une direction d’acteurs irréprochable, hautement bien gérée, les acteurs finissent par faire parvenir la fable en peu de temps, racontée dans «Lees Waxul». A l’affiche, principalement un duo d’acteurs qui interpelle : Alassane Sy et Fatou Binetou Kane. Le court métrage, qui nous parvient directement du Sénégal, a été retenu dans des festivals dans le monde, dont Namur récemment. Il figure dans la compétition officielle des courts métrages de fiction lors de la 35e édition des Journées Cinématographiques de Carthage.

«Lees Waxul» de Yoro Mbaye : Le récit court d’un non–dit
« L’effacement » de Karim Moussaoui : Se noyer dans sa propre existence
REVIEWS & CRITIQUES12 / 16 / 2024

« L’effacement » de Karim Moussaoui : Se noyer dans sa propre existence

« L’effacement » ou « The Vanishing » de Karim Moussaoui crie l’aliénation jusqu’au bout. La 2e fiction du jeune réalisateur algérien est retenue pour les Journées cinématographiques de Carthage dans sa 35e édition. Récit d’une perte de soi.


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Le jeune homme, interprété par Sammy Lechea, est criant de détresse. Il exprime des maux, les siens, et voit les failles de sa famille, d’un pays, d’une culture apparaître. Réda se laisse abîmer dans des machinations au quotidien qui prennent le dessus et le happent. Ses émotions s’accentuent, sa colère gronde, ses amours se dissipent et se dispersent, et son existence prend, de jour en jour, des tournures inattendues. Sa relation avec son frère ainé Fayçal prend fin, et celle avec son père se disloque jusqu’à la perte brutale de cette figure paternelle écrasante. Dans «L’effacement», le récit se vide assez rapidement de ses personnages. Ils apparaissent et se perdent, laissant le personnage central seul face à sa solitude.


Même en rencontrant l’amour, auprès de Malika, gérante d’un restaurant, il ne peut la garder, elle-même aux prises à des désarrois et à une histoire d’amour inachevée. Réda sombre dans l’incompréhension et dans la déception la plus totale, à force de subir une succession d’événements autour de lui. Un sentiment inassouvi plane, en dépit des privilèges qu’il possède et de sa place dans la société. Issu d’un milieu riche, Réda se laisse pourtant briser. L’histoire tient : truffée de suspense jusqu’au bout, le spectateur ne peut rester indifférent au sort qui sera finalement réservé à l’effacement de Réda. Le film est adapté d’un roman de Samir Toumi par Moussaoui et Maud Ameline. Sa première mondiale a eu lieu au festival de Marrakech.

« L’effacement » de Karim Moussaoui : Se noyer dans sa propre existence
« Arzé » de Mira Shaib : Une quête insolite
REVIEWS & CRITIQUES12 / 15 / 2024

« Arzé » de Mira Shaib : Une quête insolite

Comme une ode à la vie et à la multiethnicité, « Arzé » est l’itinérance effrénée d’une mère célibataire partie à la recherche d’un bien matériel crucial pour sa survie et de sa famille: un scooter. L’actrice Diamand Bou Abboud, dans le rôle-titre, livre une performance remarquable dans une comédie dramatique qui raconte une société fragmentée et un pays en délitement : le Liban.


Silhouette féminine frêle, allure élancée, mais l’apparence éreintée, la jeune femme peine à joindre les bouts, au quotidien. Sa relation houleuse avec sa sœur Leyla, agoraphobe, et celle qu’elle mène avec son fils de 18 ans, Kinan, rythment sa vie au fil des jours, dans un Beyrouth fragile, démuni, post-apocalyptique.


Kinan, aux prises aux amours adolescents et à la recherche d’aspirations simples, tient à soutenir sa mère face à la dureté du quotidien. L’adolescent a grandi sans figure paternelle. Il voit en « Arzé » la matriarche battante et le pilier de la famille. Il entamera d’ailleurs la recherche de son scooter volé, côte à côte avec elle. Trouver ce véhicule s’avère vital pour subvenir aux besoins vitaux de cette famille.


Ayant mis toutes leurs dépenses dans cet achat, cette trouvaille doit se faire, quitte à fouiller de fond en comble Beyrouth. Dans une quête interminable, la capitale libanaise semblera tantôt hostile, tantôt accueillante, insolite la plupart du temps, et où l’inattendu devient la norme.


Différents profils, souvent d’hommes, restent révélateurs d’une société profondément patriarcale. L’itinéraire s’avérera ponctué d’hommes, d’anecdotes et de mésaventures qui donnent à la maman « Arzé » courage, résilience, résistance et une volonté de contourner les difficultés du quotidien et de prendre conscience de ce qui se passe dans les méandres de son pays.


Infrastructure chaotique, anarchie, violence, pauvreté, clandestinité renforcent l’aspect absurde de cette déambulation urbaine peu ordinaire. « Arzé » brosse la situation difficile et le blocage que vit le Liban, un petit pays qui devient difficile à habiter, que son peuple quitte, qui coule et n’avance pas. La souffrance de ces citoyens les pousse à garder espoir jusqu’au bout, ou à partir avant qu’il ne soit trop tard. Le film a été tourné avant l’offensive récente d’Israël.


Le Liban a vu sa situation se délabrer déjà davantage depuis l’époque de la double explosion au port de Beyrouth, et qui a fragilisé une situation économique déjà au point mort.


Dans un chaos généralisé sans nom, Beyrouth brille par la richesse incommensurable de sa culture, son histoire et la beauté de son peuple si distingué.

« Arzé » de Mira Shaib : Une quête insolite
Concert de sortie de résidence: « Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri: Visuel et sonore
REVIEWS & CRITIQUES12 / 15 / 2024

Concert de sortie de résidence: « Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri: Visuel et sonore

A la cinémathèque tunisienne, salle comble, invités aux aguets et ambiance feutrée, éclairant subtilement les deux artistes de la soirée : le musicien, auteur et compositeur, Jihed Khmiri, accompagné sur scène par Aymen Mbarki, artiste visuel autodidacte. Deux disciplines sur scène qui vont de pair et happent le public présent.


A deux, ils s’apprêtent pour 1 heure de temps à lever le voile sur une sortie de résidence musicale soutenue par le Goethe-Institut Tunis. Il s’agit d’un avant-goût de l’album « Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri, dont la sortie publique est prévue pour mars 2025. Un projet musical d’album, développé et abouti. Le temps d’un mini-concert, organisé devant une centaine de personnes, 12 morceaux ont défilé dont trois interludes. Une musique aux sonorités modernes, entraînantes et cinématographiques a jailli.


Face à un écran de cinéma, le savoir d’Aymen Mbarki accompagne visuellement les tracks de PAN J (nom de scène de Jihed Khmiri). Au fil des projections, des dessins -réalisés à l’instant T- et des titres en langue anglaise qui défilent, le duo raconte la famille, la figure paternelle, maternelle, les fils de la lune… Telles des scènes de vie qui prennent vie, des silhouettes et des visages apparaissent, et mettent en avant trois disciplines qui fusionnent : l’art visuel, le dessin, et la musique.


Cet aperçu créatif est une immersion dans un univers musical distingué. Il séduit visuellement et musicalement. Annoncé «comme un voyage immersif et sonore», «Dreaming Mercury» promet une évasion musicale plus étoffée à sa sortie. La touche artistique d’Aymen Mbarki ajoute une empreinte onirique à l'univers de Khemiri. Un monde qui oscille entre rêves, contes, scènes de vie. Le travail a été soutenu par Dawan pour le son et Hamza pour la captation en vidéo et photo. La résidence artistique s’est déroulée à Dar Nejib à Mahdia du 24 au 30 novembre 2024.

Concert de sortie de résidence: « Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri: Visuel et sonore
« Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri : Visuel et sonore
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 12 / 15 / 2024

« Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri : Visuel et sonore

A la cinémathèque tunisienne, salle comble, invités aux aguets et ambiance feutrée, éclairant subtilement les deux artistes de la soirée : le musicien, auteur et compositeur, Jihed Khmiri, accompagné sur scène par Aymen Mbarki, artiste visuel autodidacte, deux disciplines sur scène qui vont de pair et happent le public présent.


A deux, ils s’apprêtent pour 1 heure de temps à lever le voile sur une sortie de résidence musicale soutenue par le Goethe-Institut Tunis. Il s’agit d’un avant-goût de l’album « Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri, dont la sortie publique est prévue pour mars 2025. Un projet musical d’album, développé et abouti. Le temps d’un mini-concert organisé devant une centaine de personnes, 12 morceaux ont défilé dont trois interludes. Une musique aux sonorités modernes, entraînantes et cinématographiques.


Face à un écran de cinéma, le savoir d’Aymen Mbarki accompagne visuellement les tracks de PAN J (nom de scène de Jihed Khmiri). Au fil des projections, des dessins, réalisés à l’instant T et des titres en langue anglaise racontent la famille, la figure paternelle, maternelle, les fils de la lune… Telles des scènes de vie qui prennent vie, des silhouettes et des visages apparaissent, et mettent en avant deux disciplines qui fusionnent : l’art visuel et les dessins, et la musique.


Cet aperçu créatif est une immersion dans un univers musical distingué. Il séduit visuellement et musicalement. Annoncé «comme un voyage immersif et sonore», «Dreaming Mercury» promet une évasion musicale plus étoffée à sa sortie. La touche artistique d’Aymen Mbarki ajoute une empreinte onirique. Un monde qui oscille entre rêves, contes, scène de vie. Le travail a été soutenu par Dawan pour le son et Hamza pour la captation en vidéo et photo. La résidence s’est déroulée à Dar Nejib à Mahdia du 24 au 30 novembre 2024.

« Dreaming Mercury » de Jihed Khmiri : Visuel et sonore
Exposition «Le visible et l’invisible» de Wadi Mhiri : Des correspondances en valises
REVIEWS & CRITIQUES12 / 7 / 2024

Exposition «Le visible et l’invisible» de Wadi Mhiri : Des correspondances en valises

Une exposition singulière faite de correspondances s’est érigée à l’Institut français de Tunisie. Dans une vaste salle d’exposition, les noms de nombreux pays se laissent lire sur les murs. Des destinations qui ont comme point commun notre mer méditerranéenne. L’intrigue se corse à la vue des valises remplies de dessins, croquis et créations diverses faites de matières variées. Des valises qui font office d’échanges.


Les correspondants ne sont autres que des collégiens/lycéens issus de 26 écoles situées dans les pays de la région Mena. L’exposition «Le visible et l’invisible», installée minutieusement par le scénographie et artiste Wadi Mhiri,se présente comme étant épistolaire, ayant un format autre que des lettres classiques rédigées. En effet,elle est faite d’échanges de réflexions et d’oeuvres créées et mises dans des valises, reçues en Tunisie de l’étranger. Des valises bien achalandées qui parviennent exactement de 13 établissements grecs, turcs, italiens, libanais, espagnols, égyptiens et d’Arabie saoudite. Les lycéens et collégiens de ce pays ont échangé avec d’autres jeunes correspondants tunisiens issus de 13 établissements répartis dans tout le territoire tunisien, faisant ainsi profiter tous les jeunes participants à cette aventure d’un savoir immense.


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Des textes, des dessins, des cartes, de réalisations plastiques et d’objets en audios et en vidéos ont émergé des nombreuses valises, donnant lieu à cette exposition qui questionne l’époque, les enjeux climatiques, les traditions, les guerres, l’immigration et le monde en mutation. L’actualité méditerranéenne en particulier. Des interrogations éclairées et juvéniles émanant d’une jeunesse méditerranéenne en phase avec son existence. Cette même génération qui est déterminée à s’approprier tout un avenir méditerranéen en devenir.


Wadi Mhiri a ajouté sa touche personnelle des plus riches à l’aspect épistolaire de l’exposition en invitant les visiteurs à découvrir un au–delà invisible à travers un œil-de-bœuf. Une extension des plus édifiantes titrée «Les ailes du vent», hommage poignant à «toutes ces ombres qui ont traversé, traversent et traverseront encore la mer méditerranéenne, à la recherche d’un avenir meilleur ou pour une meilleure survie». Tout ce travail a été pensé à Hammamet autour d’un travail sur la francophonie, lorsque Wadi Mhiri devait un animer un atelier pour de jeunes Tunisiens. L’artiste devait gérer trois groupes de trente personnes, le temps d’une après–midi avec comme thématique choisie «La mer mère». Il explique : «J’ai choisi de dessiner le monde en présentant des toiles circulaires pour les jeunes participants. Le travail s’est déroulé sur trois étapes : au crayon, au collage, au dessin. Le résultat était excellent. Mais qu’allons–nous en faire après ? C’est ainsi que l’idée d’en faire une exposition était née et que j’ai eu l’idée d’envoyer les créations dans des bagages à main, des valises, un peu partout dans différents pays, en incitant ensuite d’autres correspondants adolescents à répondre, et ce, en usant du même médium et en jouant sur cette notion du voyage. Une dynamique s’est créée, elle a grandi, jusqu’à prendre cette forme finale. C’était vraiment un défi à mener à bout dans un temps serré et sans l’implication et la persévérance de tous ces jeunes, rien n’aurait pu se faire». Une valise, provenant de jeunes collégiens, a pu quitter le territoire libanais à temps avant le déclenchement des derniers bombardements menés récemment par Israël sur le Liban. L’exposition, qui possède une portée multiculturelle et profondément humaine, reste accessible jusqu’au 8 décembre 2024.

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Exposition «Le visible et l’invisible» de Wadi Mhiri : Des correspondances en valises
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