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«Al Kitab-Mutu» : Plus qu�’une librairie, un lieu de vie !
REPORTAGES12 / 24 / 2022

«Al Kitab-Mutu» : Plus qu’une librairie, un lieu de vie !

L’édifice ne manquera pas de taper dans l’œil des passants. La 3e librairie «Al Kitab-Mutu», située en plein centre du quartier de Mutuelleville-Tunis, est désormais accessible aux clients, passionnés d’expositions d’arts, et d’intellectuels, à l’affût de nouveautés littéraires.


Dans la lignée d’«Al Kitab-Avenue Habib-Bourguiba, Tunis», et «Al Kitab-La Marsa», cette troisième adresse voit le jour, en ayant une structure nouvelle, plus spacieuse, réservée à d’autres activités : expositions de tableaux, clubs divers à vocation culturelle et artistique auront lieu désormais sur place et l’espace est conçu afin de tout abriter, y compris la vente importante de livres. Ce même univers s’étend et devient ainsi plus attractif, de par sa conception et son contenu. Cette adresse unique tend, en effet, à faire évoluer le concept de librairie, et le présente comme étant un espace de vie fait de zone d’animation, de galerie et de café.

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L’enseigne «Al Kitab» ambitionne de concevoir un lieu de vie qui rime avec art et accès aux livres, à faire perdurer l’histoire d’Al Kitab (qui dure depuis 1967) et tient à être en phase avec son époque, à se distinguer. Cette nouvelle adresse dynamisera le secteur du livre en Tunisie, aux prises souvent à des difficultés.

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Une douzaine de personnes veilleront à dynamiser le lieu, qui s’étend sur 400 m2, constitué de 3 étages, consacrés à la vente de livres, aux expositions artisanales et artistiques et à un «Rooftop», qui fait office de café/restaurant. Priorité à la langue française : «Al Kitab-Mutu» met à la disposition de sa clientèle 75% d’ouvrages en langue française, 15% en langue arabe, 8% en anglais et 2% en d’autres langues. 40 rayons en tout sont consacrés à la vente d’ouvrages : près de 250 éditeurs y seront visibles. Cette nouvelle Mecque du livre est désormais ouverte 7/7 jours. Sa conception est moderne : elle répond à des normes internationales et à des attentes, dans l’air du temps. Au moins, 4 événements ponctuels verront le jour chaque semaine : la programmation oscillera entre dédicaces et présentations de livres, expositions d’art et de tableaux, conférences, vernissages, ateliers, y compris pour les enfants. Le lieu sera visible sur les réseaux sociaux. Il vise à être au maximum attractif, et soutient la vente de livres sur place, plus que l’achat en ligne. Gérants / propriétaires de l’endroit cassent ainsi avec le format classique connu des librairies, et en font un lieu de vie. Toute la programmation en continu est présentée sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram.

«Al Kitab-Mutu» : Plus qu’une librairie, un lieu de vie !
L’Harissa, inscrite au patrimoine immatériel : Du piquant à l’UNESCO
REPORTAGES12 / 11 / 2022

L’Harissa, inscrite au patrimoine immatériel : Du piquant à l’UNESCO

Produit phare typiquement tunisien, connu dans le monde entier, l’harissa fait sensation en l’intégrant dans le patrimoine immatériel de l’Humanité. Piquante et relevée, elle tire son origine des piments séchés au soleil. 100% tunisienne, son succès n’a cessé de retentir à travers l’histoire, celle de la Tunisie, et ne passe sûrement pas inaperçue dans différents plats et recettes.


Le 1er décembre 2022 est désormais une date historique : l’Unesco a, en effet, fait honneur à l’Harissa en l’inscrivant dans son patrimoine immatériel de l’Humanité. Une consécration souhaitée depuis longtemps, et désormais assouvie. « L’harissa, savoirs, savoir-faire et pratiques culinaires, sociales et millénaires », cite le comité à la tête du patrimoine immatériel de l’Humanité lors de l’annonce de cette nouvelle. Ce même comité valorise des us, coutumes, et des pratiques ancestrales uniques, à travers toutes les sociétés du monde, bien plus que les produits matériaux. La fameuse harissa conserve sa saveur unique grâce à l’huile d’olive et possède un goût meilleur grâce aux épices 100% locales et à ses piments séchées au soleil, particulièrement piquants.


Ce produit culinaire inestimable pour la Tunisie peut s’inviter dans de nombreux plats tunisiens : elle fait le bonheur des invités de la Tunisie ayant une connaissance culinaire autre, et est utilisée par des restaurateurs et chefs cuisiniers. Ce condiment s’exporte facilement et depuis longtemps à travers le monde et est considéré comme ingrédient, souvent incontournable. Sa saveur est unique et est représentative de l’identité d’un pays. L’harissa raconte un patrimoine culinaire national. Des villes, connues en Tunisie pour leur récolte des piments, la produisent, en lui insufflant un goût différent, propre à chaque région. Le Cap Bon, ses petites villes, et sa grande ville Nabeul sont connus pour leur harissa prisée par les touristes et les Tunisiens eux-mêmes.


Un dossier de candidature bien fourni, présenté auprès de l‘Unesco, a valorisé ce produit national. Il cite son importance dans la cuisine tunisienne courante, le plus souvent préparée par des femmes. L’harissa rime avec convivialité, célébrations, et entretient l’esprit communautaire.


Son histoire remonterait au XVIIe siècle. C’est à ce moment-là que l’exploitation du piment a commencé à s’ancrer en Tunisie jusqu’à sa déclinaison en purée piquante. L’appellation même de l’harissa provient du verbe arabe «harrasa» qui veut dire broyer ou écraser.


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La liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité compte actuellement plus de 530 éléments inscrits, dont 72 qui restent à sauvegarder d’urgence, selon l’AFP. Adoptée en octobre 2003 et ratifiée par 180 pays, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel promeut la sauvegarde des connaissances et savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel, et les pratiques culturelles transmises de génération en génération, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, sans oublier les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers. Cet ingrédient est à consommer avec modération, trop de piquant tue le goût et peut avoir un mauvais effet sur la digestion. Il existerait même une Harissa sucrée, typiquement tunisienne aussi, mais ça, c’est une autre histoire…

L’Harissa, inscrite au patrimoine immatériel : Du piquant à l’UNESCO
Programme «Qismi Al Ahla» : Développer l’éveil artistique chez les écoliers
REPORTAGES12 / 5 / 2022

Programme «Qismi Al Ahla» : Développer l’éveil artistique chez les écoliers

L’effet escompté chez les écoliers s’est fait sentir lors d’une visite peu ordinaire effectuée à l’école primaire «El Marr» à Tunis. Toute une salle, au sein de l’école, a été transformée pour le plus grand bonheur des petits. «Qismi Al Ahla» (Ma classe est la meilleure) poursuit sa route.

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C’est à l’école «El Marr» à Tunis, située derrière le ministère de la Défense, qu’un groupe de visiteurs a été accueilli et par le corps administratif de l’école, par les élèves, et par quelques responsables à la tête de ce programme qui vise «à créer démocratiquement la meilleure salle de classe», comme c’est présenté. Ce projet, qui est à vocation sociale, est concrétisé sous la houlette de l’Association l’Art Rue.


S’investir dans les écoles primaires


Le programme vise à accompagner et à soutenir financièrement des associations locales, ou régionales afin de créer des espaces dédiés à la pratique des arts au sein des écoles primaires publiques et à fournir par conséquent un endroit rénové pour les écoliers, situé au sein même de leur établissement, leur permettant ainsi d’apprendre, tout en s’amusant. Une initiative qui a porté ses fruits par le passé et qui continue à être impactante.

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Club de théâtre, jeux de société, activités en groupe, projections, activités manuelles, musique peuvent être pratiqués au sein de cette classe. Un espace stimulant, qui entretient l’éveil artistique juvénile : autonomie, créativité, passions, imagination, doté d’un espace vert. L’expression artistique s’apprend dès l’enfance, et la classe est conçue pour. L’art à la portée des enfants–écoliers, telle est la devise de ce projet doté d’un programme d’accompagnement, d’objectifs précis à atteindre, d’un soutien financier et d’un protocole. Les associations engagées peuvent s’investir dans les écoles primaires et permettre l’élaboration de ce programme dans les écoles primaires de Tunis et des régions. Le cas «D’el Marr» est une simulation.

Programme «Qismi Al Ahla» : Développer l’éveil artistique chez les écoliers
«Alaïa avant Alaïa » à Dar Alaïa , Sidi Bou Saïd : Hommage à un génie créatif
REPORTAGES12 / 4 / 2022

«Alaïa avant Alaïa » à Dar Alaïa , Sidi Bou Saïd : Hommage à un génie créatif

L’exposition rétrospective «Alaïa avant Alaïa» retrace la jeunesse et l’enfance d’Ezzedine Alaïa. Elle revient sur sa naissance à Tunis, son départ pour Paris en 1956 et annonce son ascension progressive et fulgurante au fil des décennies, en tant que couturier-créateur de renommée mondiale.


Discrétion, finesse, justesse et une infinie sensibilité ont façonné et façonnent toujours l’œuvre et son maître. Auparavant et jusqu’à sa disparition, ses créations ont sublimé et épousé la silhouette d’une large pléiade de personnalités et de stars mondialement connues. Sculpturales et enveloppantes, elles ont, durant toute une vie, brillé de mille feux dans les occasions, les mondanités et les défilés de mode les plus connus dans le monde. L’exposition nous le relate bien à travers des photos anciennes, privées, familiales, mais également à travers celles qui immortalisent ses apparitions publiques aux côtés des grandes stars, et d’autres remarquables, capturées dans toutes les métropoles.

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Un court-métrage de 8 mn permet aux invités présents de regarder un reportage / entretien filmé avec le jeune Ezzedine Alaïa, s’adonnant à des confidences sur son enfance, racontant sa tendre jeunesse passée à la Médina de Tunis, une partie de sa vie dans les Beaux-Arts de Tunis jusqu’à son envol pour la capitale des lumières. Le film court évoque références, techniques de couture, personnes et personnalités qu’il a habillées à l’époque, jusqu’aux années 80, mettant ainsi davantage en lumière la genèse de son génie créateur.


Textes courts, éclairants, informations édifiantes, cartels, dates clés et personnalités amis, que le styliste affectionnait particulièrement, jalonnent les murs de son havre de paix, une demeure, perchée sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd, à la vue imprenable sur la Méditerranée. Ce lieu ensorcelant met encore en lumière le parcours unique et éclectique d’Alaïa… Chez lui. Cette maison rappelle ses origines, son pays natal, ses racines. Construite en 1986, l’artiste y passait le plus clair de son temps. Connue sous l’appellation courante «Dar Alaïa», elle est désormais reconvertie en lieu d’exposition, consacrée à l’œuvre et à la vie d’Alaïa. Sept créations à lui y sont exposées : elles ont été créées au début de sa carrière.


Nous apprenons, au fil de cette rétrospection, que le créateur passait son temps à habiller ses proches amies, devenues ses muses comme sa sœur Hafida, son amie Latifa, Nicole de Blégiers ou Leila Manchari, avant d’inspirer un nombre incalculable de personnalités à travers le monde. Greta Garbo, Louise de Vilmorin ou Arletta l’ont fait connaître dans les plus hautes sphères sociales. Grace Jones, Tina Turner, Naomi Campbell, Farida Khelfa et bien d’autres ont traversé la vie de Alaïa.


Le portrait d’un créateur, à la fois discret, mais éclatant de talent, est raconté dans «Alaïa avant Alaïa», une exposition, hommage déjà présentée à Paris et désormais accessible à Tunis-Sidi Bou Saïd jusqu’en mai 2023. Une exposition qui a puisé dans les archives de la fondation Alaïa et qui fusionne citations du créateur, hommages photographiques, témoignages. L’expo prend une dimension plus intime puisqu’elle se tient dans sa maison : elle est truffée de détails et lève le voile sur les nombreuses personnes et personnalités qui ont accompagné Alaïa depuis sa naissance jusqu’à l’éclosion de sa carrière. Davantage de créations exposées auraient donné plus d’ampleur à l’exposition. Pour les connaisseurs, intéressés par la vie d’Azzedine Alaïa, un des pionniers de la mode mondiale, un détour en accès libre à Dar Alaïa est recommandé.


Dar Alaïa à Sid Bou Saïd (Crédit Photo : Sylvie Delpech)

«Alaïa avant Alaïa » à Dar Alaïa , Sidi Bou Saïd : Hommage à un génie créatif
Projet «mille et un films» : Education et cinéma
REPORTAGES11 / 20 / 2022

Projet «mille et un films» : Education et cinéma

Une expérience éducative pilote se poursuit depuis 2016, celle des « Mille et un films», programme national pour l’introduction de l’instruction cinématographique dans les écoles tunisiennes, avec à sa tête, son fondateur, le réalisateur Moncef Dhouib. Après trois ans d’itinérance fructueuse de 2016 à 2019 et un arrêt causé par la pandémie, l’expérience redémarre de plus belle. 6.000 écoliers ont été initiés au b.a-ba du 7e art.


En 2023, un nouveau chapitre des «Mille et un films» s’apprête à commencer. Soutenu par le ministère de l’Education actuel, le projet continue d’impacter. Sur 24 gouvernorats, 12 écoles par gouvernorat ont été visitées. Durant trois ans, 6.000 écoliers, pour la plupart issus de régions défavorisées, ont pu participer à ce travail.


Ecoliers /collégiens des écoles primaires et collèges situés dans des régions rurales (voire complètement isolées) reçoivent la visite de formateurs, spécialistes en cinéma. Ces derniers s’adressent au corps enseignant d’une école : ils lui présentent le projet, son objectif, et valorisent une passion et un savoir à entretenir avec les élèves. Des enfants qui restent à l’affût de ce savoir pratique, édifiant et très divertissant et qui s’y engagent passionnément. «Depuis le lancement de ce projet, j’ai toujours pensé qu’il faut travailler avec les écoles, en premier lieu. On a donc pensé cibler les moins de 14 ans, qui sont en train de se chercher, et qui n’ont pas conscience des maux de la société et des difficultés de la vie. A un certain âge, on peut perdre à jamais les jeunes, si on ne les rattrape pas avant et tôt», déclare Moncef Dhouib, réalisateur et chef du projet. Deux partenaires fixes soutiennent les «Mille et un films» : le ministère de l’Education et celui des Affaires culturelles (à travers le Cnci, qui aide à la production et à la formation).


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L’essentiel du travail, c’est de le transmettre en formant les formateurs : ces instituteurs qui veilleront à leur tour à maintenir ces ateliers d’initiation cinématographique pour garantir la pérennité de la formation dans l’établissement éducatif désigné et de le programmer sur la durée dans le planning des activités culturelles. Ces enseignants-formateurs doivent être passionnés et porteurs du projet. Toutes et tous ont adopté le projet.


Une initiative ancrée dans son époque


« Ce que nous faisons est nécessaire : nous sommes analphabètes quand il s’agit de lire une image. A travers ce projet, nous consolidons notre savoir, afin de mieux décrypter ce tsunami de l’image, sa fabrique, son impact. D’où cette urgence de commencer tôt à initier à la fabrique de l’image. Nous entretenons l’aspect pédagogique du secteur cinématographique. Le langage cinématographique doit être à la portée de tout le monde, en premier lieu, accessible aux enfants de 8 / 14 ans. Le cinéma est indissociable à l’ère numérique, de nos jours. Il est digital, très présent en ligne, et fait de l’ombre à l’écrit car tout est image, virtuel, reportages, et documentaires de nos jours», précise Moncef Dhouib.


Grâce au ministère de l’Education, l’accès aux établissements éducatifs se fait plus facilement. Le Cnci fournit des formateurs, diplômés pour la plupart des écoles supérieures de cinéma : ils doivent être principalement cadreurs, spécialistes en image et monteurs. Une dizaine d’entre eux/elles est retenue via des appels à candidatures. A part leur savoir, ils/elles doivent posséder un permis de conduire. Ces mêmes formateurs sillonnent, en effet, la Tunisie, via des unités mobiles, en duo, équipés du matériel nécessaire à l’application du projet. Un engagement sans faille de la part de «ces ambassadeurs du 7e art», composés de 5 femmes et 5 hommes (parité oblige).

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Ce travail de longue haleine se fait sur plusieurs séances et en fonction des écoles disponibles. Il est composé de trois étapes : la première se fait théoriquement en initiant aux bases du cinéma, via un document élaboré et qui explique en détail les règles élémentaires du cinéma. La 2e est l’écriture du scénario et son illustration, individuellement, mais surtout en groupe. La 3e étape permet aux écoliers-participants de faire du terrain, de sortir, et d’appliquer leur savoir sous l’œil vigilant des formateurs-enseignants et avec l’autorisation des parents d’élèves.


Le projet illustre ce mariage entre culture et Intelligence artificielle : la culture, autrefois orale et écrite, est désormais convertible en numérique, accessible sur des plateformes en ligne, et forte de sa connectivité via les tablettes, le web et les réseaux sociaux. Le projet s’inscrit dans son époque et permet une meilleure lecture de l’Image : une jonction qui lie la culture, l’éducation et la technologie.


«Le projet reste coûteux : des dépenses se font, mais il a fonctionné de cette manière structurelle», cite Moncef Dhouib, enthousiaste. Il tient à rempiler pour une nouvelle tournée des écoles, et à effectuer un redémarrage postCovid. Le projet est toujours à la recherche d’un soutien financier privé. «Mille et un films » est précurseur dans la région Mena et son exportation dans d’autres pays reste imminente. Un legs de cette expérience pour les générations futures et son rayonnement à l’intérieur du pays et au-delà des frontières restent impératifs.

Projet «mille et un films» : Education et cinéma
Conférence autour de «La peste» d’Albert Camus à Hammamet : Une œuvre toujours d’actualité
REPORTAGES11 / 1 / 2022

Conférence autour de «La peste» d’Albert Camus à Hammamet : Une œuvre toujours d’actualité

Une conférence s’est tenue autour des «multiples sources d’inspiration de la peste», roman majeur d’Albert Camus. Paru en 1947, il connaît, actuellement, un regain d’intérêt considérable dans le monde. A Hammamet, Michèle Robinet et Florian Bouscarle, deux conférenciers-camusiens, ont éclairé un public présent à cet évènement édifiant.


«L’étranger» ou «Caligula» font la renommée de ce pionnier de la littérature. Atemporel, «La Peste» se distingue : il a plus que jamais été d’actualité, car, pour son large lectorat, il fait écho à la lutte contre le Covid-19. Des valeurs comme «Le Respect, la justice, l’amour et la générosité» ont été longtemps prônées au gré des œuvres de l’auteur engagé.


A l’honneur, deux spécialistes-camusiens : Michèle Robinet, inspectrice du travail honoraire, conférencière, travaillant sur Camus notamment avec les personnes seniors en situation de réinsertion sociale et Florian Bouscarle, conférencier, professeur, travaillant avec les jeunes. Les deux chercheurs veillent à faire connaître autour de la Méditerranée, et à travers leur association «Partages culturels en Provence», la littérature francophone. Une association qui a pour but de diffuser et de promouvoir l’art, la culture et le patrimoine, de consolider les liens entre pays francophones et de faciliter les partenariats entre les deux rives de la Méditerranée.

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«Le récit de la Peste ne meurt et ne disparaît jamais» : une expression qui fait référence à l’atmosphère de menace, la crainte, l’impossibilité de se projeter, la peur de vivre, les innombrables vertiges de la vie. Des états d’âme qui se confondent souvent avec le terme «Fléau» et qui signifie le «Mal» sur Terre.


Camus a puisé dans différentes sources pour écrire «La Peste» : littéraires, historiques, personnelles, scientifiques, relationnelles. Les deux «Camusiens»-conférenciers ont mis en valeur sur près d’une heure ces différentes sources en les citant. Ce roman fictif qui s’est déroulé sur 9 mois —du printemps à l’hiver de l’an 1940— a vu le jour grâce à des références littéraires et philosophiques dans lesquelles Camus a baigné : son oncle «Gustave Acault», doté d’une grande bibliothèque en Algérie et chez qui l’écrivain pouvait lire des livres. L’historien Jules Michelet, l’historien grec «Thucytide», auteur de «La grande peste d’Athènes», l’écrivain latin Lucrèce (1er siècle avant J.-C.), l’écrivain italien Boccace, qui a évoqué «La peste de Florence» dans son œuvre (l’an 1300). Le journaliste Daniel Defao qui a voué un intérêt à la grande peste de Londres. Les écrits d’Adrien Proust, père de Marcel Proust, et la fable «Les animaux malades de la Peste» de La Fontaine ont également profondément inspiré Camus : à propos de ce dernier exemple cité, les réactions des différents animaux reflètent celles des humains et trouvent leur sens dans leur existence. Pétrarque, Antonin Artaud, et les ravages causés par la Peste à Marseille, en Tunisie et en Algérie ont enrichi ses connaissances. Les personnages de «La peste» d’Albert Camus sont inspirés par des gens que l’écrivain a connus. Michèle Robinet a évoqué le cadre spatio-temporel du roman, qui se déroule dans les années quarante, à Oran, ville côtière, décrite comme labyrinthique, poussiéreuse, peu attrayante : «Une cité qui tourne son dos à la mer», selon Camus.


La conférence a davantage été focalisée sur la composition de l’œuvre, la vie de l’auteur, et moins sur la philosophie du roman. Ce rendez-vous s’est clôturé par une tombola gratuite, qui a permis à une dizaine d’invités de gagner des livres d’Albert Camus et de son œuvre.

Conférence autour de «La peste» d’Albert Camus à Hammamet : Une œuvre toujours d’actualité
« Dream concerts » à « Dream City » : Sonorités du monde
REPORTAGES10 / 12 / 2022

« Dream concerts » à « Dream City » : Sonorités du monde

Deux lieux phares de Tunis : le Théâtre municipal et place de la Hafsia ont été imprégnés par les rythmes de nombreuses musiques du monde : « Alsarah & The Nubatones » et « Love & Revenge » ont mobilisé leur public tunisien, étonnamment jeune et large.


Il est 21h00, place de la Hafsia. De nombreux festivaliers se ruent vers ce lieu central de Tunis, situé en plein cœur du quartier de la Hafsia, réputé pour sa fripe et ses visiteurs dans la journée et son aspect moins chaleureux le soir, en temps normal. Mais depuis le 30 septembre 2022, le contexte festif bouleverse le quotidien des habitants : Une scène, installée à l’occasion de « Dream City », s’apprête à accueillir gratuitement, et pour les festivaliers et pour les habitants du quartier, « Love & Revenge », un groupe de musique pop-électro, venu du Liban et de différentes destinations. Dans l’air du temps et frais, les morceaux joués par les musiciens parviennent à conquérir très vite le public présent et à attirer les curieux, d’où l’objectif de base de « Dream City » : celle d’investir artistiquement les lieux publics et de faciliter l’accessibilité à la culture pour les citoyens.


« Love & Revenge » fait écho aux aspirations musicales et aux attentes des gens présents puisqu’il revisite un répertoire arabe garni et célèbre, en y ajoutant sa touche. De nombreuses idoles populaires y sont célébrées : Najat Al Saghira, Kadhem Saher ou Abdel Wahab…Des tubes revisités connus qu’ils ponctuent avec des morceaux moins connus. Une manière pour le groupe de faire danser la foule et de sauvegarder la mémoire collective (arabophone ou pas). « Love & Revenge » chante un électro-pop alléchant afin, entre autres, de raviver une époque jugée « plus glorieuse et nostalgique » surtout pour les adultes.


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Autres contrées célébrées et d’autres répertoires ont attiré un public tunisien majoritairement jeune, ceux qu’ « Alsarah & The Nubatones », particulièrement éclectique, a célébré haut et fort dans l’enceinte du théâtre municipal de Tunis. Une musique du monde aux sonorités diverses qui touchent la globalité des auditeurs, issus de différentes cultures ou d’influences ethniques diverses. « Alsarah & The Nubatones » viennent du Soudan et des USA. Leur mélange musical est un rétro-pop émanant de l’Afrique de l’Ouest. Leur musique chante les richesses culturelles qui unissent le peuple soudanais et égyptien, leur histoire, évoquent des schémas migratoires contemporains, et célèbre « des chants de retours » nubiens, dans une langue peu accessible mais aux sonorités attractives.

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La Chorale ne jurent que par la soul, qui, selon ces membres, traversent toutes les peuples et tous les répertoires musicaux. Un cocktail extrait de leurs trois derniers albums a finalement été présenté sur 75 min. Un public fan était globalement satisfait même si une partie aurait préféré profiter de ces artistes dans un lieu, plus décontracté comme une place, en plein air, qui aurait pu leur permettre de mieux profiter de cette musique dansante et de cette atmosphère musicale unique.

« Dream concerts » à « Dream City » : Sonorités du monde
« Dans la peau de l’autre » de Pepe Elmas Naswa. Cie Pepenas :  « La danse du Serpent » à l’honneur
REPORTAGES10 / 8 / 2022

« Dans la peau de l’autre » de Pepe Elmas Naswa. Cie Pepenas : « La danse du Serpent » à l’honneur

La République Démocratique du Congo est à l’honneur ce soir au théâtre Municipal de Tunis. Toujours dans le cadre de « Dream City », à partir de 20h30, le public peut découvrir le spectacle de danse «Dans la peau de l’Autre » de Pepe Elmas Naswa / Cie Pepenas.


Après une série de concerts musicaux programmés dans le cadre de la 8ème édition de « Dream City », place à la danse au théâtre municipal de la Capitale. Le 9 octobre, les artistes s’emparent de la Place Beb Souika à partir de 17h afin de présenter aux passants leur performance.


« La danse du serpent », venue tout droit de Kinshasa a été valorisée à travers ce travail scénique développé par Pepe Elmas Naswa, qui en aout 2016, a pu découvrir cette art local pratiqué dans le cadre d’une fête populaire.

Cette danse est pratiquée à Kinshasa au Congo par les enfants de la rue et les jeunes gangsters de la région, couramment appelés « Les Chégués » et « Les Kuluna ».

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Une danse transposée à Tunis sur scène, et qui est révélatrice du malaise d’une partie déshéritée et désabusée de la jeunesse congolaise. Un cri d’alerte, exprimé à travers les corps, qui peut faire écho à d’autres jeunesses appauvrie dans le monde.


Le spectacle est dansant : chorégraphie contemporaine engagée et musique traditionnelle revisitée accompagnent les danseurs congolais. Sept interprètes exprimeront un langage corporel hybride, universel, qui fait résonner un chaos sonore et visuel, émanant notamment des nuits nocturnes enflammées de Kinshasa. Pepe Elmas Naswa a procédé à des ateliers de réflexions avec ses danseurs.


« Dans la peau de l’autre » est l’aboutissement d’ateliers de créations et de réflexions. Un travail qui a initié tous les artistes participants à « la danse du serpent ».


Un art qui sera présenté au public tunisien dans le cadre de « Dream City ».



« Dans la peau de l’autre » de Pepe Elmas Naswa. Cie Pepenas : « La danse du Serpent » à l’honneur
«Mirath Music : l’exposition sonore itinérante » : Musique itinérante
REPORTAGES9 / 29 / 2022

«Mirath Music : l’exposition sonore itinérante » : Musique itinérante

C’est dans son jardin que le Goethe-Institut de Tunis accueille, du 26 septembre au 1er octobre 2022, un public, attiré par des sonorités recherchées, venu vivre une exposition sonore itinérante, comme on en voit rarement. Dans la continuité de son itinéraire qui se déroule en Afrique du Nord, du Nord-Est et en Asie occidentale, «Mirath : Music» est accessible, cette semaine, au public tunisien.


L’itinérance rime avec immobilité, et cette spécificité, «Mirath : Music» la tient de son passage au Soudan, à la Jordanie et en Allemagne. Place actuellement à la Tunisie. Le jardin du Goethe-Institut Tunis vivra, pendant 6 jours, aux rythmes de sonorités créées par 8 artistes, issus des régions citées. Ces mêmes musiciens sont imprégnés par différentes cultures, issues de divers milieux géographiques et ont un point commun central : le patrimoine culturel musical de leurs pays, qu’ils/ elles se sont permis de revisiter afin de réaliser cette exposition sonore. «Mirath : Music» ou «Patrimoine:musique» se réfère à des patrimoines musicaux diversifiés prônés grâce aux musiciens participants et au soutien des antennes du Goethe-Institut, de 7 pays: Palestine, Soudan, Algérie, Irak, Libye, Liban, Jordanie et Tunisie.


Des sonorités musicales émanent des coins du jardin, spécialement aménagé à l’occasion de cette exposition musicale. Cet accomplissement se repose sur une approche curatoriale expérimentale, propre à chaque musicien-participant. Individuellement, les 7 artistes ont puisé dans un patrimoine musical historique, issu de lieux et d’époques distinctes. La documentation riche, rédigée et affichée pour les visiteurs, permet d’en savoir davantage sur l’approche musicale de chaque musicien et musicienne, tout en écoutant leur musique.


L’approche et la ligne directrice de l’exposition ont été largement discutées et élaborées, en amont, par les musiciens-exposants dans le cadre d’un atelier en ligne d’une durée de 6 jours. Ils/elles sont parvenu(e)s à mettre en valeur, musicalement et individuellement, le patrimoine musical de chacune de leur région. Toutes et tous ont puisé dans des aspects qui leur sont propres et auxquels ils/elles sont attaché(e)s. Les musiciens ont su ainsi exploiter musicalement les contextes sociopolitiques dans lesquels ils vivent et présenté l’aboutissement de leur travail dans le cadre cette exposition sonore collective.


Au fil de la déambulation, tout en lisant et en écoutant leurs différentes pistes réalisées, des thématiques retentissent liées à la liberté, à la reconnaissance, à l’appartenance à une culture locale, aux combats sociétaux, et à cette volonté propre aux musiciens de préserver leur patrimoine culturel unique. L’Algérienne Amel Zen, la Kurde Hajar Zahawy, le Soudanais Mohamed Adam, Ghassen Sahhab et Mustafa Said de l’Egypte, la Tunisienne Rehab Hazgui, Zaid Hilal de Palestine et Yacoub Abou Ghosh de Jordanie ont conçu 14 pistes musicales spécialement pour «Mirath : Music» en maniant différents instruments musicaux propres à leurs régions. La documentation de l’exposition a été validée par l’artiste et éditeur Christina Hazboun. L’exposition sonore itinérante est accessible au public gratuitement de 14h00 à 20h00 dans le jardin du Goethe-Institut Tunis.

«Mirath Music : l’exposition sonore itinérante » : Musique itinérante
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